Molière à l'opéra - Les Paladins

Posted in Saison 2016-2017

TEMPLE DE L'ORATOIRE DU LOUVRE

145 RUE SAINT HONORÉ, 75001 PARIS

Avant-propos

Molière et Lully forment un duo mythique : pendant plus de dix ans, « les deux Baptiste » écrivent, jouent, chantent et dansent pour le roi. A la poursuite d’un art total où le divertissement burlesque inspiré de la Commedia dell’Arte n’est pas exempt de gravité ou de rêverie, les deux complices forgent de toute pièce un nouveau genre de spectacle typiquement français où tous les arts de la scène se mêlent : théâtre, chant, danse, musique instrumentale, acrobatie, machines nous entraînent vers un imaginaire plein de fantaisie, d’audace, de liberté et de modernité.

La fameuse brouille entre Lully et Molière, dont on ne saura jamais exactement la cause, met fin à cette belle collaboration. Chacun reprend son chemin, Lully vers la tragédie lyrique, et Molière vers d’autres collaborations. Mais la rencontre de Molière avec Charpentier rend possible d’autres expériences que viennent malheureusement écourter la mort de l’acteur pendant les représentations du Malade imaginaire en 1673.

Molière est très attentif à la musique, issu lui-même d’une lignée de musiciens. Il va donc s’entourer successivement des deux plus grands compositeurs français du XVIIème siècle. L’un est Italien et ne rêve que de musique française, l’autre Français imprégné de musique italienne. Avec le premier Le Bourgeois gentilhomme, avec l’autre, Le Malade imaginaire, deux des pièces les plus célèbres du répertoire théâtral français vont voir le jour.

A côté de ces chefs d’œuvre, d’autres pièces : Le Mariage forcé, la Princesse d’Elide, l’Amour médecin, Georges Dandin, Monsieur de Pourceaugnac, Les Amants magnifiques, Le Sicilien ou Psyché forment une collection d’œuvres hybrides et surprenantes écrites sur mesures pour des artistes au fort tempérament, dont Molière et Lully eux-mêmes : dans Monsieur de Pourceaugnac, les deux médecins italiens armés de clystères poursuivent Pourceaugnac pour lui administrer un lavement ; dans le Bourgeois Gentihomme, Lully joue le Grand Muphti tandis que Molière joue Monsieur Jourdain.

Molière à l’opéra est un parcours dans l’univers musical de Molière, où règnent l’insolence et l’extravagance : on y croise des médecins, des avocats, des bergers, des turcs, des italiens, des espagnols, des animaux. On s’aime, on se bat, on discute, on monologue, on pleure et on rit. Reflet d’une époque où la vie passait vite. Carpe Diem…

Jérôme Correas

Glossa Molire lopraMolière à l'opéra paru chez Glossa en octobre 2016


Programme

Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)

Le Malade imaginaire

  • Ouverture

Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

Monsieur de Pourceaugnac (1669)

  • Un Egyptien « Sortez de ces lieux, soucis, chagrins et tristesse »
  • Choeur « Ne songeons qu’à nous réjouir »

Pastorale comique (1667)

  • Entrée des magiciens
  • Trois magiciens « Déesse des appas, ne nous refuse pas »
  • Un magicien « Ô toi, qui peux rendre agréable »
  • La chaconne des musiciens « Ah qu'il est beau...»

La Princesse d’Elide (1664)

  • l’Aurore « Quand l’amour à nos yeux offre un choix agréable »

Monsieur de Pourceaugnac (1669)

  • Entrée des procureurs et des sergents
  • L’avocat traînant ses paroles et l’avocat bredouilleur « La polygamie est un cas pendable »
  • Entrée des matassins
  • Deux musiciens italiens en médecins grotesques « Piglialo su, signor Monsu ! »

Le Bourgeois gentilhomme (1670)

  • Premier Espagnol « Sé que me muero de amor »
  • Deuxième Espagnol « Ay que locura ! »
  • Premier air des Espagnols

Les Amants magnifiques (1670)

