Ensemble Messiaen

Publié dans Ateliers 2014-2015

Programme

Belà Bartók (1881-1945)

Contrastes pour violon, clarinette et piano Sz.111 (1938)

  • Verbunkos (chant de recrutement)
  • Pihenő (repos)
  • Sebes (danse vive)

Olivier Messiaen (1908-1992)

Quatuor pour la fin du temps pour piano, clarinette, violon et violoncelle (1940-1941)

Invitation à la première audition du Quatuor pour la fin du temps le 15 janvier 1941

Préface d’Olivier Messiaen au Quatuor pour la fin du temps (1941)

"Je vis un ange plein de force, descendant du ciel, revêtu d’une nuée, ayant un arc-en-ciel sur la tête. Son visage était comme le soleil, ses pieds comme des colonnes de feu. Il posa son pied droit sur la mer, son pied gauche sur la terre, et, se tenant debout sur la mer et sur la terre, il leva la main vers le Ciel et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, disant : Il n’y aura plus de Temps ; mais au jour de la trompette du septième ange, le mystère de Dieu se consommera.”

(Apocalypse de Saint Jean, chapitre X)

Conçu et écrit pendant ma captivité, le Quatuor pour la fin du Temps fut donné en première audition au Stalag VIII A le 15 janvier 1941, par Jean Le Boulaire (violoniste), Henri Akoka (clarinettiste), Etienne Pasquier (violoncelliste), et moi-même au piano. Il a été directement inspiré par cette citation de l’Apocalypse. Son langage musical est essentiellement immatériel, spirituel, catholique. Des modes, réalisant mélodiquement et harmoniquement une sorte d’ubiquité tonale, y rapprochant l’auditeur de l’éternité dans l’espace ou infini. Des rythmes spéciaux, hors de toute mesure, y contribuent puissamment à éloigner le temporel. (Tout ceci restant essai et balbutiement, si l’on songe à la grandeur écrasante du sujet !) Ce "Quatuor" comporte 8 mouvements. Pourquoi ? Sept est le nombre parfait, la création de 6 jours sanctifiée par le sabbat divin ; le 7 de ce repos se prolonge dans l’éternité et devient le 8 de la lumière indéfectible, de l’inaltérable paix.

1. Liturgie de cristal

Entre 3 et 4 heures du matin, le réveil des oiseaux : un merle ou un rossignol soliste improvise, entouré de poussières sonores, d’un halo de trilles perdus très haut dans les arbres. Transposez cela sur le plan religieux : vous aurez le silence harmonieux du ciel.

2. Vocalise, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps

La 1ère et 3e partie (très courtes) évoquent la puissance de cet ange fort, coiffé d’arc-en-ciel et revêtu de nuée, qui pose un pied sur la mer et un pied sur la terre. Le "milieu", ce sont les harmonies impalpables du ciel. Au piano, cascades douces d’accords bleu-orange, entourant de leur carillon lointain la mélopée quasi plain-chantesque des violon et violoncelle.

3. Abîme des oiseaux

Clarinette seule. L’abîme, c’est le Temps, avec ses tristesses, ses lassitudes. Les oiseaux, c’est le contraire du Temps ; c’est notre désir de lumière, d’étoiles, d’arc-en-ciel et de jubilantes vocalises !

4. Intermède

Scherzo, de caractère plus extérieur que les autres mouvements, mais rattaché à eux, cependant, par quelques "rappels" mélodiques.

5. Louange à l’Eternité de Jésus

Jésus est ici considéré en tant que Verbe. Une grande phrase, infiniment lente, du violoncelle, magnifie avec amour et révérence l’éternité de ce Verbe puissant et doux, "dont les années ne s’épuiseront point". Majestueusement, la mélodie s’étale, en une sorte de lointain tendre et souverain. "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu".

