Écrire et transmettre l’histoire des sociétés populaires

Posted in Saison 2024-2025

Ambrogio Lorenzetti (c.1290-1348)
Allégorie et effets du Bon et du Mauvais Gouvernement
1338-39, fresque 200 × 3500cm
Palazzo Pubblico, Sienne.

Live

Diffusé en direct sur singer-polignac.tv

Avant-propos

La publication en 2016 du volume de Michelle Zancarini-Fournel, Les luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France. De 1685 à nos jours témoigne de la position centrale qu’occupe aujourd’hui la catégorie « populaire » dans l’histoire sociale. En ce sens, ces travaux nous rappellent que, depuis l’Antiquité romaine, le mot peuple et l’adjectif qui lui est lié, populaire, sont des termes polysémiques et ambigus, désignant tantôt l’ensemble de la communauté politique (les citoyens qui votent aux comices), tantôt la plebs opposée au patriciat (donc là aussi dans un sens à la fois socio-économique et politique), tantôt enfin, à partir des Gracques, un parti politique qui défend les intérêts de la plèbe contre ceux qui, comme Cicéron, défendent la prééminence du Sénat. Cette polysémie, encore marquée au Moyen Âge, dans le terme italien popolo par exemple, et persistante jusqu'à aujourd'hui, explique sans doute pourquoi, jusqu’à récemment, la catégorie est restée peu utilisée par l’histoire sociale, en particulier chez celles et ceux travaillant sur la période contemporaine.

En effet, malgré l’intérêt porté aux groupes dominés depuis la création des Annales, l’histoire sociale et économique a longtemps délaissé cette catégorie de populaire au profit d’approches des groupes dominés d’abord centrées sur le travail ou les catégories socio-professionnelles. L’évolution de ces catégories en fonction de la période étudiée reflétait l’histoire de la production (paysans et paysannes ou encore artisans et artisanes dans les époques anciennes, ouvriers et ouvrières depuis la révolution industrielle, employés et employées de nos jours). À partir des années 1970-1980, en France comme en Angleterre, l’intérêt se porte également sur la consommation, désignée par le sociologue Christian Baudelot comme la « deuxième jambe » des classes sociales, après le travail et leur place dans le système productif (dans Travail et classes sociales : la nouvelle donne, 2010). Aujourd’hui, c’est autour de l’approche intersectionnelle que l’histoire sociale s’élabore, non sans controverses.

Le retour au premier plan de la catégorie de populaire en histoire sociale est donc un phénomène assez récent, même s’il ne suit pas le même rythme selon la période étudiée (présente dès la fin des années 1990 en histoire médiévale, avec la tenue du colloque Le petit peuple médiéval en 1999 à Montréal, publié en 2003 sous la direction de Pierre Boglioni, Robert Delort et Claude Gauvard, elle n’est encore que très peu utilisée en histoire de la Grèce antique par exemple). Il est notable que ce retour au premier plan se fait en parallèle d’un mouvement du même type en sociologie (« De la classe ouvrière aux classes populaires », Savoir/Agir, n°34, 2015). Le déclin de l’analyse des sociétés anciennes et contemporaines en termes ouvriéristes est évidemment lié à celui de l’influence marxiste sur les historiens et historiennes, et plus généralement sur les sciences sociales au cours des années 1980-1990, concomitant de l’affaiblissement des partis communistes en France comme dans le reste de l’Europe. L’affirmation de la catégorie de populaire répond toutefois à un souci de réaffirmer la pertinence de la lecture du monde social en termes de classes, plutôt qu’autour de l’individu.