  • Faunes et Dryades
  • Dépit amoureux « Quand je plaisais à tes yeux... » duo « Ah ! Plus que jamais, aimons-nous ! »

Psyché (1672)

  • Plainte italienne « Dei, piangete al pianto mio»
  • Entrée de la suite d'Apollon
  • Apollon : « le dieu qui nous engage à lui faire la cour »
  • Deuxième air en suite

Les Amants magnifiques

  • Plainte de Caliste « Ah ! Que sur notre coeur... »
  • Sommeil « Dormez, beaux yeux »

Le Bourgeois gentilhomme

  • Ballet des nations
  • Le donneur de livres
  • « Dialogue des gens qui en musique demandent des livres »
Interprètes
  • Les Paladins
    • Luanda Siqueira soprano
    • Jean-François Lombard, Guillaume Gutierrez ténor
    • Jean-Baptiste Dumora basse
    • Claire Sottovia, Vivien Steindler violon
    • Benoît Bursztejn, Martha Moore alto
    • Charles-Édouard Fantin théorbe
    • Nicolas Crnjanski basse de violon
    • Jérôme Correas direction et clavecin

 Paladinsx600

Les Paladins © FSP  CLP

Biographies

Jérôme Correas par Florent DrillonJérôme Correas direction & clavecin

Jérôme Correas débute l’étude du piano dès l’âge de cinq ans puis très vite se passionne pour le clavecin. Il devient l’élève du grand claveciniste et musicologue Antoine Geoffroy‐Dechaume dont l’enseignement, basé sur l’improvisation et la souplesse rythmique, l’influence durablement. Très attiré par la période baroque sous toutes ses formes d’expression, Jérôme Correas obtient ensuite une licence d’histoire puis une licence d’histoire de l’art à Paris IV Sorbonne.

Sa curiosité pour le chant l’amène à se présenter au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris où il obtient un premier prix d’art lyrique dans la classe de Xavier Depraz, et de chant baroque dans celle de William Christie. Remarqué par ce dernier, il débute au festival d’Aix‐en‐Provence sous sa direction dans The Fairy Queen de Purcell et devient membre des Arts Florissants de 1988 à 1993, participant à de nombreuses tournées, productions et enregistrements : Atys de Lully, Castor et Pollux, Les Indes Galantes de Rameau, Didon et Enée, The Fairy Queen de Purcell, Orfeo de Rossi …

Jérôme Correas diversifie ses goûts et ses activités en suivant pendant un an l’enseignement de René Jacobs au Studio Versailles Opéra, puis entre à l’école de chant de l’Opéra de Paris sur la recommandation de Régine Crespin, entre 1991 et 1993. Il travaille ensuite sous la direction de nombreux chefs, dans les répertoires lyrique ou baroque : Jesus Lopez‐Coboz, Sigiswald Kuijken, Donato Renzetti, Christophe Rousset, Jean‐Claude Malgoire , Michel Corboz, Christophe Coin, François‐Xavier Roth, Marek Janowski, Gabriel Garcia Navarro, Marco Guidarini, Philippe Entremont …

En 2001, Jérôme Correas fonde Les Paladins, orchestre consacré à l’exploration d’oeuvres lyriques italiennes ‐ Monteverdi, Cavalli, Rossi, Marazzoli, Hasse‐ ainsi que de l’opéra‐comique français (Grétry, Philidor, Favart, Duni, répertoire injustement négligé jusqu’alors.) Aux côtés de metteurs en scène tels Christophe Rauck, Dan Jemmett, Vincent Tavernier, Vincent Vittoz, Irène Bonnaud, ou des chorégraphes Françoise Denieau et Ana Yepes, il présente de nombreuses oeuvres saluées par la critique française et internationale (L’Ormindo et Xerse de Cavalli, Le Couronnement de Poppée et Le Retour d’Ulysse de Monteverdi, L’Egisto de Marazzoli, La Serva Padrona de Pergolesi, La Fausse Magie de Grétry, La Zingara de Di Capua, Les Troqueurs de Dauvergne) et des enregistrements consacrés à Haendel, Hasse, Luigi Rossi, Mazzocchi, Porpora, Lully, Rameau (l’enregistrement du Triomphe de l’Amour avec la soprano Sandrine Piau a obtenu de nombreux prix, dont le prestigieux Gramophone).