6. Danse de la fureur, pour les sept trompettes"

Rythmiquement, le morceau le plus caractéristique de la série. Les quatre instruments à l’unisson affectent des allures de gongs et trompettes (les six premières trompettes de l’Apocalypse suivies de catastrophes diverses, la trompette du septième ange annonçant consommation du mystère de Dieu). Emploi de la valeur ajoutée, des rythmes augmentés ou diminués, des rythmes non rétrogradables. Musique de pierre, formidable granit sonore ; irrésistible mouvement d’acier, d’énormes blocs de fureur pourpre, d’ivresse glacée. Ecoutez surtout le terrible fortissimo du thème par augmentation et changement de registre de ses différentes notes, vers la fin du morceau.

7. Fouillis d’arc-en-ciel, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps

Reviennent ici certains passages du second mouvement. L’Ange plein de force apparaît, et surtout l’arc-en-ciel qui le couvre (l’arc-enciel, symbole de paix, de sagesse, et de toute vibration lumineuse et sonore). – Dans mes rêves, j’entends et vois accords et mélodies classés, couleurs et formes connues ; puis, après ce stade transitoire, je passe dans l’irréel et subis avec extase un tournoiement, une compénétration giratoire de sons et couleurs surhumains. Ces épées de feu, ces coulées de lave bleu-orange, ces brusques étoiles : voilà le fouillis, voilà les arc-en-ciel !

8. Louange à l’Immortalité de Jésus

Largo solo de violon, faisant pendant au solo de violoncelle du 5e mouvement. Pourquoi cette 2e louange ? Elle s’adresse plus spécialement au second aspect de Jésus, à Jésus-Homme, au Verbe fait chair, ressuscité immortel pour nous communiquer sa vie. Elle est tout amour. Sa lente montée vers l’extrême-aigu, c’est l’ascension de l’homme vers son Dieu, de l’enfant de Dieu vers son Père, de la créature divinisée vers le Paradis.

Olivier Messiaen

Interprètes

Théo Fouchenneret piano

Raphaël Sévère clarinette

David Petrlik violon

Volodia van Keulen violoncelle


Vidéos

Biographies

Théo Fouchenneret piano

Théo Fouchenneret est né le 26 Février 1994 à Nice. Il débute ses études au Conservatoire à rayonnement régional de Nice à l'age de cinq ans dans la classe de Christine Gastaud.

Il participe aux Rencontres Musicales d’Arcachon et gagne le prix du public à onze ans.

Il obtient son prix de piano mention Très Bien à l’unanimité à treize ans.

Il intègre ensuite le Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe d’Alain Planès ou il obtient sa licence mention Très Bien. Il suit dorénavant l’enseignement d’Hortense Cartier-Bresson en master et celui de Yann Ollivo dans la classe d’accompagnement.

Théo Fouchenneret s’est déjà produit dans de nombreuses salles en France (UNESCO, Opéra de Nice, Opéra de Dijon…) et à l’étranger (Toppan Hall à Tokyo, Izumi Hall à Osaka…).

Il est également invité régulièrement dans des émissions de télévision et de radio (France3, France Musique, Mezzo…) notamment dans le cadre d’une intégrale de la musique de Chopin retransmise sur France 3, «Un été avec Chopin».

En octobre 2013, il remporte le 1er prix du concours international Gabriel Fauré.


Raphaël Sévère clarinette

Né le 15 septembre 1994 dans une famille de musiciens, Raphaël Sévère a fait ses études au Conservatoire de Nantes puis au Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il a été admis à l'âge de 14 ans. Il a obtenu son diplôme de master en juin 2013.

Vainqueur du concours de Tokyo à l’âge de 12 ans, nommé en 2009 Révélation soliste instrumental aux Victoires de la Musique à l’âge de 15 ans, il remporte en novembre 2013 le prestigieux concours des Young Concerts Artists International Auditions de New York, qui lui décerne le 1er Prix et huit prix spéciaux.

Raphaël Sévère a joué en soliste avec de nombreux orchestres français et étrangers dont le Sinfonia Varsovia, le Junge Sinfonie Berlin, l'Orchestre national philharmonique de Russie, l'Orchestre de chambre de Pologne, de Budapest, de Württemberg, le Hong Kong Sinfonietta.