L’hypothèse que voudra vérifier ce colloque est que cette réappropriation de la catégorie de populaire, au croisement de l’histoire sociale, économique et politique, s’est faite en parallèle et main dans la main avec une réflexion nouvelle sur les publics auxquels s’adressent les historiens et les historiennes et sur la manière dont ces derniers et dernières peuvent parler aux classes populaires. Cet intérêt renouvelé pour la catégorie de populaire est en effet concomitant du développement de la public history. La recherche de nouvelles formes de médiations scolaires et grand public, en dehors des canaux classiques de diffusion de la recherche, ne s’est pas traduite uniquement en termes de renouvellement des modes de transmission du savoir, mais bien des contenus eux-mêmes. La démarche d’Howard Zinn, qui, dans son Histoire populaire des États-Unis (publiée en 1980 aux États-Unis), a voulu écrire une histoire pour les classes populaires (plutôt que sur) et a, pour ce faire, renversé les perspectives traditionnelles sur l’histoire américaine, en est un témoignage fort. Il s’agira donc de se demander comment cette réflexion sur le public auquel l’histoire sociale s’adresse et sur les modes de médiation possibles a contribué à l’investissement de la catégorie de populaire, d’une part, et à son élaboration théorique, d’autre part. Il s’agira également de voir comment cette réflexion sur le public s’est aussi traduite par l’exploration de nouvelles formes de médiation comme la production de webdocumentaires, de podcasts, de balades urbaines ou encore la création de musées. Le colloque s’intéressera ainsi aux liens entre les renouvellements de l’histoire sociale autour de la notion de populaire et leurs traductions en termes de transformation des pratiques de diffusion scientifique et de développement de nouveaux publics.

Le colloque sera organisé en deux journées : la première sera consacrée à l’étude de l’emploi de la catégorie de populaire en histoire sociale, de l’Antiquité à nos jours. Il s’agira notamment d’étudier les transformations de sa signification et de ses usages au cours du XXe siècle et les tensions épistémologiques qui en ont résulté. La deuxième journée portera sur le renouvellement des publics de l’histoire sociale permis par l’évolution des médiations inscrites dans les pratiques de l’histoire publique.

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Programme

Lundi 4 novembre 

9h30 - Accueil et inscription des participants

SESSION 1 : Pour une histoire des sociétés populaires

  • 10h-10h30 - Introduction Emmanuel Bellanger (historien, CNRS, Centre d’histoire sociale des mondes contemporains) et Diane Chamboduc de Saint Pulgent (historienne, Sorbonne Université, Centre Roland Mousnier)
  • 10h30-11h - Michelle Zancarini-Fournel (historienne, université Claude Bernard, Lyon 1, LARHRA) : « Écrire une histoire populaire de la France : histoire « par en bas » et histoire globale » (en visio conférence)

11h - Pause café

  • 11h15-11h45 - Guillaume Mazeau (historien, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Centre d’histoire du XIXe siècle) : « Le peuple dans, avec et sans la Révolution: une autre histoire de 1789 et de son héritage »
  • 11h45-12h15 - Marie-Laure Sronek (historienne, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, ANHIMA) : « Athènes et ses pauvres, une histoire populaire de la cité ? (Ve-IVe siècles av. JC) »

12h15 - discussions

13h-14h - Pause méridienne

  • 14h-14h30 - Anaïs Albert (historienne, Université de Paris-Cité, Identités, Cultures, Territoires – Les Europes dans le monde) : « La notion de « classes populaires » en histoire du XIXe siècle : hiérarchie sociale, domination et marge de manœuvre »
  • 14h30-15h - Danielle Tartakowsky (historienne, présidente du conseil scientifique du Campus Condorcet) : « Peuple réel, peuple symbolique, peuple imaginaire »
  • 15h-15h30 - Laurent Feller (historien, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, LAMOP) : « Moyen Âge : peut-on entendre la voix des dominés ? »

15h30 - Pause café

  • 15h45-16h15 - Blandine Mortain (sociologue, université de Lille, CLERSÉ) au nom du Collectif Rosa Bonheur, « La ville vue d'en bas. Une enquête ethnographique contemporaine sur le quotidien populaire d'une ville désindustrialisée »
  • 16h15-16h45 - Pascale Goetschel (historienne, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre d’histoire sociale des mondes contemporains) : « Sociétés populaires, sociétés culturelles : les phillies ordinaires contemporaines »

16h45 - Discussion 

17h30 - Clôture de la première journée


 

