Verlaine
Interprètes
- Philippe Jaroussky contre-ténor
- Jérôme Ducros piano
Quatuor Ébène
- Pierre Colombet & Gabriel Le Magadure violon
- Mathieu Herzog alto
- Raphaël Merlin violoncelle
Biographies
Philippe Jaroussky contre-ténor
Philippe Jaroussky est artiste associé en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2011.
Âgé d’un peu plus de 30 ans, le contre-ténor Philippe Jaroussky a déjà conquis une place prééminente dans le paysage musical international, comme l’ont confirmé les Victoires de la Musique ("Révélation artiste lyrique" en 2004 puis "artiste lyrique de l’année" en 2007 et 2010) et, récemment, les prestigieux Echo Klassik Awards en Allemagne, lors de la cérémonie 2008 à Munich (chanteur de l’année) puis celle 2009 à Dresde (avec L’Arpeggiata).
Avec une maîtrise technique qui lui permet les nuances les plus audacieuses et les pyrotechnies les plus périlleuses, Philippe Jaroussky a investi un répertoire extrêmement large dans le domaine baroque, des raffinements du Seicento italien avec des compositeurs tels que Monteverdi, Sances ou Rossi jusqu’à la virtuosité étourdissante des Händel ou autres Vivaldi, ce dernier étant sans doute le compositeur qu’il a le plus fréquemment servi ces dernières années. Il a très récemment abordé la période préclassique, avec l’œuvre de Johann Christian Bach en compagnie du Cercle de l’Harmonie. Philippe Jaroussky a aussi exploré les mélodies françaises accompagné du pianiste Jérôme Ducros et dans les plus grandes salles d’Europe et lors d’une vaste tournée au Japon. Le domaine contemporain prend une place croissante, avec la création d’un cycle de mélodies composées par Marc André Dalbavie sur des sonnets de Louise Labbé, avec l’Orchestre National de Lyon dirigé par Thierry Fischer (reprise en 2010 avec l’Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach). En 2012, il créera le rôle-titre de Caravaggio, opéra de Suzanne Giraud sur un livret de Dominique Fernandez, dans plusieurs prestigieuses maisons européennes.
Philippe Jaroussky a été sollicité par les meilleures formations baroques actuelles telles que le Concerto Köln, l’Ensemble Matheus, Les Arts Florissants, Les Musiciens du Louvre-Grenoble, Le Concert d’Astrée, L’Arpeggiata, Le Cercle de l’Harmonie, Europa Galante, Australian Brandenburg Orchestra ,I Barrochisti, Freiburger Barockorchester, Appolo’s Fire, Anima Eterna ou encore le Venice Baroque Orchestra.
Il a été acclamé dans les festivals et salles les plus prestigieuses aussi bien en qu’à l’étranger.
En 2002, il a fondé l’Ensemble Artaserse, qui se produit partout en Europe.
Détenteur d’une discographie déjà impressionnante, Philippe Jaroussky a aussi pris une part importante dans l’Edition Vivaldi de Naïve aux côtés de Jean-Christophe Spinosi et l’Ensemble Matheus. Depuis plusieurs années, Philippe Jaroussky entretient, pour ses disques-récitals, des relations très étroites avec Virgin Classics, son label exclusif, pour lequel il a signé des disques qui ont tous reçu de nombreuses distinctions.
Signalons l’album Heroes (airs d’opéras de Vivaldi) avec l’Ensemble Matheus – Disque d’Or en 2007, récompensé par un Diapason d’Or, un 10 de Classica-Répertoire, Choc du Monde de la Musique, Gramophone Award, Timbre de Platine d’Opéra International etc.
Le CD Hommage à Carestini a été élu disque de l’année aux Victoires de la Musique 2008 et au Midem Classical Awards en 2009 et a reçu le 10 de Classica-Répertoire ainsi que le Timbre de Diamant d’Opéra Magazine.
Le disque Opium, consacré à la mélodie française et avec le pianiste Jérôme Ducros, a rencontré le même succès.
