Fêtes étranges - Le Balcon
Ce rendez-vous de décembre, à l’oratoire du Louvre, est devenu une tradition pour la Fondation Singer-Polignac. Il nous permet d'élargir à la fois les effectifs musicaux et le public de nos concerts Nous refermerons donc l'année 2013 avec ce monument du répertoire symphonique qu'est Schéhérazade de Rimski-Korsakov, créé à Saint-Pétersbourg en 1888, au temps des dernières compositions de Brahms et des premières de Debussy.
Cet ouvrage longtemps populaire est curieusement de plus en plus absent de l'affiche des concerts, comme si notre vision de la musique russe de cette époque s'était progressivement réduite, pour se résumer à beaucoup de Tchaïkovski et un peu de Moussorgski ! Il en allait tout autrement à l'aube du XXe siècle, quand le public français découvrait avec enthousiasme la musique russe : Moussorgski (plutôt que Tchaïkovski) mais aussi Rimski-Korsakov ou Borodine et ses Danses polovtsiennes.
Debussy, enthousiaste, déclarait alors que « Rimsky-Korsakov renouvelle en l’envoyant promener la forme habituelle de la symphonie ; rien ne peut dire le charme des thèmes et l’éblouissement de l’orchestre et du rythme ; je défie qui que ce soit de rester insensible à la puissance de cette musique, elle est telle qu’on en oublie : la vie, son voisin de fauteuil, et même le souci d’une attitude convenable, tant on voudrait pousser des cris de joie. On se résout difficilement à faire un bruit ridicule avec ses mains, ça ne suffit certainement pas à remercier un homme de vous avoir donné des minutes de bonheur. » (Gil Blas 1903)
Ravel, lui aussi, admirait Rimski, qualifié d'« orchestrateur génial » – et il recommandait son traité d’orchestration, le plus influent de l'histoire musicale avec celui de Berlioz. Il n'est d'ailleurs pas difficile d'entendre certaines parentés entre la fin de Daphnis et Chloé, chef d’œuvre impressionniste de Ravel, et la partition de Schéhérazade sur laquelle le compositeur français disait humblement avoir « recopié » ! Mais il faut également relier cette passion au contexte politique de l'époque, marquée par le rapprochement avec la Russie et le voyage en France du tsar Nicolas II. En musique comme en politique, les deux pays se serraient la main en passant par dessus l'Allemagne...
Leur situation musicale était pourtant sensiblement différente. Car, autant les français bénéficiaient d'une longue tradition musicale, spécialement dans le domaine de l'opéra ; autant la Russie étaient longtemps demeurés sans véritable école musicale. Jusqu'à la première moitié du XIXe siècle les tsars préféraient inviter à la cour des compositeurs italiens ou français comme Boieldieu qui y avait accompli un long séjour.
Le groupe des Cinq à St Petersbourg et Tchaïkovski à Moscou, ont donc eu pour tâche d'inventer de toute pièce la musique russe, en suivant la voie ouverte par leur aîné et précurseur Glinka. Pour ce faire, ils allaient s'appuyer sur les modèles de l'école classique et romantique allemande, tout en tâchant d'y insuffler un style national dans les sujets, les tournures mélodiques et harmoniques.
Moussorski, dans cette tâche, devait révéler une extraordinaire liberté novatrice. Tchaïkovski demeurait plus fidèle aux modèles romantiques. Quant à Rimsky-Korsakov, le plus jeune membre du groupe des Cinq, il se situe approximativement entre les deux. Proche de Moussorgski, il a vécu avec lui la vie de bohème à Saint-Pétersbourg. D'un autre côté, il a voulu pousser plus loin sa connaissance du métier classique. Un temps membre de la marine impériale, il en profitera pour voyager à travers le monde, rencontrer de nombreux compositeurs, s'intéresser aux maîtres les plus nouveaux comme Wagner. Ainsi va-t-il devenir un maître savant et admiré, ayant notamment pour élève Stravinski.
