Lettre de Anna de Noailles à la Princesse de Polignac n°100

Publié dans Lettre

Vendredi

Dearest Winn,

J'ai eu trop de hâte ce matin, - dans le touchant (?) plaisir que me causait votre voix, - à accepter la fête de demain soir. Ma fatigue, mon affreux vertige qui me donne l'aspect d'avoir bu autant que Ginet, - m'obligent à quitter le moins possible mon étage. J'ai dû refuser déjà d'aller déjeuner demain avec Briand (?) chez Madame Bulteau , et je crois raisonnable de garder quelques forces pour le chagrin que me causera, malgré tout, ces jours-ci, le départ de Tom (?)

Si dimanche soir, vous n'aviez rien à faire, vous trouveriez à dîner chez moi Hélène, Geneviève de Tinan, quelques autres encore, le tout dans la stricte intimité que commande l'apparition toujours probable de l'huissier, - qui est peut-être un homme charmant, et justement tout à fait ce qu'il faudrait. N'oubliez pas que le 5 février, en dépit de cet officier ministériel, - il y a chez moi un gala avec vous et tout le toutim.

Elisabeth Greffulhe et vous êtes déjà prévues pour les bouts de table ! Mais peut-être que les ministresses s'abstiendront, ce qui remettrait tout à sa place. J'espère beaucoup que peut-être vous êtes encore libre après-demain. Je pense à vous de tout mon coeur dévoué, Anna.

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