Dans ces deux derniers disques, Philippe Jaroussky a fait redécouvrir des compositeurs peu enregistrés, Johann Christian Bach avec Le Cercle de l’Harmonie dirigé par Jérémy Rhorer, sorti début novembre 2009, et Antonio Caldara avec le Concerto Köln dirigé par Emmanuelle Haïm, sorti en novembre 2010.
En juin 2011, Philippe Jaroussky a fait ses débuts scéniques aux Etats Unis. Il a tenu le rôle titre de l’opéra Niobe d’Agostino Steffani à Boston et Great Barrington. Il est retourné ensuite aux Etats Unis pour une tournée de concerts dans des festivals et séries prestigieuses (Los Angeles, Berkeley, Duke University, Boston, Ann Arbor…)
En 2012, Philippe Jaroussky a participé aux côtés de Cecilia Bartoli au Festival de Salzburg pour la production de Giulio Cesare. Dans la foulée, Cecilia l’a invité à enregistrer des duos d’Agostino Steffani dans son disque Mission.
En 2013-2014, Philippe Jaroussky aux côtés du Venice Baroque Orchestra et d'Andrea Marcon fait tournée exceptionnelle avec des concerts à Paris au théâtre des Champs Elysées, au festival d’Ambronay, au Svetlanov Hall de Moscou, à la Philharmonie de Berlin, au Alte Oper de Francfort, au Liederhalle de Stuttgart, au Prinzregentheater de Munich, à la Philharmonie du Luxemburg, au Bozar de Bruxelles, à l’Auditorio Nacional de Madrid et au Teatro de Liceu de Barcelone. Ils ont donné des concerts aux Etats-Unis, au Japon, en Corée, à Taiwan et Hong Kong.
Philippe Jaroussky a collaboré en 2014 avec l’orchestre Orfeo 55, sous la direction de Nathalie Stutzmann et retrouvé l’ensemble I Barocchisti et son chef Diego Fasolis pour une tournée du Stabat Mater de Pergolese au côté de la soprano Julia Lezhneva.
Philippe Jaroussky est le parrain de l’Association IRIS qui représente les patients atteints de déficits immunitaires primitifs.
Jérôme Ducros piano
Jérôme Ducros, né en 1974, étudie le piano avec Françoise Thinat, puis avec Gérard Frémy et Cyril Huvé au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Il rencontre également Léon Fleisher, Gyorgy Sebök, Davitt Moroney, Christian Zacharias. En 1994 a lieu à la Scala de Milan le premier concours international de piano Umberto Micheli, organisé par Maurizio Pollini qui siège au jury présidé par Luciano Berio. Jérôme Ducros y obtient le deuxième prix, ainsi que le prix spécial pour la meilleure interprétation de la pièce imposée (Incises de Pierre Boulez).
Depuis lors, les concerts se succèdent : au festival de Montpellier, à l'Orangerie de Sceaux, à la Roque d'Anthéron, au festival de Pâques de Deauville, au théâtre du Châtelet, au théâtre des Champs-Élysées, salle Pleyel, à Radio-France où il fait de nombreuses apparitions, au Concertgebouw d’Amsterdam, ainsi qu'à Londres, Genève, Rome, Berlin, New York, Tokyo... On a pu l'entendre en soliste aux côtés d'orchestres tels que la Philharmonie de chambre de Paris, l'orchestre national de Lyon, l’orchestre de chambre de Lausanne, l’orchestre national de Lille, l’Ensemble orchestral de Paris, l’Orchestre français des Jeunes ou le Rotterdam Philharmonic Orchestra, dirigés par Alain Altinoglu, Paul Meyer, Emmanuel Krivine, Marc Minkowsky, Christopher Hogwood…
Très attaché à la musique de chambre, il joue entre autres aux côtés d'Augustin Dumay, Michel Portal, Michel Dalberto, Nicholas Angelich, Paul Meyer, Gérard Caussé, Tabea Zimmermann, Jean-Guihen Queyras, Henri Demarquette, Renaud et Gautier Capuçon, le Quatuor Ébène, ou Jérôme Pernoo. En 2007, il joue en duo aux « Victoires de la musique » avec Maxim Vengerov. Il s’est produit avec la soprano Dawn Upshaw à Londres, New York, Salzbourg et au théâtre des Champs-Élysées où leur concert est enregistré par Erato.