Les œuvres symphoniques de sa maturité, dont la plus célèbre est Schéhérazade, montrent donc un sens de la forme et du développement musical très solide, une couleur russe perceptible dans le côté orientalisant de certains thèmes et harmonies. Mais cette partition se distingue surtout par un art flamboyant de la peinture d'orchestre, ajouté à une grande liberté formelle qui fascinera les compositeurs français, et bien sûr Stravinski, directement inspiré par Rimsky à ses débuts, en particulier dans L'Oiseau de feu.
Par certains aspects, Schéhérazade est un grand poème symphonique dans la lignée de Liszt, avec ses différentes parties inspirées par des épisodes des Mille et une nuits. Mais on peut aussi voir cette partition comme une sorte de symphonie, ou plutôt une suite en quatre mouvements. Rimski dans Chronique de ma vie musicale parle d'une œuvre constituée « d'épisodes épars, sans lien entre eux, des contes des Mille et une nuits, répartis entre les quatre mouvements de la suite ; la mer et le bateau de Sindbad, le récit fantastique du prince Kalender, le jeune prince et la princesse, la fête à Bagdad et le naufrage du bateau sur un rocher »
Puis il ajoute : Il serait vain de rechercher dans ma suite des leitmotiv rigoureusement associés à telle ou telle notion ou idée poétique. Au contraire, dans la plupart des cas tous ces leitmotiv apparents ne sont qu'un matériau purement musical, ou des motifs donnant lieu à un développement symphonique. (...). Apparaissant chaque fois sous un éclairage différent, dessinant des traits différents, exprimant des états d'âme différents, ces mêmes motifs correspondent chaque fois à différentes images, actions et représentations. .... Ainsi, développant librement des données musicales prises comme base de l’œuvre j'avais l'intention de réaliser une suite d'orchestre en quatre mouvements, étroitement unie par l'homogénéité de ses thèmes et motifs, mais apparaissant aussi comme un kaléidoscope d'images et de dessins féeriques orientaux...
Avant de vous laisser tomber sous le charme, il me faut encore préciser que Schéhérazade sera donné ce soir par effectif orchestral réduit. Cette transcription du jeune compositeur Arthur Lavandier a été spécialement conçue pour « Le Balcon », orchestre en résidence la Fondation Singer-Polignac, une formation dont l'une des caractéristiques est d'utiliser les possibilités de l'amplification et de la sonorisation.
Enfin, nous sommes heureux de mélanger, une fois de plus, les générations, en vous proposant, pour commencer, Self-fiction one, l’œuvre de Juan Pablo Carreño compositeur colombien installé en France et lauréat de la villa Médicis.
Aux concerts de la fondation, nous donnons régulièrement de la musique contemporaine, parfois liée à un certain héritage classique, avec des musiciens comme Philippe Hersant ou Thierry Escaich.. Aujourd'hui, avec Juan Pablo Carreño, vous découvrirez un langage très différent, dans le sillage d'une avant garde issue de Stockhausen, Boulez ou Xenakis. Vous remarquerez notamment l'utilisation de sonorités saturées, proches des bruits urbains : mais aussi l'alternance de différents plans sonores entre l'orchestre, les trois solistes (orgue, clarinette, guitare électrique), et les sons électroniques pulsés qui gomment progressivement les instruments acoustiques. Carreño a inventé pour cela le terme de musique « disjonctive », qui, nous dit-il, est « le résultat du phénomène acoustique obtenu par cette "sonorisation", dédoublant et transformant les plans sonores dans une sorte de confrontation et de jeu mutuels. » En d'autres termes, c'est un peu le principe du « concerto grosso », mais le résultat est assez différent !
