Robert Courrier

Publié dans Membres historiques du conseil

Robert Courrier ( † 1986)

Président de la Fondation Singer-Polignac de 1976 à 1979

Membre du conseil d'administration 1953 - 1986

alt"Le 16 septembre 1989, fut inaugurée dans la petite ville lorraine de Saxon-Sion une stèle portant l’inscription: «À la mémoire de Robert Courrier, 1895-1986, médecin biologiste, professeur au Collège de France, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, enfant de la commune de Saxon-Sion.» Cette inscription donne un résumé très succinct de la vie et de l’œuvre d’un de nos grands biologistes. Étant donné la parcimonie de l’espace qui m’est assigné, je me bornerai à évoquer son œuvre scientifique. Je voudrais tout d’abord dire un mot de sa ville natale. Nous connaissons tous la commune de Saxon-Sion. Elle est attenante à la colline de Sion-Vaudémont qui la domine et que Maurice Barrès a célébrée sous le nom de « colline inspirée ». Plusieurs monuments attestent la renommée de ce site, en particulier une grande chapelle votive et un haut obélisque consacré spécialement à la mémoire de Maurice Barrès. La stèle dédiée à Robert Courrier est plus modeste et conforme à la nature discrète de notre confrère, qui fut toujours fier de ses origines lorraines.

Il était l’un des grands élèves du professeur Pol Bouin qui fut, avec Paul Ancel, au début de ce siècle, l’initiateur de l’endocrinologie sexuelle. Robert Courrier apporte une contribution de première grandeur à cette science toute nouvelle. En ce qui concerne le testicule, il contribua à démontrer que les caractères sexuels mâles, dits secondaires, qui apparaissent ou se développent à la puberté, sont régis par des petits amas cellulaires éparpillés entre les tubes testiculaires, l’interstitielle. Celle-ci sécrète l’hormone mâle, responsable de la maturité des spermatozoïdes et des caractères sexuels secondaires. En ce qui concerne l’ovaire, les découvertes de Robert Courrier furent non moins importantes. Il démontra qu’il y a dans l’ovaire deux glandes endocrines qui se succèdent et élaborent deux hormones distinctes:

  • 1- la folliculine, sécrétée, comme son nom l’indique, par le follicule ovarien dès la fécondation. Cette hormone, appelée aujourd’hui estrone, est responsable de la maturité sexuelle de l’ovule et des caractères extérieurs féminins ;
  • 2- l’hormone de la gestation, appelée progestérone, qui est sécrétée par le corps jaune et qui permet la nidation et le développement dans l’utérus maternel de l’œuf fécondé. L’une est l’hormone de la féminité, l’autre l’hormone de la maternité.

À ces travaux capitaux d’endocrinologie sexuelle, il convient d’ajouter une autre série de travaux concernant une autre hormone : la thyroxine, sécrétée par la thyroïde. Robert Courrier a été le premier, avec Frédéric Joliot et Alain Horeau, à expérimenter sur une substance radioactive l’isotope radioactif 1131.

L’hormone thyroïdienne étant riche en iode, ils réussirent à la marquer grâce à cette substance radioactive. Les résultats furent décisifs. Ils obtinrent en particulier la mise en sommeil de la synthèse de l’iode naturel. Ce résultat eut des conséquences considérables au point de vue physiologique et médical. Il résulte de cet exposé rapide que Robert Courrier a joué un rôle fondamental dans la biologie expérimentale des hormones. J’ajouterai qu’au cours de ma carrière, le professeur Robert Courrier m’a toujours soutenu avec amitié et efficacité."

Étienne Wolff (†), de l’Académie française, de l’Académie des sciences et de l’Académie nationale de médecine, administrateur honoraire du Collège de France.