Histoire de la cécité et des aveugles
Introduction
Organisé par la Fondation Singer-Polignac, le Centre d’Histoire des Systèmes de Pensée Moderne (Université Paris I Panthéon-Sorbonne), la Fédération des aveugles et handicapés visuels de France et l’Institut national des jeunes aveugles, avec le soutien de la Mairie de Paris, de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, du Fonds Handicap et Société, du Groupement des Intellectuels Aveugles et Amblyopes, du Paul K. Longmore Institute on Disability (San Francisco State University), de Royal Holloway, (University of London), l’Università degli Studi di Catania (Dipartimento di Scienze umanistiche), et l'ISIT (Institut de management et de communication interculturels)
D’abord apparues en contexte anglo-saxon, les études sur le handicap se développent actuellement dans de nombreux autres pays, dont la France. L’association ALTER, fondée en 1989, est à l’origine d’une revue du même nom, ALTER European Journal of Disability Research/ Revue européenne de recherche sur le handicap, créée en 2007. En outre, trois chaires viennent d’être créées à la Maison des Sciences Sociales du Handicap : « Participation sociale et situations de handicap », « Social care : lien social et santé », « Handicap psychique et décision pour autrui ».
Le choix de se centrer sur la cécité s’enracine dans la conviction, que l’on pourrait qualifier d’empiriste, d’après laquelle les Disability Studies ne peuvent penser le concept de handicap dans toute sa généralité qu’à partir d’études portant sur la singularité des différents handicaps. En outre existe-t-il, à l’échelle mondiale, un nombre important de chercheurs qui ont déjà mené nombre d’études de grande ampleur sur la cécité et les aveugles. Aussi disposons-nous d’un matériau tout à fait considérable (ouvrages, articles, etc.), susceptible de faire émerger cet objet, et ces sujets de pensée que sont la cécité et les aveugles (catégorie incluant pour nous les malvoyants), dans toute leur complexité. Par là même, il est également d’ores et déjà possible de mener, au niveau international, des analyses comparatistes entre les travaux réalisés au cours de ces dernières décennies.
A la suite de Pierre Villey et de Pierre Henri, et dans la mouvance des travaux des historiens héritiers de l’École des Annales, ainsi que des travaux récents en disability history et en histoire culturelle, nous ferons des représentations – sociales, littéraires, philosophiques, artistiques – de la cécité, dans différentes cultures et à différentes époques de l’Histoire, le premier axe de notre colloque. Mais si, comme nous entendons le montrer, les représentations de la cécité pèsent effectivement sur le traitement social réservé aux personnes aveugles, ce traitement social, à différentes époques de l’Histoire, a pu agir à son tour sur les représentations individuelles et collectives de la cécité et des aveugles et les faire évoluer – ou pas... Aussi ferons-nous de l’histoire des institutions – d’hospitalité, de soins, d’éducation, d’entr’aide – dédiées aux personnes aveugles, dans différents pays et à différentes époques, le second axe de notre colloque. Enfin, pour qu’un travail de recherche puisse se poursuivre et se développer dans ce domaine de l’histoire, il faut pouvoir accéder aux archives et au patrimoine muséal, ce qui est à l’heure actuelle une question préoccupante : certains lieux de conservation ont été fermés au public et d’autres se trouvent dans une situation précaire. Il y a ainsi nécessité à faire le point sur cette question, résolument cruciale pour l’avenir de la recherche sur l’histoire de la cécité et des aveugles. D’où le troisième axe de notre colloque, consacré aux archives. De ce colloque, qui nous permettra de dresser un état des lieux de la recherche sur l’histoire sociale et culturelle de la cécité et des aveugles, et du patrimoine archivistique et muséal relatif à cette histoire, dans le monde, nous attendons ainsi qu’il donne une plus grande visibilité et une véritable légitimité à ce champ de recherche.
Programme
Jeudi 27 juin 2013
Allocutions de bienvenue par Yves POULIQUEN et Vincent MICHEL
Représentations sociales et culturelles de la cécité dans les sociétés pré-modernes / Pre-Modern Social and Cultural Representations of Blindness
Présidence : Henri-Jacques STIKER
Discutant : John O’BRIEN
- Le jeu des aveugles et du cochon par Olivier RICHARD, France
- Medieval Blindness and the Law : Visual impairment in canon law and civil jurisprudence, and as judicial consequence par Irina METZLER, Grande-Bretagne
- Acts of Seeing, Awareness and Salvation: Different Ways of Approaching Blindness in the Middle Ages par Bianca FROHNE, Allemagne
Représentations sociales et culturelles de la cécité à l’époque moderne et contemporaine / Modern and Contemporary Social and Cultural Representations of Blindness
Présidence : Alain CORBIN
Discutant : Pierre GAUDIN
- La beauté des aveugles. Heuristique et représentation de la cécité chez Diderot et Herder par Marion CHOTTIN, France
- Diderot. La cécité, critique d’une philosophie de l’évidence par Francine MARKOVITS, France
- Les aveugles en France au dix-neuvième siècle : un regard littéraire par Hannah THOMPSON, Grande-Bretagne
- "What a blind man saw at the International Exhibition": Visual Disability and Victorian Educational Entertainments par Vanessa WARNE, Canada
Vendredi 28 juin 2013
Institutions et faits sociaux au Proche et en Extrême-Orient / Institutions ans Society in the middle and far East
Présidence : Marie-Christine POUCHELLE
Discutant : Pieter VERSTRAETE
- L’éducation pour les aveugles dans le monde arabo-musulman d’Al-Azhar à Taha Hussein : éléments d’une histoire à écrire par Bruno RONFARD, Canada
- L'éducation des aveugles au Japon - considérations sur ses particularités et son universalité par Hiromi KISHI, Japon
- Representations of Blindness and Visual Disabilities in China: An Historical Overview par Steven L. RIEP, U.S.A.
- The Blind in Nineteenth-Century China par Tasing CHIU, Taïwan
Institutions et faits sociaux dans les sociétés occidentales / Institutions and Society in the West
Présidence : Maurice AYMARD
Discutant : Colin JONES
- Globalization, regionalisms and paths of knowledge: the first western projects of schools for the Blind par Maria ROMEIRAS, Portugal
- Institute for the Blind "Ardizzone Gioeni": 100 years of history, 100 years of light! (1911-2011) par Gianluca RAPISARDA, Italie
- Residential Schools for the Blind and the Limits of Resistance par Brian MILLER, U.S.A.
- L’écriture et le livre Braille en Pologne. Histoire et fonctions de la réadaptation par Malgorzata CZERWINSKA, Pologne
- Guide dogs for the blind : a transnational history par Monika BAÀR, Hongrie/Pays-Bas
- La Radio aux aveugles : Blindness, Listening, and the Politics of Radio in Interwar France par Rebecca SCALES, U.S.A.
Samedi 29 juin 2013
Quatre personnages de l’histoire des aveugles et des aveugles-sourds / Four Figures from the History of the Blind and the Deaf-Blind
Présidence : Catherine J. KUDLICK
Discutant : Georgina KLEEGE
- Un aveugle dans le Mezzogiorno d'Italie pendant la première moitié du XIXe siècle : Vincenzo Paternò Castello par Paolo MILITELLO , Italie
- Pierre Villey, Montaigne, et Le Monde des aveugles par John O’BRIEN, Grande-Bretagne
- Helen Keller and the History of Blindness par Kim E. NIELSEN, U.S.A.
- The Untold History of American Equality : Jacobus tenBroek, Blind People’s Politics, and Legal Rights, 1945-1954 par Felicia KORNBLUH, U.S.A.
Table-ronde / Round Table
Archives, bibliothèques, musées / Archives, Libraries, Museums
Présidence : Jean-Christophe COFFIN
Discutant: Bruno LIESEN
- Les archives, promesses d’avenir ou patrimoine embarrassant ? par Noëlle ROY, France
- Interweaving archival documents and museum objects from the history of blindness par Jan Eric OLSEN, Danemark
- Displaying nineteenth-century blindness par Heather TILLEY, Grande-Bretagne
- The thin line between removal, dispersion and conservation of an important historical collection of books, educational tools and (inter)national correspondence par Bart DEMUYNCK, Belgique
- Historical resources at Perkins School for the Blind par Jan SEYMOUR-FORD, U.S.A.
- The institute for the blind of Milan par Maria CANELLA, Italie
Synthèse et conclusion du colloque par Catherine J. KUDLICK, et Henri-Jacques STIKER
Présentations : (texte & vidéo)
Allocution de bienvenue par Yves POULIQUEN
Allocution de bienvenue par Vincent MICHEL
Introduction par Zina WEYGAND
Le jeu des aveugles et du cochon par Olivier RICHARD
Medieval Blindness and the Law : Visual impairment in canon law and civil jurisprudence, and as judicial consequence par Irina METZLER
Acts of Seeing, Awareness and Salvation: Different Ways of Approaching Blindness in the Middle Ages par Bianca FROHNE
From Orality to Literacy par Fikru Gebrekidan
NC
La beauté des aveugles. Heuristique et représentation de la cécité chez Diderot et Herder par Marion CHOTTIN
Diderot. La cécité, critique d’une philosophie de l’évidence par Francine MARKOVITS
Les aveugles en France au dix-neuvième siècle : un regard littéraire par Hannah THOMPSON
"What a blind man saw at the International Exhibition": Visual Disability and Victorian Educational Entertainments par Vanessa WARNE
L’éducation pour les aveugles dans le monde arabo-musulman d’Al-Azhar à Taha Hussein : éléments d’une histoire à écrire par Bruno RONFARD
L'éducation des aveugles au Japon - considérations sur ses particularités et son universalité par Hiromi KISHI
Representations of Blindness and Visual Disabilities in China: An Historical Overview par Steven L. RIEP
The Blind in Nineteenth-Century China par Tasing CHIU
Globalization, regionalisms and paths of knowledge: the first western projects of schools for the Blind par Maria ROMEIRAS
Institute for the Blind "Ardizzone Gioeni": 100 years of history, 100 years of light! (1911-2011) par Gianluca RAPISARDA
Residential Schools for the Blind and the Limits of Resistance par Brian MILLER
L’écriture et le livre Braille en Pologne. Histoire et fonctions de la réadaptation par Malgorzata CZERWINSKA
Guide dogs for the blind : a transnational history par Monika BAÀR
La Radio aux aveugles : Blindness, Listening, and the Politics of Radio in Interwar France par Rebecca SCALES
Un aveugle dans le Mezzogiorno d'Italie pendant la première moitié du XIXe siècle : Vincenzo Paternò Castello par Paolo MILITELLO
Pierre Villey, Montaigne, et Le Monde des aveugles par John O’BRIEN
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Helen Keller and the History of Blindness par Kim E. NIELSEN
The Untold History of American Equality : Jacobus tenBroek, Blind People’s Politics, and Legal Rights, 1945-1954 par Felicia KORNBLUH
Les archives, promesses d’avenir ou patrimoine embarrassant ? par Noëlle ROY
>Interweaving archival documents and museum objects from the history of blindness par Jan Eric OLSEN
Displaying nineteenth-century blindness par Heather TILLEY
The thin line between removal, dispersion and conservation of an important historical collection of books, educational tools and (inter)national correspondence
par Bart DEMUYNCK
Historical resources at Perkins School for the Blind par Jan SEYMOUR-FORD
The institute for the blind of Milan par Maria CANELLA
Synthèse et conclusion du colloque par Catherine J. KUDLICK, et Henri-Jacques STIKER
Biographies
Zina Weygand
Docteur en Histoire de l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne (1998), Habilitée à diriger des recherches en Histoire (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2007)
Zina Weygand est chercheur honoraire au Conservatoire national des arts et métiers (Laboratoire de recherche Brigitte Frybourg pour l’insertion sociale des personnes handicapées ; Centre d’Histoire des Techniques de l’Environnement ; Centre de Recherche sur le Travail et le Développement)
Elle poursuit depuis de nombreuses années des recherches sur l’histoire de la cécité et des aveugles, dans la mouvance d’Alain Corbin et des historiens français héritiers de l’Ecole des Annales. Ses travaux se sont ordonnés autour des thèmes suivants : histoire des représentations individuelles et collectives de la cécité et des institutions vouées aux personnes aveugles en France, et de leur interaction dans le temps ; histoire de la vicariance et des innovations techniques dans le domaine de la compensation du handicap visuel au 18e et au 19e siècles ; histoire de l’avènement du sujet aveugle de l’époque moderne au 20e siècle ; histoire de la sensibilité et du sentiment amoureux chez les personnes aveugles, au 19e et au 20e siècles.
