Ode à l'amour

Posted in Saison 2015-2016

Programme

Alban Berg (1885-1935)

Sieben frühe lieder

composition : 1905-1908 ; orchestration : 1928 ; création : 1928 ; publication : 1928

version pour orchestre de chambre de Paul Leonard Schäffer (2014)

  • Nacht / Nuit (Carl Hauptmann)
  • Schilflied / Chant du roseau (Nikolaus Lenau)
  • Die Nachtigall /Le Rossignol (Theodor Storm)
  • Traumgekrönt / Couronné de rêves (Rainer Maria Rilke)
  • Im Zimmer / Dans la chambre (Johannes Schlaf)
  • Liebesode / Ode d’amour (Otto Erich Hartleben)
  • Sommertage / Jours d’été (Paul Hohenberg)

Gustav Mahler (1860-1911)

Symphonie n° 4 en sol majeur

composition : 1892 (4e mouvement), 1899-1900 (mouvements 1, 2 et 3) ; création : 1901

Version pour orchestre de chambre de Klaus Simon (2007)

  • Bedächtig. Nicht eilen. (Pensif/Commode. Sans presser)
  • In gemächlicher Bewegung. Ohne Hast (Dans un mouvement modéré. Sans hâte)
  • Ruhevoll (Paisible)
  • Sehr behanglich (Très détendu/à l'aise)
  • [Lied : Das himmlische Leben]
Interprètes
  • Marion Lebègue mezzo-soprano
  • Secession Orchestra
  • Julien Vern flûte
  • Benjamin Pouchard hautbois
  • Bertrand Laude clarinette
  • Jérémie Da Conceicao basson
  • Victor Haviez cor
  • Jacques Comby piano
  • Vincent Lhermet accordéon
  • Vincent Buffin harpe
  • César Carcopino percussions
  • Elena Mineva, David Bahon violon
  • Cécile Marsaudon alto
  • Dima Tsypkin violoncelle
  • Alexandre Baile contrebasse
  • Clément Mao-Takacs direction

Traduction des textes

SIEBEN FRÜHE LIEDER / SEPT LIEDER DE JEUNESSE

Nuit

Les nuages comme une chape sur la nuit et la vallée ; le brouillard flotte, l'eau murmure. Soudain, le voile se déchire et une voix résonne en moi : « Oh, sois attentif à ce moment unique! Sois attentif! »

Une immense et merveilleuse terre se découvre ; des montagnes argentées saillent, gigantesques cimes de rêves ; des chemins tranquilles resplendissent sous la lumière argentée, serpentent vers la vallée.

Et le sublime monde semble d’une pureté de rêve.

Silencieux, un buis se dresse sur le bord du chemin, jetant de noires ombres, tandis qu’une brise – à peine un souffle – porte doucement les senteurs d’un lointain bosquet.

Et, dans les profondeurs de l’immense obscurité, palpitent des lueurs dans la nuit muette.

« Bois, ô mon âme ! Enivre-toi de cette solitude ! Oh, sois attentive ! Sois attentive ! »

 

Chant du roseau

Suivant ce chemin forestier secret, je me glisse dans la lumière du soir ;  je vais vers la rive désolée et couverte de roseaux ; et là, jeune fille, je fais tienne ma pensée !

Quand les buissons s’ourlent de noir, les roseaux murmurent mystérieusement : et ils se lamentent et chuchotent tant que je pleure à mon tour à en pleurer.

Et je crois entendre flotter doucement le son de ta voix, et se noyer dans l’étang ton chant si tant aimé.

 

Le rossignol

C’est ainsi que tout arriva : toute la nuit, le rossignol chantait ; et tandis que résonnait son délicat gazouillis – fait d’échos, et d’échos de cet écho – les roses ont poussé, poussé, poussé.

En elle bouillonnait jadis un sang sauvage ; maintenant, elle va, perdue dans ses pensées ; à sa main, elle porte une capeline, et endure calmement l’ardeur du soleil, ne sachant que faire, ni par où commencer.