Mardi 5 novembre

9h15 - Accueil et inscription des participants

SESSION 2 : Transmettre et valoriser l'histoire des sociétés populaires 

  • 9h45-10h15 - Constance Rivière (directrice du Musée de l'histoire de l'immigration) : « Le MNHI : comment faire musée d’une histoire populaire »
  • 10h15-10h45 - Marie-Hélène Bacqué (sociologue, université Paris Nanterre, Laboratoire architecture, ville, urbanisme, environnement) : « Quartiers populaires, habitants et recherches participatives : "Le pouvoir des mots" »

10h45 - discussion

11h-11h15 - pause café

  • 11h15-11h45 - Matthieu Scherman (historien, Université Gustave Eiffel, CFR / ACP – Analyse comparée des pouvoirs) : « L’histoire du travail : une histoire forcément populaire ? »
  • 11h45-12h15 - Fabrice Langrognet (historien, Université libre de Bruxelles, Centre d'histoire sociale des mondes contemporains) : « L’histoire des migrations est-elle une histoire populaire ? »

12h15 - discussion

13h-14h - Pause déjeuner

  • 14h-14h30 - Muriel Cohen (historienne, Université du Mans, TEMOS, membre de l’AMuLoP) et Gaïd Andro (historienne, Université de Nantes, CREN, membre de l’AMuLoP) : « Scénographie et mise en récits des classes populaires. Une approche comparative entre deux expositions : le Tenement Museum (New-York) et La Vie HLM (Aubervilliers) »
  • 14h30-15h - Sébastien Radouan (historien de l’architecture, AHTTEP, AUSser, membre de l’AMuLoP, en charge des médiations habitantes et grand public) : « Histoire populaire et mémoire habitante : le projet “4000 vies” à La Courneuve »
  • 15h-15h30 - Déborah Cohen (historienne, Université de Rouen Normandie, GRHIS) : « Tentative d’une poétique de l’histoire populaire »

15h30 - Pause café

  • 15h45-16h15 - Sébastien Malaprade (historien, Université Paris Est Créteil, CRHEC/PRH) : « Pas d’histoire publique sans histoire populaire ? L’esprit et les formes du festival d’histoire populaire de Créteil. »
  • 16h15-16h45 - Élodie Paillet (professeure d’histoire-géographie au collège Guy Môquet de Villejuif, membre de l’AMuLoP en charge des médiations scolaires) : « Des médiations scolaires pour construire un savoir historique avec les élèves : enjeux scolaires, enjeux sociaux et expérimentations »

16h45 - Discussion

17h15 - Conclusion et ouverture par Thomas Le Roux (historien, CNRS, EHESS, CRH) et Constance Barbaresco (historienne, ingénieure de recherche, EHESS / Fonds Poulaille maison Raspail, Cachan)

18h - Clôture du colloque

Biographies

Emmanuel Bellanger

Historien, directeur de recherche du CNRS, Emmanuel Bellanger est directeur du Centre d'histoire sociale des mondes contemporains (CHS). Ses recherches portent sur l’histoire sociale des banlieues, des métropoles et des politiques urbaines. Il a étudié en particulier l’histoire des banlieues populaires et de la banlieue rouge. Il est associé au projet de création du Musée du logement populaire porté par le collectif AMuLoP. Parmi ses publications liées aux thèmes du colloque, on citera Ivry banlieue rouge. Capitale du communisme français – XXe siècle (Créaphis, 2017), Banlieues populaires, Territoires, sociétés, politiques (en codirection, Éditions de l'Aube, 2018) et Genres urbains. Autour d’Annie Fourcaut (en codirection, Crépahis, 2019).