Après un premier ouvrage : Les causes de la cécité et les soins oculaires en France au début du 19e siècle (1800-1815), publié en 1989 au C.T.N.E.R.H.I., elle a publié, en collaboration avec la Pr Catherine J. Kudlick : Reflections. The life and writings of a young blind woman in Post-revolutionary France. Thérèse-Adèle Husson (New York University Press, 2001), paru en français aux éditions Erès en 2004 : Thérèse-Adèle Husson. Une jeune aveugle dans la France du 19e siècle. En 2003, elle a publié aux éditions Créaphis : Vivre sans voir. Les aveugles dans la société française du Moyen Age au siècle de Louis Braille, avec une préface d’Alain Corbin. (Réédition chez Créaphis, « Collection poche », en mars 2013). La traduction anglo-américaine de cet ouvrage : The blind in French society from the Middle Ages to the century of Louis Braille, est parue en août 2009 à Stanford University Press, et la traduction japonaise, en avril 2013, aux éditions Fujiwara Shoten.
Enfin elle a publié, en collaboration avec M. Bruno Ronfard, l’édition critique des souvenirs de Suzanne Taha Hussein : Avec toi. De la France à l’Egypte : « Un extraordinaire amour » Suzanne et Taha Hussein, parue en octobre 2011 aux éditions du Cerf.
Zina Weygand a également collaboré à une douzaine d’ouvrages collectifs et a publié de nombreux articles ; elle intervient régulièrement dans des colloques, en France et à l’étranger.
Elle a obtenu en 1989 le prix de la Société Francophone d’Histoire de l’Ophtalmologie et en 2000 le premier prix ex-aequo de la Société Française d’Histoire des Hôpitaux.
Jean SALEM
Jean SALEM, agrégé, docteur et habilité à diriger des recherches en Philosophie, a également suivi des études en Économie, en Histoire, en Sciences politiques, en Anglais, en Littérature française, ainsi qu’en Art et archéologie. Il a reçu le Prix des Études grecques en 1996. Lauréat de l’Académie française (2000), il est Professeur d’Histoire de la Philosophie à l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne. Directeur du Centre d’Histoire des Systèmes de Pensée Moderne, il a longtemps animé un Séminaire d’Histoire du Matérialisme. Il anime désormais, avec Isabelle Garo et Jean-Numa Ducange, le Séminaire « Marx au XXIe siècle : l’esprit et la lettre’»
Il a publié une trentaine d’ouvrages. Ses principaux travaux de recherche (publiés chez Vrin, Hachette, Encre Marine, Kimé, au Seuil, etc.) portent sur la philosophie des atomes et sur la pensée du plaisir. Concernant la philosophie de Démocrite d’Abdère, Jean Salem s’est efforcé de réunir et d’organiser les membra disjecta de cette pensée qu’il tient pour fondatrice du matérialisme philosophique. Concernant Épicure et Lucrèce, il a étudié les fondements de la doctrine que l’on enseignait au Jardin, en s’attachant par-dessus tout à restituer le sens d’une éthique qui a osé proclamer que le souverain bien réside dans la volupté. Aussi ne manque-t-il pas de s’intéresser par surcroît à l’hédonisme bien moins serein qui fut celui des faux épicuriens, celui des voluptueux inquiets, celui d’un Maupassant notamment. Des livres plus personnels (parus chez Bordas, Michalon, etc.) entremêlent philosophie générale, promenades érudites et interventions politiques.
...Jean SALEM a publié par ailleurs une Introduction à la logique formelle et symbolique (Nathan). Il a aussi consacré diverses études à Giorgio Vasari, à Ludwig Feuerbach, à V. I. Lénine, etc. Il a édité des textes d’auteurs anciens (Plutarque, Hippocrate), et rédigé plusieurs manuels destinés aux lycéens et aux étudiants en philosophie (Nathan, Albin Michel, Bordas).
Vincent Michel
Vincent Michel, marié et père de 4 filles est né le 6 novembre 1950 dans une famille de vignerons de la vallée du Rhône. Aveugle de naissance et atteint d’une amaurose congénitale de leber, une maladie génétique grave de la rétine, c’est le dernier d’une fratrie de huit enfants (dont trois sont également aveugles).
Titulaire du baccalauréat puis d’une maîtrise d’Histoire à l’Université de Montpellier, il consacre sa thèse à “la viticulture en Bas-Languedoc de 1931 à nos jours : de la crise économique à la question régionale”, pour laquelle il se voit décerner une mention “Très Bien” avec les félicitations du jury.
Engagé dans le mouvement associatif à Montpellier, il entre à la Mairie de Montpellier en 1981 aux côtés du Maire, Georges Frêche, pour s’occuper d’un service dédié aux personnes handicapées.
En 1987, il prend la direction de la branche action sociale au sein du centre communal d’action sociale de la ville où il reste 14 ans. Il achève sa carrière professionnelle comme directeur territorial au Conseil général de l’Hérault avant de prendre sa retraite en juin 2008.
Depuis 2008, il préside la Fédération des Aveugles et Handicapés Visuels de France, fondée en 1917.
Henri-Jacques Stiker
HDR (Anthropologie historique de l'infirmité), laboratoire "Identités, cultures, territoires", Université Denis Diderot, Paris VII, A été invité dans le cadre des conférences complémentaires, durant trois années (1996-1999) à l'EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales) Rédacteur en chef de la revue ALTER, European Journal of Disability Research, Revue européenne de recherche sur le handicap (Publiée par Elsevier-Masson)
LIVRES
Auteur seul :
- Culture brisée, culture à naître, Paris, Aubier, 1979.
- Ergonomie et handicaps moteur, CTNERHI, 1988.
- Corps infirmes et sociétés, Essais d’anthropologie historique Aubier, 1982 ; Dunod, 1997, 2005. Traduction : Michigan University Press, A history of disability 1999.
- Pour le débat démocratique, la question du handicap, CTNERHI, 2000.
- Les fables peintes du corps abîmé, Les images de l’infirmité du XVIè au XXè siècle, Paris, Éditions du Cerf, 2006.
- Les métamorphoses du handicap, de 1970 à nos jours, Soi-même, avec les autres, Grenoble ; PUG, 2009
- Handicap et accompagnement, nouvelles attentes, nouvelles pratiques, avec José Puig et Olivier Huet, Paris, Dunod, 2009.
En collaboration :
- L'homme réparé, artifices, victoires, défis, en col. avec Louis Avan et Michel Fardeau., Paris, Gallimard, 1988.
- Handicap et Inadaptation. Fragments pour une histoire. Notions et acteurs, Paris, Alter, en col. avec Catherine Barral et Monique Vial, 1996.
- L'insertion professionnelle des personnes handicapées en France, Desclées de Brouwer, en codirection avec Alain Blanc, 1997.
- ESPRIT, La place des personnes handicapées, N° 12, 1999.
- Sourds et aveugles au début du XXè siècle, autour de Gustave Baguer, en col. avec Monique Vial et Joëlle Plaisance, CTNERHI, 2000.
- L'institution du handicap, le rôle des associations, Presses Universitaires de Rennes, en col.et codirection, 2000.
- Handicap, pauvreté et exclusion dans la France du XIXè siècle, en codirection avec André Gueslin, Editions de l'Atelier, 2003.
- Le handicap en images, les représentations de la déficience dans les œuvres d'art, en codirection avec Alain Blanc, Editions Erès, 2003.
- Les mots et les maux, exclusion et précarité dans la France du XXe siècle, en codirection avec André Gueslin, L’Harmattan, 2012.
John O’Brien
Professor of French Renaissance Literature at Royal Holloway, University of London
Professeur de la littérature française du XVIe siècle à Royal Holloway, Université de Londres, John O’BRIEN a fait ses études de licence à Cambridge et son doctorat à Oxford. A enseigné à l’Ecole Normale Supérieure (Ulm) et à l’université de Liverpool avant de rejoindre Royal Holloway en 1995. Professeur invité au CESR (Tours), et à la Newberry Library (Chicago), chercheur associé aux universités d’Oxford et du Michigan. Publications choisies : Anacreon Redivivus (1995), La familia de Montaigne (2001), The Cambridge Companion to Rabelais (2011). Travaux en cours : La chaleur de la narration (le cas Martin Guerre dans la perspective juridique), « Nostre bastiment, et public et privé » (bouleversements et transformations des institutions chez Montaigne).
Résumé de la communication
« Villey, Montaigne et Le Monde des aveugles »
Dans Le Monde des aveugles de Pierre Villey, le nom de Montaigne intervient à plusieurs reprises. Rien d’étonnant dans ce constat : Villey, notable éditeur de l’essayiste, connaissait mieux que quiconque la valeur de son auteur dont la présence pourrait passer pour un pur phénomène de culture littéraire, l’admiration de Villey pour son écrivain exprimée par des analogies ou parallèles puisés dans les Essais. La question essentielle n’est pas tout à fait là ; il s’agit plutôt de savoir comment Villey se sert de Montaigne dans l’exploration de son identité d’aveugle. Que ce soit dans l’examen des facultés intellectuelles, la discussion de l’espace visuel et tactile, ou l’appréciation de la nature, Montaigne sert de repoussoir à Villey, de compagnon discret de sa formation personnelle. Pour terminer, nous aborderons une histoire d’aveugle prise dans les Essais, histoire dont Villey ne discute pas et qui reste donc en marge de son ouvrage. Tout en racontant cette histoire sans pourtant l’analyser, l’essayiste laisse entrer le lecteur dans le monde des aveugles pour montrer implicitement que l’aveugle ne manque rien, qu’il n’est pas signe et synonyme d’une carence, comme le supposent les clairvoyants qui insistent pour imposer leur vision des choses, dans leur incapacité d’imaginer une vie ordinaire vécue autrement.
