Lettre de Joseph Bédier à Maurice Paléologue n°162

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.Paris, 11 rue Soufflot 8 Xbre 1926

Monsieur l'ambassadeur,

 Voici quelques renseignements que je suis heureux de vous communiquer. 

1°) L'Histoire du Collège de France depuis ses origines jusqu'à la fin du premier Empire, par Abel Lefranc (1 vol 8° de XIV-332 pagzes, Paris, Hachette, 1893) est un ouvrage excellent.

2°) M. Abel Lefranc vient d'en récrire le premier chapitre : les commencements du Collège de France (1529-1544) (mémoire publié dans les Mélanges d'Histoire offerts à Henri Pirenne, 1926, p. 291-306)

3°) Je ne saurais trop recommander à votre ami de lire le bel article où notre administrateur actuel, M. Maurice Croiset, expose au grand public ce qu'est le Collège. Cet article a paru cette année même dans la Revue des Deux-Mondes (1er mai 1926).

4°) Je regrette de n'avoir pas un exemplaire de cet article  à vous adresser. Mais je mettrai à la Poste en même temps que la présente lettre un exemplaire de l'Annuaire du Collège de France que vous pourrez offrir à votre ami et qu'il sera inutile de me retourner : c'est l'annuaire de l'année dernière. Il y trouvera bien des renseignements sur l'activité du Collège et en tête une Notice sommaire, rédigée par M. Maurice Croiset, et qui dit l'essentiel sur notre statut.

5°) Je joins à cet envoi un exemplaire (il sera pareillement inutile de me le retourner) du Règlement du  Collège de France. Renan disait qu'il n'existe en France que deux institutions dont aucun évènement politique (guerre, révolution, etc) n'ait entravé, fût-ce un seul jour, le fonctionnement et dont le règlement s'est maintenu, à peu près le même,  depuis les origines : les Halles et le Collège. A vrai dire, notre règlement a été modifié en 1911, mais selon l'esprit du règlement primitif et pour en renforcer les dispositions libérales.

6°) Le Collège a la "personnalité civile", c'est-à-dire qu'il peut recevoir des legs ; mais il n'a pas encore "l'autonomie financière" ; il espère l'obtenir très prochainement.

Je me réjouis de l'intérêt qu'un étranger veut bien porter à notre maison : il n'en est guère dont notre pays doive tirer plus de juste fierté. Je connais assez bien les Universités étrangères : les vieilles Universtés anglaises, Oxford et Cambridge mises à part, le Collège de France est à peu près le seul établissement d'enseignement du monde où les professeurs ne soient pas "exploités", où ils puissent faire librement leur tâche de savants.

Je vous suis reconnaissant, Monsieur l'Ambassadeur, de l'honneur que vous m'avez fait en m'interrogeant, je reste à votre dispositions et à celle de votre ami pour tout supplément d'information et je vous prie de vouloir bien agréer l'assurance de mes sentiments les plus distingués.

Joseph Bédier

 

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