Proust et ses amis III

Posted in Saison 2012-2013

Programme

Photo Jean-Yves Tadié, Michel Erman et Anne de Lacretelle

Jean Yves Tadié, Michel Erman & Anne de Lacretelle © FSP JFT

 

Vendredi 7 juin

 Ouverture du colloque par Claude Contamine, Président de la Société des Amis de Marcel Proust et des Amis de Combray et Jean-Yves Tadié, Vice Président de la Société des Amis de Marcel Proust et des Amis de Combray

Matinée

Présidence : Michel ERMAN

Après-midi

Présidence : Pierre-Louis REY


 

Samedi 8 juin

 

Présidence : Annick BOUILLAGUET

 

Présentations : (texte & vidéo)

Ouverture du colloque par Claude Contamine  et Jean-Yves Tadié

 


Jacques de Lacretelle par Anne de Lacretelle


Gabriel de Yturri par Ruben Gallo

 

 


Jacques Boulenger par Marie Miguet


Léon Daudet par Laurence Teyssandier

 


La Comtesse Greffulhe par Luzius Keller

 


Robert de Montesquiou par Annick Bouillaguet

 


Les conférences de Montesquiou par Philippe Thiébaut

 


Colettepar Philippe Chardin

 


Jacques-Émile Blanchepar Anne Simon 

 


Camille Saint-Saëns par Laetitia Le Guay-Brancovan


Anatole France par Than Vân Ton That


Le comte Primoli par Alberto Beretta Anguissola


Le Docteur Paul Sollier par Edward Bizub


Gabriel Fauré par Anne Penesco

Biographies

Photo Claude Contamine

Claude Contamine

Claude Contamine est actuellement président de la Société des amis de Marcel Proust et des amis de Combray, après avoir été membre du conseil administration de cette association depuis plus de trente ans.

Il a consacré une longue partie de son activité professionnelle à la télévision et au cinéma. Directeur de la télévision (1964-1967), président d'UGC (1968-1971),président d'UGC (1968-1971), président de FR3 (1975-1981), président d'Antenne 2 (1986-1989), il est également président d'honneur du Conservatoire européen d'écriture audiovisuelle qu'il a créé en 1996

Il est conseiller maître honoraire à la Cour des comptes et ancien ministre plénipotentiaire.


Photo Jean-Yves Tadié

 

Jean-Yves Tadié

Jean-Yves Tadié a enseigné dans neuf universités, en France et à l’étranger (Yaoundé, Alexandrie, Le Caire, Oxford). Il est professeur émérite de littérature française à l’unversité de Paris-Sorbonne et membre correspondant de la British Academy. Il est également éditeur, directeur de la collection Folio classique et de la collection Folio théâtre chez Gallimard. Ses ouvrages portent sur l’esthétique des genres littéraires (Le Récit poétique, Le Roman d'aventures, La Critique littéraire au XXe siècle, Le Roman au XXe siècle), sur Proust (Proust et le roman, Marcel Proust. Biographie, Proust. La cathédrale du temps, Marcel Proust. La culture et les arts, Gallimard), sur la mémoire (Le Sens de la mémoire, avec Marc Tadié). Dans la Pléiade, il a édité Proust, Nathalie Sarraute, Walter Scott et Malraux (t. IV et VI). Il a consacré un livre à Jules Verne (Regarde de tous tes yeux, regarde, Gallimard, 2005). Dans son recueil De Proust à Dumas (Gallimard 2006), on trouve une section sur l'opéra. Il a également dirigé et préfacé deux inédits de Malraux, Carnet d'URSS 1934 et Carnet du Front populaire, chez Gallimard. Il a dirigé une Littérature française (Folio essais, 2007). Son dernier livre, paru chez Gallimard en 2008 dans la collection « L'un et l'autre », Le Songe musical, est consacré à Debussy.

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Photo Michel ErmanMichel Erman

Ecrivain et philosophe, professeur à l'université de Bourgogne.