Les Paladins se produisent au théâtre des Champs‐Elysées, au Châtelet, dans les opéras de Lausanne, Montpellier, Versailles, Nice, Metz, Reims, Rennes, Massy, aux festivals ’Ambronay, La Chaise‐Dieu, Sully, Toulouse, ainsi qu’au Wigmore Hall à Londres, Utrecht, La Philarmonie de Bruxelles, Potsdam, et en tournée en Italie, aux Etats‐Unis et de nombreux autres pays. Sa double expérience de claveciniste et de chanteur donnent à chacun des projets de Jérôme Correas une couleur très personnelle, fondée sur la théâtralité, la respiration et le rubato, mais aussi une recherche sur l’art du « Parlé‐Chanté », dont on n’a pas encore percé tous les secrets aujourd’hui.

Jérôme Correas transmet cette recherche artistique dans les productions qu’il dirige en tant que chef invité : orchestre de l’opéra de Rouen (La Vera Constanza de Haydn, mise en scène de Elio de Capitani), orchestre de chambre Israël Camerata (Stabat Mater de Pergolesi), Moscow Chamber Orchestra (Haendel, Mozart), Orchestre Baroque de St Petersbourg,(Acteon de Charpentier) orchestre symphonique des Baléares (Vivaldi, Haendel, Gluck), Orchestre de l’Opéra de Catane (recréation de Fedra de Paisiello), Orchestre du CNSM de Paris, Maîtrise de Notre‐Dame de Paris, Choeur de chambre de Namur, Maîtrise de Bretagne...

Il enseigne au CRR de Toulouse et intervient régulièrement pour des Master classes au CNSM de Paris, au CRR de Paris, de Nice, du Pôle supérieur de Dijon, l’atelier lyrique de l’Opéra de Paris.

Jérôme Correas est Chevalier des Arts et Lettres depuis 2011.


Les Paladins par SenfterLes Paladins

En 1760, Jean‐Philippe Rameau compose Les Paladins, ultime chef‐d’œuvre de l'esprit baroque français, délibérément placé sous le signe de la fantaisie et de l'imaginaire. C’est dans cet esprit que Jérôme Correas fonde son ensemble vocal et instrumental en 2001 qui explore principalement le répertoire musical dramatique italien et français des XVIIème et XVIIIème siècles. L’interprétation des Paladins est résolument théâtrale.

De par sa double formation de chanteur et de claveciniste, Jérôme Correas explore un style et un son propres à l’ensemble. C’est là toute la genèse du travail sur le « Parlé‐chanté » qui caractérise nombre de ses productions. Les Paladins développent une approche interprétative fondée, non sur l’écriture seule de la partition, mais sur la recherche de libertés expressives et théâtrales liées à la langue quelle qu’elle soit, et les rapports qu’elle entretient avec les sons. Couleurs sonores et dynamiques théâtrales sont intimement liées, avec un travail sur le rubato, la liberté face à la partition, l’improvisation, la réflexion sur les couleurs de la voix et de l’instrument, le passage de la voix chantée à la voix parlée et toutes ses nuances intermédiaires.

Les Paladins se produisent régulièrement aux Etats‐Unis (Getty Center à Los Angeles, Washington, San José, San Francisco…), en Angleterre (Wigmore Hall), en Belgique (Palais des Beaux ‐ Arts de Bruxelles), en Hollande (Festival d’Utrecht), en Allemagne (Festival de Potsdam), en Suisse (Opéra de Lausanne), en Italie, ( Rome, Turin, Sienne, Brescia), en Suède (festival de Stockholm), en Autriche (Festival d’Innsbruck), en République Tchèque. Les Paladins ont été en résidence à la Fondation Royaumont de 2010 à 2013 et depuis 2014 à l’Opéra de Reims. Ils démarrent une résidence à l’Opéra de Massy à l’automne 2016.

