Stendhal en mouvement

Posted in Saison 2015-2016

(Collection particulière) Association des Amis de Stendhal, reproduction interdite
Détail sous Louis-Philippe d’un panoramique du boulevard des Italiens cher à Stendhal. Un point d’orgue sera le 11 avril 1839, jour de la rencontre sur le Boulevard avec Balzac juste après la publication de La Chartreuse de Parme.

Introduction

En hommage au beau livre de Jean Starobinski, Montaigne en mouvement, consacré à un écrivain que Stendhal appréciait tout particulièrement (et pour cause), on a souhaité envisager celui-ci sous les diverses modalités que prennent chez lui non seulement un besoin du tempérament, mais aussi une attitude soigneusement entretenue ,cultivée, fondamentale dans le beylisme, qui se définit comme un refus militant de l'immobilisme dans tous les domaines de l'existence, physique, intellectuelle, morale et artistique.

Mouvement dans l'espace:Stendhal est un nomade impénitent, incapable de rester en place, qui a théorisé sa "dromomanie" comme méthode d'investigation de soi et des autres dans la découverte toujours en éveil de la différence. Celui qui se définissait "observateur du coeur humain" s'élance sur les chemins pour engranger des expériences qui nourriront sa vie intérieure et lutter contre toute forme d'encroûtement et de routine.Pour lui, partir c'est renaître un peu. Il élabore non seulement une pratique personnelle du voyage, au service d'un hédonisme égotiste, mais une poétique qui fait du déplacement la condition d'une saisie féconde des beautés et des singularités du monde, aliment inépuisable pour la curiosité, la sensibilité, et matériau toujours renouvelé pour l'oeuvre à venir.

Mouvement dans le temps : si Stendhal ausculte inlassablement, sous tous ses aspects, la réalité de son époque, au point de pouvoir légitimement être considéré, avec Balzac et même un peu avant lui, comme le créateur du "roman réaliste", il ne s'enferme pas dans le contemporain. Il se projette vers l'avenir en pronostiquant pour l'Europe une inéluctable évolution vers un arasement des particularités nationales et une déplorable uniformisation des moeurs et des concepts, sous l'effet du triomphe programmé de l'idéal américain (si on peut accoler ces deux termes). Tournant le dos à ce triste horizon, il se hâte d'archiver les dernières manifestations des génies locaux, et entre tous celui de l'Italie, qui, en raison de son bienheureux "retard", sera la dernière à se laisser absorber par la mondialisation en marche.En archéologue, il se pencha amoureusement sur le passé italien, qu'il mythifie et célèbre comme antidote aux poisons de la modernité commerciale et industrielle, mortelleà la vie de l'esprit, des passions et des arts.

Mouvement dans les idées : toujours à l'état naissant, la pensée stendhalienne se caractérise avant tout par sa liberté, sa fluidité et sa porosité. Elle a horreur de toute coagulation, par définition mortifère, et privilégie la sincérité du moment, la spontanéité, voire le caprice, et les injustifiables impulsions du Moi. Réfutant les catégories toutes faites, les positions a priori, les étiquettes indécollables, le jacobin aristocrate assume ses contradictions, ses limites et ses partis pris, qu'il émousse avec une conscience aiguë de la relativité universelle des points de vue.

Mouvement dans les arts : Stendhal a passé sa vie à rêver autour de ce qu'on appelerait aujourd'hui les "transversalités esthétiques", c'est-à-dire les échanges et transpositions entre littérature, peinture, sculpture et musique ( et même architecture). Cet écrivain souhaitait écrire comme on peint ou comme on compose un opéra. Il a médité sur la spécificité des moyens d'expression de chaque art et imaginé entre eux des systèmes d'équivalences ou des passerelles dont l'étonnante modernité est encore loin d'avoir été complètement explorée. Le dialogue des Muses n'a pas été pour lui simple allégorie, mais réflexion approfondie d'un artiste soucieux de comprendre et d'enrichir, en les confrontant avec celles des autres domaines de la création, les ressources proppres de son instrument.