Auteur de "Marcel Proust. Une biographie" Fayard, réédition, La Table ronde, 2013

               

  • "Le Bottin proustien", La Table ronde, 2010
  • "Le Bottin des lieux proustiens", La Table ronde, 2011.
  • "Les 100 mots de Proust", Puf, 2013

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Photo Anne Lacretelle

Anne de Lacretelle

Anne de Lacretelle, née en 1934 a grandi dans un milieu littéraire. Son père Jacques de Lacretelle (1888-1985), écrivain, romancier, Président du Figaro, a siégé 50 ans à l’Académie Française. Elle a donc côtoyé depuis l’enfance tous les grands auteurs de cette période et prépare un livre de souvenirs. Elle est par ailleurs auteur d’un roman « Encore une journée divine » (Editions Belfont) et d’une biographie « La Comtesse d’Albany, une Egérie Européenne » (Editions du Rocher) couronné par l’Académie Française. En outre, elle a créé en 1996, année du tricentenaire de la mort de la Marquise de Sévigné, le prix Sévigné destiné à primer la publication d’une correspondance inédite éditée en français, sans limitation d’époque. Elle est membre du conseil d’administration des Amis de Marcel Proust.

 

Résumé de la communication

Jacques de Lacretelle, ami de Marcel Proust.

I. Rencontre en 1916/17 : La parade séductrice et les réceptions mondaines.

II. L’excitation de la bibliophilie et les dédicaces exceptionnelles.

III. Le vif du sujet : la littérature, la publication par Jacques de Lacretelle de « La vie inquiète de Jean Hermelin » et son lancement en littérature grâce à Marcel Proust et à ses interventions auprès de Jacques Rivière.

IV. La fin, les dernières rencontres et les derniers échanges : « Je n’ai plus naturellement, l’espoir de vaincre, mais je voudrais ressortir et surtout travailler».

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photo Ruben GalloRuben Gallo

Rubén Gallo est Professeur de littérature latino-américaine à l'Université de Princeton, États-Unis. Il est auteur de Proust's Latin Americans [Les Latino-Americains de Proust, Johns Hopkins University Press, 2014], Mexican Modernity, un essai sur lest avant-gardes mexicaines; Las artes de la ciudad (Les arts de la ville), un livre sur l'art mexicain dans les années 1990; et il a dirigé l'anthologie Mexico: Chroniques Littéraires d'une mégalopole baroque (Autrement, 2008). Son Freud au Mexique a eu le prix Gradiva pour le meilleur essai psychanalytique en 2011 (une traduction française de cet livre sera publié par les Éditions Campagne Première en 2014). Il a un doctorat en littérature comparée de Columbia University et une licence es lettres de Yale University.

Résumé de la communication

« Gabriel de Yturri »

Cette communication abordera la vie et l’œuvre de Gabriel de Yturri, un des amis latino-américains de Marcel Proust. Yturri naquit à Tucumán, une ville provinciale de l’Argentine, et arriva à Paris très jeune. Il devint le secrétaire et ami intime de Robert de Montesquiou, avec qui il passa le reste de sa vie, jusqu’à sa mort en 1905. La correspondance de Yturri avec Proust, aussi bien que ses écrits, révèlent un personnage passionnant, « un peu Morel, un peu Jupien » – la phrase est de Jean-Yves Tadié – qui a laissé ses traces dans le roman proustien.

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Photo Marie Miguet-OllagnierMarie Miguet-Ollagnier

Normalienne, Marie Miguet-Ollagnier a soutenu un doctorat d’état, La Mythologie de Marcel Proust, thèse publiée aux Belles Lettres en 1982. Elle a collaboré au Dictionnaire Marcel Proust (dirigé par A. Bouillaguet et Brian Rogers, Champion, 2004). Elle a écrit Gisements profonds d’un sol mental : Proust, (presses universitaires franc-comtoises, 2003). Ayant collaboré à des Dictionnaires dirigés par P. Brunel (Dictionnaire des mythes littéraires, Editions du Rocher, 1988 ; Dictionnaire de Don Juan, Robert Laffont, 1999 ; Dictionnaire des mythes féminins, Editions du Rocher, 2002), elle a réuni ses travaux de mythocritique dans Mythanalyses, (Les Belles Lettres, 1992) et Métamorphoses du mythe (Les Belles Lettres, 1999). Elle s’est occupée de l’autobiographie dans Les Voisinages du moi (Presses universitaires franc-comtoises, 1999). Des communications sur Serge Doubrovsky ont été données à des colloques (Mulhouse, 2008 ; Cerisy, 2008). Elle a travaillé sur Claude Louis-Combet (colloques de 1999 et 2009) et fait des articles pour un Dictionnaire Claude Simon (à paraître chez Champion). Elle a enseigné à l’Université de Mulhouse et à celle de Besançon.

