Raymond Poincaré
Raymond Poincaré ( † 1934)
Président de la Fondation Singer-Polignac de 1928 à 1932
Membre du conseil d'administration 1928 - 1934
"Il est tout à l’honneur du Conseil d’administration de la fondation Singer-Polignac que son premier président, dans l’ordre chronologique, ait été l’un des Français les plus considérables de l’époque, l’un des plus grands hommes d’État de la IIIe République.
Lorsqu’il fut appelé à ces fonctions, en 1928, Raymond Poincaré, âgé de soixante-huit ans, approchait du terme d’une carrière retentissante et bienfaisante, qui devait prendre fin quatre années plus tard. Ministre dès la trentaine, grand avocat, il avait connu tous les succès, y compris les honneurs académiques et même - consécration suprême à ses yeux! - ceux du bâtonnat de Paris.
Investi à trois reprises de la présidence du Conseil, il avait donné toute sa mesure, à la fois comme chef de formations d’union nationale, groupant tous les Français de bonne volonté, et comme inspirateur, en même temps que prestigieux artisan d’une politique française d’ordre intérieur, de sagesse financière, de fermeté prudente mais résolue en matière de relations internationales.
Président de la République durant la Première Guerre mondiale, il avait grandement contribué à instaurer l’« union sacrée » dont il fut l’authentique parrain et, par la suite, à entretenir dans le pays, même et surtout aux heures les plus sombres, la volonté de « tenir » et la foi en la victoire. En appelant au pouvoir, fin 1917, un Clemenceau qui ne le ménageait guère, il avait fait preuve d’une abnégation personnelle dont il fut amplement récompensé lorsque, après la victoire, à Strasbourg, le Tigre - pour un moment réconcilié - tomba dans ses bras.
Ce Lorrain de bonne souche bénéficiait d’une popularité véritable auprès du «Français moyen» qui, rendant hommage à son patriotisme intransigeant ainsi qu’à son civisme sans tache, aimait à retrouver en lui le bon sens traditionnel.
Sollicité par Maurice Paléologue, son ami de toujours, il avait accepté, malgré sa santé déjà chancelante, d’apporter à la Fondation naissante l’immense autorité de son nom.
Il apparaissait déjà tel que nous le représente l’Histoire: homme de devoir et de labeur, épris d’ordre et de légalité, méthodique au point de paraître méticuleux, s’acquittant des tâches qu’il avait assumées avec une admirable conscience, défendant avec la même ardeur - et la même efficacité - la prérogative de l’État et les principes démocratiques.
Il fut un grand serviteur de son pays et, en même temps, des «valeurs » intellectuelles et morales sur lesquelles repose la civilisation occidentale - valeurs dont la fondation Singer-Polignac, qui garde à son premier président un souvenir respectueux, a mission de s’inspirer et qu’elle s’attache à faire prévaloir."
Maurice Reclus (†), membre de l’Institut