Depuis 2007, il donne régulièrement des concerts sur les plus grandes scènes du monde avec Philippe Jaroussky. En 2001, il enregistre sa transcription de la Fantaisie pour piano à quatre mains de Schubert. Le disque est récompensé par un Diapason d’Or de l’année. Parallèlement à son activité de pianiste, il est compositeur. Son Trio pour deux violoncelles et piano est édité chez Billaudot, dans la collection de Gautier Capuçon.
Discographie récente : Capriccio avec Renaud Capuçon ; Opium, mélodies françaises avec Philippe Jaroussky ; Ballade et Fantaisie de Fauré avec l’Orchestre de Bretagne ; Sonates de Beethoven avec Jérôme Pernoo.
Quatuor Ébène
- Pierre Colombet & Gabriel Le Magadure violon
- Mathieu Herzog alto
- Raphaël Merlin violoncelle
Le quatuor Ébène est artiste associé en résidence à la Fondation Singer-Polignac depuis 2012.
Après des études dans la classe du quatuor Ysaÿe à Paris puis auprès de maîtres tel que Gábor Takács, Eberhard Feltz et György Kurtág, la formation, fondée en 1999, fait fureur en 2004 lors du concours international de l’ARD à Munich où elle obtient le 1er prix ainsi que cinq prix spéciaux. En 2005, le quatuor a été lauréat du prix Belmont de la fondation Forberg-Schneider restée, depuis, étroitement liée aux musiciens. Cette fondation a réussi à leur procurer de merveilleux instruments anciens, italiens, qui ont été mis à leur disposition par un particulier.
D’excellente jeune formation, le quatuor Ebène est passé au rang de quatuor de premier plan international: En 2006 le quatuor a été sélectionné par le programme BBC New Generation Artists, et en 2007 lauréat de la Borletti-Buitoni Trust. Ils sont depuis la même année résidents à la fondation Singer-Polignac. Un premier disque, enregistré en live, d’oeuvres de Haydn qui reçut l’éloge de la critique internationale, avant que n’en sorte un second, à nouveau acclamé unanimement, consacré à Bartók. En 2007/2008 le quatuor est invité dans les salles les plus prestigieuses d’Europe, du Japon et des Etats-Unis ; ils se sont entre autres produits au Wigmore Hall Londres, au Concertgebouw d’Amsterdam, à la Philharmonie de Berlin, au Carnegie Hall de New York et ont participé en 2009 à un cycle Haydn du Wigmore Hall de Londres, avec les quatuors Hagen, Emerson et Arcanto.
2009 marque également le début d’une collaboration avec le label Virgin Classics : le disque Debussy/Ravel/Fauré, récompensé par l’ECHOclassik, le ffff de Télérama, le choc du monde la musique, le Midem Classic Award et surtout une des récompenses les plus convoitées : « Record Of The Year » du magazine Gramophon. S’ensuit un album Brahms avec la pianiste Akiko Yamamoto, où là encore le quatuor montre sa capacité à jouer sur tous les tableaux. Quelques mois plus tard, le quatuor est nommé „Ensemble de l’Année“ aux Victoires de la musique.
L’année 2014 verra la parution d’un album de musique sud-américaine avec comme invités principaux Stacey Kent et Bernard Lavilliers. Le quatuor Ebène, grâce à des arrangements toujours inventifs, y démontre sa capacité à voyager entre les différents mondes musicaux.
Mais les oeuvres fondamentales du répertoire classique demeurent au premier plan de l’actualité des quatre musiciens avec l’enregistrement prochain des quatuors opus 131 et 132 de Beethoven. Fidèle au festival de Pâques depuis son origine et souvent associé à des jeunes collègues dans toutes les formations de la musique de chambre et jusqu’à l’orchestre, le quatuor Ebène avec sa maturité et sa générosité habituelle y laisse chaque fois une empreinte féconde.
Lettre de Gabriel Fauré à Winnaretta Singer, princesse de Polignac, 29 janvier 1891.
Vers le 29 janvier 1891
Chère Princesse,
Je suis très peiné de vous savoir encore souffrante et je vous supplie d’avoir la patience de bien vous soigner.
