Lettre de Denys Cochin à la Princesse de Polignac n°96
Chambre des députés Paris, le Dimanche (sans date)
Madame,
Un peu de grippe m'a empêché de sortir aujourd'hui. J'aurais voulu aller vous dire que j'ai été mercredi à la salle Humbert de Romans et en ai rapporté un grand souvenir. Les derniers choeurs surtout, avec ces étonnants cris de la foule, et les sonneries de trompette m'ont fait grande impression. Je ne crois pas à la critique d'art, et suis, plus que tout autre, incapable de traduire en paroles ce que je sens.
Les paroles donnent un corps aux raisonnements, mais ôtent la vie aux sentiments. Néanmoins, on aime à louer d'un mot et à séparer des nombreuses compositions vides et inutiles, l'oeuvre qui est comme celle de M. de Polignac, le fruit d'une puissante imagination, ou comme celle de Fauré, le travail d'un esprit chercheur et charmant.
J'irai, si vous me le permettez, vous remercier dimanche prochain, Madame, et je vous prie de vouloir bien agréer mes respectueux hommages
Denys Cochin.
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