Parmi les événements scéniques marquants de ces dernières années : Le Couronnement de Poppée de Monteverdi mis en scène par Christophe Rauck,, salué par la critique et représenté 44 fois avec l’Arcal (TGP de Saint‐Denis, opéras de Versailles, Rennes, Reims, Massy …) ; en 2011‐ 2012, la création de L’Egisto de Mazzocchi et Marazzoli, premier opéra italien donné en France en 1646 et mis en scène par Jean‐Denis Monory; en 2013 Le Retour d’Ulysse dans sa patrie, opéra de Monteverdi, mis en scène par Christophe Rauck (TGP de Saint‐Denis, Théâtre Firmin‐Gémier / La Piscine, Opéra de Massy, Opéra de Nice, Scène nationale de Saint‐Quentin en Yvelines, Poissy…) ; et en 2013‐2014 une tournée du spectacle Dans les rues de Naples, musiques napolitaines des XVIIIème et XIXème siècles, chorégraphié par Ana Yepes, et mis en scène par Olivier Collin.

En 2015, la création des Indes Galantes de Rameau (mise en scène Constance Larrieu) mêlant chanteurs et marionnettes poursuit le travail de rencontre avec d’autres modes d’expression artistique.

En 2016, Les Paladins entament une tournée autour du programme « Molière à l’Opéra », création mise en espace par Jérôme Correas, retraçant la collaboration entre Molière, Lully et Charpentier. Les Paladins remportent également un vif succès dans La Fausse Magie de Grétry, opéra‐ comique mis en scène par Vincent Tavernier (Cité de la Musique, Fondation Royaumont, opéras de Rennes, Metz et Reims), ainsi qu’avec La Servante Maîtresse de Pergolèse mise en scène Vincent Vittoz et La Zingara, opéra‐comique de Favart mise en scène André Fornier. Les Paladins sont également invités à l’Opéra de Reims, de Rennes, de Metz, de Massy, de Montpelier, au Théâtre des Champs Elysées, au Chatelet, à la Cité de la Musique, aux festivals d’Ambronay, La Chaise‐Dieu, Noirlac, Sully, Toulouse, Ribeauvillé, Saintes, Namur et à la Bibliothèque nationale de France avec qui ils entretiennent des relations suivies autour de nombreuses partitions inédites.

Les Paladins travaillent à l’émergence de projets innovants tournés vers le pluridisciplinaire en organisant des collaborations avec différents milieux artistiques, tels que les arts du cirque, la marionnette, la danse et le théâtre. Ils s’emploient à rendre leur art accessible au plus grand nombre en organisant des ateliers d’initiation auprès du public scolaire, des élèves de conservatoires et écoles de musiques et s’impliquent également dans la formation professionnelle de jeunes chanteurs lors de master classes.

Les Paladins ont enregistré chez Arion, Pan Classics et Ambronay Editions. Mention spéciale pour L’Ormindo, opéra de Francesco Cavalli, récompensé du Preis der Deutschen Schallplattenkritik en août 2007 et qui a fait l’objet d’une réédition en 2015, ainsi que pour Soleils Baroques, qui réunit des œuvres inédites de Rossi et Marazzoli. En 2012 est paru, chez Naïve, leur disque Le Triomphe de l’Amour avec la soprano Sandrine Piau, autour de la musique française du XVIIIème siècle, qui a fait l’objet de concerts notamment à la Galerie des Glaces du Château de Versailles et a été récompensé par le Gramophone Record of the month en septembre 2012. Ils ont également enregistré Tenebris chez Cypres Records, Leçons de ténèbres de Bernier, Du Mont, Michel, Couperin, et De Brossard.

Un disque du programme « Molière à l’Opéra » en tournée en 2016‐17 est paru en octobre 2016 au label Glossa.