Benoît Duteurtre
Programme
Biographies
Juan Pablo Carreño
Formé en Colombie, aux Etats-Unis et en France, récemment nommé pensionnaire à l’Académie de France à Rome (Villa Médicis), Juan Pablo Carreño fait ses études de composition à l’Université Javeriana à Bogotá avec Guillermo Gaviria et Harold Vásquez, et au Conservatoire de Paris avec Gérard Pesson. Il développe depuis 2008 ce qu’il appelle une « musique disjonctive » en relation avec le dédoublement du phénomène sonore à partir de la sonorisation –dont la confrontation entre une musique et son double transformé dans une sorte d’auto-découverte-, et le rapport en parallèle entre cette expérience d’auto-découverte et d’autres musiques sur d’autres plans sonores.
Self-fiction I
Dédié à Iris Zerdoud, Self-Fiction I a été créée par Le Balcon le 9 juin 2012 à l'Auditorium Jean-Pierre Miquel de Vincennes. Une deuxième partie de l’œuvre sera créée par l’International Contemporary Ensemble le 15 décembre 2012 au Baryshnikov Arts Center de New York.
Self-fiction I,¿a disjonctive music?
"Dans Self-Fiction I, l'ascension chromatique de la clarinette et la mort de l'ensemble instrumental par l'électronique pulsée sont des formes d’échappement qui annoncent et précèdent une fanfare née de mon écoute d'enfance, des souvenirs des "bandas" de fêtes étranges dont l'activité est liée aux espaces de célébrations populaires.
Dans cette œuvre il y a un décrochement entre les différents plans sonores dû au dédoublement du phénomène acoustique par la sonorisation. C'est ce que j'appelle une musique "disjonctive". Cette relation entre les strates n'est pas exclusive; elle est à la recherche de la confrontation entre un objet musical qui se dédouble et son image transformée dans une sorte d’auto-découverte.
Ici, cette expérience est menée à l’intérieur d’un espace acoustique rempli par des sons d’orgue et des sons de synthèse : l'exercice d'auto-découverte est vécu dans un monde où le silence n'est pas possible."
Iris Zerdoud, clarinette
Née en 1985 à Toulouse, Iris Zerdoud commence la clarinette à l’âge de huit ans au Conservatoire à rayonnement régional de Tours avant de poursuivre ses études à Paris avec Robert Fontaine. Après avoir obtenu son Baccalauréat Littéraire, elle entre dans la classe de Richard Vieille et de Franck Amet au Conservatoire à rayonnement régional de Paris où elle obtient un 1er prix à l’unanimité, et au Conservatoire à rayonnement régional de Rueil-Malmaison dans les classes de Claire Vergnory et de Michel Moraguès, où elle obtient un 1er prix de clarinette et de musique de chambre. En février 2007, elle est reçue première nommée au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe de Pascal Moraguès et Jean-François Verdier. Elle reçoit par ailleurs les enseignements de Claire Désert, Jens McManama, Amy Flammer en musique de chambre, et d’Eric Hoeprich en clarinette ancienne. Iris a également étudié au Royal College of Music de Londres dans le cadre des échanges européens Erasmus en 2009.
Giani Caserotto, guitare
Guitariste, compositeur et improvisateur, Giani Caserotto travaille sur les rapports entre écriture et improvisation, musiques savantes et populaires. Titulaire de quatre premiers prix du Conservatoire national supérieur de musique de Paris en guitare, harmonie, contrepoint, écriture XXème siècle, il y étudie aussi l'improvisation générative, l'orchestration et la musique indienne. Il a étudié la composition avec Jean-Yves Bosseur et a mené sous sa direction en travail de recherche sur les formes ouvertes. Il a également obtenu une licence de musicologie à l'université Bordeaux III.
