Lettre de Anna de Noailles à la Princesse de Polignac n°151

Publié dans Lettre

(non daté)

109 avenue Henri Martin

Pauvre chère amie, je suis accablée par votre lettre, si je n'étais pas couchée et pas bien , j'accourrais, je suis malheureuse de votre douleur plus que je ne peux dire, je veux parler avec vous, je sens que quand même je pourrai vous faire un peu de bien. Ayez de l'héroïsme, cela aussi est enivrant. Pour ce soir, prenez quelque chose pour dormir et ne pensez pas lisez, tournez-vous vers autre chose. En somme depuis un an que vous vivez seule un grand chemin est fait sans que vous vous en doutiez, vous enterrez un mort, voilà tout, croyez-moi c'était déjà mort en vous. Je me le disais souvent, il y avait là-bas trop d'indignité mais vous aurez votre vengeance, laissez les vivre, vous verrez dans quel enfer chacun tombera bientôt ; et vous vous êtes sauvée Dieu merci. Je pense à vous sans m'arrêter. A.

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