Abstract :
In Pierre Villey’s Le Monde des aveugles, the name of Montaigne occurs several times. There is nothing surprising about this observation : Villey, a notable editor of the essayist, knew more than anyone the value of his author whose presence could be taken as a pure phenomenon of literary culture, Villey’s admiration for his writer expressed through analogies or parallels from the Essais. But that is not quite the real point : the question is to see how Villey uses Montaigne in the exploration of his identity as a blind person. Whether in the study of the intellectual faculties, the discussion of visual and tactile space, or the appreciation of nature, Montaigne is a foil for Villey, the discrete companion of his personal formation. To close, we shall deal with the story of a blind man taken from the Essais, a story that Villey does not discuss and which therefore remains in the margins of his work. While telling this story without analysing it, the essayist ushers the reader into the world of the blind in order to show implicitly that the blind person lacks nothing, that he or she is not the sign or the synonym of a deficiency, as is supposed by the sighted who insist on imposing their vision of things, in their inability to imagine an ordinary life lived otherwise.
Olivier Richard
Maître de Conférences en Histoire médiévale, Université de Haute-Alsace Chercheur au CRESAT
Olivier Richard, né en 1974 à Lyon, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Paris et agrégé d’histoire, est maître de conférences en histoire médiévale à l’université de Haute-Alsace à Mulhouse depuis 2008 et membre du CRESAT (Centre de Recherche sur les Economies, les Sociétés, les Arts et les Techniques, EA 3436). Son parcours l’a conduit des universités Paris IV, Paris XII et Munich à Brandeis University, où il fut lecteur de français en 1998-1999, Strasbourg (comme doctorant puis PRAG), et Göttingen (comme boursier d’aide à la recherche, 2004-2006). Ses recherches portent sur la société, le gouvernement et l’historiographie des villes du Saint-Empire à la fin du Moyen Âge ainsi que sur l’infirmité.
Principales publications :
Mémoires bourgeoises. Memoria et identité urbaine à Ratisbonne à la fin du Moyen Âge, Rennes, PUR, 2009.
Coordination de Fondations pieuses et religion civique dans l’Empire XVe–XVIe siècle, dossier thématique, Histoire Urbaine 27, 2010, p. 5-120.
Direction, avec Laurence Buchholzer, de Ligues urbaines et espace à la fin du Moyen Âge – Städtebünde und Raum im Spätmittelalter, Strasbourg, PU Strasbourg, 2012.
Résumé de la communication
Le jeu des aveugles et du cochon
A Paris, mais aussi Heidelberg, Spire, Cologne, Stralsund, Zwickau, Lübeck, Augsbourg, Ypres, et certainement bien d’autres villes encore, avait lieu à la fin du Moyen Âge un « jeu » bien particulier. Quelques aveugles étaient placés dans un enclos avec un cochon. Armés de bâtons, ils devaient frapper à mort la bête, dont la dépouille revenait en prix à celui qui l’aurait tuée. Dans l’agitation du combat, les pauvres hommes se frappaient autant les uns les autres qu’ils n’atteignaient l’animal, au grand plaisir du public que ce spectacle amusait grandement. Ce cruel divertissement n’est pas inconnu. Il est évoqué, de l’époque moderne à aujourd’hui, dans plusieurs textes littéraires et des productions d’art graphique ; il subsiste d’ailleurs, sous une forme adoucie (pas de mise à mort, participants voyants aux yeux bandés). Il a, en outre, fait l’objet de plusieurs études historiques ces dernières années, dont la plupart insistent sur la cruauté du rire stigmatisant à l’égard des personnes atteintes de cécité à la fin du Moyen Âge. Pourtant, on ne saurait interpréter ce « jeu » hors du contexte dont il est issu. Il se rapproche de nombreux autres spectacles urbains de la même époque, notamment carnavalesques, caractérisés par l’inversion (les faibles figurant les forts) ou la parodie (il se rapproche ici des parodies de tournois), dont tout le monde s’accorde sur le caractère intégrateur. D’autre part, le choix du cochon comme adversaire des aveugles, largement négligé par les travaux sur ce jeu, est tout sauf anodin, le porc faisant fonction de double parfait de l’aveugle. A la lumière de ces éléments, on pourra ré-évaluer la question de l’intégration, par ce jeu, des aveugles dans la société urbaine de la fin du Moyen Âge.
Abstract :
A medieval game: the blind beating the pig
In Paris, Heidelberg, Speyer, Cologne, Stralsund, Lübeck, Zwickau, Augsburg, Ypres and most certainly many more cities, a rather strange game took place in the late Middle Ages. A few blind men were placed in an enclosure with a pig. Each of them had a stick, with which they had to beat the animal to death; the winner took the carcass. Yet in the hustle they hit each other more than the pig, much to the delight of the large audiences. This cruel show is well known. It is the topic, from the Renaissance until today, of several literary texts and works of graphic arts. Some euphemized forms of the game (no killing, non-impaired participants with a blindfold) exist to this day. Moreover, several historical studies have addressed it in the past several years; most of them insist upon the cruelty of a stigmatizing laugh mocking visually impaired persons in the late Middle Ages. Yet one should not interpret this “game” outside of the context that produced it. Actually, several features of the show are similar to other urban games from the same era, in particular the ones taking place during Carnival: the inversion – here the weak imitating the strong – or the parody (cf. the numerous parodies of tournaments); now these games are generally considered to have had an integrative function. On the other hand, the choice of a pig as the blind men’s adversary, which has been largely neglected by the scholars, is not indifferent, for this animal functions as a perfect double of the blind.
With the study of these elements the paper will try to reassess the issue of the integration of visually impaired people in urban society in the late Middle Ages.
Irina Metzler
Irina Metzler graduated in Classical and Medieval Studies from the University of Reading in 1991. She continued with an MA in Medieval Studies (1994) and a doctorate (2001) at Reading. Her PhD thesis was supervised by Professors Malcolm Barber and Anne Curry. From 2002 to 2003 she was Research Associate in the Department of Historical Studies, followed by Research Fellow in the Department of Theology & Religious Studies from 2004 to 2007, both at the University of Bristol. She joined the University of Swansea as Research Associate in 2009, becoming a Wellcome Trust-funded Research Fellow in 2012. She is affiliated to the Homo debilis research project at the university of Bremen, Germany, and the MEMO research cluster based at the Centre for Medieval and Early Modern Research at the university of Swansea.
Current research:
Dr Metzler is a leading expert on cultural, religious and social aspects of physical disability in the European Middle Ages. She has combined the approaches of modern Disability Studies with historical sources to investigate the intellectual framework within which medieval cultures positioned physically impaired persons. A second monograph on social and economic conditions of medieval disability is forthcoming. Her current research project, funded by the Wellcome Trust, examines notions of cognitive or intellectual impairment in the Middle Ages.
Principal recent publications
- Disability in Medieval Europe: Thinking about Physical Impairment During the High Middle Ages, c. 1100-1400 (London: Routledge Studies in Medieval Religion and Culture, 2006 (hbk); 2010 (pbk)).
- Afterword' in Wendy J. Turner, ed., Madness in Medieval Law and Custom (Leiden: Brill, 2010), 197-217
- Hermaphroditism in the western Middle Ages: Physicians, Lawyers and the Intersexed Person', Studies in Early Medicine, 1 (2010, pp. 27-39)
- Disability in the Middle Ages: Impairment at the intersection of historical inquiry and disability studies', commissioned article for Blackwell History Compass, 9.1 (2011), pp. 45-60
- Regulation and the law', chapter in Ruth Evans, ed., Sexuality in the Middle Ages (350-1450): A Cultural History of Sexuality, vol. 2; series eds Julie Peakman and Thomas Laqueur (Oxford: Berg Publishers, 2011, pp. 108-18)
- What's in a Name? Considering the Onomastics of Disability in the Middle Ages', in Wendy Turner and Tory Pearman, eds, Disabilities of Medieval Europe (Lampeter: Edwin Mellen Press, 2011, pp. 15-50, 355-85)
- Liminality and Disability: Spatial and Conceptual Aspects of Physical Impairment in Medieval Europe' in Patricia A. Baker, Karine van t'Land and Han Nijdam, eds, Medicine and Space: Body, Surroundings and Borders in Antiquity and the Middle Ages (series Visualizing the Middle Ages) (Leiden: Brill, 2012, pp. 273-96)
Forthcoming:
- A Social History of Disability in the Middle Ages, London & New York: Routledge, 2013.
Résumé de la communication
La cécité au Moyen Âge face à la loi : la déficience visuelle dans la loi canonique, la jurisprudence civile et comme conséquence judiciaire.
Les études consacrées à l’histoire sociale et culturelle de la cécité et des personnes qui en sont atteintes doivent tenir compte de tous les aspects des dispositions légales touchant à la cécité. Une étude récente d’Edward Wheatley a considéré les significations littéraires et sociales de la cécité en France et en Angleterre pendant le Moyen Âge, mais la question du statut juridique des aveugles a été jusqu’ici négligée. Les aveugles détenaient des capacités juridiques réduites, telles que le droit de faire un testament ou d’être témoin dans un procès civil ; pour devenir clercs, ils devaient cependant obtenir une dispense, la cécité étant considérée comme un « défaut » canonique. Mais, à l’inverse, la cécité, comme condition physique, pouvait être le résultat d’un processus judiciaire, l’aveuglement étant un châtiment corporel. Ainsi les relations entre cécité et loi, étaient-elles marquées par une forte ambivalence au Moyen Âge. Dans la loi civile médiévale, les personnes aveugles apparaissent moins souvent comme des personnes jouissant d’un statut juridique particulier, aux droits réduits, que comme victimes d’actions judiciaires : la pratique infamante de l’aveuglement des criminels. Celle-ci avait évidemment des conséquences sociales considérables, stigmatisantes, dans la mesure où les infortunées victimes survivaient à cette terrible épreuve. Cette communication traitera donc à la fois de la cécité comme condition juridique particulière et comme conséquence d’actes judiciaires.
Abstract :
Medieval Blindness and the Law: Visual impairment in canon law and civil jurisprudence, and as judicial consequence
Studies of the social and cultural history of the blind and blindness must of necessity include all facets of the legal response to blindness. While a recent study in English by Edward Wheatley had examined the literary and social meanings of blindness in France and England during the medieval period, the question of the judicial status of blind people has been comparatively neglected. Blind persons had certain reduced legal capabilities, such as the ability to testate or witness proceedings in civil law, or their exclusion from admission to clerical orders in canon law - blindness was a canonical 'defect' that required dispensation. But blindness, as a physical condition, could conversely sometimes actually be caused by judicial processes, in the form of blinding as a corporal punishment. Thus blindness and the law were in medieval times literally a double-edged sword. In medieval civil law, blind people figured less frequently as persons with special or reduced legal status, but more often as the victims of judicial actions: the infamous practice of blinding criminals, which of course had enormous social consequences, even stigma, for those unfortunate people who even survived the ordeal at all. This paper will examine blindness both as a special legal condition and as a consequence of judicial actions
Bianca Frohne
Docteur en histoire de l’Université de Brême
Groupe de recherche : « Gesellschaft-Lebenswissenschaft-historische Wissenchaften », Homo-debilis-Projekt
Bianca Frohne studied History, Art and Educational Studies at the University of Bremen. She is currently working on her doctoral thesis on "disability" in pre-modern autobiographies, family papers and letters (14th - 16th centuries) as part of the research group "Homo debilis. Social Integration and Challenges of Daily Life for Impaired Persons in Historical Perspective" at the University of Bremen (Prof. Dr. Cordula Nolte). She has been visiting lecturer of Medieval History at the Universities of Bremen, Hannover and Lüneburg
Résumé de la communication
Vision, conscience et Salut : différentes manières d’aborder la cécité au Moyen Âge
Cette contribution s’intéresse à l’opposition entre « voir » et « ne pas voir » au Moyen Âge.