C’est ainsi que tout arriva : toute la nuit, le rossignol chantait ; et tandis que résonnait son délicat gazouillis – fait d’échos, et d’échos de cet écho – les roses ont poussé, poussé, poussé.

 

Couronné par un rêve

Ce jour-là, il y avait des chrysanthèmes blancs, et j’ai frémi devant leur splendeur…

Alors, alors tu es venu(e) saisir mon âme au plus profond de la nuit.

J’avais si peur, et tu es venu(e) aimant(e) et doux(ce), et moi, j’avais simplement pensé à toi en rêve.

Tu es venu(e), et doucement, comme en un conte de fée, résonne la nuit.

 

Dans la chambre

Éclats d’un soleil d’automne.

Le soir chéri à l’intérieur doucement regarde.

Un minuscule feu rouge à travers la porte du poêle crépite et flambe.

Alors ! Ma tête sur tes genoux, je me sens si bien.

Quand mes yeux alors se posent sur les tiens,

Comme doucement passent les minutes.

 

Ode à l’Amour

Dans les bras de l'Amour nous nous endormions béatement.

Par la fenêtre ouverte, le vent d'été entendit notre respiration régulière et paisible, et l’emporta doucement dans la nuit vers le pâle clair de lune.

Et du jardin, comme à tâtons et par intermittences, venait jusqu’à notre lit d’amour un parfum de roses ; et cela nous donnait des rêves merveilleux, des rêves capiteux jusqu’à l’ivresse – si riches qu’en leurs confins se trouvait la Nostalgie !

 

Jours d’été

A présent s’écoulent les jours sur le Monde, portés par une éternité bleutée, et le vent d'été emporte le Temps.

A présent le Seigneur, de sa main bénie, tresse la nuit avec les couronnes stellaires, au-dessus de cette terre de marcheurs et de merveilles.

Ô cœur, en ces jours, que peut dire ton clair chant de marcheur sur ta profonde, si profonde volupté ?

Au milieu du chant des prairies, le cœur reste muet, car, à présent, le mot ne peut plus dire ; seule les images, unes à unes, se pressent et t’emplissent tout entier.

 

Libres traductions de Clément Mao – Takacs

 

DAS HIMMLISCHE LEBEN / LA VIE CÉLESTE

4ème mouvement de la Quatrième Symphonie de Gustav Mahler

 

Parce que nous jouissons des joies célestes,

Nous pouvons oublier les choses terrestres.

Le bruit et la fureur du monde

N'ont pas de place dans le ciel, où seul règne le silence.

Tout baigne dans la paix la plus douce.

Nous menons la vie des anges - et qui pourrait s'en plaindre ? :

Nous dansons et nous bondissons,

Nous sautillons et nous chantons.

Saint Pierre dans le ciel nous regarde avec attention.

 

Voilà Jean qui fait sortir le petit agneau,

Tandis qu'Hérode - le boucher - le surveille, prêt à agir.

Nous menons un doux, un innocent, un joli petit agneau à la mort.

Saint Luc abat son bœuf sûrement et fermement,

Sans émoi ni compassion.

Le vin ne coûte rien dans les caves célestes !

Et les Anges ? Ils font cuire le pain !

 

Et puis, de bonnes et belles plantes de toutes sortes poussent dans le jardin céleste :

Il y a de délicieuses asperges, d'excellents haricots verts !

Et il y a encore tout ce que nous voulons !!

Et tous ces mets appétissants qui nous attendent !!!

De bonnes pommes, de bonnes poires et de bons raisins ;

A nous les fruits ! - Les jardiniers, ils nous permettent tout !

Veux-tu du chevreuil, veux-tu du lièvre ?

En pleine rue, les voilà qui déboulent en masse !

 

Est-ce jour de jeûne obligé ?

Eh bien, ce sont tous les poissons qui arrivent, frétillants, à toutes nageoires !

Et voilà Saint Pierre sur la rive de l'étang céleste, avec son filet et ses appâts,

C'est Sainte Marthe qui va devoir se mettre aux fourneaux...

Oui, c'est Sainte Marthe qui cuisinera !

 

Il n'y a pas de musique sur terre comparable à la nôtre.

