La forêt européenne : entre passé et futur
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Avant-propos
Les débats qui relevaient des forestiers sont sortis de ce cercle étroit : nombre de citoyens ont leur avis quant à la gestion, même s’ils ne vivent pas près d’un massif, même s’ils n’y entrent quasi jamais. Les sujets qui fâchent ? Les coupes rases. La futaie régulière. L’enrésinement. L’introduction des essences exotiques. L’appauvrissement des écosystèmes. Souvent, les citadins ignorent les contraintes du terrain et le besoin des essences ; ils désirent seulement que « leur » paysage forestier n’évolue plus. De leur point de vue, la forêt qui protégeait les hommes en deviendrait victime. Demain, quelles seront ses étendues ? ses essences ? ses usages ?
Exemple des interrogations actuelles : l’aire du sapin et du hêtre régresse, essences qui ont beaucoup compté dans la production ligneuse et les mentalités anciennes. D’autres prendront la relève, mieux adaptées aux printemps précoces et aux chaleurs durables. Comment développer le Cèdre de l’Atlas ou le Sapin de Grèce s’ils ne sont pas intégrés aux circuits économiques, faute de pépinières, d’investisseurs et de débouchés dans la première et la seconde transformation, sans oublier l’acceptabilité sociale d’essences sans histoires ni légendes ? Aujourd’hui, il y a urgence. Comment accélérer les procédures quand l’ampleur et le rythme des changements climatiques demeurent inconnus ?
C’est une première pour les forestiers. La Forêt est un tout, de la formation d’un massif à l’emploi de ses ressources. A nous de parier sur notre capacité à imiter la nature en l’améliorant… Sacré enjeu !
Programme
Lundi 6 mai 2024
Introduction du colloque par Andrée CORVOL-DESSERT
Thème 1 – HERITAGES
Présidence : Jean-Luc Peyron
Les rapports sont anciens entre l’Homme et la Forêt. Ils demeurent en mémoire, nourrissant aspirations et contestations. Pourtant, les usages d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’autrefois, lesquels ont façonné les massifs boisés : ceux-ci en portent encore la marque. Rares sont donc les peuplements forestiers vierges de toute exploitation : incontestablement, la sylve européenne est très anthropisée. C’est même une de ses spécificités, conséquence du déplacement des peuples, de l’organisation des terroirs et de la définition des marges : certains massifs doivent leur maintien à la fixation d’une frontière. Ainsi, loin d’être immuables, les massifs boisés ont évolué avec les sociétés de chaque pays. En quoi les liens tissés entre l’Homme et la Forêt diffèrent-ils d’une zone à l’autre ?
- Andreas KLEINSCHMIT von LENGEFELD : Europe du nord = Une forêt puissamment associée à l’industrie
- Heinrich SPIECKER : Europe du centre = Une forêt largement et précocement artificialisée
- Margarida TOME : Europe du sud = Une forêt marquée par des siècles d’agro-pastoralisme
- Bruno LAFON : Europe de l’ouest = Une forêt plantée après des siècles d’agro-pastoralisme
Table ronde animée par Nathalie JAUPART-CHOURROUT : Malgré un héritage disparate, observe-t-on des demandes semblables ? Si oui, comment les expliquer ?
Thème 2 – TRANSFORMATIONS
Présidence : Andrée CORVOL-DESSERT
Depuis plus d’un siècle, les relations Homme-Forêt sont confrontées à divers changements, politiques, économiques, territoriaux, générationnels, etc.