Plutôt que de considérer la « cécité » comme un état médical ou un handicap social, on tentera ici de comparer des actes associés au fait « d’être aveugle » avec des actes délibérés de vision dans différents genres littéraires. Des moyens, aptitudes et modes de vision spécifiques, qui diffèrent de la simple capacité à voir le monde extérieur, seront ainsi abordés, en prenant en compte le discours théologique et la performativité du « voir » et du « être aveugle ».
Abstract :
Acts of Seeing, Awareness and Salvation: Different Ways of Approaching Blindness in the Middle Ages
The paper deals with the dichotomy of „seeing“ and „not seeing“ in the Middle Ages. Rather than approaching „blindness“ as a medical condition or a social hindrance, the paper attempts to compare acts of „being blind“ with deliberate acts of ‚seeing’ in different literary genres. Specific ways, abilities and modes of seeing that differ from the ability to see the outside world will be approached with regard to theological discourse and to the performative aspects of ‚seeing’ and ‚being blind’.
Fikru Negash Gebrekidan
Associate Professor of history, Department of History
St. Thomas University (Fredericton, Canada)
Fikru Gebrekidan is an associate professor of history at St. Thomas University in Fredericton, Canada. He teaches courses in African history, world history, history of genocide and, in the coming academic year, history of disability. His research interests include African history, comparative black history, and disability history. His articles and essays have appeared in journals such as Journal of Ethiopian Studies, International Journal of Ethiopian Studies, Northeast African Studies, Canadian Journal of African Studies, International Journal of African Historical Studies, and Callaloo. He is the author of Bond without Blood: A History of Ethiopian and New World Black Relations, 1896-1991 (Trenton: Africa World Press, 2005). His article “Disability Rights Activism in Kenya, 1959-1964” will appear in the forthcoming issue of African Studies Review 55, 3 (December 2012).
Résumé de la communication
Cécité et éducation orale en Éthiopie avant l’introduction de l’écriture en braille
Le Portugais Francisco Alvares raconte le choc qu’il éprouva lorsque, traversant l’Éthiopie entre 1521 et 1526, il vit des personnes atteintes de handicaps, notamment de cécité, parmi les rangs du clergé. Un siècle plus tard, un autre voyageur portugais relate le débat théologique qu’il avait mené avec un moine éthiopien aveugle qui comptait parmi les plus grands savants du pays. Plus récemment, en septembre 2007, les sites internet et journaux privés éthiopiens regrettaient la mort d’Aleqa Ayalew Tamiru, une des personnalités les plus influentes du clergé, auteur de plusieurs ouvrages de théologie, qui était aveugle.
Comment expliquer cette présence notoire de personnes aveugles à des positions élevées dans un pays connu pour sa pauvreté et son sous-développement ? Les écoles monastiques ont prospéré depuis que le pays embrassa la foi chrétienne orthodoxe au IVe siècle. Parce que l’accent était mis sur l’éducation orale comme vecteur principal de l’instruction religieuse, les enfants aveugles talentueux entraient souvent dans des écoles religieuses où ils apprenaient à mémoriser les Écritures et à les réciter par cœur. Par la suite, un grand nombre d’entre eux menaient une vie caractérisée par une intégration relativement bonne, en subvenant à leurs besoins comme enseignants, théologiens et responsables ecclésiastiques. Certes, contrairement à leurs pairs voyants, les aveugles restaient illettrés quand il s’agissait d’écrire et lire dans l’écriture locale de Ge’ez. Cependant, pour ce qui est de la substance même de l’enseignement monastique, comme l’initiation aux mystères de la foi, l’apprentissage des dogmes et canons ou la formation du caractère, les aveugles ne le cédaient en rien aux autres étudiants. Ainsi un grand nombre d’entre eux obtint les titres d’Aleqa et Merigeta, c’est-à-dire professeur et maître de chœur, et la réputation de quelques uns passa même à la postérité. Cette communication entend donc montrer que bien avant l’arrivée de l’écriture en braille et l’établissement des premiers établissements spécialisés dans le pays, les écoles de l’Église éthiopienne faisaient preuve d’un haut degré de tolérance et d’adaptation – leur exemple a beaucoup à apporter aux éducateurs séculiers de l’Éthiopie actuelle.
Abstract :
Blindness and Oral Education in Ethiopia Before the Introduction of Braille Literacy
Traveling through Ethiopia between 1521 and 1526, Portuguese Francisco Alvares recorded his utter shock in seeing the physically disabled, including the blind, in the ranks of the priesthood. A century later, another Portuguese traveler wrote of the theological debate he had with an Ethiopian blind monk, considered one of the best learned in the country. Recently, in September 2007, Ethiopian websites and private newspapers grieved the death of Aleqa Ayalew Tamiru, a leading blind cleric and author of several theological books.
How does one explain this conspicuous presence of prominent blind individuals in a country better known for poverty and underdevelopment? Monastic schools had thrived in Ethiopia since the country’s embrace of Orthodox Christianity in the fourth century. Thanks to the emphasis on oral education as the main medium of religious instruction, gifted blind children often enrolled in church schools where they learned to memorize and recite the Scriptures by heart. Afterwards, many led a relatively well-integrated life, supporting themselves as teachers, theologians, and church elders. True, unlike their sighted peers the blind remained illiterate when it came to the art of writing and reading in the native script of Ge’ez. Yet, when it came to the substance that monastic education provided, such as initiation into the mysteries of the faith, mastering the canons, and the building of moral character, the blind held their own. Many earned the titles of Aleqa and Merigeta, the equivalent of professor and choir master in English, and a few became distinguished enough for their names to pass onto posterity. This paper thus argues that, long before the advent of Braille literacy and the establishment of the first special schools in the country, Ethiopian church schools demonstrated a high level of tolerance and accommodation, hence why they have so much to offer to present-day secular Ethiopian educators.
Alain Corbin
Alain Corbin est professeur émérite de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et membre honoraire de l’Institut universitaire de France.
Après des études à l’université de Caen, il enseigne comme jeune agrégé d'histoire-géographie au lycée de Limoges, avant d'occuper une chaire à l'université de Tours puis à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Sa thèse, Archaïsme et modernité du Limousin au XIXe siècle (Aubier, 1975), relève de l'histoire économique et sociale, classique depuis les travaux de Fernand Braudel. Mais très vite ses recherches l'ont conduit à étudier des thèmes qui, jusque-là, étaient restés méconnus ou ignorés : la misère sexuelle et la prostitution au XIXe siècle, l'odorat et l'imaginaire social aux XVIIIe et XIXe siècles, le désir du rivage, le paysage sonore et la culture sensible dans les campagnes du XIXe siècle, le déchaînement de violence survenu à Hautefaye en 1870, l'avènement des loisirs entre 1850 et 1960, ou encore le « monde retrouvé » de Louis-Fernand Pinagot, biographie d'un sabotier normand du XIXe siècle choisi au hasard dans les archives. Tous ces livres, qui ont connu un grand succès, placent Alain Corbin comme le chef de file d'une histoire qui revient sur ses préjugés et qui restitue à l'imaginaire et au sensible l'importance, pour comprendre les sociétés passées, que leur avait refusée l'histoire politique, sociale ou économique traditionnelle. Cet historien du sensible, qui connaît un grand rayonnement à l'étranger, prend plaisir à restituer tout ce qui constitue l'humain et à s'affranchir des grands systèmes.
Prix et distinctions :
- Grand prix Gobert de l’Académie française (2000) pour l’ensemble de son œuvre.
- Prix Charles Aubert-Histoire de l’Académie des Sciences morales et politiques (2012) pour l’ensemble de son œuvre.
Ouvrages et direction d’ouvrages
- Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle (1845-1880), nouvelle édition, Presses universitaires de Limoges, Limoges, 1999 (1re éd. 1975), 2 vol.
- Les Filles de noce. Misère sexuelle et prostitution (XIXe siècle), Flammarion, coll. « Champs » no 118, Paris, 1982 (1re éd. 1978), 342 p.
- Le Miasme et la Jonquille. L’odorat et l’imaginaire social, XVIIIe-XIXe siècles, Flammarion, coll. « Champs » no 165, Paris, 1986 (1re éd. 1982), 342 p.
- Le Village des « cannibales », Flammarion, coll. « Champs » no 333, Paris, 1990 (1re éd. 1986), 204 p.
- Le Territoire du vide. L’Occident et le désir du rivage, 1750-1840, Flammarion, coll. « Champs » no 218, Paris, 1990 (1re éd. 1988), 407 p.
- Le Temps, le Désir et l’Horreur. Essais sur le XIXe siècle, Flammarion, coll. « Champs », Paris, 1998 (1re éd. 1991), 250 p.
- Les Cloches de la terre. Paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au XIXe siècle, Flammarion, coll. « Champs » no 453, Paris, 2000 (1re éd. 1994), 359 p.
- L’Avènement des loisirs (1850-1960), avec la collaboration de Julia Csergo, Jean-Claude Farcy, Roy Porter, André Rauch, Jean-Claude Richez, Léon Strauss, Anne-Marie Thiesse, Gabriella Turnaturi et Georges Vigarello, Flammarion, coll. « Champs » no 480, Paris, 2001 (1re éd. 1995), 466 p.
- « Paris-province », dans Les lieux de mémoire, tome 2, Gallimard, coll. « Quarto », Paris, 1997, pages 2851-88.
- L’Homme dans le paysage (entretien avec Jean Lebrun), Gallimard, coll. « Textuel », Paris, 2001.
- Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot. Sur les traces d’un inconnu (1798-1876), Flammarion, coll. « Champs » no 504, Paris, 2002 (1re éd. 1998), 336 p.
- La mer. Terreur et fascination (dir. avec Hélène Richard), Éditions du Seuil, Paris, 2004.
- Histoire du corps (dir. avec Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello), Éditions du Seuil, coll. « L’Univers historique », Paris, 2005, 3 vol., 2005-2006.
- Histoire du christianisme. Pour mieux comprendre notre temps (direction), Éditions du Seuil, coll. « L’Univers historique », Paris, 2007, 468 p.
- L’Harmonie des plaisirs. Les manières de jouir du siècle des Lumières à l’avènement de la sexologie, Perrin, 2007, 542 p.