Lien sur sa page : https://histoire-sociale.cnrs.fr/emmanuel-bellanger/


 

Diane Chamboduc de Saint Pulgent 

Historienne médiéviste, Diane Chamboduc de Saint Pulgent est professeure d’histoire-géographie-emc au lycée Le Corbusier d’Aubervilliers. Ses recherches, sous la direction d’Élisabeth Crouzet-Pavan, portent sur les milieux populaires de la ville de Lucques à la fin du Moyen Âge. Elle est membre de l’AMuLoP, une association qui veut créer un Musée du Logement Populaire en Seine-Saint-Denis. En lien avec les thèmes du colloque, elle a publié : « Transactions d’artisans et d’ouvriers lucquois à la fin du xive siècle », dans Julie Claustre (dir.), Transiger. Éléments d’une ethnographie des transactions médiévales, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2019, p. 275-304 ; et « Relations de crédit et relations de travail : le face à face entre marchands et artisans à Lucques à la fin du Moyen Age », dans Cécile Becchia, Marion Chaigne-Legouy et Laëtitia Tabart (dir), Ambedeus. Une forme de la relation à l'autre au Moyen Âge, Paris, PUPS, 2016, p. 107-120.


 

Michelle ZANCARINI-FOURNEL

Michelle ZANCARINI-FOURNEL, professeure émérite d’histoire contemporaine à l’université Claude Bernard-Lyon 1, membre du LARHRA, fait partie du comité de rédaction de CLIO Femmes Genre Histoire. Parmi ses dernières publications, nous pouvons citer : Sorcières et sorciers. Histoire et mythes. Lettre aux jeunes féministes,  Libertalia, 2024 ; Les lois Veil. Un siècle d’histoire (avec Bibia Pavard & Florence Rochefort), La Découverte-poche, 2024 ; De la défense des savoirs critiques, (avec Claude Gautier), La Découverte, 2021 ; Ne nous libérez pas on s’en charge! Histoire des féminismes de 1789 à nos jours ,(avec Bibia Pavard & Florence Rochefort), La Découverte, 2020 ; Les luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France, La Découverte/Zones, 2016.


 

Guillaume Mazeau

Guillaume Mazeau est maître de conférences à l’Université Paris-1 Panthéon Sorbonne, membre du Centre d’Histoire du XIXe siècle et chercheur invité à l’Institut d’Histoire du Temps Présent. Il est spécialiste d’histoire de la Révolution et a été conseiller historique pour le théâtre et le cinéma à de multiples reprises (au théâtre : Joël Pommerat, Ca Ira (1) Fin de Louis, 2015 ; Pauline Susini, Marie-Antoinette(s), 2016 ; au cinéma : Pierre Schoeller, Un peuple et son roi, 2018 ; Joël Pommerat, Ca Ira (1) Fin de Louis (2024)). Il a également été le commissaire scientifique de nombreuses expositions, parmi lesquelles nous pouvons citer le projet Parcours Révolution, un parcours permanent consacré à la Révolution française dans les rues de Paris, Ville de Paris/Comité d’histoire de la Ville de Paris, inauguré en 2020. Parmi ses publications, on pourra citer Pour quoi faire la Révolution, (en collaboration avec Jean-Luc Chappey, Bernard Gainot, Frédéric Régent et Pierre Serna) Agone, 2012 ou encore L’Histoire comme émancipation (avec Laurence de Cock et Mathilde Larrère), Agone, 2019. 


 

Marie-Laure Sronek

Marie-Laure Sronek a soutenu sa thèse en 2022 à l’Université Paris-1 Panthéon Sorbonne, sous la direction de Violaine Sebillotte. Ce travail est intitulé Les expériences de la pauvreté dans l'Athènes classique. Approche antique de la dépendance économique. Elle est actuellement professeure agrégée en poste dans le secondaire depuis 2017. Les recherches qu’elle mène en étant affiliée au laboratoire ANHima portent sur l'histoire sociale et économique de la cité athénienne classique, notamment sur les pauvres et les femmes avec pour objectif de questionner leur insertion dans la cité. Parmi ses publications, nous pouvons citer : « Les pauvres au travail dans l'Athènes classique : des êtres sans identité ? », dans R. Guicharrousse, P. Ismard et M. Vallet (éd.), L'identification des personnes dans les mondes grecs, Publications de la Sorbonne, 2019, p. 139-153 ; « Des femmes invisibles dans d'Athènes classique ? Les effets du travail pour une redéfinition de la place des femmes dans la vie publique », Archimède, 5, 2018, p.134-144 ; avec V. Sebillotte Cuchet, « Eternelles mineures ? », Exposition en ligne Sortir du gynécée. Un nouveau regard sur la Grèce antique cordonnée par S. Boehringer, N. Ernoult et V. Sebillotte Cuchet.