Mouvement dans l'écriture : faire des plans glaçait Stendhal, et leur prolifération dans les manuscrits est l'indice fatal que la dynamique textuelle va s'enrayer. On doit interroger le rôle de l'improvisation et de la vitesse chez quelqu'un qui, s'il rature plus qu'on ne l'a dit, entend aller toujours de l'avant sans se laisser paralyser par la recherche de la perfection et le culte de la phrase. Plus généralement, on se demandera de quel ordre relève le tropisme transfrontalier de Stendhal, qui l'amène à ne jamais se fixer une fois pour toutes sur des genres constitués, et à passer du journal intime au théâtre, au roman, au récit de voyage, au pamphlet, à la nouvelle, à la critique d'art, à l'article de presse, non pas à la suite, mais tout à la fois, comme pour brouiller les bornages du cadastre et "déterritorialiser" systématiquement le champ du littéraire.

Partenaires

Programme

Jeudi 10 décembre

9h30 - accueil et inscription des participants

10h - Ouverture de la première journée

Présidence : Béatrice DIDIER, École Normale Supérieure

11h - Pause café

13h-14h - Buffet-déjeuner

Présidence : Philippe BERTHIER, Sorbonne Nouvelle

15h30 - Pause café

17h30 - Clôture de la première journée


Vendredi 11 décembre

9h30 - accueil et inscription des participants

9h45 - Ouverture de la seconde journée

Présidence : Jean-Jacques LABIA, université Paris Ouest Nanterre

11h - Pause café

13h15 - Clôture du colloque


Résumés de communication

Présentation par Philippe BERTHIER

"Je pense ailleurs", écrit Montaigne. Stendhal aurait pu le dire avec lui. Toujours en partance vers des horizons inédits, géographiques, intellectuels, esthétiques, il est impossible à fixer. Une insatiable curiosité lui fait récuser tout enkystement dans des positions définies une fois pour toutes, toute coagulation dans des formules immobiles. Epris de liberté avant tout, il n'est jamais là où on l'attend; explorateur-né, il nie les frontières et pratique une transversalité systématique; il essaie de capter au plus près de son jaillissement l'élan créateur. Ce sont quelques-un des modes de cette souveraine spontanéité qu'on souhaite ici interroger.

[haut]


Stendhal dans les ports. A travers les "Mémoires d'un touriste" par Nicolas COCHARD

Les Mémoires d'un touriste offrent un panorama des villes-ports à la fin des années 1830 à travers des approches paysagères, sociales ou culturelles. Il s’agit alors de déterminer l’apport de l’œuvre littéraire pour l’historien. La fin des années 1830 constitue en effet une période particulièrement intéressante pour qui étudie l’univers maritime avec l’affirmation progressive de la propulsion mécanique. Stendhal est fasciné par les machines à vapeur et décrit la modernité à travers les nouveaux paysages qu’il perçoit. Par ailleurs, la période se caractérise également par le déclin des négociants, véritable élite sociale de la ville-port dont Stendhal fournit des descriptions relativement dépréciatives. Enfin, l’auteur ne manque pas de rappeler le caractère international et cosmopolite de la ville-port. Ces trois thématiques constitueront l’armature de notre réflexion destinée à évaluer l’apport et la valeur des mémoires de Stendhal pour l’historien à une période de mutations majeures de l’univers maritime et des sociétés portuaires. L’approche se révèle donc être double puisque se conjuguent l’analyse littéraire du propos de Stendhal et celle de la source historique qu’il constitue. 

[haut]


Voyages, voyages... par Yves ANSEL

Question : qui a eu cette idée folle un jour d'inventer... le thème de « la prison heureuse » chez Stendhal ?! Rien ne pèse plus à Beyle que la clôture, l'absence de liberté ; l'irrépressible et endurant goût du voyage est le produit d’une enfance bridée, sous très haute surveillance (Vie de Henry Brulard). Ne pas pouvoir « sortir de Grenoble », c'est mourir. Partir, c'est vivre ; partir, c'est plus qu'une « promesse de bonheur » : c'est le bonheur.

L'homme aime les voyages, et l'écrivain prend plaisir à les raconter. Pourquoi ? Parce que, entre autres avantages, les « tours » offrent : 1) le droit de parler de soi ; 2) l'usage d'une forme fourre-tout, « lawless » ; 3) le droit de bavarder « selon son bon plaisir », la liberté de « digresser » sans fin (dans les « tours », il n'y a pas de hors-sujet) ; 4) un « espace franc » ; les voyages touristiques sont une chaire, une tribune politique déjouant la censure de ces « MM. de la police » : les « tours » aussi sont des « pamphlets de Dominique».

