Cantates et symphonies d’héroïnes - Il Caravaggio

Publié dans Saison 2021-2022

Présentation du programme

Le concert que nous allons entendre est à la fois français, baroque et féminin… D’abord parce qu’il est constitué pour l’essentiel d’œuvres françaises du XVIIe et du XVIIIe siècle ; ensuite parce qu’il va nous montrer la façon dont des compositeurs comme Dornel, Lully ou Monteclair se sont emparés des grandes héroïnes de la mythologie – qui constituait alors la source principale de l’opéra – pour leur donner une voix douloureuse, tragique ou combattante. Enfin, parce que vous entendrez aussi deux compositrices de cette époque : Élisabeth Jacquet de la Guerre, considérée comme la meilleure musicienne du siècle de Louis XIV ; et mademoiselle Duval, personnage plus mystérieux qui fut quand même, après Jacquet de la Guerre, la seconde compositrice jouée à l’opéra de Paris – alors Académie royale de musique. 

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Le programme s’ouvre donc avec Le Tombeau de Clorinde de Louis-Antoine Dornel, compositeur important de la régence et du début du règne de Louis XV. Il était notamment organiste de Saine Marie-Madeleine de la Cité, une des nombreuses églises qui existaient à l’emplacement de l’actuel Hôtel-Dieu. Il a également exercé à Saint-Étienne du Mont et fréquenté divers cercles de musiciens comme le Concert des Mélophilètes, société fondée au début du siècle et réunissant des musiciens qui se divertissaient en exécutant des pièces écrites pour leurs assemblées. Il est également, à partir de 1725, maître de la musique du roi pour les académies françaises, chargé de faire exécuter chaque année dans la chapelle du Louvre un motet de sa composition. On lui doit de nombreuses pièces instrumentales et autres symphonies, des airs sérieux et à boire, ainsi que six cantates françaises, parmi lesquelles Le Tombeau de Clorinde qu’on va entendre, composé en 1723, la première année effective du règne de Louis XV.

Il faut dire en effet que si la seconde moitié du XVIIe siècle avait été entièrement soumise à l’ordre musical instauré par Lully et Louis XIV pour combattre notamment les influences italiennes, la régence et le règne de Louis XV ont apporté une certaine détente qu’illustre ce répertoire de cantates chantées tantôt en français, tantôt en italien, et recourant volontiers aux tournures expressives qu’on prête alors à la musique italienne. Ces œuvres pour voix et basse continue ont la forme de petites scènes d’opéra, et c’est notamment le cas de ce Tombeau de Clorinde – personnage popularisé par le grand poème italien de la fin du XVIe siècle : La Jérusalem délivrée du Tasse. Clorinde, qui combat au côté des sarrasins, y affronte le chevalier normand Tancrède, amoureux d’elle, qui la tue mais qui va la baptiser juste avant son trépas. Ce sujet a d’ailleurs inspiré d’autres grandes œuvres, en particulier Le Combat de Tancrède de Monteverdi, puis l’opéra Tancrède de Rossini.

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Nous entendrons ensuite quelques extraits de l’opéra-ballet Les Génies ou les caractères de l’amour de Mademoiselle Duval : compositrice dont nous ignorons le prénom, c’est pourquoi on l’appelle mademoiselle Duval. Elle a connu pourtant une réelle notoriété dans le Paris de Louis XV, en étant la seconde compositrice jouée par l’Académie Royale de Musique, quelques années après Élisabeth Jacquet de la Guerre. Les indications biographiques sont malheureusement très peu nombreuses sur cette artiste, et compliquées par le fait que le nom de Duval était alors extrêmement répandu.

On sait toutefois que son opéra-ballet fut joué en 1736 alors que la compositrice avait alors seulement 18 ans ; qu’elle était à la fois musicienne et danseuse ; et le Mercure de France précise qu’elle a accompagné l’intégralité de cet opéra au clavecin. Par la suite, sa trace se perd, mais il semble qu’elle soit morte dans les années 1770, pensionnée par l’Académie royale de Musique.

Il nous reste surtout cette belle partition de son opéra Les Génies ou les caractères de l’amour, redécouverte par Camille Delaforge et l’ensemble Il Caravaggio, qui vont nous en donner ce soir une suite imaginaire – à partir d’un choix de danses extraites de la partition.

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Après Louis Antoine Dornel et Mademoiselle Duval, nous allons remonter du XVIIIe siècle au XVIIe avec Élisabeth Jacquet de la Guerre et d’autres compositeurs du règne de Louis XIV. Mais d’abord, puisque l’ensemble Caravaggio aime relier dans ses concerts, le répertoire baroque à des références plus anciennes, nous entendrons une page de Beatriz de Die, une musicienne de la fin du XIIe siècle, troubadour provençale de langue occitane qui fait chanter un homme dans cet air intitulé en français « Je chanterai ce que je n’aurais pas voulu chanter ».