- Alexandre Parent-Duchâtelet, La Prostitution à Paris au XIXe siècle, texte présenté et annoté par Alain Corbin, « Points-Seuil Histoire », Paris, Seuil, 2008, 238 p.
- Les Héros de l'histoire de France expliqués à mon fils, Paris, Editions du Seuil, 2011.
- Les conférences de Morterolles, hiver 1895-1896, Paris, Editions Flammarion, 2011.
- La douceur de l’ombre. L’arbre, source d’émotions, de l’Antiquité à nos jours, Paris, Librairie Arthème Fayard, 2013, 348 p.
- Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire de la virilité, tome 1, De l'antiquité aux lumières, L'invention de la virilité, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Univers historique », 2011, 577 p.
- Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire de la virilité, tome 2, Le triomphe de la virilité, Le XIXe siècle, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Univers historique », 2011, 493 p.
- Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine, Georges Vigarello, Histoire de la virilité, tome 3, La virilité en crise ?, Le XXe-XXIe siècle, Paris, Éditions du Seuil, coll. « L'Univers historique », 2011, 566 p.
Pierre Gaudin
Historien et ethnologue de formation, (thèse de doctorat en histoire sous la direction de Philippe Joutard, sur le fonctionnement de la mémoire historique) Pierre Gaudin est éditeur aux éditions Créaphis (dont il est le fondateur et le co-directeur avec Claire Reverchon) , et enseignant associé (en sciences humaines) à l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Versailles (ENSAV).
Marion Chottin
Docteur en philosophie de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne
Chercheuse associée au Centre d’Histoire des Systèmes de Pensée Moderne, Université Paris I Panthéon-Sorbonne
Marion Chottin est professeur de philosophie dans l’enseignement secondaire. Agrégée de philosophie (2002), boursière de la Fondation Thiers (2009-2010) elle a soutenu en décembre 2010 une thèse d’histoire de la philosophie moderne intitulée « Voir et juger. Le problème de Molyneux et ses enjeux philosophiques aux XVIIe et XVIIIe siècles ». Cette thèse de doctorat fut récompensée en 2011 par le prix Richelieu de la Chancellerie des universités de Paris.
Chercheur associé au CHSPM (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Marion Chottin travaille sur les théories de la perception de l’âge classique et des Lumières, sur l’empirisme du XVIIIe siècle et les figures de l’aveugle et de la cécité dans l’histoire de la philosophie. Elle a dirigé un ouvrage paru en 2009 aux Publications de la Sorbonne, intitulé L’Aveugle et le philosophe, ou comment la cécité donne à penser et sa thèse sera bientôt publiée aux éditions Honoré Champion sous le titre « Le partage de l’empirisme. Une histoire du problème de Molyneux aux XVIIe et XVIIIe siècles ».
Résumé de la communication
La beauté des aveugles. Heuristique et représentation de la cécité dans l’esthétique des Lumières
Au XVIIIe siècle, la « figure de l’aveugle » (pour reprendre l’heureuse expression de Francine Markovits) est mobilisée par les philosophes non seulement dans le domaine de la théorie de la connaissance (via, notamment, le fameux « problème de Molyneux »), mais encore dans celui de l’esthétique naissante. Certes, c’était déjà le cas à la fin de l’âge classique, essentiellement au travers du débat entre les partisans du dessin et les sectateurs du coloris : ainsi que l’a montré Jacqueline Lichtenstein dans ses ouvrages, la référence à la figure de l’aveugle-sculpteur, sous la plume de Roger de Piles, permet d’associer le dessin non plus à la vue, mais au toucher, et d’établir d’un même geste la supériorité du coloris sur le dessin, et de la peinture sur la sculpture.
Cependant cette figure acquiert, dans l’esthétique des Lumières, une fonction inédite. Lorsque l’aveugle de l’âge classique intervient dans la réflexion sur la spécificité des différents arts, c’est en tant qu’il se caractérise par un sens, le toucher, qui est depuis Platon considéré comme inférieur à la vue. Au XVIIIe siècle, en particulier chez Diderot, l’aveugle contribue au contraire à asseoir la supériorité (philosophique) du tact sur le sens de la vision. Si, pour l’auteur des Salons, ce renversement de la hiérarchie des sens ne remet pas en cause la supériorité de la peinture sur la sculpture, le recours à la figure de l’aveugle lui permet néanmoins de défendre, contre ses détracteurs, une conception unitaire du beau. Car la beauté à laquelle accède l’aveugle reçoit une définition analogue à celle des clairvoyants. Mais c’est avec Johann Gottfried Herder que la figure de l’aveugle devient esthétiquement décisive : attestant la supériorité y compris artistique du sens du toucher sur celui de la vue, l’aveugle, chez le philosophe allemand, exhausse la sculpture au rang de premier des beaux-arts, en même temps qu’il fournit non plus une, mais la seule réponse possible à la question « qu’est-ce que le beau ». Dans l’esthétique des Lumières, la représentation de l’aveugle passe ainsi de celle d’un artiste-sculpteur, susceptible de surpasser la statuaire des clairvoyants, à celle de l’unique dépositaire de la définition du beau.
Abstract :
Blindness and Oral Education in Ethiopia Before the Introduction of Braille Literacy
Traveling through Ethiopia between 1521 and 1526, Portuguese Francisco Alvares recorded his utter shock in seeing the physically disabled, including the blind, in the ranks of the priesthood. A century later, another Portuguese traveler wrote of the theological debate he had with an Ethiopian blind monk, considered one of the best learned in the country. Recently, in September 2007, Ethiopian websites and private newspapers grieved the death of Aleqa Ayalew Tamiru, a leading blind cleric and author of several theological books.
How does one explain this conspicuous presence of prominent blind individuals in a country better known for poverty and underdevelopment? Monastic schools had thrived in Ethiopia since the country’s embrace of Orthodox Christianity in the fourth century. Thanks to the emphasis on oral education as the main medium of religious instruction, gifted blind children often enrolled in church schools where they learned to memorize and recite the Scriptures by heart. Afterwards, many led a relatively well-integrated life, supporting themselves as teachers, theologians, and church elders. True, unlike their sighted peers the blind remained illiterate when it came to the art of writing and reading in the native script of Ge’ez. Yet, when it came to the substance that monastic education provided, such as initiation into the mysteries of the faith, mastering the canons, and the building of moral character, the blind held their own. Many earned the titles of Aleqa and Merigeta, the equivalent of professor and choir master in English, and a few became distinguished enough for their names to pass onto posterity. This paper thus argues that, long before the advent of Braille literacy and the establishment of the first special schools in the country, Ethiopian church schools demonstrated a high level of tolerance and accommodation, hence why they have so much to offer to present-day secular Ethiopian educators.
Francine Markovits
Professeur émérite (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense)
Direction de Corpus, revue de philosophie
Francine MARKOVITS-PESSEL est Professeur des universités (émérite) à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Elle a publié de nombreuses études sur les philosophies du dix-huitième siècle, parmi lesquelles : Huit mémoires sur le problème de Molyneux, par Jean Bernard Mérian, postface de F. Markovits, Flammarion, 1984 ; L'ordre des échanges, philosophie de l'économie et économie du discours au XVIIIème siècle en France, PUF, 1986 ; Montesquieu, le droit et l’histoire, Vrin, 2008. Elle a republié l’abbé de l’Epée, La Mettrie, Galiani, Linguet, Lemercier de la Rivière… Ses recherches remettent en question l’image convenue de la philosophie des Lumières, supposée unanime dans la croyance en une raison universelle et une philosophie du progrès. La reprise des arguments sceptiques de cette période montre au contraire une critique de la philosophie du sujet et de l’universalisme (Le décalogue sceptique. L’universel en question au temps des Lumières. Hermann, 2011). F.M. dirige depuis 1985 Corpus, revue de philosophie (63 numéros parus, voir http://www.revuecorpus.com)
Résumé de la communication
Diderot. La cécité, critique d’une philosophie de l’évidence.
L’attention portée à la cécité n’est pas récente et ne concerne pas seulement l’Europe même si avant Valentin Hauÿ (1784), les dispositions institutionnelles n’ont pas fonctionné en faveur d’une reconnaissance sociale. L’opération de la cataracte est signalée dans les écrits des médecins arabes (voir Pierre Huard et Mirko D.Grmek, 1968) et la question connaît un regain d’intérêt au dix-huitème siècle avec les travaux des chirurgiens William Cheselden (1728) et Jacques Daviel (1745) ainsi qu’avec la fameuse Lettre sur les aveugles de Diderot (1749). Jean-Bernard Mérian, qui fut secrétaire de l’académie royale de Prusse, consacra huit mémoires (1770-1780) au fameux « problème de Molyneux » (Francine Markovits, 1984, Marjolein Degenaar, 1992). La question sera renouvelée avec les travaux de Joëlle Proust (1997).
La réflexion sur cette histoire n’a pas seulement un intérêt pour les érudits. Ce n’est pas seulement l’exclusion sociale des aveugles qui est en jeu. Le terme générique de « handicap » masque d’ailleurs les différentes logiques du manque : l’aveugle, le sourd, le paralytique qui ne sont pas ou pas seulement des défaillances, mais représentent aussi d’autres postures du savoir et du sujet, d’autres postures de l’humain.
En prenant acte des représentations mathématiques et morales de l’aveugle géomètre Saunderson, Diderot dialectise le sensible et fonde une logique des médiations et une morale sans Dieu. Il ne sera pas le seul à voir quel parti les philosophes peuvent tirer, contre l’autorité théologico-politique, de la situation d’un être pour lequel la lumière naturelle et la lumière de la révélation n’ont aucune évidence.
Abstract :
Diderot: Blindness: A Critique of a Philosophy of the Evident
Paying attention to blind people is not new and is not only a European matter even though before Valentin Hauÿ (1784), institutions did not work in favour of their social acknowledgement.
Cataract surgeries are reported in Arab doctors' writings (Pierre Huard and Mirko D.Grmek, 1968) and the issue received renewed interest in the eighteenth century as shown by the works of the surgeons William Cheselden (1728) and Jacques Daviel (1745) as well as the famous Letter on the Blind by Diderot (1749). Jean-Bernard Mérian, who was a secretary at the Prussian Academy of Sciences, devoted eight essays (1770-1780) to the well-known 'Molyneux Problem' (Francine Markovits, 1984, Marjolein Degenaar, 1992). Subsequently, Joëlle Proust's work (1997) developed new aspects of the topic.
Reflections on this history are not only of interest to scholars. There is more at stake here than merely the social exclusion of the blind. Indeed the generic word 'handicap' masks the different kinds of lack experienced by the blind, the deaf or the paralysed: these are not, or not only deficiencies but they also represent different ways of approaching knowledge and subjectivity and different ways of understanding the human.
Taking the mathematical and moral representations of the blind geometrician Saunderson as his starting point, Diderot demonstrates the dialectic nature of the tangible and creates a logic of mediation and a Godless morality. He is not the only one who goes against all theological and political authority to see the extent to which philosophers can benefit from the situation of a being for whom natural light and the light of revelation are not at all evident.
