Lettre de Gabriel Fauré à la Princesse de Polignac n°24

Publié dans Lettre

Bagnères de Bigorre (septembre 1901? non daté)

 8 place des  Vignaux

Chère Princesse,

C’est ici que je viens de recevoir l’avis que le cher Prince m’avait légué, avec la mention la plus affectueuse , une somme de dix mille francs. Je ne puis vous dire, chère Princesse, combien j’en suis profondément ému, combien j’en éprouve à la fois un bonheur reconnaissant et un redoublement des regrets et de tristesse. Je suis très fier qu’il m’ait compté comme de ses meilleurs amis et si malheureux de l’avoir perdu ! Sa pensée comme la vôtre ne m’ont guère quitté au milieu de toutes nos occupations, et ont bien tristement voilé le plaisir que je pouvais me permettre !

Il me tarde de savoir comment vous êtes après une telle épreuve que tous ceux qui vous aiment partagent avec vous ; il me tarde de vous revoir !

Croyez toujours, chère Princesse, à mes plus dévoués et à mes plus affectueusement reconnaissants sentiments ; je me sens plus que jamais tout vôtre

Gabriel Fauré

Mme Maddison m’a écrit qu’elle était malade et je n’ai pas eu de nouvelle lettre d’elle. Priez la, je vous en prie, de m’écrire pour vous et pour elle. Vous ne doutez pas de l’émotion profonde qu’on éprouve dans une famille où l’amitié et la bonté du cher Prince pour moi étaient si vivement ressenties.

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