Beatriz de Die nous rappelle ainsi la grande présence des femmes dans la musique médiévale, illustrée notamment par la célèbre Hildegard von Bingen. Et cette présence glorieuse, nous la retrouvons au « grand siècle » avec Élisabeth Jacquet de la Guerre. Elle a grandi sur l’Île Saint-Louis, au sein d’une famille de musiciens. Particulièrement douée, elle est présentée dès l’âge de cinq ans à Louis XIV qui l’encourage « à cultiver le talent merveilleux que lui a donné la nature ». Puis elle entre au service de Mme de Montespan avant de regagner Paris où elle se fait remarquer notamment pour ses pièces pour clavecin, des suites de danse qui ouvrent la grande école française de clavecin

Elle va composer également un grand opéra : Céphale et Procris, première œuvre du genre donnée par une femme à l’Académie royale de musique, sur un livret de Jean-François Duché – selon le modèle de la tragédie lyrique établi par Lully vingt ans plus tôt. L’œuvre est créé en 1694 et sera malheureusement un échec, comme le relate cette histoire de l’Académie royale de musique : « Si les louanges prématurées assuraient le succès d’une pièce, jamais opéra n’en aurait eu un semblable. Les noms de Duché et de Mlle de la Guerre retentissaient par tout Paris. On tombait en extase aux répétitions de ce poème, et malheur à ceux qui auraient osé dire qu’il fallait attendre le jugement du public. Ce jour arriva ; quel changement ! Il fut total et l’opéra expira à sa cinquième ou sixième représentation »

Par la suite, Élisabeth Jacquet de la Guerre revient à la musique instrumentale et compose de nombreuses sonates, mais aussi des cantates profanes et surtout bibliques, et même des œuvres plus légères, comme Le Raccomodement comique de Pierrot et Nicole. Elle fut en tout cas très admirée de ses contemporains qui la qualifiaient parfois de « première musicienne du monde ».

Nous entendrons ainsi quelques airs et danses de Céphale et Procris, un sujet inspiré des Métamorphoses d’Ovide, et dans lequel le prince thessalien Céphale a épousé Procris, fille du roi d’Athènes. Mais leur amour se voit mis à mal par la jalousie de l’Aurore qui les monte l’un contre l’autre. Céphale, par erreur, finit par tuer Procris d’un coup de lance, avant de se tuer avec le même javelot. Ce sont donc quelques airs et danses de cette oeuvre que nous allons entendre et dont le compositeur Grétry tirera un autre opéra à la fin du XVIIIe siècle.

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Nous retrouverons ensuite le fondateur de l’opéra français, Jean-Baptiste Lully sur la personnalité duquel je ne m’arrêterai pas, tant elle a inspiré d’écrits historiques et romanesques, sans oublier le cinéma. Je préciserai simplement que La Plainte d’Armide, que nous allons entendre, ne doit pas être confondue avec la tragédie lyrique Armide que composera Lully sur des paroles de Quinault à la fin de sa vie. Armide est une œuvre bien connue, considérée parfois comme le chef d’œuvre de Lully. La Plainte d’Armide, elle, est extraite d’une œuvre de jeunesse : un de ces ballets composés par Lully et dansés par le roi et qui s’intitulait Les amours déguisées.

C’est un ballet à quatorze entrées, mêlées de récits et de danses, qui fut dansé par le roi le 13 février 1664, au Palais Royal. Et dans cette œuvre, après la huitième entrée, dansée par une bande d’amours, nous entendons le Récit italien d’Armide qui se plaint et s’emporte contre les Amours qui l’ont si mal servie et les chasse de son Palais qu’elle détruit en un moment. Une figure féminine bouillonnante, issue elle aussi de La Jérusalem délivrée, vient donc s’ajouter à celles que nous avons précédemment découvertes.

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Après Lully, l’ensemble Il Caravaggio nous proposera un nouvel intermède : un chant béarnais d’une jeune fille de quinze ans, qui nous parle aussi d’amour, non pas dans le registre mythologique, mais avec toute la simplicité de la chanson populaire. Puis nous découvrirons la dernière grande figure féminine de ce programme, celle de Lucrèce, dans une cantate de Michel Pignolet de Monteclair.

Montéclair est un important compositeur du début du XVIIIe siècle, même si on connaît mal sa biographie. On sait qu’il s’appelait Michel Pignolet, qu’il a débuté comme enfant de chœur à la cathédrale de Langres, avant d’arriver à Paris vers 1687 et d’ajouter le sobriquet « Montéclair » à son patronyme.