[haut]


Pour une poétique touristique: Stendhal et la mise en récit du voyage par Serge LINKES

C’est sous les traits d’un négociant en métaux que Stendhal proposa aux happy few les Mémoires d’un touriste en 1838. Cette fois-ci Stendhal se faisait « touriste » dans son propre pays et participait à l’invention du lieu touristique français après avoir contribué à idéaliser l’Italie du XIXe siècle avec Rome, Naples, Florence puis ses Promenades dans Rome, mais il contribuait également à élaborer un nouveau type d’ouvrage se situant à mi-chemin entre le guide touristique et le journal de voyage. Dans ce récit émaillé d’anecdotes, il se montre sensible aux paysages, aux mœurs et à l’histoire de la province, tout autant qu’aux conditions matérielles de son voyage. Tout en réfutant l’égotisme, il annonce dès les premières lignes que ce récit ne pourra se faire qu’à la première personne, la seule instance énonciative qui, selon lui, permette « de raconter vite », plaçant ainsi le récit de voyage dans une poétique bien particulière où les déplacements du touriste se confondent avec la prestesse de l’écriture.

[haut]


L' Echappée Beyle. Du paysage au pays : les "Voyages en France" à l'appui d'une reterritorialisation par Laure LEVEQUE

Lorsque, en 1838, Stendhal donne ses Mémoires d’un touriste, c’est en écrivain accompli, sinon reconnu, dont l’esthétique comme, au reste, plus généralement, le système de valeurs sont dès longtemps formés et le paysage mental déjà très largement modelé. A priori, donc, rien à attendre de ce livre que l’on a beaucoup dit de circonstance et uniquement propre à justifier que soit prolongé le séjour en France du consul, qui dépérit à Civita-Vecchia. C’est en tout cas la leçon qu’en retient quasi unanimement la critique.

Pour autant, c’est peut-être statuer un peu vite sur un texte où un Stendhal depuis longtemps délocalisé en Italie revisite la France, re-vision qui vaut, à bien des égards, révision. Car les Mémoires d’un touriste – et ses pendants contemporains que sont le Voyage en France et le Voyage dans le Midi de la France – pourraient bien, loin d’illustrer des « thèses faites à l’avance » ainsi que le croyait Louis Crozet, témoigner, au contraire, d’un point de vue qui ne doit rien aux idées reçues, fussent-elles de celles que Stendhal s’était forgées antérieurement.

[haut]


Rossini en mouvements par Antoine GUIBAL

La Vie de Rossini est un livre très instable, car Stendhal nous la dépeint comme une vie en mouvements, et le mouvement est le moteur même de l’œuvre. Rossini étant vivant lors de la publication, la vie ne pouvait donc être close. En finissant l’ouvrage, une partie de nous reste habitée par cet élan qui en a défini les grandes lignes. Les mots qui viennent à l’esprit pour décrire cette biographie si particulière sont tous de l’ordre du florilège. Et le contexte même de sa publication rappelle que nous sommes à un tournant, une époque de changement : le romantisme veut faire éclater les vieilles règles, les conventions établies, tout ce qui limite l’esprit et l’imagination, les enchaîne et les contraint. D’où cette épigraphe qui sonne d’entrée comme une libération, un appel à la légèreté : « Laissez aller votre pensée comme cet insecte qu’on lâche en l’air avec un fil à la patte. » Et plus loin : « Si vous voulez qu’on fasse des découvertes, laissez un peu courir au hasard vos vaisseaux sur les mers. »

[haut]


Le mouvement fait tout pour l'expression par Béatrice DIDIER

A propos de la Gazza ladra donné à Louvois, Stendhal, dans la Vie de Rossini, analyse comment la signification d’un air peut changer complètement suivant qu’un allegro est chanté comme un andante ou inversement . Mais la sensibilité de Stendhal critique musical à la question du tempo ne se limite pas à l’interprétation .

Dans la création musicale elle-même cette question du mouvement lui semble capitale, liée aux poblèmes esthétiques où l’on retrouve les clivages entre les caractères nationaux, entre romantisme et classicisme.

Le « tempo » n’est finalement qu’un aspect de la présence du temps dans la musique qui reposant fondamentalement sur le déroulement temporel, nous libère cependant de la tyrannie du Temps.