Il se produit en France et en Europe (Espagne, Sardaigne, Allemagne, Suisse, Hongrie...) en soliste et au sein de plusieurs formations, aussi bien en musique contemporaine (ensemble Le Balcon), rock (FER, London Jack), musique traditionnelle (Pascal Lefeuvre), musiques improvisées (Vincent Lê Quang). Il compose fréquemment des musiques de film et des pièces chorégraphiques. Ses recherches sur les rapports entre écriture et improvisation l'ont mené à travailler avec des improvisateurs et des plasticiens pour la conception de Zeitlinie, dispositif mêlant musique, formes programmées et dispositif scénique.
Sarah Kim, orgue
Née en Allemagne en 1983, Sarah Kim, australienne d'origine coréenne, découvre la musique dès l'âge de 5 ans à travers l'étude du piano et du violon. Quelques années plus tard, à l'âge de11 ans, elle décide de se tourner vers l'orgue.
En 2005, elle entreprend une Licence de musique au Conservatoire de Sydney dans la classe de Philip Swanton et obtient son diplôme avec la mention très bien, ainsi que la médaille de l'université.
Au cours de ses quatre années d'études au Conservatoire, elle est diplomée de Music Australie (LMusA) avec la mention très bien. Elle remporte ensuite les premiers prix aux concours d'orgue de Sydney, de Newcastle ainsi qu'au Festival "Eisteddfod" de Warringah et reçoit le titre d' "organ scholar" à l'université de Sydney, à l'église anglicane St James de King Street à Sydney et au collège St Paul de l'université de Sydney.
Sarah Kim s'est déjà produite en soliste dans les principales salles de concerts australiennes, en particulier sur le fameux orgue de l'Hôtel de Ville de Sydney, ainsi que lors du cinquantième anniversaire du grand orgue de l'Opéra. Elle a également joué avec des orchestre et des choeurs, tels que l'Orchestre Symphonique et le Choeur de Chambre de Sydney, l'Orchestre de Jeunes d'Australie. Elle a assuré le continuo pour la série "Bach immortel" interprétée par les Choeurs Philharmoniques de Sydney, retransmise en direct par la Corporation australienne de Radiodiffusion. Elle a également signé un enregistrement dans le cadre de la série "Rising Stars" pour la station de radio ABC Classic FM et 2MBS-FM.
Désireuse de poursuivre ses études en Europe, elle vient de réussir l'entrée en cycle de perfectionnement au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, dans la classe de Michel Bouvard et Olivier Latry. Sa carrière de concertiste l'a amenée à donner des récitals dans des lieux et festivals prestigieux en France, en Grande Bretagne, en Hollande, en Italie et en Suède, à l’abbaye de Westminster à Londres, la Cathédrale d'Uppsala (Suède), Saint-Louis des Invalides à Paris, le Festival d'orgue de Saint-Eustache, Notre Dame de Paris.
Arthur Lavandier
Né en 1987 à Paris, Arthur Lavandier étudie le piano et l'alto au Conservatoire à Rayonnement Régional de Boulogne-Billancourt avant de se tourner vers la composition.
A 17 ans, il obtient le premier prix de composition de l'École normale de musique de Paris (avec prix spécial de la SACEM), dans la classe de Michel Merlet, et entre dans la classe d'écriture du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où il étudie l'harmonie, la polyphonie renaissance, l'écriture du XXe siècle et enfin l’orchestration.
Depuis sa sortie du conservatoire, il travaille étroitement avec l'ensemble Le Balcon, avec lequel il crée Les Six ministres de l'Apocalypse, cérémonie pour six altistes débutants, et De La Terreur des Hommes, opéra pour cinq chanteurs et ensemble, mettant en scène une prise d'otage dans une église, en novembre 2011 à l'Eglise Saint Merry (il est, pour cet opéra, lauréat des bourses d'aide à la création et d'aide à la production de la fondation Beaumarchais).
Ses dernières créations sont des œuvres vocales, Life Story pour baryton et piano, créé en septembre 2012 par Damien Pass et Alphonse Cemin au Petit Palais, et Les Fureurs Héroïques pour chœur, en collaboration avec l’écrivain Federico Flamminio, créé en décembre 2012 par le chœur les Cris de Paris à l’opéra de Lille.