Résumé de la communication

Jacques Boulenger

L’amitié entre J.Boulenger et Proust s’est nouée tardivement : à partir de décembre 1919. Jusqu’en juin 1921 n’ont lieu que des échanges épistolaires, mais un processus de cristallisation s’observe chez Proust qui l’explique lui-même par un souvenir d’enfance. Après la rencontre partiellement décevante, alternent brouilles et réconciliations. Sur le plan intellectuel, Proust apprécie J. Boulenger « meilleur critique de sa génération » ; ce dernier a jugé sévèrement l’article sur le style de Flaubert mais a été ouvert à la nouveauté de la Recherche. Certes il a d’abord taxé son ami de snobisme, estimé que la fiction manquait de composition mais au fur et à mesure de la parution il devient prudent, pense que les intentions lui échappent peut-être, comprend que les descriptions sont intimement mêlées à l’action et que Proust crée un genre proche de l’essai. Toutefois la place de Sodome l’inquiète et Proust doit rassurer le moralisme de son correspondant.

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Portrait Laurence TeyssandierLaurence Teyssandier

Laurence Teyssandier, professeur agrégé, enseigne les Lettres à l’université d’Angers. Elle est membre de l’équipe Proust de l’ITEM CNRS. Ses recherches portent sur la génétique des textes, en particulier sur les manuscrits de Proust, au sujet desquels elle a publié plusieurs articles. Un ouvrage intitulé « De Guercy à Charlus : transformations d’un personnage de À la recherche du temps perdu », issu de sa thèse sur le personnage de M. de Charlus, est sur le point de paraître chez Champion. Elle collabore à l’Édition Marcel Proust, Cahiers 1 à 75 de la Bibliothèque nationale de France aux Éditions Brepols. Ses intérêts les plus récents portent sur l’œuvre de Colette et de François Mauriac.

Résumé de la communication

« Léon Daudet »

Tout opposait Marcel Proust et Léon Daudet : le physique, le caractère, le tempérament, et par-dessus tout, deux « visions » du monde aux antipodes l’une de l’autre. D’un côté, celui qu’on a vite appelé « le gros Léon », gros mangeur et gros buveur, véritable force de la nature, boulimique au propre comme au figuré (dévoreur de livres) ; de l’autre, le frêle et délicat Marcel Proust, picorant la nourriture comme un oiseau, rassasié d’une grappe de raisin et d’un verre d’eau, toujours souffrant ou menacé de l’être. D’un côté, un homme qui ne doutait ni n’avait peur de rien et que rien ne semblait affecter (C’est [de mon père], dit-il, « que je tiens ce besoin impérieux de dire ce que je pense, en tout occasion et à quiconque, qui m’a valu tant d’ennemis, dont je me fiche d’ailleurs profondément ») ; de l’autre, un homme qui doutait de tout, sauf peut-être de son génie, qui avait toujours peur de mal agir à l’égard d’autrui, un « écorché vif » que le plus imperceptible trait comme le plus infime courant d’air, mettait au supplice. D’un côté, un antisémite, un antidreyfusard et un antiallemand qui pratiquait la propagande la plus éhontée ; de l’autre, un homme d’origine juive – au moins en partie –, dreyfusard convaincu, qui déplorait les excès du nationalisme sous toutes ses formes. Un écrivain de « premier jet », auteur de trente-cinq romans (sans parler de tout le reste) face à l’écrivain d’un seul livre. Rien ne semblait devoir les rapprocher et pourtant, ils s’estimèrent, s’apprécièrent et devinrent amis.

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Stéphane Chaudier

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Photo Pierre-Louis ReyPierre-Louis Rey

Pierre-Louis Rey est professeur émérite à l'Université de la Sorbonne nouvelle et directeur de la Revue d'Histoire littéraire de la France. Il a participé à l'édition de Jean-Yves Tadié d'À la recherche du temps perdu dans la Bibliothèque de la Pléiade. Lors du colloque "Proust et ses amis" organisé en 2011 à la Fondation Singer-Polignac, il a donné une communication sur "Lionel Hauser" (Le Cercle de Marcel Proust, Honoré Champion, 2013).