[haut]


Les Affinités électives: flux et reflux de la sympathie chez Rousseau, Goethe et Stendhal par Lydia BAUER

La sympathie qui, selon Michel Foucault, « suscite le mouvement des choses dans le monde et provoque le rapprochement des plus distantes » tient une place prédominante dans les œuvres de Goethe, Rousseau et de Stendhal aussi bien dans le rapport entre les personnages que dans les relations entre l'homme et la nature. Ces liens invisibles entre les choses – ces correspondances – se retrouvent dans la construction de l'œuvre littéraire stendhalienne elle-même qui semble réunir dans une sorte de transversalité esthétique – à l'instar du Journal d'Ottilie des Affinités électives – les affections et penchants de l'auteur. Cette communication vise à montrer à la fois les différents phénomènes sympathiques dans les romans de Stendhal ainsi que son appropriation des œuvres de Rousseau et de Goethe par le biais d'un jeu de correspondances.

[haut]


 

"La Chartreuse de Parme" : feuilletages du temps par Marie-Rose CORREDOR

Illustrant le XIXme siècle comme « laboratoire des temporalités » ( Hamel), le roman met en scène un mouvement perpétuel dans le rapport au temps. A la fois contre l’historiographie romantique qui unifie la mémoire et donne un vecteur au temps, contre Corinne  et sa modélisation d’un espace-temps vivable, il déploie une temporalité instable qui s’articule sur une géographie variable : Etrurie palimpseste, Toscane sous influence autrichienne, etc. Conforme au nouveau régime d’historicité qui pulvérise tous les modèles et réactualise une histoire comme « grand branle du monde », La Chartreuse de Parme  est aussi un roman du « contemporain » ( Agamben).

[haut]


Mobile/stabile ou la cinétique paradoxale des journaux et papiers par Philippe BERTHIER

La publication en 2013 du premier volume des Journaux et papiers de Stendhal (1792-1804) tel que l'ont établi Cécile Meynard, Hélène de Jacquelot et Marie-Rose Corredor (Grenoble, Ellug), rebat les cartes critiques et confirme avec éclat l'arbitraire du schisme qu'avait imposé Victor Del Litto entre un journal qui serait "élaboré" et un autre resté à l'état "brut". En se faisant une religion de respecter le manuscrit dans tout son bariolage, elle permet enfin de suivre sans le trahir, et dans ses moindres inflexions, le cheminement de la pensée de Stendhal, ses obsessions, mais aussi ses sauts et gambades, ses traversées du désert, ses brusques illuminations, ses piétinements, ses avancées, ses embardées, bref le tempo et le fonctionnement d'un esprit, à la fois programmé (il a des projets endurants, des plans de longue haleine) et pourtant imprévisible, même à lui-même, − capté au plus près de ses "passions fixes" et de sa liberté.

[haut]


Anecdotes mouvantes et mouvances des anecdotes par Nicolas ALLARD

L'œuvre stendhalienne comprend un grand nombre d'anecdotes. Ces récits brefs, dont la forme et les thèmes peuvent être très variables, présentent la particularité de parcourir l'ensemble du corpus stendhalien. On en trouve en effet aussi bien dans les récits de voyage en France et en Italie, que dans les biographies d'hommes célèbres, les textes théoriques ou les romans. On observe plusieurs mouvances de l'anecdote. Ces récits brefs peuvent non seulement prendre place dans des textes de nature très différente, mais certains d'entre eux relèvent également d'un procédé de réécriture. Une même anecdote pourra ainsi différer assez considérablement d'un texte à un autre. La malléabilité des anecdotes est manifeste dans leur possibilité de constituer, ponctuellement, le canevas d'une nouvelle ou d'un roman. L'anecdote est, de fait, en mouvements perpétuels chez Stendhal. Cette mouvance singulière semble lui conférer un rôle essentiel dans la poétique stendhalienne.

[haut]


Les déclencheurs du voyage dans le temps chez Stendhal autobiographe par Karin GUNDERSEN

Les digressions sont nombreuses dans les textes autobiographiques de Stendhal. L’écrivain n’arrive pas à s’en tenir à la chronologie des événements ; souvent, il se plaint lui-même de cette mauvaise habitude : « Mon Dieu ! Comme ceci est mal écrit ! » (Souvenirs d’égotisme). Sincérité ou coquetterie ? De toute façon, ce sont les souvenirs d’autres époques qui donnent de l’ampleur historique à son récit. Ce sont eux qui contribuent, parmi d’autres traits, à animer son discours de la vivacité et la rapidité bien connues. La question qui se pose, dans une perspective narrative, c’est la suivante : est-il possible de repérer et identifier le dispositif qui fait démarrer la machine et lui permet de se déplacer d’une époque à l’autre ? Qu’est-ce qui en constitue la logique profonde ? Qu’il soit involontaire ou l’effet d’une méthode, le fonctionnement instantané de la mémoire de Stendhal s’avère singulièrement efficace.