Parallèlement à ses activités de compositeur, Arthur Lavandier écrit de nombreux arrangements, dont notamment Shéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov pour ensemble de chambre, les Mirages de Gabriel Fauré, pour contreténor et ensemble, créés par le chanteur Rodrigo Fereira et Le Balcon, ou encore les Rückert Lieder de Gustav Mahler, pour soprano et quintette avec piano, qui seront interprétés par la chanteuse Andrea Hill, le quatuor Zaïde et Alphonse Cemin au festival d’Aix-en-Provence. C’est d’ailleurs au festival d’Aix-en-Provence qu’il participe en juillet 2012 à l’atelier Opéra en Création, dans le cadre de son travail sur un deuxième opéra, prévu pour 2014.
You-Jung Han, violon
Née en Corée du Sud, You-Jung Han entre en 2003 au Conservatoire à rayonnement régional de Paris et obtient son 1er prix. Elle entre en 2006 au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe de Boris Garlitsky où elle obtient son prix mention très bien à l’unanimité. En 2009, elle a travaillé avec Alphonse Cemin dans la classe de Pierre-Laurent Aimard et Valérie Aimard.
Au cours de nombreux stages et master classes, elle a travaillé avec Boris Garlitsky, Patrice Fontanarosa, Mauricio Fuks, Ida Haendel, Laurent Korcia, Pavel Vernikov, Igor Volochine.
You-Jung Han est lauréate de nombreux concours en France et à l’étranger, tels que le concours international de Glazounov et le concours international Vatelot-Rampal.
Elle joue régulièrement en musique chambre avec Valérie Aimard, Boris Garlitsky, Frédéric Laine, Natalia Tchitch, Igor Volochine, et en soliste avec l’orchestre Impromptu et au sein de l’ensemble Le Balcon.
Elle s'est produite avec l'orchestre Impromptu, l'Ensmble Parisien, l'Orchestre de Chambre de Toulouse en tant que soliste.
Ensemble Le Balcon
Le Balcon, fondé en novembre 2008, est un ensemble à géométrie variable dédié à un nouveau concept de création et d’interprétation du répertoire sur instruments sonorisés. Il réunit de nombreux chanteurs solistes, une trentaine d’instrumentistes, des compositeurs, des ingénieurs du son et s’entoure, en fonction de ses projets, de vidéastes, metteurs en scène et chorégraphes. Le Balcon tente ainsi de définir une action musicale qui abolisse les frontières entre la musique contemporaine, le répertoire classique et les expériences les plus troublantes des musiques actuelles. Son comité artistique se réunit autour de son directeur musical Maxime Pascal, de son directeur technique et ingénieur du son Florent Derex, des compositeurs Juan-Pablo Carreño et Pedro Garcia-Velasquez et du pianiste Alphonse Cemin.
L'idée de départ du Balcon est de développer un dispositif de sonorisation qui permette de jouer n’importe où, et de recréer les conditions d’écoute de la salle de concert (et du disque) quel qu’en soit l’endroit (salle en plein-air, église, musée, lieu public, etc..). Sa volonté est de faire sortir la création musicale ainsi que la musique dite classique des lieux dans lesquels elle est jouée habituellement, de manière à l’ « apporter » à un autre public.
Sa programmation musicale innovante par son ouverture vers les jeunes de sa génération et la confrontation des genres, son goût pour les nouvelles technologies et ses liens très forts avec les musiques actuelles le font vite repérer par de nombreuses personnalités du monde musical. Il est ainsi amené à travailler avec des compositeurs tels que Pierre Boulez, Gérard Pesson, Michaël Lévinas ou Marco Stroppa, tout en tissant des liens puissants avec les jeunes créateurs de sa génération. Son travail l’amène à accueillir dans son comité d’honneur Pierre Joxe et Pierre Bergé et à collaborer régulièrement avec des solistes de renom comme Jean-Frédéric Neuburger, Christophe Desjardins ou Denis Pascal.