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Photo Luzius KellerLuzius Keller

Né en 1938. Études à Zurich, Genève et Florence. Assistant de littérature comparée à Berlin.

1970-2003 professeur de littérature française à l'Université de Zurich. 1997 professeur invité à l'Université de Paris 8. Publications sur la poésie de la Renaissance et de l'âge baroque, le théâtre classique, le romantisme, le roman au XXe siècle et sur Proust. « Maître d'œuvre » de l'édition des œuvres de Proust en allemand (14 vol.). Cf. Piranèse et les romantiques français (Paris 1966). Marcel Proust sur les Alpes (Genève 2003); Marcel Proust. La fabrique de Combray (Genève 2006) ; Proust et l’Alphabet (Genève 2012); Modern and Contemporary Swiss Poetry, An Anthology, Edited with an introduction by Luzius Keller (Dalkey Archive Press 2012).

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Photo Annick Bouillaguet

Annick Bouillaguet

Annick Bouillaguet est professeur émérite à l'Université de Paris-Est.

Elle dirige, aux Editions Champion, la collection "Recherches proustiennes", dans laquelle ont paru les Actes du dernier colloque que M. Tadié a organisé dans ces lieux, sous le titre "Le Cercle de Marcel Proust".

Elle a publié 11 ouvrages, dont 10 consacrés à Proust. Le premier d'entre eux, "Marcel Proust, le jeu intertextuel" (Le Titre-Nizet), est issu de la thèse qu'elle a rédigée sous la direction de M. Tadié et soutenue en 1988.

Elle participe cette année à la célébration du centenaire de "Du côté de chez Swann", dans un article publié dans "Commémoration du centenaire 2013", édité par le Ministère de la Culture, et 2 articles, l'un paru et l'autre à paraître, dans les revues "Quaderni Proustiani" et "Europe".

Son édition d'"Un amour de Swann" sort à nouveau chez Larousse.

 

Résumé de la communication

"Montesquiou, 'le souverain des choses transitoires'"

Après avoir été dénigré par les premiers biographes, le comte de Montesquiou-Fezensac a été réhabilité par la critique contemporaine, notamment par les travaux successifs de Philippe Jullian, Patrick Chaleyssin, Philippe Thiebaut et Jean-Michel Nectoux. Il a pourtant été reconnu à son époque. Les photographies de lui, qu'il aimait à collectionner, révèlent une silhouette élégante et perpétuellement jeune. Au "Pavillon de Musse", qu'il habite à Neuilly, il reçoit des acteurs, des poètes, des musiciens, dont il régale ses hôtes. Il fait partie du premier cercle de Marcel Proust, lequel le flatte et le moque à la fois. Leur longue et étroite relation est d'ordre amical (quoique semée de brouilles) et littéraire : le comte inspire à Proust le personnage du baron de Charlus, pour certains de ses traits. Écrivain lui-même, Montesquiou publie notamment "Les Hortensias bleu", recueil de poèmes avec lequel les premières œuvres de Proust ne sont pas sans affinités.

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Photo Philippe ThiébautPhilippe Thiébaut

Conservateur général du patrimoine, Musée d'Orsay

Nommé en 1980 au Musée d'Orsay pour la constitution des collections Art Nouveau a été commissaire de nombreuses expositions : Gallé, Paris, Musée du Luxembourg, 1985; Guimard, Paris, Musée d'Orsay, 1992; L'École de Nancy, Nancy, Galerie Poirel, 1999; 1900, Galeries nationales du Grand Palais, 2000; Art Nouveau Revival, Paris, Musée d'Orsay, 2009 … S'intéressant également aux liens entre la littérature et les arts décoratifs, il a consacré plusieurs articles aux goûts artistiques d'hommes de lettres tels que Henri de Régnier ainsi qu'aux amitiés littéraires d'artistes tels que Émile Gallé ou René Lalique. En 1999 il a présenté au musée d'Orsay une exposition intitulée Robert de Montesquiou ou l'art de paraître.

 

Résumé de la communication

Les conférences de Monstesquiou

Si les fêtes organisées par le comte de Montesquiou sont aujourd'hui bien connues, on ne peut en dire autant des conférences prononcées par le comte durant près de vingt ans. Ces dernières cependant ont tout autant été suivies par la presse de l'époque. Perçues comme des évènements mondains, elles suscitèrent louanges et quolibets. Les articles publiés dans les quotidiens sont d'un apport précieux à l'élaboration du portrait physique et psychologique du conférencier.

