Programme
18h - Rencontre
Benoît Duteurtre proposera quelques documents rares – sonores et visuels – sur les grands interprètes de l'opéra, de l'opérette et de la mélodie française.
André Tubeuf, notre grand écrivain de l'art musical (auteur notamment du Dictionnaire Amoureux de la musique), évoquera le caractère et l'histoire du chant français.
Le baryton François Le Roux, interprète engagé de la mélodie française, évoquera la transmission de cet art aux nouvelles générations de chanteurs.
Un hommage sera rendu à la soprano Suzanne Sarroca, dont les interprétations de Gounod, Berlioz, Offenbach, Halévy, Poulenc – parmi beaucoup d'autres – ont marqué un âge d’or de l'art lyrique français.
20h30 - Concert
Biographies
Benoît Duteurtre
Benoît Duteurtre est né à Sainte-Adresse, près du Havre. Il a grandi non loin des écrivains qu'il aime : Flaubert, Maupassant ou Alphonse Allais. Passionné de musique, il a d'abord gagné sa vie en jouant du piano.
Son premier texte est paru dans la revue Minuit en 1982. De Tout doit disparaître (1992) à Gaieté parisienne en passant par Drôle de temps et Les Malentendus, ses romans racontent avec humour la France contemporaine. En 2001, il obtient le Prix Médicis pour Le Voyage en France. Ses livres plus récents s'aventurent parfois aux frontières du réel : Service clientèle, La Cité heureuse et surtout La Petite fille et la cigarette (2005), ont été traduits dans plus de vingt langues. Les Pieds dans l'eau en 2008, puis Ballets Roses (2009), explorent une veine plus autobiographique. Le Retour du Général, sorti en 2010, est une fantaisie qui imagine le retour du Général de Gaulle, âgé de 120 ans dans la France d'aujourd'hui. Il est suivi par deux nouveaux romans à caractère autobiographiques : L’Été 76 (2011), inspiré par l'adolescence de l'écrivain, et A nous deux Paris ! (2012) qui évoque le début des années 1980.
Son dernier texte, Polémiques paru en 2013 est une série de chroniques, certaines originales, d'autres déjà parues, sur des sujets aussi différents que la France déprimée ou le roman contemporain en pleine forme. La plupart de ces ouvrages sont parus chez Gallimard ou chez Fayard.
Benoît Duteurtre écrit régulièrement dans Marianne, Le Figaro Littéraire, L'Atelier du Roman. Ses chroniques ont été rassemblées dans Ma Belle Époque. Il a suscité une vive polémique par son essai Requiem pour une avant-garde (1995), avant de fonder avec Marcel Landowski l'association Musique Nouvelle en Liberté qui soutient les jeunes compositeurs. On lui doit également une histoire de L'opérette en France et des documentaires pour la télévision. Depuis dix ans, il anime sur France Musique une émission au succès jamais démenti : Étonnez-moi Benoît.
Au théâtre, Benoît Duteurtre est l'auteur de Viva l'opéra comique qui a connu un vif succès salle Favart en 2004. Il a également signé l'adaptation de Véronique présentée en 2008 au Châtelet. Une nouvelle édition de L'Opérette en France est parue chez Fayard fin 2009.
Benoît Duteurtre est un des conseillers musicaux de la Fondation Singer-Polignac.
André Tubeuf
André Tubeuf est un philosophe et musicographe. Agrégé de philosophie, il a enseigné cette matière pendant plus de trente ans, tout en publiant de nombreux ouvrages sur la musique ainsi que des critiques dans des magazines musicaux ou généraux. Il a reçu le Prix de l’Essai de l’Académie française en 2009 pour son livre Beethoven (Actes Sud).
Né en Turquie, André Tubeuf s’installe à Paris pour ses études, tout d’abord au lycée Louis-le-Grand puis à l’École Normale Supérieure. Il obtient l’agrégation de philosophie qu’il enseigne à Strasbourg de 1957 à 1992. Dans les années 70, il travaille dans les cabinets des ministres de la culture Jacques Duhamel et Michel Guy comme conseiller à la musique. Il est également présent dans la presse depuis 1975. Ses critiques musicales paraissent dans Opéra international, L’Avant- Scène Opéra, Harmonie, Diapason, Classica, et Le Point. Ses analyses de l’actualité lyrique sont également disponibles sur son blog Qobuz : L’œil et l’oreille.
André Tubeuf est aussi l’auteur de nombreux ouvrages sur la musique, parmi lesquels : Divas (Assouline), L’Offrande musicale : Compositeurs et interprètes (Robert Laffont, collection “Bouquins”), le Dictionnaire amoureux de la musique (Plon), un titre qui résume sa démarche qui allie connaissance encyclopédique et sensibilité artistique. Il a également consacré des études sur les plus grands chanteurs de notre époque, d'Elisabeth Schwarzkopf à Cecilia Bartoli. André Tubeuf s’adonne aussi à l’écriture de romans dont La Quatorzième Valse, publié en juin 2008 par Actes Sud.
François Leroux
François Le Roux commence ses études de chant avec François Loup, puis entre à l'Opéra-Studio de Paris, où il a comme professeurs Vera Rosza, puis Elisabeth Grümmer. Après avoir obtenu deux prix internationaux (Concours Maria Canals de Barcelone en 1978 et Concours international de chant de Rio de Janeiro en 1979) il entre dans la troupe de l’Opéra de Lyon en 1980, et se produit parallèlement sur d’autres scènes, françaises ou étrangères.
