Lettre de Gabriel Fauré à la Princesse de Polignac n°31
(août 1891? non daté)
Chère Princesse, je vous demande pardon, pardon, pardon !
J'ai été mauvais, et je vous en ai voulu beaucoup, et j'ai été malheureux, blessé, souffrant comme lorsqu'on est à la vingtième année !! C'est la nouvelle que vous arriviez à Cuy avec Clairin qui avait soufflé sur moi cette horrible tourmente !
Enfin le cauchemar est dissipé !
Voudriez-vous me faire un bien grand plaisir ? Venir à Cuy, quand vous quitterez Villerville, c'est-à-dire aller de Villerville à Paris en passant par Cuy ? Votre femme de chambre conduirait vos bagages de Villerville à Paris et vous pourriez prendre le temps que vous voudriez. Il me sera toujours possible de prendre ne fut-ce qu'un jour pour vous rejoindre chez Mme Baugnies. Et si je ne pouvais disposer que d'un jour je prendrais celui de votre retour pour aller vous chercher et vous ramener à Paris.
Faire ce petit chemin avec vous, ce serait recommencer un tout petit peu les vrais, les seuls délicieux jours passés en Italie et j'en serais mille fois heureux !
Pour le moment à choisir, tout me conviendrait à partir de dimanche prochain. Choisissez vous même, maintenant ou plus tard.
Ma commission de musique a-t-elle été bien faite ? Donnez-m'en d'autres encore. Vous me ravissez quand vous m'écrivez un simple mot .
Dites-moi vite si vous approuvez mon projet. Je vous baise les mains du plus profond du coeur.
Votre tout reconnaissant
Gabriel Fauré
Je suis toujours à Paris et tous les matins à l'Eglise.
{gallery}correspondances/100{/gallery}