Il a publié nombre d’ouvrages pédagogiques, comme une Nouvelle méthode pour apprendre la musique (1709) ; puis il est devenu Maître de la Musique de Charles-Henri de Lorraine, gouverneur du Milanais qu'il accompagna probablement en Italie. Il semble qu’il ait ramené de ces voyages une contrebasse et introduit cet instrument dans l’orchestre de l’opéra. Il est également proche de François Couperin et, comme lui, prône la réunion du goût français et du goût italien. Il connaît un grand succès avec son opéra-ballet Les Fêtes de l’Été mais aussi avec son opéra biblique Jephté, créé en 1732, un des plus joués du XVIIIe siècle. Enfin il a composé près de 24 cantates françaises, ce genre en vogue au début du XVIIe siècle, et dont relève La Mort de Lucrèce,.

La morte di Lucretia est une cantate profane en langue italienne pour soprano, deux violons et basse continue, dont le librettiste est inconnu. L’influence musicale italienne y apparaît notamment dans certains effets instrumentaux et vocaux censés souligner l'itinéraire douloureux de la passion amoureuse : en l’occurrence, celle de Lucrèce, qui se suicida après avoir été violée par Sextus Tarquin, fils du septième et dernier roi de Rome Tarquin le Superbe – et dont le suicide aurait eu pour conséquence le passage à la république

Enfin ce programme se refermera sur un duo joyeux, comme l’indique son titre « Nos esprits libres et contents », une pièce anonyme du début du XVIIe siècle. Elle appartient au genre des airs de cour très prisés sous les règnes d’Henri IV et de Louis XIII, et fut notamment chanté au cours du Ballet de la reine en 1609.

Benoît Duteurtre

Programme

Louis-Antoine Dornel (1680-1757)

Le Tombeau de Clorinde, cantate pour une basse-taille et un dessus de violon

Mademoiselle Duval (1718 - c. 1775)

Suite imaginaire

Beatriz de die  (vers 1140-après 1175) 

A chantar m'er de so qu'ieu non volria

Elisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729)

Céphale et Procris, airs et danses

Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

Les amours déguisés “Plainte d’Armide”

Anonyme

Une fillette de quinze ans

Michel Pignolet de Montéclair (1667-1737)

La Morte di Lucretia

Antoine Boesset (1586-1643)

Nos esprits libres et contents

Interprètes
  • Il Caravaggio
    • Victoire Bunel mezzo-soprano
    • Guilhem Worms basse-baryton
    • Roxana Rastegar, Lucien Pagnon violon
    • Benjamin Narvey théorbe
    • Ronald Martin Alonso viole de gambe
    • Camille Delaforge clavecin et direction

Ce concert a fait l'objet d'un compte-rendu sur le site Olyrix : lire l'article

Photo Il Caravaggio Charles Plumeyx600Il Caravaggio

L'Ensemble Il Caravaggio est un orchestre sur instruments d’époque fondé en 2017 par Camille Delaforge. Il explore les répertoires lyriques français et italien en faisant émerger des répertoires inédits de toutes les époques musicales.
Attaché à créer des passerelles entre le répertoire connu et les oeuvres inédites ou à explorer la porosité entre musique savante et musique populaire, Il Caravaggio fonde son engagement artistique sur le travail de proximité avec le public notamment grâce à un travail sur les formes musicales de l’intime (musique populaire, opéra de salon), et la transmission d'émotions musicales par delà les genres à travers une théâtralité prédominante. Il Caravaggio parie sur la recherche de répertoires inédits de haute tenue artistique, le talent de jeunes chanteurs lyriques et l'interprétation sur instruments anciens.
A côté de grandes oeuvres du répertoire Vivaldien par exemple dont il n’hésite cependant pas à requestionner l’approche, Il Caravaggio s’attache à bâtir des programmes originaux comme un opéra de Mademoiselle Duval, des extraits de Céphale et Procris d’Elisabeth Jacquet de la Guerre, un opéra de Pauline Viardot, des oeuvres sacrées de Brossard ou d’Isabella Leonarda.
En résidence au Centre de Musique Baroque de Versailles et au Festival de Sablé, Il Caravaggio se produit régulièrement dans de nombreux festivals français et étranger (Festival de Sablé, Festival Radio France (Montpellier), Potager du Roi (Versailles), Oude Musiek Festival (Utrecht), Festival Rosa Bonheur, Festival Agapé (Genève), Festival Labyrinthe en Rouergue, Concerts Saint-Germain, etc).
Il Caravaggio a enregistré son premier disque Madonna della Grazia pour le label Klarthe (2021). Son album a été distingué en France et à l’étranger (Supersonic du magazine Pizzicato, Première Loge, ODB Opéra, Anaclase, Classica, Wanderer, Concertclassic.com, Classique c’est cool, Zibeline, RCF, disque du jour/France Musique, l’ingénieur constructeur, On-Mag, Concerto-net, France Musique/En pistes). La même année paraît pour le label Château de Versailles Spectacles, un disque consacré aux Offertoires pour orgue et sonates en trio de Dandrieu, enregistré à la Chapelle Royale.