 

Anaïs Albert

Anaïs Albert est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université de Paris-Cité et membre du laboratoire de recherche Identités, Cultures, Territoires – Les Europes dans le monde. Elle est spécialiste d’histoire économique et sociale, ainsi que d’histoire du genre et des classes populaires dans la France du XIXe siècle. Après avoir travaillé sur la consommation et le crédit, ses travaux portent aujourd’hui sur les rapports économiques au sein des familles populaires et sur l’économie domestique. Elle a publié notamment La vie à crédit. La consommation des classes populaires à Paris (1880-1920) aux Éditions de la Sorbonne en 2021.


 

Danielle Tartakowsky

Danielle Tartakowsky, professeure émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris 8 Vincennes-Saint Denis, est spécialiste des mouvements sociaux dans la France contemporaine. Elle est la présidente du comité d’histoire de la ville de Paris. Nombre de ses travaux s’inscrivent à la croisée de l’histoire de l’espace public et de l’histoire urbaine. Ainsi, nous pouvons mentionner Manifester à Paris, 1880-2010, Seyssel, Champ Vallon, 2010 et, parmi ses publications récentes, Les syndicats dans leurs murs. Bourses du travail, maisons du peuple, maisons des syndicats, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2024 et Histoire de la rue, Paris, Taillandier, 2022, en collaboration avec C. Saliou, C. Gauvard, J. Cornette et E. Fureix.


 

Laurent Feller

Laurent Feller, professeur émérite d’histoire du Moyen Âge à l’Université Paris-1 Panthéon Sorbonne, est ancien élève de l’École Normale Supérieure (Ulm) et ancien membre de l’École française de Rome. Il est membre senior honoraire de l’Institut Universitaire de France. Il a consacré une partie de ses recherches à l’histoire de l’Italie rurale du haut Moyen Âge en préparant et en écrivant une thèse sur les Abruzzes entre IXe et XIIe siècle. Il a enseigné dans différentes universités (Besançon, Valenciennes, Marne-la-Vallée) avant d’être élu professeur d’histoire du Moyen Âge à Paris 1 en 2004 avec comme orientation l’histoire économique et sociale. Ses recherches portent alors sur la formation, la reproduction et la transmission de la richesse durant le Moyen Âge et sont centrées sur les questions agraires, le travail et sa rémunération, la construction de la valeur et sur la pauvreté. Il a dirigé ou co-dirigé plusieurs programmes internationaux portant sur le marché de la terre, la valeur des choses, l’expertise, la pauvreté. Il organise tous les ans depuis 2012 une école d’été d’histoire économique qui se réunit à Suse en Piémont.

Parmi ses publications, nous pouvons citer : Les Abruzzes médiévales : territoire, économie et société en Italie centrale du IXe au XIIe siècle, Rome, Ecole française de Rome, 1998. BEFAR, n°300 ; Paysans et seigneurs au moyen âge : VIIIe-XVe siècles, Paris, A. Colin, 2007 (2e éd. 2017) ; L'assassinat de Charles le Bon, comte de Flandre : 2 mars 1127, Paris, Perrin, 2012 ; Richesse, terre et valeur dans l’Occident médiéval. Économie politique et économie chrétienne Turnhout, Brepols, 2022 ; avec Agnès Gramain et Florence Weber, La fortune de Karol : marché de la terre et liens personnels dans les Abruzzes au haut Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2005. Collection de l'Ecole française de Rome, n°347 ; avec Ana Rodriguez Objets sous contrainte. Circulation des richesses et valeur des choses au Moyen Âge, Paris, 2013 ; avec Agnès Gramain, L’évident et l’invisible. Questions de méthodes en économie et en histoire, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020 ; avec Pere Benito et Sandro Carocci Économies de la pauvreté au Moyen Âge, Madrid-Rome, Ecole française de Rome - Casa de Velazquez, 2022.


