Lettre de Gabriel Fauré à la Princesse de Polignac n°17
7 janvier 1891
Télégramme
Figurez-vous, Chère Princesse, que le plaisir de déjeuner avec vous demain va dépendre de ce que Mr Mackenzie-Grieves aura été pendant sa vie, économe ou pratique !! Je m’explique, car cela doit vous paraître nécessaire !! Ce brave sportman qui est définitivement descendu de son cheval sera enterré à la Madeleine demain, à midi, et suivant ce que contient son coffre-fort que l’on visite en ce moment j’aurai ou je n’aurai pas à lui faire de musique ! Je vous raconte là textuellement ce qu’on vient de me dire à l’Eglise !! En un mot, je ne saurai que demain matin si je serai libre à midi : dans tous les cas je le serai à 1h1/2 et j’aurai un bien grand plaisir à aller faire un peu de musique avec vous puisque ce sera la meilleure preuve que vous allez beaucoup mieux. Je n’ai pas besoin de vous dire combien je vous ai plaint de passer ainsi les premiers jours de l’année. Soyez cependant prudente car le froid est intense.
Votre tout dévoué et bien reconnaissant
Gabriel Fauré