Malheureusement les fêtes pour le mariage de votre frère1 vont vous occasionner des fatigues et, peut-être, vous faire faire des imprudences dont il faudrait pourtant bien vous garder. Ayez de la sagesse et pensez un peu à tous ceux qui pensent beaucoup à vous ! Ici nous sommes encore sous la bien pénible impression de l’événement que vous savez, si imprévu, si triste. Notre pauvre Mme Baugnies a été courageuse et énergique comme peuvent l’être les femmes dans certaines circonstances. Mais la fatigue morale et physique l’emporte maintenant. Sa petite figure si tirée, si maigre fait peine à voir !
Les qualités dont vous me parliez un jour et que vous avez si bien comprises, son intelligence, sa bravoure, et son esprit si ordonné à côté de son imagination, vont lui être maintenant bien utiles ! Heureusement ses fils sont-ils également bien doués et peut-on espérer que les difficultés ne lui viendront pas de ce côté.
Mille choses m’ont empêché de vous écrire depuis huit jours. Dans notre petit chez nous le souci d’Emmanuel est un peu moindre depuis lundi ou mardi : la fin de la dernière semaine nous avait apporté quelques nouveaux ennuis : mais tout semble bien mieux marcher de ce côté.
Donc je l’ai vu, ce Verlaine ! et je l’ai vu deux fois, car je suis retourné à son triste hôpital St Antoine, hier.
Quel singulier, étrange, incompréhensible personnage !
Comment une créature humaine, si merveilleusement douée, peut-elle se complaire dans ce perpétuel aller et retour entre la brasserie et l’hospice ! Où trouve t-il la philosophie d’accepter, de trouver tout naturel de vivre dans cette fade odeur de maladies et de remèdes, lit à lit avec des quelconques qui doivent lui être de faible ressource pour causer, dans la malpropreté écoeurante de ses draps et de son linge, sous le pénible règlement qui ne lui permet de recevoir d’amicales visites que deux fois par semaine, qui lui interdit la lampe ou la bougie et le tient dans le tremblotement d’une veilleuse depuis le crépuscule jusqu’au jour ! Quelles longues nuits !
Au physique la laideur même avec, cependant, beaucoup de douceur et de rare lumière dans de petits yeux bridés, chinois, enfoncés ; une physionomie d’enfant sur une vieille figure.
Pour vous divertir, comme malade, j’ai fait pour vous deux portraits de lui que je vous envoie. Ce sont les premiers, à peu près, que je fais !
Peut être trouverez vous que lui ai donné surtout l’air canaille !!
J’espère que cela vous fera rire une demie-seconde et c’est tout ce que je désire !
Pour ce qui nous intéresse, et moi si vivement, il m’avait promis à ma première visite de travailler immédiatement : mais hier il n’avait encore rien fait ni rien décidé de ce qu’il ferait. Je lui ai apporté 100 frs espérant que ça le mettrait en train ! Il a paru fort content et m’a demandé de lui envoyer quelques livres de Dickens, en anglais, ce que je vais faire.
En somme, mes visites ne paraissaient pas lui déplaire et j’espère bien que nous en tirerons le chef-d’oeuvre rêvé, s’il est encore susceptible de chef-d’oeuvre ! Dans tous les cas il m’a bien assuré, hier-encore, que le projet le charmait, qu’il y prenait un réel intérêt et qu’il vous était très reconnaissant de vouloir bien lui laisser toute latitude pour le sujet et la manière de le traiter.
J’ai vu un instant lundi Mme de Monteynard2 rue des Bassins : nous avons bien parlé de vous, mais, sans vous la Ligue ne parvient pas à se réunir !
Ce soir je dînerai rue Flachat et sans vous aussi, hélas ! A bientôt, chère Princesse, je voudrais bien vite savoir que vous allez mieux. Permettez-moi de vous assurer encore de toute ma reconnaissance et de mon dévouement très affectueux
Gabriel Fauré
Vous avez dû, n’est-ce-pas, trouver 2 lettres de moi en arrivant à Paignton ? A moins qu’une soit égarée, ce qui n’est pas important.