Cependant si elles relèvent d'une stratégie mondaine, les conférences n'en rejoignent pas moins, par le choix des sujets, les préoccupations esthétiques dont témoignent par ailleurs les essais en prose du comte. La communication propose un parcours à travers ces manifestations, de la première consacrée à Marceline Desbordes-Valmore qui eut lieu le 17 janvier 1894 à la dernière, L'Etoile-Fleur, prononcée au Théâtre des Roses de la Roseraie de L'Hay le 8 juin 1912, en passant par la tournée new-yorkaise de décembre 1902.

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Photo Philippe ChardinPhilippe Chardin

Professeur de littérature comparée à l’université de Tours, ancien élève de l’ENS, co-responsable du séminaire Proust de l’ITEM.

Principaux ouvrages publiés en rapport avec l’œuvre de Proust :

  • Le Roman de la conscience malheureuse, Genève, Droz, 1983 (édition augmentée « Titre courant », 1998).
  • L'Amour dans la haine ou la jalousie dans la littérature moderne (Dostoïevski, James, Svevo, Proust, Musil), Genève, Droz, 1990.
  • Proust ou le bonheur du petit personnage qui compare, « Recherches proustiennes », Honoré Champion, 2006.
  • Originalités proustiennes (dir.), Editions Kimé, 2010.

Par ailleurs, écrivain ; dernier livre publié : Le méchant vieux temps, Jacqueline Chambon/Actes Sud, 2008.

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Résumé de la communication

Colette

Même si elles sont assez peu nombreuses, les quelques lettres admiratives que Proust a envoyées à Colette révèlent des affinités importantes entre leurs deux univers et même fugitivement, au-delà de l’opposition stéréotypée phrase brève/phrase longue, entre leurs deux conceptions du style (par exemple, dès le premier échange de 1895, la haine du cliché et l’esthétique de la surprise). Après la longue interruption due à la célèbre affaire de leur brouille - dont Proust, qui l’explique pourtant fort bien, dit ne plus avoir en mémoire seize ans plus tard « l’affabulation matérielle des circonstances » ! - on retiendra en particulier, en s’attachant aux principales œuvres de Colette que commente Proust : à partir de l’intérêt que lui inspirent les « reportages de guerre » publiés sous le titre Heures longues, la vision de biais du conflit, l’incongruité insolite des minuscules préoccupations de temps de paix qui perdurent, l’esthétisation des débuts de la guerre aérienne qui ne sont pas sans rappeler la vision de la guerre que donne Le Temps retrouvé ; à partir des pleurs que Proust dit avoir versés sur Mitsou, le mélange commun de la sentimentalité et de la sensualité, l’art d’évoquer cristallisation et décristallisation soudaines ; à partir de l’admiration de Proust pour le livre qu’il appelle « le génial Chéri », l’importance chez l’un et chez l’autre de la jalousie d’abandon qu’inspirent à des personnages peu habitués à souffrir des êtres auxquels ils se croyaient peu attachés, les ruptures annulées puis recommencées, etc. On n’en hasardera pas moins l’hypothèse selon laquelle le grand livre du renversement carnavalesque et de la satire profanatrice, « Un amour de Swann », pourrait contenir une satire cryptée de Colette.

Sera privilégiée au cours de cette communication la réception de l’œuvre de Colette par Proust plutôt que l’inverse – entre autres pour ne pas recouper les analyses approfondies de Julia Kristeva ou, dans une autre perspective, de Laurence Teyssandier qui portent sur cette réciproque. On soulignera néanmoins la fécondité, après la parution de Sodome et Gomorrhe, de cette « disputatio » qu’engagent ces deux autres grands précurseurs, découvreurs, transgresseurs (et aussi de ces deux autres grands romanciers théoriciens) que furent en matière d’homosexualité ou de bisexualité Colette et Gide : « disputatio » plus admirative et plus indulgente chez Colette à propos de Gomorrhe dans Le pur et impur que ne l’est chez Gide la critique de Sodome vue par Proust mais avec cependant une analogie majeure, l’absence ou le refus en ce domaine, chez ces deux hédonistes, d’une composante essentielle de la vision proustienne de l’homosexualité : sa dimension tragique.