 

Blandine Mortain 

Blandine Mortain est sociologue, maîtresse de conférences à l’Université de Lille. Au sein de l’UMR Clersé (Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques), elle fait partie du collectif Rosa Bonheur, composé d'enseignants-chercheurs en sociologie et d'un enseignant-chercheur en urbanisme (outre Blandine Mortain, ce collectif compte ainsi Anne Bory, José Angel Calderon, Yoan Miot, Juliette Verdière et Cécile Vignal). Depuis 2011, ces chercheurs se consacrent à l’analyse sociologique de l’organisation de la vie quotidienne dans les espaces désindustrialisés, à partir d’une grille de lecture matérialiste. Ils ont en particulier travaillé sur le quotidien des classes populaires aux marges du salariat en milieu urbain, à partir de thématiques allant de l’habitat au travail, en passant par les mobilisations, l’éducation ou encore la famille. Ils ont notamment publié La ville vue d'en bas. Travail et production de l'espace populaire, Paris, éditions Amsterdam, 2019. 


 

Pascale Goetschel 

Pascale Goetschel est Professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, rattachée au Centre d’histoire sociale des mondes contemporains. Elle a publié et dirigé plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire culturelle, politique et sociale de la France contemporaine ainsi qu’à l’histoire des spectacles, plus particulièrement du théâtre. Elle a fait paraître en 2020 Une autre histoire du théâtre. Discours de crise et pratiques spectaculaires. France, XVIIIe-XXIe siècles (Paris, CNRS Éditions). Elle se consacre, actuellement, à l'histoire contemporaine des fêtes et des loisirs. Elle coordonne avec Fabien Archambault et Julie Verlaine un groupe de recherches intitulé « Philies. Pour une histoire contemporaine des passions culturelles collectives ».


 

Constance Rivière 

Constance Rivière est directrice générale du Palais de la porte Dorée depuis le 12 septembre 2022. Ancienne élève de l’École normale supérieure et de l’École nationale d’administration, Constance Rivière a été, de 2012 à 2017, membre du cabinet du président de la République, en tant que conseillère spéciale en charge de la culture et de la citoyenneté après avoir été directrice adjointe de son cabinet et conseillère en charge des institutions, de la société et des libertés publiques. De 2017 à 2022, elle a été secrétaire générale du Défenseur des droits. Elle est conseillère d’État. Constance Rivière est également impliquée dans diverses initiatives du champ de la culture et du champ social, en tant que membre des conseils d’administration de Bibliothèques sans frontières, de la Philharmonie de Paris, des Rencontres de la photographie d’Arles, et présidente du conseil d’administration de Place de la Culture qui rapproche les artistes des structures sociales. Écrivaine, elle est l’auteure de trois romans, Une fille sans histoire, La maison des solitudes, La vie des ombres (éditions Stock).


 

Marie-Hélène Bacqué

Marie-Hélène Bacqué, sociologue-urbaniste, est professeure à l’université Paris Ouest, Nanterre-la Défense et membre du laboratoire Mosaïques-LAVUE. Ses recherches portent sur la démocratie urbaine, les quartiers populaires et la ségrégation. Parmi ses publications, nous pouvons citer Mixité sociale, et après ?, avec Éric Charmes (dir), Paris, PUF, 2016 ; « Retour sur une mission sur la participation dans la politique de la ville », Sociologie, n°4, 2015, p.401-416 ; « The Middle Class ‘at Home among the Poor’- How Social Mix is Lived in Parisian Suburbs : Between Local Attachment and Metropolitan Practices », avec Éric Charmes and Stéphanie Vermeersch, IJURR, vol 38.4, juillet 2014 ; « Participation, urbanisme et études urbaines. Quatre décennies de débats et d’expériences depuis ‘A ladder of citizen participation’ de S.R. Arnstein », avec Mario Gauthier, Participations, n°1, De Boek, Bruxelles, 2011, p.36-67 (prix de l’APEREAU).