Le Balcon affirme tôt la volonté de parcourir le répertoire vocal scénique et en particulier l’opéra en se libérant des tendances trop directives. C’est ce qui l’a amené à réaliser une version française du Pierrot Lunaire de Schönberg avec la soprano Julie Fuchs et à donner avec la participation de Pierre Boulez et de la Fondation Singer-Polignac, la première version sonorisée du Marteau sans Maître, œuvre qui voisine désormais dans le répertoire de l’ensemble avec celles de Fauré, Strauss ou bien Mahler.
Le Balcon a amorcé une grande série de créations d’opéras par celle en novembre dernier de La Terreur des hommes du jeune compositeur Arthur Lavandier. Cet opéra, fruit d’une longue coopération entre le créateur, les chanteurs et l’équipe artistique de l’ensemble était conçu pour l’Église Saint-Merry où Le Balcon donne de nombreux concerts. Le projet vocal du Balcon a vu son épanouissement en 2012 avec la production de deux grandes créations de jeunes compositeurs : l’opéra Avenida de los Incas de Fernando Fiszbein donné en juin au Coeur de Ville de Vincennes puis au Théâtre Colon de Buenos Aires, et l’opéra multimédia I/(I)/I femmes de Marco Suarez, conçu pour le lieu d’art Les Voûtes, joué en juillet 2012 dans le cadre du Festival Paris Quartier d’été puis en août aux Salines Royales d’Arc et-Senan.
Le répertoire classique est également à l’honneur avec Renard d’Igor Stravinski joué à la Folle journée de Nantes ainsi qu'à la Fondation Singer-Polignac en 2012, et Ariane à Naxos de Richard Strauss qui sera interprété au Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet en 2013. Un enregistrement autour de Gérard Grisey est également en projet pour 2013.
Maxime Pascal direction musicale
Maxime Pascal, né en 1985, a grandi à Carcassonne où il débute le piano puis le violon à l’âge de neuf ans. Après des études de musique à Tarbes et à Bayonne, il est reçu en 2005 au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Il étudie la direction d’orchestre avec François-Xavier Roth et Nicolas Brochot puis reçoit les conseils de Pierre Boulez et George Benjamin. Il est choisi en 2011 pour participer à l'Académie de l'Ensemble Modern et diriger plusieurs concerts au festival de Schwaz en Autriche. Maxime Pascal fonde en 2008 l’ensemble Le Balcon dédié à la création et à l’interprétation de tous les répertoires sur instruments sonorisés. Il donne ainsi à entendre la musique des compositeurs de sa génération tels que Pedro Garcia-Velasquez, Juan-Pablo Carreño, Marco Suarez, Arthur Lavandier, Benjamin Attahir, Fernando Fizbein et Michael Lévinas avec lesquels il tisse des liens puissants. Il affirme tôt la volonté de jouer à Paris avec les solistes du Balcon la musique scénique de Karlheinz Stockhausen, et présente en 2010 les scènes Examen et Le Requiem de Lucifer extraites des Opéras Jeudi et Samedi de lumière. Il a dirigé en mars 2012 Le Voyage de Michael autour de la terre, ce qui l'a amené à travailler régulièrement à Kürten avec la flûtiste Kathinka Pasveer et la clarinettiste Suzanne Stephens.
En février 2011, il réalise aux côtés de Pierre Boulez la première version sonorisée du Marteau sans Maître qu'il a également dirigée à Miami et, à Paris, l'œuvre Vortex Temporum de Gérard Grisey avec le pianiste Alphonse Cemin. Il donne en mai 2011 en création mondiale la version française de la pièce radiophonique Words and Music de Morton Feldman/Samuel Beckett dans une mise en scène de Damien Bigourdan.