[haut]


Au détour du récit : les parenthèses dans "La Vie de Henry Brulard" par Fabienne BERCEGOL

Refusant de recomposer sa vie, c’est-à-dire de l’ordonner de manière à faire ressortir après coup, artificiellement, une cohérence, Stendhal livre dans la Vie de Henry Brulard un récit désorganisé, incertain, lacunaire, qui s’autorise volontiers la digression dans l’espoir de rester fidèle au flux erratique des souvenirs et au jaillissement de la pensée. Notre enquête aura pour but de comprendre quel rôle tiennent les nombreuses parenthèses de ce récit dans ce questionnement permanent d’un Moi qui se cherche dans les méandres d’une narration fragmentaire et décousue, et donc dans la mise au point d’une écriture qui vise le naturel en misant sur la vitesse de rédaction et sur le droit aux écarts comme aux ajouts.

[haut]


« De premier mouvement » : sentiment et mouvement chez Stendhal par Xavier BOURDENET

On se propose d’examiner comment la notion de « mouvement » intervient dans la définition et l’approche du sentiment chez Stendhal. Héritier du sensualisme, qui ancre le sentiment dans le jeu des sens et l’activation de divers organes, mais aussi d’une tradition littéraire qui pense le sentiment – singulièrement la passion amoureuse – par la métaphore classique des « transports », Stendhal aborde le sentiment comme une réalité physiologique tout autant qu’intellectuelle. Dans un cas comme dans l’autre s’impose l’idée d’une mécanique et d’une cinétique dont Stendhal entend analyser les composants, les étapes et la logique de fonctionnement. On s’intéressera ainsi à la description qu’il donne du sentiment amoureux comme principe de mouvement dans De l’amour et quelques scènes de ses principales fictions.

[haut]


Passages de Stendhal ou l'auteur en mouvement par Brigitte DIAZ

Cet homme curieux, anticipant et précurseur, qui a parcouru à un rythme napoléonien son Europe, traversant plusieurs siècles de l’âme européenne, en explorateur, en découvreur de cette âme – il a fallu deux générations pour le rattraper, pour deviner à nouveau quelques-unes des énigmes qui le tourmentaient. » C’est ce qu’écrivait Nietzsche à propos de Stendhal, mais a-t-on jamais rattrapé Stendhal ? Aujourd’hui encore il reste difficilement « classable » au regard des catégories de l’histoire littéraire, toujours là où on ne l’attend pas.

On s’intéressera à cette mobilité d’un auteur qui ne fait jamais que passer d’un genre à l’autre, d’une forme à l’autre, d’une identité à l’autre et répugne à s’installer dans une posture auctoriale figée. Homme du passage et de la vitesse, Stendhal adopte dans ses postures d’écrivain comme dans son écriture le nomadisme qui est le sien dans l’espace géographique.

Cette communication se propose d’ébaucher une socio-poétique du mouvement chez Stendhal en questionnant sa mobilité selon deux points de vue :

La production des images de soi et des « postures littéraires » que Stendhal construit et propage à travers différents types d’écrits : articles de presse, notices biographiques, préfaces, correspondances, textes autobiographiques.

La réception contemporaine de cet auteur inassignable à une place quelconque et inassimilable par la critique du temps.

[haut]


Biographies

Philippe BERTHIERPhilippe Berthier

Philippe BERTHIER est professeur émérite à la Sorbonne nouvelle (Paris 3). Il a publié de nombreux essais sur Stendhal, co-dirigé l'édition des Œuvres romanesques complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade, et fondé la revue L'Année stendhalienne (Champion), qu'il dirige.