Onze mille vierges dansent sans complexe,

Et Sainte Ursule elle-même rit de les voir.

Il n'y a pas de musique sur terre comparable à la nôtre.

Cécile et sa parentèle sont de si merveilleux, de si excellents musiciens !

Les voix des anges grisent les sens,

De telle sorte que... tout... à la Joie...

... à la Joie ... s'éveille... ... ...

 

Texte tiré de Des Knaben Wunderhorn d'Arnim et Brentano.

Libre traduction de Clément Mao - Takacs


Biographies

lebegueMarion Lebègue mezzo-soprano

Après des études de clarinette et de musicologie, Marion Lebègue a suivi l’enseignement de Blandine de Saint-Sauveur au conservatoire de Boulogne-Billancourt, dont elle est aujourd’hui diplômée. Elle s’est ensuite perfectionnée auprès d’Elsa Maurus, Jean-Philippe Lafont, Barbara Morihien et Dietrich Henschel pour le lied et la mélodie.
Elle s’est récemment distinguée en remportant tous les prix lors du Concours de chant de Marmande 2014 (grand prix d’opéra, premier prix de mélodie, prix du public et prix spécial franco-québécois) et, quelques jours plus tard, le premier prix du jury lors du prestigieux Concours de chant de Toulouse.
Les saisons dernières, Marion Lebègue a notamment chanté à l’Opéra-Théâtre de Metz la Deuxième Dame dans La Flûte enchantée de Mozart, mis en scène par Daniel Mesguich, et Pipetto dans Viva la Mamma ! de Donizetti, mis en scène par Vincent Vittoz. En concert, elle a tenu le rôle de l’alto solo dans la Petite Messe solennelle de Rossini sous la direction de Bernard Tétu, la Cantate BWV 170 de Bach, le Requiem de Mozart ou encore Roméo et Juliette de Berlioz avec l’orchestre national de Lyon dirigé par Leonard Slatkin (enregistrement Naïve). Elle a été invitée au Théâtre du Bolchoï pour un récital d’airs d’opéras français du XIXe siècle et s’est produite en récital à l’opéra Grand Avignon lors d’un tremplin jeunes chanteurs.
Cette saison, elle a chanté notamment dans Orphée et Eurydice de Gluck avec l’Orchestre symphonique de Mâcon et interprété Feklusa dans Kaťa Kabanová de Janáček à l’Opéra Grand Avignon dans une mise en scène de Nadine Duffaut.


maox600Clément Mao-Takacs direction

Diplômé du Conservatoire national supérieur de musique de Paris ainsi que de l'Accademia Chigiana de Sienne, Clément Mao-Takacs est lauréat du Festival de Bayreuth et a reçu le prix "Jeune Talent" 2008 décerné par la Fondation del Duca (Institut de France / Académie des Beaux-Arts). En 2013, il est le premier chef d’orchestre à devenir lauréat de la Fondation Cziffra. Sa carrière de chef commence très jeune puisque c’est à l’âge de quinze ans qu’il dirige son premier concert à la salle Gaveau (Paris). Il devient l’assistant de Janos Komives à l’Opéra national de Budapest (2002) ainsi que pour plusieurs productions et enregistrements en France. Il est ensuite engagé par le directeur musical de l’Opéra de Rome, Gianluigi Gelmetti, dont il sera l’assistant durant cinq années (2003-2008). Il a été invité par la Camerata Strumentale « Città di Prato », l’ensemble à vents du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, le festival Orchestra de Sofia, les ensembles Aquilon et Initium. Parallèlement, il reprend la direction musicale (2004-2010) de l'Orchestre Sérénade.

En 2011, il fonde Secession Orchestra, dont il assure la direction musicale et artistique.

Clément Mao-Takacs est le dédicataire et le créateur d'œuvres de Bargielski, Ballereau, Komives, Feldman, Sikorski, Svensson, Letouvet, Adams, Saariaho. Très proche de la musique de Kaija Saariaho, il a dirigé les créations de la version de chambre de La Passion de Simone aux festivals Melos-Ethos (Bratislava - Slovaquie), Codes (Lublin – Pologne), à Saint-Denis (basilique) et Clermont-Ferrand (La Comédie - Scène nationale). Il en a dirigé, en avril 2015 à Rome, la création italienne, ainsi que la danoise, à Copenhague en 2016.

