Edmond Faral
Edmond Faral ( † 1958)
Président de la Fondation Singer-Polignac de 1938 à 1958
Membre du conseil d'administration 1931 - 1958
"Edmond Faral avait le don, plus rare qu’on ne croit, de l’autorité. On se hasardait peu à le contredire. Le masque énergique, la voix brève, l’attitude tendue ajoutaient encore à une impression de rigueur que modifiait seul son commerce plus intime, que tempérait aussi le sentiment des nuances tel qu’y entraîne la formation universitaire. Là où il est passé, que ce soit au conseil supérieur de l’instruction publique, dont il était le vice-président, ou bien au Collège de France, où il se révéla un administrateur hors pair, il a laissé la marque de son action. Néanmoins, c’est l’érudit qui doit plutôt nous retenir: ses mérites de philosophe scrupuleux, bien informé, ne reculant pas d’ailleurs devant l’hypothèse hardie; ses mérites aussi d’historien des lettres, à l’occasion, d’historien tout court. Il a repris en main, rénové les études sur la littérature du Moyen Âge, montrant que toute une partie de notre littérature en vieux français avait subi l’influence de l’art poétique latin, de textes latins créés parallèlement à elle dans les écoles et les cénacles. Grâce à Edmond Faral, ces œuvres latines du XIIe au XIVe siècle, longtemps méconnues, sortaient de leur isolement, perdaient leur gratuité.
L’autre grand travail de notre confrère sur la Légende arthurienne procède, au fond, d’une pensée analogue. L’auteur n’admet pas que ce vaste cycle légendaire soit né du folklore et d’une tradition purement orale. Il y retrouve le génie inventif d’un narrateur qui avait puisé dans des matériaux savants, les uns de provenance celtique, les autres, plus nombreux, du fonds gréco-romain. Ainsi est remis en honneur le primat de la chose écrite, du savoir clérical: thèse séduisante, dont on pourrait sans peine transférer le bénéfice à d’autres domaines littéraires. On évoquera naturellement, à ce sujet, les Légendes épiques de Joseph Bédier, maître de Faral, ce livre duquel la Légende arthurienne forme un digne pendant."
Louis Renou (†), membre de l’Institut