[haut]


Béatrice Didier

Béatrice Didier est professeur émérite à l’Ecole Normale supérieure(Ulm). Elle est l’auteur de nombreux essais et articles sur le XVIIIe et XIXe siècle français : Stendhal autobiographe (P.U.F.), La Chartreuse de Parme ou la dictée du bonheur (Klincksieck). Elle travaille surtout sur les rapports de la littérature et de la musique, thème de son séminaire à l’ENS, et de plusieurs essais : La musique des Lumières (P.U.F.) et, plus récemment, du Livret d’Opéra en France au XVIIIe siècle (Oxford, Voltaire Foundation, 2013). Directrice de collections aux éditions Champion, elle est présidente de l’Association des Amis de Stendhal.

[haut]


Nicolas COCHARDx150

Nicolas Cochard

Nicolas Cochard est docteur en histoire et enseignant en lycée. Il a soutenu à Caen en 2013 une thèse intitulée : Les marins dans la ville. Gens de mer et société urbaine au Havre au XIXe siècle. Ses recherches portent sur l'histoire maritime et portuaire à travers une approche sociale et privilégient une méthode mêlant méthode quantitatif et qualitatif, au moyen de sources littéraires notamment.

Trois publications sélectionnées :

  • Salaires et niveaux de vie des marins du commerce au XIXe siècle, à partir de l'exemple havrais. Revue d'histoire maritime, n° 18, Paris, PUPS, 2014, p. 113-132
  • Dans l’attente du grand départ.Les candidats au Nouveau Monde dans la ville-port. L'exemple du Havre au XIXe siècle . In : Entre mer et ciel. Le voyage transatlantique de l’Ancien au Nouveau monde, XVIe-XXIe siècle. Rennes : PUR, 2015, p. 19-36
  • Les bas-fonds d’une ville portuaire : l’exemple du Havre au prisme de la presse et de la littérature locales. Médias 19 [En ligne], Enquêtes dans les bas-fonds et le monde criminel, Guillaume Pinson

[haut]


Yves ANSELYves Ansel

Yves Ansel est professeur de littérature française des XIXe et XXe siècles à l'Université de Nantes. Il a notamment publié des études sur G. de Staël, Balzac, Sartre, Nizan, Vian Camus (Albert Camus totem et tabou. Politique de la postérité, 2012) et Kundera Sur Stendhal, il a publié une cinquantaine d'articles, cinq ouvrages, co-dirigé le Dictionnaire de Stendhal (Champion, 2003) et les Oeuvres romanesques complètes (Gallimard, Pléiade : 2005, 2007, 2014).

[haut]


Serge LINKESSerge Linkès

Serge Linkès est maître de conférences à l’Université de La Rochelle et membre de l’ITEM (TEM/CNRS/ENS Ulm labex TransferS). Spécialiste des manuscrits et du XIXe siècle, il a participé dernièrement à l’édition des romans de Stendhal dans la collection de La Pléiade (Gallimard 2014) en proposant une édition radicalement nouvelle de son dernier roman inachevé, Lamiel, qui s’appuie sur l’analyse génétique du manuscrit. Ses recherches sont également orientées vers les éditions numériques, les outils heuristiques et l’interaction des analyses matérielles et génétiques des manuscrits. Il prépare actuellement une habilitation à diriger les recherches sur les interactions entre manuscrits de romans et de reportages aux XIXe et XXe siècles.

[haut]


Laure LEVEQUEx200Laure Lévêque

Ancienne élève de l’École Normale Supérieure, Laure Lévêque est professeur de littérature française à l’Université de Toulon. Elle travaille sur l’écriture de l’histoire dans le long XIXe siècle et s’intéresse notamment à la part des élaborations imaginaires et idéologiques dans la transmission et la construction des référents culturels.

[haut]


Antoine GUIBALAntoine Guibal

Antoine E. Guibal est doctorant à l’Université de Virginie. Sa recherche porte principalement sur le pan biographique de l’œuvre de Stendhal, plus particulièrement sur les Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, la Vie de Napoléon et la Vie de Rossini. Il a publié un article dans H.B., Revue internationale d’études stendhaliennes (n. 19, 2015), et en 2016 seront publiés dans L’Année stendhalienne les actes du colloque « Stendhal’s Many Lives » qu’il a organisé aux États-Unis en septembre 2014.

[haut]


Lydia BAUERLydia Bauer

Privat-docente, enseigne actuellement à l'Institut de littératures romanes de l'Université de Münster (Allemagne). Projet de recherche actuel: L'analyse de l'idée de la sympathie dans la pensée et la création de Stendhal. Publications (choix): Diane et Mercure. L'alchimie à l'œuvre dans La Chartreuse de Parme de Stendhal (2013); Ein italienischer Maskenball. Stendhals Chartreuse de Parme und die commedia dell’arte (1998).