Deux facteurs dominent :
a/ L’urbanisation galopante fait que les massifs, naguère fréquentés par les ayants droit aux usages, le sont maintenant sans titre juridique ni visée sylvo-agropastorale. Ces nouveaux usagers sont particulièrement nombreux en fin de semaine. Les motivations ? Les trajets Lieu de résidence-Lieu d’activité. Les pratiques sportives et ludiques. Le besoin de se détendre, de se ressourcer. La conséquence ? En moins de 50 ans, maintes forêts ont vu leur gestion conditionnée par les milieux urbains : elles font donc partie des zones vertes qui ceinturent les villes et contribuent au bien-être des habitants.
b/ La colonisation forestière comporte deux faces : l’une, dirigée ; l’autre, spontanée. Cette dernière, dominante, résulte de la conquête des espaces désertés : la terre ne rapportait plus assez ; les taillis ne ne rapportait plus rien. Le reboisement administratif, qu’imposait la protection civile, fit grandement progresser les techniques de plantation. Leur réussite a incité les États, qui avaient sacrifié la forêt, à les utiliser : pour maintenir les paysages ; pour modifier l’image des « pays noirs ».
- Cecil KONIJNENDIJK : Sur les forêts urbaines
- Jean ROSSET : Sur les forêts pentues
- Francis MAUGARD : Sur les forêts dunaires
- Jean-Daniel BONTEMPS : Sur les forêts récentes
Mardi 7 mai 2024
Thème 3 – VALORISATIONS
Présidence : Sylvie Alexandre
Il fut un temps où dans les bois, tout était bon, les fruits forestiers comme les plantes médicinales, l’écorce des arbres comme les champignons qui y poussaient, les feuilles mortes comme les rejets traînants qui servaient à lier les gerbes.
Il fut un temps aussi où tous ces produits étaient classés sinon au chapitre des déchets, du moins à celui des ressources non valorisables : ne comptait que ce qui payait, c’est-à-dire la grume.
Le travail, tronçonnage ou charbonnage, allégeait les charges à transporter. Pourtant, il quitta la forêt car la mécanisation des procédés, complexes et dangereux, supposait des entreprises spécialisées et un périmètre sécurisé.
Autre donnée : l’usage de containers. Le bois devint un produit comme les autres, circulant sur terre et sur mer. Dans ces conditions, comment concilier emplois locaux et marchés mondiaux ?
Les récoltes ligneuses
- Patrick OLLIVIER : Le bois énergie
- Georges-Henri FLORENTIN : L’innovation industrielle : du bois pour les JO de Paris
- Emmanuel GROUTEL : Les circuits mondialisés
Les services forestiers
- Davide PETTENELLA : Identification des services : rôle et impact
- Jean-Luc PEYRON : Évaluation et valorisation des services
Table ronde animée par Nicole VALKYSER-BERGMANN et Benoît LEGUET : quelles solutions permettraient d’accompagner les transformations, tout en rémunérant mieux productions forestières et services environnementaux ?
Thème 4 – ARBITRAGES
Présidence : Charles Dereix
La science-fiction présente deux images opposées de la forêt. D’un côté, une image paradisiaque : l’entente entre hommes, bêtes et plantes et l’absence d’exploitation sylvicole. De l’autre, une image cauchemardesque : le désert remplace la forêt dont il reste des troncs sans feuilles ni branches.
