Lettre de Reynaldo Hahn à la Princesse de Polignac n°142
(1901 ? non daté)
Princesse, mais il me semble qu’on ne peut évoquer cette noble et fine image sans y rattacher mille traits de sa propre vie, tant elle marquait son passage d’une empreinte originale et sympathique.
D’après la petite carte que vous aviez bien voulu m’écrire il y a quelques semaines, je m’attendais à apprendre le complet rétablissement du Prince, et je m’en réjouissais de tout coeur. Aussi est-ce avec une stupéfaction et une affliction très profondes que je viens d’apprendre sa mort, et je ne me console pas d’avoir craint, en allant le voir avant mon départ, ainsi que je l’ai dit à Proust, de l’importuner ou de le fatiguer. J’aurais du moins la satisfaction de lui avoir serré la main une fois de plus.
Permettez-moi, Princesse, de m’associer largement à votre grande peine ; et laissez-moi espérer que vous voudrez bien me continuer la bienveillance dont il m’honorait et dont j’étais si fier. Permettez-moi aussi de me dire, en cet intime et solennel moment, votre respectueux ami
Reynaldo Hahn
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