L’ensemble Il Caravaggio est aidé par la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, ainsi que par la Caisse des Dépôts.

L'ensemble est en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2021.


@ Charles Plumey

Camille Delaforge clavecin et direction

Claviériste, cheffe de chant et cheffe d’orchestre, Camille Delaforge débute son apprentissage artistique par la danse et le piano et se découvre, à travers les pratiques d’improvisations et la pratique du clavecin, une passion pour la musique ancienne. Elle se forme au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Paris et se spécialise rapidement dans les répertoires vocaux par le biais de la direction d’orchestre, du travail de chef de chant et en pratiquant le répertoire de lied et de mélodie en récital avec des chanteurs.
Elle collabore de nombreuses années avec de nombreux ensembles tels Le Poème Harmonique, Le Concert de la Loge et Orfeo 55 et se produit entre autre, à la Chapelle Royale de Versailles, au Théâtre des Champs Elysées, au Zariadye Hall de Moscou, à la Philipszaal à la Haye, au Wigmore Hall de Londres, au Salzburger Festspiele, au Victoria Hall de Genève, avec des programmes tels Les leçons de Ténèbres de Couperin ainsi que Heroes from the shadows, Prima donna et Quella fiamma, enregistrés chez Erato et Warner Music. En tant que chef de chant, elle a participé à la production Raoul de Barbe-Bleue, de Grétry, auprès du Centre de Musique Baroque de Versailles et a été cheffe assistante sur deux productions lyriques lors de la saison 2019/2020 : Coronis de Sebastián Durón à l’Opéra de Caen et Cadmus et Hermione de Jean-Baptiste Lully à l’Opéra Royal de Versailles. Elle a également été invitée à travailler auprès de plusieurs orchestres, notamment l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg et l’Orchestre de Cannes, lorsque ceux-ci abordent le répertoire baroque.
Camille Delaforge fonde en 2017 l’Ensemble Il Caravaggio qui devient rapidement un nouvel acteur du paysage baroque français. Salué par la critique en France et à l’étranger à travers son premier disque « Madonna della Grazia », un disque dédié à la musique savante et populaire en Italie au 17ème siècle paru chez Klarthe Record, Il Caravaggio est attaché à défendre les répertoires lyriques français et italiens sur instruments d’époque. L’ensemble se distingue rapidement par sa facilité à faire émerger des répertoires inédits et recherche, en travaillant sur la théâtralité de ses concerts à réunir la musique classique à la notion de musique populaire. En résidence en Centre de Musique Baroque de Versailles et au Festival de Sablé, l’ensemble crée sous sa ligne directrice des opéras ou extraits d’opéra de Mademoiselle Duval et Elisabeth Jacquet de la Guerre et donnera pour sa saison 2022, un opéra de Pauline Viardot. Passionnée par la voix, Camille Delaforge concoure à faire émerger de jeunes chanteurs lyriques et se produit, aux côtés de son ensemble au Festival de Sablé, Festival Radio France (Montpellier), Potager du Roi (Versailles) au Oude Musiek Festival (Utrecht), au festival Rosa Bonheur, Festival Agapé (Genève), etc.
Éclectique dans ses projets musicaux, Camille Delaforge fonde le Duo Wasserfall avec le baryton-basse français Guilhem Worms, avec lequel elle développe plusieurs programmes de musique de chambre au clavecin et au piano tels Mozart et Salieri (piano 4 mains avec Karolos Zouganelis), La Dame de mes Songes (répertoire franco-espagnol du 20ème), Près de mon coeur (mélodies françaises).
Elle enregistre pour les labels Warner, Klarthe, Versailles Spectacles, Alpha. Plusieurs disques sont en préparation pour sa saison 2022.
Soucieuse de développer des échanges socio-culturels par l’enseignement de la musique, elle organise des projets humanitaires. Dans ce cadre elle a enseigné aux enfants les plus défavorisés en Equateur lors de l’été 2015 et continue de développer des projets de médiations culturelles dans le cadre de son ensemble (Rosa Musica, un concert pour les publics empêchés - 2021).

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