Il est invité avec Le Balcon au Festival Mostra Sonora de Valencia, au festival de Cordes-sur-Ciel, à la Florida International University de Miami, au festival Musica de Strasbourg et par Marco Stroppa à la Hoschule de Stuttgart.
Il est également invité en novembre 2011 à diriger l'ensemble espagnol Mixtour dans le cadre du festival Tempo Liszt de Madrid.
Parallèlement, il est depuis septembre 2007 le directeur musical de l’Orchestre Impromptu, une formation symphonique constituée de quatre-vingt instrumentistes avec laquelle il donne une dizaine de concerts par an.
Maxime Pascal s'est produit cette année aux Folles Journées de Nantes, au Festival Ars Musica de Bruxelles, au Festival de Pâques de Deauville, à la Villa Medicis de Rome, au Festival Paris Quartier d'été ainsi qu'aux Salines d'Arc-et-Senan. Il dirigera en 2013 Marteau sans Maître en tournée au Canda avec Le Balcon ainsi que l'opéra Ariane à Naxos de Richard Strauss au Théâtre de l'Athénée - Louis Jouvet. Il enregistrera la même année pour le label AEON Les Quatres chants pour franchir le seuil de Gérard Grisey avec la chanteuse Julie Fuchs.
Maxime Pascal est en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis septembre 2010.
L'Académie des Beaux-Arts lui a décerné en novembre 2011 à l'Institut de France le Prix de musique de la Fondation Simone et Cino del Duca pour le début de sa carrière.
Florent Derex direction technique
Florent Derex est né en 1984 et commence l’étude du violoncelle à l’âge de 7 ans. Il est ingénieur du son et directeur artistique, diplômé de la Formation supérieure aux métiers du son du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.
Il est par ailleurs membre fondateur de l’ensemble Le Balcon avec lequel il a créé de nombreuses oeuvres. C'est en tant que directeur technique de l'ensemble qu'il est amené à travailler régulièrement avec des compositeurs tels que Pierre Boulez, Michaël Lévinas, Marco Stroppa, Stefano Gervasoni tout en tissant des liens puissants avec les jeunes créateurs de sa génération tels que Juan-Pablo Carreño, Pedro Garcia-Velasquez, Fernando Fiszbein, Arthur Lavandier.
Florent Derex fait ses premiers pas en tant que preneur de son à la radio. Tout d'abord en 2007 pour Radio Classique lors du festival d’Aix-en-Provence (Grand Théâtre de Provence, Théâtre de l'Archevêché) puis avec Radio France en 2008 où il est assistant musicien metteur en onde au sein du Pool Son de France Musique à la Salle Pleyel et au Théâtre des Champs Elysées.
Depuis 2008 il réalise plusieurs disques en tant que preneur de son et directeur artistique dont les plus récents sont Souvenirs de Hongrie pour la flûtiste Juliette Hurel (Abeille Musique), Ô Maria ! ainsi que L'Archange et le Lys pour l’ensemble Correspondances (ZZT/Harmonia mundi), les deux opus Ludus verbalis pour l'ensemble vocal Aedes (Eloquentia/Harmonia Mundi). Il travaille actuellement sur un disque autour de Gérard Grisey avec Le Balcon pour le label AEon.
Avec Le Balcon, Florent Derex est invité dans les festivals Mostra Sonora à Valence, New Music ISCM Festival à Miami, La Folle Journée de Nantes, Musica à Strasbourg, Ars Musica à Bruxelles, Festival de Pâques à Deauville, Paris Quartier d'Eté, à la Villa Medicis à Rome, au Théâtre Colón à Buenos Aires, à la Cité de la Musique de Paris.
Il est actuellement en résidence au Théâtre de l'Athénée Louis-Jouvet et, depuis 2010, à la Fondation Singer-Polignac.
Florent Derex est lauréat boursier du Mécénat Musical Société Générale et bénéficie du soutien avec Le Balcon de la Fondation Orange.