En musique de chambre, il a pour partenaires les Quatuors Ebène, Modigliani, Prazák, Sine Nomine, Martha Argerich,Boris Berezovsky, Jean-Frédéric Neuburger,Gidon Kremer, David Grimal, Gérard Caussé, Gary Hoffman, Xavier Philips, François Salque.

Il se produit régulièrement avec le pianiste Adam Laloum et le violoncelliste Victor Julien-Laferrière avec qui il vient de faire paraitre un disque Brahms chez Mirare qui a obtenu le diapason d'or de Diapason et les ffff de Télérama. Est paru également en mai 2014 les Folksongs de Berio avec Nora Gubisch et Alain Altinoglu chez Naïve.

En octobre 2013, France Musique lui a confié une carte blanche où il a eu le privilège de réaliser la création mondiale de l’œuvre de Francis Poulenc Le voyageur sans bagage.


David Petrlik violon

David Petrlik débute le violon à l’âge de six ans avec le professeur Andrej Porcelan de Saint-Pétersbourg et continue sa formation au Conservatoire à rayonnement régional de Clermont-Ferrand dans la classe de Hélène Friberg-Chenot. Il est admis à 14 ans à l’unanimité au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe de Boris Garlitsky et d’Igor Volochine. Il poursuit également une formation de musique de chambre dans la classe de Itamar Golan et François Salque ainsi que dans celle de Marc Coppey. Il a bénéficié de l'enseignement de Vadim Repin, Vadim Gluzman et Pinchas Zukerman à l’occasion de Master Classes.

Parallèlement à ses études, David David Petrlik remporte plusieurs prix internationaux, un deuxième prix au concours Jasha Heifetz et au concours Ginette Neveu, avec, à deux reprises, le prix du public. Il vient d’obtenir le troisième prix au concours Rodolfo Lipizer, ainsi que le prix spécial pour la pièce virtuose. David est aussi lauréat de la bourse Huguet-Bourgeois de la Fondation de France.

David Petrlik s'est produit en tant que soliste avec le Prague Radio Symphony Orchestra, Kremerata Baltica, l’orchestre philarmonique classique de Bonn, l’orchestre d’Auvergne, l’orchestre philarmonique de Pardubice, l’orchestre philarmonique d’Olomouc et l’orchestre lyrique du Théâtre d’Avignon.

Il a joué également en musique de chambre avec des musiciens tels que Jean-Frédéric Neuburger, Eric le Sage, Boris Garlitsky, François Salque, Jonas Vitaud, Raphaël Sévère, Amaury Coeytaux, Thomas Hoppe, Vassily Sinaïsky, Théo Fouchenneret, Volodia Van Keulen, Laurent Martin et Guillaume Bellom.

Il joue actuellement sur un violon de Petrus Guarnerius de 1702 « ex Schubert » prêté par la Fondation Villa Musica Rheinland-Pfalz.


Volodia Van Keulen violoncelle

Volodia van Keulen commence l’étude du violoncelle à l’âge de sept ans au Conservatoire à rayonnement régional de Besançon. Il est admis à 17 ans au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et entre dans la classe de Roland Pidoux et de Xavier Phillips. La même année, il est sélectionné par Pieter Wispelwey pour participer à sa Masterclass avec orchestre au Festival international de violoncelle de Beauvais.

Volodia van Keulen s’est déjà produit en soliste ou avec diverses formations, notamment à l’Opéra-théâtre de Besançon, au théâtre du Châtelet ("concerts de l'improbable" présenté par Jean-François Zygel), à la salle Poirel de Nancy, à la cité de la musique de Paris, à la maison de la radio pour la création mondiale du Voyageur sans bagage de Francis Poulenc sur France Musique, au muséum impérial de Petropolis (Brésil), à la maladrerie St. Lazare (Beauvais), à Callian (festival «Cello fan»), au Château de Luneville,aux XXVèmes rencontres de violoncelles de Belaye dans le Lot.

Il est actuellement élève de Marc Coppey et Pauline Bartisol au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et joue un violoncelle de David Deroy fabriqué en 2010 à Vannes.