Portrait Anne SimonAnne Simon

Anne Simon est normalienne et chargée de recherche au CNRS (Centre de recherche sur les arts et le langage/EHESS). Ses sujets d’étude, le vivant, le corps, l’animalité, l’ont conduite à créer le programme « Animots », soutenu par l’Agence nationale de la recherche, et à publier À leur corps défendant (écrit avec Christine Détrez, Seuil, 2006). Auteure d’une thèse sous la direction de Jean-Yves Tadié, Proust ou le réel retrouvé. Le sensible et son expression dans À la recherche du temps perdu (PUF, 2000 ; rééd. Champion 2011), elle a collaboré au Dictionnaire Marcel Proust (Brian Rogers et Annick Bouillaguet dir., Champion, 2004) et a édité une dizaine d’ouvrages et de revues, dont « Proust et l’Orient » (Akhbar Aladab – Les Nouvelles littéraires –, en arabe, Caire, 2007). Elle co-organise un cycle de recherche « Proust : la pensée, l’émotion, l’écriture » (EHESS/MFO) et termine un essai sur la réception de Proust par les penseurs et philosophes français des années 1950 à 1980.

Résumé de la communication

Jacques-Émile Blanche

S’il est un objet qui fonctionne comme une métonymie du corps de Proust, et plus largement de sa diffusion légendaire, c’est sans nul doute le portrait à l’huile qu’en fit Jacques-Émile Blanche en 1892, plus de vingt ans avant la parution de Du côté de chez Swann. Que ce portrait constitue encore en 1918 l’objet d’un marchandage au sein du « commerce » Proust-Blanche indexe à quel point leur amitié fut intermittente et complexe. Fonctionnant sur le mode du don et du contre-don, elle engendra notamment des échanges intellectuels acerbes ou enchantés sur la finalité de l’art, où les articles, les réponses aux articles, les préfaces, les réponses aux préfaces peuvent être lus comme autant d’arts poétiques.

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Portrait Laetitia Le Guay-BrancovanLaetitia Le Guay-Brancovan

Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure (Ulm-Sèvres), Laetitia Le Guay-Brancovan est maître de conférences et responsable de la licence Lettres et arts à l’Université de Cergy-Pontoise. Elle travail sur les relations entre musique et littérature aux 19e et au 20e siècle, plus particulièrement en France et en Russie. Elle est l’auteur de documentaires sur France Culture dans le cadre de l’émission Une vie une œuvre. Elle a publié récemment un Serge Prokofiev, Actes sud, 2012.

Résumé de la communication

Proust et Saint-Saëns, l’histoire d’un désaveu.

La Première sonate pour violon et piano en ré mineur opus 75 de Camille Saint-Saëns occupe une place à part, maintes fois soulignée, dans l’œuvre de Marcel Proust : citée dans Jean Santeuil, où elle est indissociable de l’amour du héros, elle a pour autre avatar - mêlée à plusieurs sources musicales - la Sonate de Vinteuil d’A La Recherche du temps perdu.

Curieusement, le rapport de Proust à Saint-Saëns n’a jamais fait l’objet d’une étude systématique : comment les parcours biographiques et esthétiques des deux hommes se croisent-ils un jour de 1895, à Dieppe, en présence de Reynaldo Hahn ? Qu’ont-ils émis comme jugements l’un sur l’autre par la suite ? Quels furent leurs cercles communs, dans quelles circonstances Proust entendit-il la fameuse Première sonate pour violon et piano en ré mineur ?

De la Correspondance de Marcel Proust, la critique a souvent retenu les propos négatifs de l’écrivain sur le compositeur : un Saint-Saëns que Proust oppose à Wagner, une musique « charmante mais enfin médiocre» (lettre à Jacques de Lacretelle, 1918), assommante (lettre à Jean Cocteau, 1919). Ce n’est pourtant que la fin d’une trajectoire qui commence, en 1895, par deux éloges de Camille Saint-Saëns, comme pianiste et comme compositeur. Révélation de jeunesse ou exercice de style ? Et pourquoi le désaveu au terme du parcours ? Trajectoire à reconstituer, propos à décrypter dont on verra que les mots clefs sont ceux de modernité, de forme, de mode, mais aussi de jeunesse et d’amour.