Hannah Thompson
Senior Lecturer in French at Royal Holloway University of London
Dr Hannah Thompson is a Senior Lecturer in French at Royal Holloway, University of London and author of the ‘Blind Spot’ blog. She has published widely on the nineteenth-century French novel and is particularly interested in issues around gender, sexuality and disability studies. Her second book, Taboo: Corporeal Secrets in Nineteenth-Century France will be published in Oxford by Legenda in 2013. She is currently writing a book on the representation of blindness in French culture and is involved in several other Disability Studies projects in the UK.
Résumé de la communication
Les aveugles en France au dix-neuvième siècle : un regard littéraire / The Blind in Nineteenth-Century French : A Literary Look.
A la suite de l’intérêt voué à l’aveugle-né par Denis Diderot et les philosophes du siècle des Lumières, nous pouvons trouver maintes représentations de la cécité et des aveugles dans la littérature française du dix-neuvième siècle. Nous connaissons tous les images plutôt négatives de la cécité présentées par Baudelaire, Flaubert et Balzac et la façon dont William Paulson les explique. Mais l’analyse de Paulson – quoique importante - oublie toute une partie de l’histoire des représentations littéraires de la cécité. Depuis quelques années seulement, nous nous apercevons, grâce aux travaux de Weygand et Kudlick sur l’écrivaine aveugle Thérèse-Adèle Husson, qu’une importance auparavant sous-estimée était accordée à la cécité dans la littérature populaire du dix-neuvième siècle. En se servant principalement des fonds de la bibliothèque patrimoniale de l’association Valentin Haüy, cette intervention compare les descriptions de la cécité trouvées dans les feuilletons, romans populaires et romans pour la jeunesse publiés au cours du dix-neuvième siècle, avec celles de la littérature dite ‘classique’. Nous montrerons qu’il existe une profonde valorisation de la cécité chez les écrivains populaires, ce qui suggère qu’il y a toute une histoire cachée - et résolument optimiste - de la cécité qui reste à explorer.
Abstract :
The Blind in Nineteenth-Century French : A Literary Look.
Following the interest that Diderot and other Enlightenment philosophers had in the ‘man-born-blind’, nineteenth-century French literature is full of representations of blindness. We are already familiar with both the rather negative depictions of blindness which can be found in works by Baudelaire, Flaubert and Balzac, and Wiliam Paulson’s analysis of them. Although Paulson’s work is important, it omits a whole area of the history of representations of blindness and the blind. It is only recently, thanks to the work on blind novelist Thérèse-Adèle Husson undertaken by Cathy Kudlick and Zina Weygand, that we realise that blindness was accorded a hithertoo under-estimated place in popular nineteenth-century literature. This paper, which draws heavily on the holdings of the library of the association Valentin Haüy in Paris, will compare representations of blindness and the blind found in serialized or popular novels and books for children and young adults published during the nineteenth century with descriptions found in more canonical literature. We will show that popular literature manifests a profound appreciation of blindness which suggests that there exists a hitherto hidden history of representations of blindness which casts blindness in a more optimistic light than those previously discussed.
Vanessa Warne
Associate Professor of English, Department of English, Film and Theatre, University of Manitoba
Vanessa Warne is an Associate Professor in the Department of English, Film and Theatre at the University of Manitoba (Winnipeg, Canada), where she also holds a cross-appointment with the Interdisciplinary Disability Studies Master’s Program. Her areas of specialization are Victorian literature and the cultural history of disability. She has published chapters on the history of blind literacy in Media, Technology, and Literature in the Nineteenth Century: Image, Sound, Touch (Ashgate) and in City Limits: The European City (McGill- Queen’s). Her current project, funded by a SSHRC Insight Grant, is a monograph that examines the British history of finger reading and that focuses on Victorian literature’s representation of visually disabled people as newly literate.
Publications on the History of Blindness :
- “So that the sense of touch may supply the want of sight’: Blind Reading in Nineteenth-Century Britain.” Media, Technology, and Literature in the Nineteenth Century: Image, Sound, Touch. Aldershot: Ashgate, 2011. 43-64.
- “Clearing the Streets: Blindness and Begging in Henry Mayhew’s London Labour and the London Poor.” City Limits: The European City. Montreal: McGill-Queen’s UP, 2010. 205-226.
- “Blind Spots: Vision, Exploration and Empire in H.G. Wells’s ‘The Remarkable Case of Davidson’s Eyes.’” Eureka Studies in Teaching Short Fiction 5:2, 2005: 115-123.
- “Blindness clears the way’: Edgar Robinson’s The True Sphere of the Blind (1896).” Forthcoming in Untold Stories: Disability History in Canada. Roy Hanes and Nancy Hanseneds.U of Manitoba P. Expected publication date : Fall 2013.
- “Mary Byrne, Blind Poet.” Irish Women Romantic Poets. Stephen Behrendt ed. Alexandria Street Press.
Other Publications on the History of Disability:
- “‘To Invest a Cripple with Peculiar Interest’: Money, Mobility and Prosthetics at Mid-Century.” Victorian Review 35:2, Fall 2009. 83-100.
- “‘If you should ever want an arm’: Disability and Dependency in Edgar Allan Poe’s ‘The Man that was Used Up.’” Atenea 25:1 (Special Issue on Disability) 2005: 95-106.
- “Artificial Legs” (Special Forum on Victorian Things). Victorian Review 34:1 (2008): 29-33.
Résumé de la communication
« How a Blind Man Saw the International Exhibition » :
La déficience visuelle et les divertissements éducatifs en Grande-Bretagne à l’époque victorienne
En janvier 1863, le magazine Temple Bar a publié un témoignage personnel anonyme d’un homme ayant visité l’Exposition universelle de 1862. L’essai, qui offre une nouvelle perspective sur les divertissements éducatifs de l’époque victorienne _ des activités dont l’attrait a traditionnellement été leur aspect visuel _ constitue un précieux compte-rendu des expériences culturelles d’une personne malvoyante. Ce texte est particulièrement remarquable en raison de la manière dont il décrit les expériences de l’auteur en ce qui concerne les mesures d’adaptation sociales et technologiques. Incapable de voir les expositions, le visiteur a été invité à plusieurs reprises à toucher les objets d’art et les artefacts exposés. Cet article part de cet essai de Temple Bar et des réflexions de son auteur sur les capacités du toucher et les limites des mesures d’adaptation, afin d’examiner les débats du XIXe siècle sur la consommation des divertissements éducatifs par les personnes aveugles en Grande-Bretagne à l’époque victorienne. Dans l’article, j’établis un lien entre la manipulation des objets fragiles de grande valeur par les visiteurs aveugles dans les lieux d’exposition et la lecture par les doigts en Grande-Bretagne au XIXe siècle. Je soutiens également que l’essai de Temple Bar est représentatif d’une plus importante réévaluation de la valeur relative des sens de la vision et du toucher – une réévaluation qui ne se limitait aucunement aux lieux d’exposition publics de la Grande-Bretagne au XIXe siècle.
Abstract :
“How a Blind Man Saw the International Exhibition”:
Visual Disability and Educational Entertainments in Victorian Britain
In January 1863, Temple Bar magazine published an anonymous, first-hand account of a blind man’s visit to the International Exhibition of 1862. Offering a new perspective on the Victorian era’s educational entertainments, events traditionally understood as fundamentally visual in appeal, the essay is a valuable record of the cultural experiences of a visually disabled person and is particularly notable for the way in which it documents its author’s experiences with both social and technological forms of accommodation. Unable to view the exhibits, the blind visitor was repeatedly invited to touch the artwork and the artifacts on display. This paper uses the Temple Bar essay and its author’s reflections on both the capacities of touch and the limits of accommodation to examine nineteenth-century cultural debates about the consumption of educational entertainments by blind people in Victorian Britain. In it, I link the touching of valuable and fragile objects by blind visitors in exhibition spaces to the well publicized proliferation of finger reading in nineteenth-century Britain. I also argue that the Temple Bar essay is representative of a broader cultural reassessment of the relative value of vision and touch, a reassessment that was by no means limited to the public exhibition spaces of nineteenth-century Britain.
Marie-Christine Pouchelle
Marie-Christine Pouchelleest anthropologue, Directeur de recherche au CNRS, chercheur au Centre Edgar Morin, Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain (EHESS-CNRS)
Domaines de recherche: Depuis 1992 : Anthropologie de la bio-médecine : l’hôpital et les cultures hospitalières. Identités professionnelles et enjeux de pouvoir au bloc opératoire. Enquêtes de terrain sur plusieurs sites d’Ile-de-France, domaine médiéval : anthropologie historique du corps et de la médecine, aux frontières de l’anthropologie religieuse, dynamiques de la croyance et avatars modernes du sacré : médiums et voyants contemporains, sentiment religieux et show business
Recherches actuelles: Convention avec l’Institut National du Cancer (2011-2014) :« A propos d'un projet hightech en cancérologie (biopsies optiques intra-abdominales) : enjeux thérapeutiques et cognitifs, implications éthiques et circonstances socio-professionnelles »
Distinctions: Médaille de la Société Française d’Histoire des Hôpitaux (2010), pour L’Hôpital ou le Théâtre des Opérations, Essais d’Anthropologie Hospitalière - Tome 2 (Paris, Seli Arslan, 2008), grand prix éditorial 2009 de la Presse médicale et des Professions de Santé, pour le dossier "Comportements de groupe et relations d’équipes au bloc opératoire" (Interbloc, tome 3, n°XXVII, septembre 2008), le 10 décembre 2009.
Ouvrages
- L’Hôpital ou le Théâtre des Opérations, Essais d’Anthropologie Hospitalière 2, Paris, Seli Arslan, 2008, 192 p.
- L’Hôpital Corps et Ame. Essais d’Anthropologie Hospitalière 1, Paris, Seli Arslan, 2003, 218 p.
- Regards sur l’Hôpital Boucicaut, (collaboration Lucienne Carpot), Paris, Secteur Édition de l’AP-HP, 2000, 85 p.
- Regards sur l’Hôpital Laennec (collaboration Muriel Pissavy), Paris, Secteur Édition de l’AP-HP, 1999, 65 p.
- Regards sur l’Hôpital Broussais (co-auteur Anne Véga), Paris, Secteur Édition de l’AP-HP, 1999, 61 p.
- Corps et chirurgie à l’apogée du Moyen Age. Savoir et imaginaire du corps chez Henry de Mondeville, chirurgien de Philippe Le Bel, Paris, Flammarion, 1983, 389 p.
- Traduction anglo-américaine, The Body and surgery in the Middle Ages, Cambridge (UK) Polity Press, New Jersey (UA) Rutgers University Press, 279 p. Traduction italienne, Corpo e chirurgia all’apogeo del medioevo, Gênes, Il Melangolo, 1989, 290 p.
Direction d’ouvrage: “Paradoxes de la couleur”, Ethnologie Française XX, 4, 1990, p. 364-367.
