Le premier hôtel

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C’est le 7 mai 1887, deux mois et demi avant son mariage avec le prince de Scey Montbéliard, que Winnaretta Singer acheta son premier hôtel particulier, situé au 3, rue Cortambert, pour la somme de 350 000 F. Sur un terrain de presque 2 000m2, l’hôtel, d’une superficie au sol de 463m2, était construit en pierre de taille, moellons et pans de bois. Il se composait d’un rez-de-chaussée et de deux étages ; une petite serre et une écurie y étaient attenantes. La partie arrière du jardin avait été autrefois un cloître, avec une fontaine au milieu. Dans ce jardin, un grand chalet abritait un atelier d’artiste dont Winnaretta vit immédiatement l’intérêt : il devint son atelier de peinture et un lieu ou faire de la musique et recevoir ses amis pour des concerts et des spectacles de ballet. Pour le rendre plus confortable, Winnaretta commanda à Maple des boiseries de chêne naturel qui sont toujours en place. Dès la fin de l’année 1887, elle acheta deux Steinway, un piano à queue et un demi-queue. Et en 1892, elle ajouta, sur la coursive, un orgue de salon de Cavaillé-Coll.

La "porte monumentale"

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La genèse de cette porte reste mal connue. Selon Montesquiou, Winnaretta, qui était passionnée par la musique de Wagner, envisagea un jour, en hommage au musicien, de faire poser dans son atelier une "porte de Parsifal". Mais nulle part dans la correspondance qui a trait à ce projet, l’on ne trouve la moindre allusion ni à Wagner ni à Parsifal. Winnaretta ne parle que de son projet d’une « porte monumentale » (8 m de large sur 6 m de haut) à installer dans l’atelier.

Le projet

Trois de ses amis les plus proches, Montesquiou, Helleu et Sargent, lui recommandèrent chaudement le sculpteur et céramiste Jean Carriès, alors très prisé des collectionneurs. Ce dernier fit appel à Eugène Grasset, dessinateur et créateur d’affiches de l’Art nouveau, qui conçut un projet dont il reste un dessin daté du 16 janvier 1890. On y voit donc une porte monumentale habillée de carreaux de céramique représentant des visages masculins et féminins et un bestiaire assez étrange. Au centre, un pilier porte une statuette à l’effigie de Winnaretta, elle-même assez curieuse, car elle est représentée comme une très jeune fille belle et altière, qui foule aux pieds un serpent, et porte sur le bras gauche… un chat.

L'hôtel actuel conçu par Grandpierre

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Après la mort du Prince Edmond, le 8 août 1901, et celle, trois ans plus tard, en mai 1904, d’Isabelle Sohège, sa mère, Winnaretta décide de remplacer son hôtel par un nouvel édifice plus spacieux et plus adapté aux réceptions. Elle s’adresse à l’architecte Henri Grandpierre qui a déjà travaillé pour ses amis Forain et Jean de Reszké. Grandpierre s’inspire des bâtiments parisiens érigés dans les années 1770 par Brongniart. 

EntréeL’architecture du nouvel hôtel Singer-Polignac allie l’esprit du XVIIIe siècle aux nouveaux concepts de confort du début du XXe siècle. Il « comprend un rez-de-chaussée élevé sur un soubassement à refends et un étage couronné d’un toit en terrasse bordé d’une balustrade. Les façades principales et latérales sont scandées par des pilastres d’ordre ionique colossal qui encadrent des baies cintrées ornées d’agrafes et d’un sobre décor végétal. L’élégant avant-corps arrondi de la façade principale regarde une terrasse qui domine la rue du Pasteur Marc Boegner.

Escalierx300Un grand escalier d’honneur, orné de colonnes, de niches est couronné par un dôme percé d’une ouverture zénithale.

Dans le salon circulaire du premier étage, un plafond en trompe-l’œil et une fresque rappellent l’esprit de Giambattista Tiepolo. Deux médaillons ovales traités en sépia représentent des scènes de triomphe. 

L'utilisation de l'hôtel au temps de la Fondation Singer-Polignac

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Après la mort en 1943 à Londres de Winnaretta Singer, la Fondation s’installe dans l’hôtel et le pavillon, dont seuls les murs lui ont été légués.

A partir de 1985, d’importants travaux de restauration et de décoration sont mis en œuvre par Édouard Bonnefous, président de la fondation jusqu’en 2006.

En 2007, un chantier de restauration de la fresque de José Maria Sert, qui habille le plafond du Salon de musique, est réalisé par l’atelier de Madeleine Hanaire et Francisca Hourrière, assistées d’Emmanuel Joyerot, tous trois restaurateurs habilités des Musées nationaux, sous la houlette de Christian Prevost-Marcilhacy, inspecteur général honoraire des Monuments historiques.

A l’ouverture de la résidence musicale en 2006 par le professeur Yves Pouliquen qui a pris la succession d’Edouard Bonnefous à la présidence, seul l’Atelier du pavillon est mis à disposition des artistes pour leurs répétitions. Puis, d’autres salles de l’hôtel comme la Bibliothèque ovale connaissent des aménagements pratiques afin d’offrir de bonnes conditions de répétitions. Au fil des années, la multiplication des ensembles en résidence accroît le besoin d’augmenter la capacité d’accueil de la fondation.