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Than Vân Ton That

Professeure de littératures comparée et francophone à l’Université Paris-Est Créteil, a publié :

Essais :

  • Proust ou l’écriture prisonnière, Éditions du Temps, Paris, 2000, 158 pages.
  • Léon Cladel et l’écriture de la Commune, L’Harmattan, Paris, 2007, 209 pages .
  • Proust avant la Recherche. Jeunesse et genèse d’une écriture au tournant du siècle, Bern, Peter Lang, 2012, 277 pages.

Éditions critiques :

  • Robert de Montesquiou, Les Pas effacés, Paris, Éditions du Sandre, Paris, 2007, 739 pages. 
  • Anna de Noailles, Œuvre poétique complète, Paris, Éditions du Sandre, Paris, 2013, 1936 pages.

Biographie :

  • Flaubert, L’ermite voyageur, Rome, Portaparole, 2006, 95 pages.

Poèmes :

  • Le Pays d’avant, recueil de poèmes illustrés, Rome, Portaparole, 2007, 105 pages. 
  • Sud-Nord, poèmes illustrés, Paris, L’Harmattan, coll. Accent tonique, 2012.
  • Chansons des petites souris, Rome, Portaparole, coll. T-Ziano, 2012.

 

Résumé de la communication

Anatole France

On s'interrogera sur les liens que Proust a pu avoir avec Anatole France pour la publication des Plaisirs et les jours, dans l'affaire Dreyfus et autour de la figure de l'écrivain dans la Recherche.

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Photo Alberto Beretta AnguissolaAlberto Beretta Anguissola

Alberto Beretta Anguissola, élève de Giovanni Macchia, obtint sa “laurea” grâce à une thèse sur Proust d’où il tira son livre Proust inattuale qui fut vainqueur du Prix Viareggio – Œuvre première en 1976. En collaboration avec Daria Galateria, il écrivit les notes de l’édition italienne de la Ricerca dans la collection des « Meridiani – Mondadori » : il s’agit de l’explication la plus vaste et la plus approfondie des nombreuses références proustiennes à travers laquelle on arrive à des interprétations parfois surprenantes. Au mois d’avril 2013 l’éditeur Classiques Garnier a publié le volume Les Sens cachés de la  « Recherche ». Beretta Anguissola est professeur dès 1981. Il enseigne actuellement à l’Università della Tuscia (Viterbe). Il a publié des éditions du théâtre de Racine et de Manon Lescaut et il a étudié les voyages imaginaires utopiques du XVIIe et du XVIIIe siècles (Ombres de l’utopie, Paris, Champion 2011).

 

Résumé de la communication

Le Comte Primoli

A deux cent mètres de l’une des plus belles places du monde – Piazza Navona à Rome – dans le palais qui fut la demeure du comte Giuseppe Napoleone Primoli, arrière-petit-neveu de deux frères de Napoléon I, Lucien et Joseph, sont conservés son Journal et les lettres qu’il reçut de la part de nombreux correspondants français plus ou moins célèbres. Ces documents sont encore en grande partie inédits. Les huit lettres que Marcel Proust lui envoya sont déjà connues depuis longtemps, mais il peut arriver de trouver dans le Journal des choses qui ont échappé à tous ceux qui ont écrit sur Primoli et sur Proust, comme par exemple le récit d’une amusante rencontre entre le comte franco-italien et l’auteur de la Recherche, qui n’avait alors que 22 ans. Gégé – c’était le surnom de ce napoléonide déraciné et cosmopolite – aurait pu être un personnage proustien. Comme Charles Swann, il était reçu et apprécié dans les coteries les plus exclusives, mais sa vie sentimentale était désastreuse et ses projets littéraires n’aboutissaient jamais. Comme le Narrateur lui-même, il était prisonnier d’un paralysant complexe maternel, doublé de la fascination que sa tante – la princesse Mathilde Bonaparte – exerçait sur lui. Comme Basin, duc de Guermantes, il était gêné par l’homosexualité assez évidente de son plus jeune frère Luigi. Comme le prince de Borodino ou les membres de la famille Iéna, il gardait aux yeux de Proust un peu du reflet glorieux et tragique des grandes victoires et des sanglantes débâcles des deux Empires. Ce raté spirituel et mélancolique, situé entre deux siècles, deux langues et deux nations, jouissait d’un point d’observation privilégié pour contempler la fuite du Temps qui détruit tout sans pitié. Pour combattre le « rétiaire infâme » Proust employa le roman ; Primoli dut explorer un art nouveau : la photographie. Dans ce domaine il a réussi.

