L'atelier du pavillon
Situé dans le pavillon attenant à l’hôtel, il était autrefois l’atelier de peinture et de musique de Winnaretta Singer. Le premier concert de la princesse y est organisé en 1888 avec Gabriel Fauré, Emmanuel Chabrier, Vincent d’Indy et André Messager. Après quelques travaux, l’atelier devient un véritable “hall de musique” comme le décrivait Marcel Proust. Officiellement “ouvert” en 1894, il mesurait
“[...] dix mètres sur douze et demi, la salle était assez grande pour accueillir confortablement une centaine de personnes. La voûte qui la couvrait était haute de deux étages ; une étroite tribune, construite le long des murs ouest et sud du niveau supérieur, abritait le magnifique orgue Cavaillé-Coll, dont les tuyaux impressionnants s’élevaient jusqu’à la voûte. En dessous, la pièce était décorée dans le style Louis XVI avec une prédominance des couleurs favorites de Winnaretta, le bleu et le vert. Deux pianos à queue dominaient l’un des murs. Malgré le décor solennel, les murs lambrissés donnaient une atmosphère chaleureuse et accueillante. Nichés sur les murs nord et est, les cosy-corners dégageaient une impression d’intimité. Les fenêtres, placées de manières à recevoir une lumière optimale pour la peinture le jour, offraient aux visiteurs une vue sur les jardins qui séparaient l’hôtel de l’avenue Henri Martin de la maison plus petite de la rue Cortambert.”
[Sylvia Kahan, Winnaretta Singer-Polignac, princesse, mécène et musicienne, Les Presses du Réel, 2018, p.154-155]
Au fil des années, les soirées musicales organisées dans l’atelier reçoivent les musiciens et compositeurs Gabriel Fauré, Louis Vierne, Igor Stravinski, Alfred Cortot, Blanche Selva, Armande de Polignac, Jean Wiéner, Francis Poulenc, Serge Prokofiev, Jacques Février, Clara Haskil, Nadia Boulanger, Jean Françaix… mais aussi les peintres Félix Barrias et John Singer Sargent, les écrivains Marcel Proust, Oscar Wilde, Colette et Paul Valéry, ainsi que la comédienne Sarah Bernhardt.
Au moment de la création de la Fondation Singer-Polignac en 1928, l'atelier connaît d’importantes modifications. Une cheminée est remplacée par une double porte vitrée donnant sur les terrasses. Le toit à double pente est supprimé pour permettre la construction d’un appartement ; l'orgue est descendu au rez-de-chaussée, les pianos à queue sont installés dans le salon de musique.
Après la mort de Winnaretta en 1943, la Fondation s’installe dans l’hôtel, dont seuls les murs lui ont été légués. Les pianos furent enlevés en 1948 et l’orgue, que la princesse avait légué à son neveu, le comte Jean de Polignac, fut récupéré par Marie-Blanche, sa veuve, en décembre 1951. Depuis, l’orgue a été vendu au séminaire de Merville dans le Nord de la France.
Aujourd’hui, l’atelier dispose d’un Steinway D acquis par la fondation. Un orgue positif et un clavecin peuvent également être mis à disposition des musiciens pour leurs répétitions, ainsi que des percussions. De par ses dimensions au sol qui restent inchangées (dix mètres sur douze et demi), il peut recevoir des formations allant de l’orchestre (environ 30 personnes) au chœur (40 personnes). Même si quelques concerts y ont été organisés jusqu’au début du XXIe, l’atelier est désormais exclusivement une salle de répétition. Il peut également servir de studio d’enregistrement et de tournage pour les projets discographiques et audiovisuels des résidents.
Le Trio Metral en tournage à l'Atelier en septembre 2021 © FSP CLP