 

Matthieu Scherman

Matthieu Scherman est maître de conférences en histoire médiévale à l’université Gustave Eiffel. Spécialiste d’histoire économique et sociale de la fin du Moyen Âge, il a publié Familles et travail à Trévise à la fin du Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2013 ; et, avec Anne Wegener Sleeswijk et Vincent Demont, Le Pouvoir des courtiers: Univers marchands et acteurs du courtage (XIVe-XVIIIe S.), Paris, Éditions rue d’Ulm/Presses de l’École normale supérieure, 2018.


 

Fabrice Langrognet

Docteur de l'université de Cambridge, Fabrice Langrognet est historien des migrations. Il est actuellement chargé de recherches F.R.S.-F.N.R.S. au centre AmericaS de l'Université libre de Bruxelles et chercheur associé au Centre d'histoire sociale des mondes contemporains de l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. Il est notamment l'auteur de Voisins de passage : une microhistoire des migrations (La Découverte, 2023), récompensé par le Grand Prix des Rendez-Vous de l'Histoire de Blois en 2024.


 

Muriel Cohen

Muriel Cohen est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l'université du Mans (laboratoire TEMOS), spécialiste de l'histoire des migrations et du logement. Elle a publié Des familles invisibles, les Algériens de France entre intégrations et exclusions, 1945-1985 aux Publications de la Sorbonne en 2020. Elle est fellow de l'Institut Convergences Migrations et membre de l'AMuLoP.


 

Gaïd Andro

Gaïd Andro est maîtresse de conférences en histoire et didactique de l’histoire à l’INSPÉ de Nantes et membre junior de l’IUF sur une chaire de médiation scientifique depuis 2023. Elle est chercheuse en histoire de la Révolution française et en didactique de l’histoire. Membre fondatrice de l’AMuLoP et de Cartier Libre (collectif pluridisciplinaire en sciences sociales associé au projet de reconversion de la prison Jacques-Cartier à Rennes), elle mène des recherches sur les liens sciences-société en histoire et sur les croisements possibles entre approche didactique des apprentissages et approche communicationnelle des médiations dans la patrimonialisation des marges urbaines. Elle a notamment publié : avec Fanny Le Bonhomme et Stefan Le Courant, « Sources orales et recherches participatives. Faire l’histoire d’une prison avec ses anciens acteurs », Mouvements, n° spécial « Co-produire la science », à paraître ; et Une génération au service de l’État. Les procureurs généraux syndics de la Révolution française (1780-1830), Paris, Société des études robespierristes, 2015.


 

Sébastien Radouan

Docteur en histoire de l'art et historien de l’architecture, Sébastien Radouan est membre de l’équipe AHTTEP du laboratoire AUSser (UMR 3329) depuis 2020, ainsi que de l’Association pour un Musée du Logement Populaire (AMuLoP) depuis 2018. Ses travaux de recherche portent sur l’histoire du logement, de l’urbanisme et du patrimoine de la seconde moitié du XXe siècle. Abordant l’architecture au regard de son habitabilité mais également de la commande, ses pratiques de la recherche en histoire sont ancrées dans les sciences sociales. Avec l'AMuLoP, il est actuellement co-responsable de la recherche et de la médiation pour le projet « 4000 vies. Histoires vécues ». Parmi les publications en lien avec les thèmes du colloque, on pourra citer : avec Muriel Cohen et Cédric David, « Exposition La vie HLM. Histoire d’habitant.e.s de logements populaires. Aubervilliers 1950-2000 », Histoire urbaine [en ligne], avril 2022, URL : https://sfhu.hypotheses.org/7250, consulté le 30 juin 2022 ; « L’exposition La vie HLM à Aubervilliers. Trois figures narratives pour mettre en scène la démarche de recherche sur le logement populaire », Livraisons d’histoire de l’architecture, [en ligne], 45/2023, mars 2024, URL: http://journals.openedition.org/lha/9819; « Entre construction et déconstruction, une micro-histoire environnementale de la première génération des grands ensembles. La cité des 800 logements à Aubervilliers », dans C. Palant, E. Léna, G.-A., Langlois (dir.), Héritage architectural et mutations environnementales : typologies, représentations, transitions, Lyon, Presses architecturales de Lyon, 2024, p. 61-77.