Pieter Verstraete
Pieter Verstraete est professeur en histoire de l’éducation à la Faculté de Psychologie et Sciences de l’éducation de l’Université catholique de Louvain (Belgique) et chercheur post-doctorant au Fond Flamand de la Recherche Scientifique (FWO)
Sa thèse, qu’il a soutenue en 2008, portait sur des questions de méthodologie dans le domaine de l’histoire du handicap. Depuis quelques années il travaille sur la naissance de la réhabilitation des soldats mutilés Belges (Première Guerre Mondiale). Au carrefour de l’histoire de l’éducation et de l’histoire du handicap il s’intéresse également à l’influence des notions et réalités comme bonheur et tuberculose sur la formation des systèmes éducatifs.
Il a publié, parmi de nombreux titres, In the shadow of disability : Reconnecting history, identity and politics (Barbara Budrich Publishers, 2012), De kunst van het ontwijken: Censuur en verzet in de Islamitische Republiek Iran (Acco, 2011), Le silence mutilé : Les invalides belges et la Grande Guerre Mondiale (A venir, Presses Universitaire de Namur, 2013) & The imperfect historian : Disability histories in Europe (A venir, Peter Lang, 2013). Son article « The problematisation of disability « qui est paru en 2008 dans le journal Paedagogica Historia a gagné le Prix Mauritz de Vroede en 2011.
Bruno Ronfard
Ecrivain. Directeur de la Formation à distance à la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal
Bruno Ronfard est l’auteur de Taha Hussein – Les cultures en dialogue (DDB, 1995). Il a coédité avec Zina Weygand l’édition critique d’Avec toi – De la France à l‘Égypte : « Un extraordinaire amour » Suzanne et Taha Hussein (1915-1973) (Cerf, 2011). Il est actuellement Directeur de la formation à distance à la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal (Québec, Canada).
Résumé de la communication
L’éducation pour les aveugles dans le monde arabo-musulman d’Al-Azhar à Taha Hussein : éléments d’une histoire à écrire
Le point de départ de cette communication est la conférence prononcée par Ahmed Zéki au Ve Congrès international pour l’amélioration du sort des aveugles au Caire en 1911. Au-delà de l’analyse du Dictionnaire biographique des Aveugles illustres de l’Orient de Safadi (1363) qui contient plus de 300 notices biographiques d’aveugles, cette conférence montre comment les aveugles ont eu accès au fil des siècles à une éducation intellectuelle et professionnelle dans le monde arabo-musulman. Après avoir situé rapidement la place des aveugles dans le monde arabo-musulman, nous nous concentrerons sur les possibilités d’éducation offertes aux aveugles en Égypte à travers l’exemple de l’Université d’Al-Azhar, fondée en 970, et celui d’un de ses étudiants les plus célèbres : Taha Hussein (1889-1973).
Abstract :
Education for Blind People in the Arab World from Al-Azhar to Taha Hussein: Elements for an Unwritten History
As an introduction, we will mention the conference by Ahmed Zéki at the 5th International Congress for the Improvement of Blind People’s Conditions in Cairo in 1911. Beyond the analysis of Safadi’s Biographical Dictionary of Famous Oriental Blind People which contains more than three hundred short biographies of blind men, the conference explains how Blind People have got access to an academic and vocational education in the Arab World.
At first, we will describe the wide range of occupations in which blind people were engaged. Then, we will focus on education for blind people in Egypt from Al-Azhar University, founded in 970, to one of its famous students, Taha Husayn (1889-1973).
Hiromi Kishi
Formation: Diplômé en 1972 de la faculté de sciences de l'éducation de l'Université Nationale d'Hiroshima.
Carrière: En 1974, entrée en fonction à l’école pour aveugles de Kyoto où il effectuera toute sa carrière (soit 39 ans d’activité).
Il est principalement en charge de la supervision de l’enseignement du japonais et du Braille au niveau du collège et du lycée. Au cours des 10 dernières années, il est responsable des archives de l’école. Y sont conservés des objets, documents pédagogiques et écrits accumulés depuis la création du « premier institut pour aveugles et sourds au Japon » en 1878 et largement utilisés par les chercheurs et professionnels de l’éducation spécialisée. Une partie des documents historiques est désignée comme « propriété culturelle importante » par la municipalité de Kyoto. Recherche : membre de sociétés de recherche telles que l’Association Japonaise de Recherche sur les Ecoles pour Aveugles, l’Association Japonaise de Recherche en Education sur la Déficience Visuelle, l’Association Nationale de Recherche sur les Questions liées aux Personnes Handicapées. Le 13 octobre 2012, il a créé l’Association Japonaise de Recherche sur l’Histoire des Aveugles, dont il est président.
Ouvrages :
- La lutte pour la séparation cécité-surdité. 90 ans. (Autoédition. 2009)
- Depuis l’introduction du Braille : d’une écriture tactile à une culture du toucher. (Ouvrage collaboratif. 2010)
- Toucher l’histoire : les journaux et magazines écrits dans les Instituts pour Aveugles et Sourds – Ecoles pour aveugles. L’institut pour aveugles et sourds de Kyoto – Ecole pour aveugles de Kyoto (de la fondation au changement de statut (Autoédition. 2010)
Publications académiques récentes :
- « Le trajet vers « la lumière » - les pionniers du Braille au Japon » (Revue Handicap visuel. 2008)
- « Avant « le tournant des écoles pour aveugles », ceux qui attendaient – comment aller plus loin ? » (Revue Handicap visuel. 2010)/li>
- « Les traces des personnes handicapées et des écoles pour aveugles à l’époque du militarisme » (Revue Place du lycée. 2011-2012)
Résumé de la communication
L'éducation des aveugles au Japon - considérations sur ses particularités et son universalité
Dans l’Antiquité, peu de personnes handicapées reçoivent l’assistance des couches sociales dominantes. Le Moyen Âge voit l’apparition des « aveugles joueurs de biwa (luth japonais) », puis des guildes d’aveugles musiciens ou acupuncteurs, et une école d’acupuncteurs naît en 1682.
L’éducation au sens moderne commence à l’époque Meiji (1868-1912). Avec la diffusion des connaissances sur les pratiques éducatives européennes, des projets d’instituts pour aveugles et instituts pour sourds se développent, mais le gouvernement y accorde peu d’intérêt et de ressources financières et la première école, créée à Kyoto en 1878, est un Institut pour Aveugles et Sourds. Trois ans plus tard, le nouvel Institut pour Aveugles de Tokyo doit lui aussi adopter le statut d’Institut pour Aveugles et Sourds. Dans tous ces établissements, pour favoriser l’indépendance et l’autonomie des élèves, des enseignements professionnels (en acupuncture et musique japonaise) sont dispensés en plus de l’éducation générale. A l’origine, l’écriture en relief était utilisée, mais le Braille est introduit au Japon en 1890 et se répand progressivement dans les écoles. A la fin de l’époque Meiji apparaît la thèse du « devoir de reconnaissance d’un droit à l’éducation aux enfants aveugles ». Pendant la période Showa (1926-1989) émerge la question de l’éducation des personnes déficientes visuelles ayant des handicaps associés. C’est après 1945 qu’est évoqué le problème des études supérieures à l’université.
Ces dernières années, avec « l’année internationale des personnes handicapées » et le développement de l’éducation inclusive, le choix de la formation professionnelle tend à mieux refléter les souhaits des adolescents. En 2007, le pays adopte une orientation néo-libérale avec la directive « Pour changer le système d’éducation de soutien spécialisé » et réalise la séparation définitive des écoles pour aveugles et des écoles pour sourds. En mai 2012, on compte au Japon 71 écoles (publiques ou privées), accueillant 3688 élèves, et dans chacune d’elle on propose aux enfants déficients visuels des formations professionnelles spécialisées à la suite de la formation générale.
Abstract :
A History of education for visually impaired people in Japan
In Ancient Times, few disabled people received assistance from the ruling class. During Middles Ages, “blind biwa (Japanese lute) players” appeared and the Blind progressively gathered into guilds of musicians and acupuncturists. A school for acupuncture was created in 1682.
Education in its modern sense started during Meiji period (1868-1912). Along with the spreading of knowledge about European educational practices, projects for Institutes for the Blind and Institutes for the Deaf emerged, but they did not raise much interest for the government, which granted them few financial resources. Thus the first school, funded in Kyoto in 1878, was an Institute for the Blind and the Deaf. Three years later, the new Tokyo Institute for the Blind too had to turn into an Institute for the Blind and the Deaf. In order to favour pupils’ independence and autonomy, all those schools offered professional training (in music and acupuncture) in addition to general education. Originally, they used relief writing, but Braille writing was introduced in Japan in 1890 and progressively spread among schools.
At the end of Meiji period, the idea that “one should acknowledge a right to education for blind children” arose. During Showa period (1926-1989), education for visually disabled people with associated impairments came as a matter of concern, along with the problem of access to University (after 1945).
During the last three decades, in the aftermath of the “international year for disabled people” and the development of “inclusive education”, blind teenagers tended to get a wider choice of professional training, more adapted to their own wishes. In 2007, Japan turned to a neo-liberal approach with the directive “To change the special support education system” and separated out Schools for the Blind and Schools for the Deaf once and for all. As of May 2012, 3688 pupils attend 71 schools (both public and private) that provide visually impaired children with professional training following general education.
Steven L. Riep
Steve Riep, associate professor of Chinese and comparative literature, teaches modern and contemporary Chinese literature, film and culture at Brigham Young University, where he heads the Chinese program. He received his B.A. in Chinese and Political Economy from the University of California at Berkeley and his Ph.D. from UCLA in modern Chinese literature. His research interests include disability studies; cultural production under authoritarian regimes; war, memory and literature; and ecocriticism. He has recently completed an English translation of a Chinese adaptation of Shakespeare’s Hamlet and a biographical article on the Taiwan fiction writer Bai Xianyong. He is now preparing an article on the depiction of visual disabilities in recent Chinese films. His long-term book project explores the depiction of disabilities in transnational Chinese cinema and literature.
Selected Recent Publications :
- Lin Zhaohua, Hamlet. With Ronald Kimmons, co-translator. In Alexander Huang and Ryuta Minami, eds., Shakespearean Adaptations in East Asia. Eureka Press, 52 pp.
- “Piecing together the Past: The Notion of Recovery in Contemporary Taiwan Cinema and Fiction,” Modern China 38:2 (March 2012), 199-232.
- Wang Wen-hsing, “Dragon Inn,” “Withered Chrysanthemums,” and “Dying Dog.” In Shu-ning Sciban and Fred Edwards, eds., Endless War: Fiction and Essays by Wang Wen-hsing, Cornell East Asia Series #158, Cornell University, 2011, 279-349, 27-45 & 9-13. “A War of Wounds: Disability, Disfigurement, & Anti-Heroic Portrayals of the War of Resistance against Japan.” Modern Chinese Literature & Culture 20.1, 129-172.
- “The View from the Buckwheat Field: Capturing War in the Poetry of Ya Xian,” in Christopher Lupke, ed., New Perspectives on Contemporary Chinese Poetry, Palgrave Macmillan, 2008, pp. 47-64.
- “Blindness and Insight: Global Views and Local Visions of Visual Disability in Recent Chinese Cinema.” Proceedings of the Chinese Film Centennial Conference. Peking University, Volume I (Beijing I, June 2005), pp. 161-167.