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Photo Edward BizubEdward Bizub

Ancien professeur d’anglais au Collège de Genève et ayant enseigné la littérature comparée aux Universités de Genève et de Lausanne, Edward Bizub a soutenu une thèse de doctorat en lettres modernes à la Sorbonne en 1980 : L’expression du temps dans le théâtre de Samuel Beckett, et une deuxième thèse à l’Université de Genève en littérature comparée sur Proust et Ruskin en 1988. Il est l’auteur de trois livres : La Venise intérieure. Proust et la poétique de la traduction (La Baconnière, 1991) ; Proust et le moi divisé. La Recherche : creuset de la psychologie expérimentale (1874-1914) (Droz, 2006), qui devrait paraître en traduction espagnole l’année prochaine ; et Beckett et Descartes dans l’œuf. Aux sources de l’œuvre beckettienne : de Whoroscope à Godot (Classiques Garnier, 2012), sans compter un nombre important d’articles publiés dans des revues spécialisées.

 

Résumé de la communication

Paul Sollier, le psychothérapeute de Proust

La découverte récente de livres dédicacés l’un à l’autre est venue confirmer l’importance de la relation entre Proust et son psychothérapeute, le docteur Sollier. Ces découvertes obligent à se reposer la question de l’échange entre ces deux hommes et de leur influence réciproque. Le médecin a-t-il suivi les étapes de la rédaction de l’œuvre ? Proust avait-il voulu lui témoigner une certaine reconnaissance lorsqu’il esquissait l’architecture de son roman ? La conception de la mémoire et de l’inconscient dans la Recherche, fondée sur les souvenirs « corporels » et sur laquelle le roman est construit, reprend étonnamment celle de Sollier. Cela conduit à penser que l’un des incipits de la Recherche évoquant une maison de santé où le héros devait être « couché de bonne heure » évoque clairement le cadre primitif, voire « matriciel », du récit proustien.

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Photo Anne PenescoAnne Penesco

Anne Penesco a reçu une formation musicale en violon, piano, guitare, chant et harmonie. Elle a fait ses études universitaires à la Sorbonne où elle a obtenu des diplômes en Lettres classiques, Musicologie, Italien et Roumain. Elle est docteur en Esthétique et Science des Arts (Paris I) et docteur d’état en Musicologie (Paris IV). Professeur à l’Université Lumière/Lyon2 et spécialiste des XIXe et XXe siècles, elle mène des recherches pluridisciplinaires sur la littérature, le théâtre et la musique. Elle est l’auteur de Proust et le violon intérieur (Paris, Cerf, 2011), de plusieurs autres livres consacrés à l’univers artistique de la charnière des XIXe et XXe siècles, notamment une biographie du tragédien Mounet-Sully (Cerf, 2005) et un essai sur Georges Enesco préfacé par Yehudi Menuhin (Presses universitaires de Lyon, 1999) ainsi que de plusieurs ouvrages et de nombreux articles consacrés au violon et à l’esthétique musicale. Elle a également publié une étude sur la musique de chambre de Fauré dans un ouvrage collectif (Gabriel Fauré. Werk und Rezeption, Kassel, Bärenreiter, 1996).

 

Résumé de la communication

Fauré

Proust porte attention à la musique de Fauré dès 1892 : il a alors vingt et un ans. Il rencontre le compositeur pour la première fois en 1895 et, deux ans plus tard, lui adresse une lettre des plus enthousiastes. Au fil de la correspondance, des avant-textes, de la Recherche et des autres écrits proustiens, nous prenons connaissance des préférences de l’écrivain -bien différentes de celles de Reynaldo Hahn et de beaucoup de ses contemporains- et des « modèles » de la Sonate de Vinteuil. Nous nous attacherons à comprendre les choix de Proust, à le replacer ainsi que Fauré dans un contexte historique et esthétique afin de mettre en évidence leurs affinités profondes qui donnent à Fauré une place particulière dans l’univers sonore proustien.

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