Le répertoire lyrique est important pour cet amoureux de la littérature et de l’art dramatique. Sa rencontre avec Peter Sellars est déterminante et il entretient des liens d’amitiés avec acteurs et metteurs en scènes aux univers variés parmi lesquels Aleksi Barrière avec lequel il a créé et codirige la compagnie La Chambre aux échos.

Clément Mao-Takacs vient d’enregistrer la pièce Adieu de Stockhausen (Crystal Classics), ainsi qu’un disque consacré à Jacques Ibert (Timpani) qui vient de recevoir cinq diapasons par le magazine éponyme.

Clément Mao–Takacs poursuit aussi une carrière de pianiste, soliste et chambriste. Partenaire de nombreux instrumentistes et artistes lyriques, il a accompagné la soprano Omo Bello dans le cadre de la tournée européenne Rising Star 2014/2015.

Compositeur, Clément Mao–Takacs écrit principalement pour voix et pour orchestre. Il réalise également de nombreuses orchestrations. Titulaire d'un DEA de littérature comparée, il parachève un doctorat en arts du spectacle et publie régulièrement textes et articles.

 


Secession Orchestra

Secession Orchestra est une formation d'élite composée d'une quarantaine de musiciens. Placé sous la direction musicale et artistique de Clément Mao-Takacs, cet orchestre privilégie le répertoire des XXe et XXIe siècles, travaillant avec les compositeurs de son temps, multipliant les collaborations et les passerelles entre les arts.

Salué par la critique comme par le public pour son excellence, Secession Orchestra propose depuis plusieurs années une programmation ambitieuse et exigeante : à partir des figures tutélaires de Debussy et Mahler, les musiciens interprètent Bartók, Kodály, Berg, Schönberg, Webern, Reger, Ravel, Falla, Mompou, Chabrier, Holmès, Viardot, Komives, Adams, mais aussi Liszt, Wagner et Mozart.
Secession Orchestra s’est produit en France et en Europe aux festivals Lisztomanias, aux Tons Voisins, Maestri & Bambini, Bougival, Nohant, CIMA, Floréal et aux Rencontres musicales de Calenzana. Presque systématiquement réinvité, Secession Orchestra a été en 2015 l’hôte de nombreux festivals : Deauville, Métis (Saint-Denis), Épau, Classique au vert, Novalis (Croatie).
Depuis 2013, Secession Orchestra collabore régulièrement avec la compagnie de théâtre musical La Chambre aux échos et crée en Europe la version de chambre d'un opéra de Kaija Saariaho La Passion de Simone au festival Melos-Ethos (Bratislava, Slovaquie), Codes (Lublin, Pologne), à Clermont-Ferrand et au festival de Saint-Denis.
Secession Orchestra travaille régulièrement avec des solistes de renom – tels Renaud Capuçon, Gérard Caussé, Jean-François Heisser, Denis Pascal – et de nombreux artistes lyriques. Les concerts-lectures sont une autre de ses spécialités : soigneusement conçus et pour des comédiens tels Charles Berling, Michel Fau, Brigitte Fossey, Antoine Duléry, Didier Sandre, Laurence Cordier ou Renan Carteaux.
Considérant tout acte culturel comme un acte social, Secession Orchestra choisit de repenser la forme du concert classique à travers des programmes-concepts, de réinventer le lien entre musiciens et public au cœur de la cité, et de s’impliquer activement dans la formation du public de demain à travers de nombreux projets à caractère didactique et pédagogique, dont les Musicales de Bretonneau, qui se déroulent en hôpital, des concerts et ateliers en établissements scolaires ou en collaboration avec des institutions (Philharmonie de Paris) et l’Université Populaire en partenariat avec la Mairie du 18e arrondissement de Paris.
Secession Orchestra reçoit le soutien de la Fondation La Poste et de son cercle de mécènes privés.

Secession Orchestra est depuis 2014 en résidence à la Fondation Singer-Polignac.