 

Déborah Cohen

Déborah Cohen est Maîtresse de conférences HdR en histoire moderne à l'Université de Rouen-Normandie. Elle travaille sur la parole populaire telle qu'elle cherche à se faire une place dans le champ politique au XVIIIe siècle et pendant la Révolution française. Elle a notamment publié La nature du peuple. Les formes de l’imaginaire social, Seyssel, éditions Champ Vallon, 2010. Elle a soutenu en 2024 une habilitation à diriger des recherches portant sur la dénonciation civique en Révolution comme acte de participation politique populaire. Elle enseigne l'histoire populaire en Licence 2 depuis plusieurs années. 


 

Sébastien Malaprade

Sébastien Malaprade est maître de conférences en histoire moderne à l'Université Paris-Est Créteil. Spécialiste d'histoire sociale et économique de l'Espagne des XVIe et XVIIe siècles, il s'intéresse aussi aux modalités de médiation de la discipline historique en lien avec sa charge de co-responsable du master d'histoire publique de Créteil. Cette expérience l'a conduit à fonder, avec Marie-Karine Schaub, un festival d'histoire populaire dont la première édition consacrée aux paroles populaires s'est tenue à Créteil en juin 2024. Il s'efforce d'exhumer, dans la généalogie de l'histoire publique, sa paternité avec une histoire sociale par le bas. Transposée au festival d’histoire populaire, cette démarche prétend expérimenter de nouvelles formes narratives en évitant l’écueil des approches descendantes et en s’armant d’autoréflexivité pour penser les contours et les limites d’une méthodologie participative. 


 

Élodie Paillet 

Élodie Paillet est professeure d’histoire-géographie-emc au collège Guy Môquet de Villejuif. Formatrice académique dans l’académie de Créteil, elle est aussi membre de l’AMuLoP, en charge des médiations scolaires. À ce titre, elle a participé avec ses élèves en juin 2024 à la première édition du Festival d’histoire populaire de Créteil, organisé en partenariat avec le master histoire publique de l’Université Paris-Est Créteil et les archives de la ville. Dans ce cadre, avec un historien et un sociologue de l’AMuLoP, elle a invité ses élèves à se questionner sur l’histoire des habitantes et habitants de leur quartier et à produire des capsules sonores sur la question. Chaque année, elle co-anime avec Diane Chamboduc de Saint Pulgent, une formation académique intitulée “Tous acteurs : l’enseignement de l’histoire du XXe siècle et de la géographie du territoire en banlieue parisienne”, destinée aux professeurs d’histoire-géographie de l’académie de Créteil.


 

Thomas Le Roux 

Thomas Le Roux est historien au CNRS (Centre de Recherches Historiques, CNRS-EHESS). Il travaille sur l’histoire de l’impact de l’industrialisation sur l’environnement et les questions d’hygiène publique. Il est notamment l’auteur de : Le laboratoire des pollutions industrielles, Paris, 1770-1830, Paris, Albin Michel, 2011 ; avec François Jarrige, La Contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel, Paris, Le Seuil, 2017. Il est plus récemment à l’origine du projet de conversion de la maison Raspail (Cachan, Val-de-Marne) en un espace d’interprétation historique de la culture populaire et de la banlieue. 


 

Constance Barbaresco

Constance Barbaresco est ingénieure de recherche au CRH/EHESS. Elle est l’auteure d’une thèse en histoire littéraire, soutenue au CRH en 2022, sous la direction de Judith Lyon-Caen, intitulée Le bonheur dans le pré. Une histoire littéraire et culturelle du bonheur en banlieue verte, de 1820 à l’entre-deux-guerres. Depuis septembre 2022, elle est en charge de l’inventaire et de la valorisation du fonds d’archives de Henry Poulaille, écrivain et chef de file de la littérature prolétarienne pendant l’entre-deux-guerres.