Assistons-nous à une rupture entre les Gestionnaires, qui estiment les charges excessives par rapport à la rentabilité d’une forêt, et les Politiques, enclins à suivre ce qu’ils croient être l’opinion des citoyens ? Pourtant, les jugements sont souvent erronés : par ignorance ou par manipulation, cela reste à voir…
La forêt de tous les dangers
- Christophe ORAZIO : Les tempêtes : un aléa, une gestion
- Pierre MACE : Les sécheresses : incendies, budgets et combats
- Hervé JACTEL : Les parasites aux aguets
La forêt de tous les bonheurs
- Giuseppe SCARASCIA : La machine à carbone
- Sylvain DUCROUX : Entre nature et espace vert
Conclusions : scénarios et décisions
- Le point de vue des politiques avec Sylvie ALEXANDRE
- Le point de vue des gestionnaires avec Pierre-Olivier DREGE
Biographies
Andrée CORVOL-DESSERT
Prof. Dr., Directrice de recherche au CNRS, professeure honoraire à la Sorbonne, membre de l’AAF, présidente d'honneur du Groupe d'histoire des forêts françaises
Andreas KLEINSCHMIT von LENGEFELD
Dr., PDG de Homo Silvestris Europae (Paris), ancien directeur scientifique de l'Institut technologique FCBA, ancien directeur de la plateforme technologique européenne forêt-bois-papier
Heinrich SPIECKER
Prof. Dr., Institut Albert-Ludwigs, Université de Freiburg
Margarida TOMÉ
Prof. Dr., Centre d’études forestières, Institut supérieur d’agronomie, Université de Lisbonne
Bruno LAFON
Président de l’Union des Sylviculteurs du Sud de l’Europe (USSE)
Nathalie JAUPART-CHOURROUT
Ancienne rédactrice en chef de La Forêt privée, revue forestière européenne
Cecil KONIJNENDIJK
Prof. Dr., Institut Nature Based Solutions, Barcelone (Espagne) & Zeist (Pays-Bas)
Jean ROSSET
Inspecteur cantonal des forêts, ancien Président de la Société forestière suisse (Confédération helvétique)
Francis MAUGARD
Adjoint au chef du service Développement littoral et Risques naturels (ONF Landes Nord-Aquitaine)
Jean-Daniel BONTEMPS
Dr, Laboratoire d’inventaire forestier (LIF), IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) & École nationale des sciences géographiques (ENSG)
Patrick OLLIVIER
Ancien président de RBM (Revalorisation Bois-Matière) ; ancien gérant de POE-Conseil (aux industries du bois et de l’énergie) ; membre de l’AAF
Georges-Henri FLORENTIN
Président de France-Bois 2024 ; secrétaire de la section Forêts et Filière-Bois de l’AAF ; ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts ; ancien directeur général de l'Institut technologique FCBA
Emmanuel GROUTEL
Dr., Institut d’administration des entreprises (IAE) de Caen ; expert en bois ; rédacteur du chapitre bois du rapport annuel Cyclope
Davide PETTENELLA
Prof. Dr., Université de Padoue (Italie)
Jean-Luc PEYRON
Dr., ancien directeur du Groupement d’intérêt public (GIP) ECOFOR (sur les écosystèmes forestiers) ; membre de l’AAF ; ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts
Nicole VALKYSER-BERGMANN
Directrice de l’agence de presse spécialisée NVB-Com, membre de l’AAF
Benoit LEGUET
Directeur général de I4CE (Institut de l’économie pour le climat)
Guy LANDMANN
Ancien directeur adjoint du GIP ECOFOR
Pierre MACÉ
Directeur de la Défense des forêts contre l’incendie (DFCI-Aquitaine) ; directeur du GIP ATGERI (Aménagement du territoire et gestion des risques)
Hervé JACTEL
Directeur de recherche, INRAE Bordeaux-Pierroton (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement)
Giuseppe SCARASCIA-MUGNOZZA
Prof. Dr., Université de Tuscia ; directeur de Biocities Facility, Institut européen de la forêt, Rome (Italie)
Sylvain DUCROUX
Directeur territorial-adjoint ONF Seine-Nord
Sylvie ALEXANDRE
Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts ; spécialiste de l’action publique sur les forêts ; membre de l’AAF ; ancienne déléguée interministérielle à la forêt
Pierre-Olivier DRÈGE
Président de coopérative forestière, ancien président de European Landowners Organisation (ELO)
Charles DEREIX
Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts ; Membre de l’Académie d’agriculture de France ; Président de l’association Forêt méditerranéenne ; ancien directeur de la Fédération nationale des communes forestières de France
Marc GIZARD
Dr en droit de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, avocat, Professeur de droit et fiscalité forestière, Membre de l’Académie d’agriculture de France
Christophe Orazio
Directeur de l'Institut Européen de la forêt cultivée (IEFC)