Du XVIIe au XXe siècle, sa carrière l’a conduit à aborder des compositeurs et des styles radicalement différents. L’opéra baroque a occupé une place importante dans son itinéraire, à Aix-en-Provence en particulier, où il a chanté Monteverdi (L’Orfeo en 1985) et Rameau (la résurrection des Boréades en 1982, Castor et Pollux en 1991). Mozart demeure essentiel : Papageno dans Die Zauberflöte au Covent Garden de Londres, par exemple, et surtout Don Giovanni (rôle-titre) à l’Opéra Comique en 1987, pour le bicentenaire de sa création, ou à Zurich, avec Nikolaus Harnoncourt. Rossini, Donizetti, Puccini, Gounod, Massenet, Offenbach, Ravel, Poulenc, ont encore leur place, sans oublier Debussy : dès 1985 (à l’Opéra de Lyon), François Le Roux s’impose dans le rôle de Pelléas, qu’il chantera plus de cent fois aux quatre coins du monde, et enregistrera sous la baguette de Claudio Abbado, avant de le quitter, en 1998, pour aborder Golaud à l’Opéra Comique, où il fête le centenaire de la création de l’ouvrage, en 2002. Il a assuré ce rôle dans la création scénique moscovite de l’ouvrage en 2007 (mise en scène d’Olivier Py, direction Marc Minkowski).
Il est également attiré par l’opéra du XXe siècle : Der Prinz von Homburg de Henze à Munich avec Wolfgang Sawallisch, les créations mondiales de Gawain de Birtwistle au Covent Garden, de Verlaine Paul de Georges Boeuf à Nancy et Marseille, de Medea de Gavin Bryars à Lyon, de Modern Painters de David Lang à Santa Fé, etc.
François Le Roux est un éminent interprète du lied et surtout de la mélodie française, qu’il sert avec assiduité (tant au concert qu’au disque) et qu’il enseigne en master classes dans le monde entier (il parle quatre langues étrangères : anglais, allemand, italien et espagnol).
Il est le fondateur et directeur artistique du Centre international de la mélodie française (C.I.M.F.), et de l’Académie Francis Poulenc d’interprétation de Tours qui a fêté en 2014 ses 18 ans d’existence. A ce sujet, son premier livre Le Chant intime, De l’interprétation de la mélodie française, publié chez Fayard, a obtenu le prix René Dumesnil 2004 de l’Académie des Beaux Arts. Il est traduit en japonais. Sa discographie est impressionnante, et lui a rapporté de nombreux prix. La dernière parution est l’intégrale des mélodies de Poulenc, chez ATMA Classique en octobre 2013.
Il est chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres, et professeur de chant au conservatoire national supérieur de musique de Paris.
Suzanne Sarroca
Depuis le début des années cinquante, Suzanne Sarroca a concrétisé, dans l’école de chant française, la voix de soprano dramatique en mesure de défendre autant le répertoire national que les ouvrages italiens.
Née à Carcassonne le 21 avril 1927 dans une famille qui s’intéresse à l’opéra, Suzanne Sarroca entre en classe de chant au Conservatoire de Toulouse à l'âge de seize ans et se forme auprès de Louis Nègre qu’elle finira par épouser.
En 1949, en tant que mezzosoprano, elle débute à Carcassonne dans le rôle de Charlotte de Werther et dans celui de Carmen, un rôle qui la propulsera à la Monnaie de Bruxelles au printemps de 1950. Engagée par l’opéra de Paris, elle devient soprano pour y débuter en juin 1952 avec le personnage de Phani dans Les Indes galantes de Rameau puis affronte l’Opéra-Comique avec une première Tosca. Elle s’impose rapidement sur ces deux scènes, assumant notamment la création de Numance de Henry Barraud le 15 avril 1955 et le rôle d’Oktavian dans un Chevalier à la rose qui a pour Maréchale Régine Crespin.
Après y avoir abordé Aïda, elle prend part, le 10 décembre 1962, à la réouverture du Grand-Théâtre de Genève en y campant une première Elisabeth de Valois dans Don Carlos, personnage qui la fera débuter à l’opéra de Rome en novembre 1965, tandis qu’Aïda l’emmènera au Covent Garden de Londres. Au printemps de 1964, elle esquisse, à l’Opéra-Comique, l’un de ses rôles majeurs, Louise, qu’elle présentera ensuite à Genève, à Lyon, à Marseille. Le 2 août 1968, elle affronte le Festival de Salzbourg où, pour six saisons consécutives, elle sera l’allégorie de l’Âme dans La Rappresentazione di Anima e di Corpo d’Emilio de’ Cavalieri.
A partir du printemps de 1973, Rolf Liebermann, devenu directeur de l’opéra de Paris, lui concède une seconde carrière en l’affichant en Musetta de la Bohème, Giulietta des Contes d'Hoffmann, Elisabeth de Valois, Mélisande d’Ariane et Barbe-Bleue, Junon de Platée, Mrs Western de Tom Jones et la Femme d’Erwartung. En 1989, elle est encore la Comtesse de Coigny d’Andrea Chenier à Strasbourg et quitte la scène, l’année suivante, en Mme Larina d’Eugène Onéguine