[haut]


 

Marie Rose CORREDORMarie-Rose Corredor

Marie-Rose Corredor est professeur émérite de littérature française. Elle a dirigé le Centre d’études stendhaliennes et romantiques de l’Université Stendhal-Grenoble 3 de 1999 à 2012. Dernière publication : coédition du Tome I des Journaux et papiers de Stendhal ( Ellug, 2013).

[haut]


Jean Jacques LABIAJean-Jacques Labia

Comparatiste et stendhalien, a édité Armance (GF) et les fictions directement inspirées par l’expérience germano-autrichienne de Stendhal (Le Rose et le Vert, GF), ainsi que divers inédits de Stendhal. Actuellement membre du groupe grenoblois de recherches sur les manuscrits et coéditeur des Journaux et Papiers de Stendhal en cours aux ELLUG (Tome 1 paru en 2013).

[haut]


Nicolas ALLARDNicolas Allard

Agrégé de lettres modernes, Nicolas Allard est professeur en classe préparatoire à Orléans. Il travaille sur la notion de récit court dans l'œuvre de Stendhal. Il a notamment écrit un article consacré aux figures de l'ange et du démon dans la nouvelle Le Coffre et le Revenant (Année stendhalienne numéro 13), ainsi qu'un article sur la passion et la claustration dans les nouvelles espagnoles de Stendhal (Cahier du Ceracc numéro 8)

[haut]


Karin GUNDERSENKarin Gundersen

Karin Gundersen (1944) est professeur titulaire de littérature française à l’Université d’Oslo depuis 1983, et traductrice du français en norvégien. Après une thèse de doctorat sur Nerval (1980), elle a travaillé e.a. sur Stendhal, Proust, Barthes et Derrida. Parmi ses traductions, nombreux ouvrages de Stendhal : Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme, De l’amour, Vie de Henry Brulard et Souvenirs d’égotisme. Elle fait actuellement une révision de l’ancienne traduction norvégienne de la Recherche de Proust, dont le 3e volume va paraître en septembre 2015.

[haut]


Fabienne BERCEGOLx150Fabienne Bercegol

Ancienne élève de l’ENS de Paris, Fabienne Bercegol est professeur à l’Université Toulouse II Jean Jaurès. Spécialiste de la littérature française du XIXe siècle, elle a consacré essais et articles principalement à l’œuvre de Chateaubriand, de Senancour et de Stendhal. Elle a procuré plusieurs éditions de textes, notamment La Chartreuse de Parme (GF Flammarion, 2000, rééd. 2009) et la Vie de Henry Brulard (Classiques de Poche, 2013).

[haut]


Xavier BOURDENETXavier Bourdenet

Xavier Bourdenet est maître de conférences à l’ESPE de Paris (Université Paris-Sorbonne) et membre de l’UMR CELLF 19-21. Ses travaux portent sur Stendhal et plus largement la littérature romantique. Responsable de la « Série Stendal » des Classiques Garnier, il a collaboré à l’édition des Œuvres romanesques complètes de Stendhal dans la Bibliothèque de la Pléiade et édité récemment De l’amour (GF, 2014). Il a dirigé les volumes Relire « Le Rouge et le Noir » (avec P. Glaudes et F. Vanoosthuyse, Classiques Garnier, 2013) et Lectures de Stendhal : « Le Rouge et le Noir » (PUR, 2013).

[haut]


Brigitte DIAZBrigitte Diaz

Brigitte DIAZ est professeur de Littérature française du XIXe siècle à l’Université de Caen. Directrice de l’équipe de recherche LASLAR de l’université de Caen, [Littérature française et comparée, Arts du spectacle, Langues romanes]. Elle est spécialiste de littérature du XIXe siècle. Une partie de ses travaux porte sur l’étude des correspondances, des journaux et des carnets d’écrivains au XIXe siècle. Elle a fourni une étude d’ensemble sur la correspondance de Stendhal, Stendhal en correspondance ou « l’histoire d’un esprit », (Champion, 2003). Actuellement, elle travaille sur les rapports au XIXe siècle entre l’écrivain et l’espace médiatique de son temps, et plus particulièrement sur la figure de l’écrivain-critique.

[haut]