Résumé de la communication
Représentations de la cécité et des handicaps visuels en Chine: une vue d’ensemble historique
Alors que l’étude du handicap et des personnes handicapées est devenue un domaine établi de recherche en Europe et aux Etats-Unis, des scientifiques en Chine commencent seulement à penser à explorer le handicap. Des chercheurs en éducation spéciale et psychologie ont contribué à la plupart des découvertes accomplies jusqu’à présent, quoiqu’il existe quelques exemples de travail novateur en anthropologie et dans les études littéraires. Néanmoins les handicaps – et les déficiences visuelles en particulier – jouent un rôle important dans la culture populaire de la Chine et ont été évoqués dans des films et documentaires. Alors que la Chine devient de plus en plus puissante dans le monde, et que les études chinoises deviennent une discipline scientifique importante, l’heure est venue d’examiner les handicaps visuels dans la culture et l’histoire chinoises modernes et contemporaines.
Cette intervention commence par un tour d’horizon des représentations traditionnelles des handicaps visuels dans l’ère pré-moderne, à travers textes classiques et documents historiques, depuis la Dynastie Zhou (vers 1000 av. J.-C.) jusqu’au dix-neuvième siècle, y compris l’origine des rôles stéréotypés de musicien, diseur de bonne aventure et masseur. J’examinerai ensuite les effets de l’importance donnée au développement, au progrès et à l’eugénisme au début de l’ère moderne (1890-1930), ainsi que l’importance du conditionnement physique et du sport dans la création du corps sain, discours qui commence pendant l’ère républicaine (1912-1949) et prospère pendant les trois premières décennies de la République populaire de Chine (1949-79) en raison d’une politique socialiste qui revendiquait des corps sains, pour aider à la construction d’une nouvelle Chine. Suite à la mort de Mao et à la fin de la révolution culturelle en 1976, une libéralisation politique, sociale et économique a permis aux handicapés de devenir plus visibles. J’évoquerai ensuite l’évolution de l’éducation et des ressources pour les handicapés visuels y compris l’introduction du Braille. Cette intervention conclut en examinant comment les handicapés visuels, section de société auparavant rarement vue en public en Chine, sont devenus une minorité modèle visible, grâce à un usage stratégique dans des cérémonies publiques, des films et d’autres médias.
Abstract :
Representations of blindness and visual disabilities in China : an historical overview
While the study of disability and people with disabilities has become an established field of research in Europe and America, scholars in China are only now turning their attention to exploring disabilities. Researchers in special education and psychology have contributed most of the work done to date, though a limited amount of pioneering work has been done in anthropology and literary studies. Nonetheless disabilities—and visual impairments in particular—play a prominent role in Chinese popular culture and have been the focus of feature films and documentaries. With the increasing significance of China as a world power and the prominence of Chinese studies as an academic discipline, the time is ripe for a survey of visual disabilities in modern and contemporary Chinese history and culture.
This paper will begin by surveying the traditional views of visual disabilities as found in the pre-modern era through a brief survey of classical texts and historical documents from the Zhou Dynasty (about 1000 B.C.) to the nineteenth century. This will include the origins of the stereotypical roles of musician, fortuneteller, and masseur/masseuse. I will then examine the impact of narratives of development, progress and eugenics on perceptions of the blind in the early modern era (1890-1930) as well as the importance of physical conditioning and sport in creating a physically fit body, a discourse that begins in the Republican era (1912-1949) and flourishes during the first three decades of the People’s Republic of China (1949-1979) under socialist policies that called for healthy bodies to help build a new China. Following the death of Mao and the end of the Great Proletarian Cultural Revolution in 1976, liberalizations in the political, social and economic sectors have provided some new opportunities for those with disabilities to gain greater visibility and attention. I will treat the evolution in education practices and resources for people with visual disabilities including the introduction of Braille. The paper concludes by exploring how the visually disabled, a segment of the population that is rarely seen in public in China, has become a visible model minority through strategic use in public ceremonies, film and other media.
Tasing Chiu
Tasing Chiu is an associate professor of Medical Sociology and Social Work at Kaohsiung Medical University, Kaohsiung, Taiwan. He is on the editorial board of the Taiwanese Journal for Studies of Science, Technology and Medicine. He has authored or coauthored numerous articles and several book chapters, including A Historical-Sociological Study of the Early History of Education for the Visually Disabled in Taiwan, 1891-1973 (2012), Why Massage?An Actor-Network Analysis of the History of Massage by the Visually-Impaired in Taiwan (2011), and Who Are the Disabled: An Examination of the Application of ICF in Light of the History of Disability Evaluations in Taiwan (2011).
Résumé de la communication
Les Aveugles dans la Chine du dix-neuvième siècle
Dans les sociétés chinoises traditionnelles, les aveugles étaient des membres économiquement productifs de la société. Ils exerçaient différents métiers en tant que diseurs de bonne aventure, musiciens, ou laboureurs, avec ou sans compétences. Mais dans une société où il n'y avait pas de structuration professionnelle bien différenciée, il était quelquefois difficile de distinguer ces emplois. Il y existait donc un continuum fluide des activités des aveugles et des réponses du public : compassion, mécontentement, espoir d'une protection ou d’une amélioration spirituelle, plaisir esthétique. Dans cette étude, j'utilise des sources documentaires, de la littérature populaire et des statistiques gouvernementales, afin de dépeindre la vie des aveugles dans la Chine du dix-neuvième siècle et d'explorer les influences réciproques de la représentation des aveugles et de leur institutionnalisation.
Abstract :
The Blind in Nineteenth-Century China
In traditional Chinese societies, the blind were economically productive members of the society. They were engaged in different professions such as fortune-telling, minstrels, and skilled or unskilled farm labor. Yet in a society where occupational structure was not totally differentiated, it was often difficult to distinguish these jobs. There was thus a fluid continuum of blind activities and audience responses to them, of sympathy, annoyance, hopes for spiritual protection or enhancement, and aesthetic pleasure. In this study, I uses documentary sources, popular literature, and government statistics to depict the lives of the blind in the nineteenth-century China, and to explore the reciprocal influences of the representation of blindness and institutionalization of the blind.
Maurice Aymard
Directeur d’études à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Centre de Recherches Historiques) et ancien administrateur de la Maison des sciences de l’homme.
En 1959, après ses études secondaires et universitaires (Ecole Normale Supérieure/Sorbonne), il rencontre Fernand Braudel, qui l'oriente vers l'histoire économique de l'Italie et du monde méditerranéen à l'époque moderne.
Chercheur à Dubrovnik et Venise (1959), Palerme (1964-1966), Madrid (1966-68)
Enseignant à l’Université de Naples (1968-1972)
Directeur de recherches à l’Ecole Française de Rome (1972-76)
1976 : Directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)
1976 : Administrateur adjoint de la Maison des Sciences de l’Homme aux côtés de Fernand Braudel (mort en1985) et de Clemens Heller ((1985-1992), auquel il succède alors à la tête de la MSH (1992-2005)
Prix et distinctions
- Docteur honoris causa de l’Académie des Sciences de Russie
- Docteur honoris causa de l'université de Macerata
- Docteur honoris causa de l'université de Catane.
- Docteur honoris causa de l’université de Bologne
- Membre étranger de l’Académie des Sciences de Russie.
- Membre étranger de l’Académie Polonaise des Sciences.
- Membre étranger de l’Accademia dei Lincei
Ouvrages et direction d’ouvrages
- Venise, Raguse et le commerce du blé dans la seconde moitié du XVIe siècle, Paris, SEVPEN, 1966.
- Dutch Capitalism and world capitalism/ Capitalisme hollandais et capitalisme mondial , Cambridge/Paris, 1979.
- Avec Giuseppe Giarrizzo (éds.),Storia d'Italia. Le Regioni dall'Unità ad oggi: la Sicilia , Turin, Einaudi, 1987.
- Avec Harbans Mukhia (éds.), French Studies in History , vol.1: The Inheritance , vol.2: New departures , New-Delhi, Orient Longman, 1988/89.
- Avec Perry Anderson, Paul Bairoch, Walter Barberis et Carlo Ginzburg (éds.), Storia d'Europa , Turin, Einaudi, 5 vol., 1993-96).
- Co-direction avec Claude Grignon et Françoise Sabban, Le Temps de manger, Paris, Editions de la MSH/Editions de l'INRA, 1994.
- Co-direction avec Hélène Ahrweiler, Les Européens, Paris, Hermann, 2000.
Colin Jones
Is a prominent historian of France and Professor of History at Queen Mary, University of London. He was formerly Professor of History at Warwick from 1996 and has also worked at the University of Exeter. He has been Visiting Fellow at the Shelby Cullum Davis Center for Historical Studies, Princeton University (1986), and Kratter Visiting Professor, History Department, Stanford University (1993-4, 2000. 2005). In 2001-02, he was Fellow at the Columbia University Institute of Scholars, Reid Hall, Paris, and in 2003 he was visiting professor at the Collège de France (Paris).
Main publications
- Charity and 'Bienfaisance': The Treatment of the Poor in the Montpellier Region, 1740-1815, Cambridge: Cambridge University Press, 1982, xvi + 317 pp.
- The Longman Companion to the French Revolution, London: Longman, 1988, xiv + 473 pp.; Paperback edition, 1990
- The Charitable Imperative: Hospitals and Nursing in Ancien Régime and Revolutionary France, London: Routledge, November 1989, xiii + 317 pp.
- With John Ardagh), Cultural Atlas of France, New York and Oxford: Facts on File, 1991, 240 pp.; French, German, Dutch, Polish translations
- The Cambridge Illustrated History of France, Cambridge: Cambridge University Press, 1994, 352 pp. Paperback edition, 1999; German, Korean, Chinese translations
- (With Laurence Brockliss) The Medical World of Early Modern France, Oxford: Clarendon Press, 1997, xii + 960pp.
- The Great Nation. France from Louis XV to the 1715-99, London: Penguin, 2002, xxx + 651pp.; US hardback edition published by Columbia University Press, 2003
- Madame de Pompadour and her Image, London: National Gallery Publications with Yale University Press, 2002), 176 pp. Associated with the international exhibition on the same topic held in Versailles, Munich and at the National Gallery, London, 2002
- Paris: Biography of a City, London: Allen Lane/Penguin, 2004, xxviii + 643 pp. US edition, 2005, Penguin/Viking; paperback, 2006; Russian and Chinese translations. Awarded the Enid MacLeod Prize of the Franco-British Society as the book published in 2004 which contributed most to Anglo-French understa
Maria Romeiras
Maria Romeiras est Docteur en Histoire de l’Education a l’Instituto da Educação de l’Université de Lisbonne. Elle a étudié l’Histoire, la Photographie, les Sciences de l’Éducation, l’Informatique et la Communication adaptées, aussi bien que le système Braille et la Langue Portugaise des Signes. Elle a travaillé dès 1988 comme consultante pour des projets d’accessibilité culturelle et d’accessibilité en systèmes d’éducation.
En tant qu’activités académiques, elle a privilégié la recherche dans les archives des institutions d’assistance et des écoles pour Aveugles et Malvoyants au Portugal et dans d’autres pays. Ces recherches se focalisent de la fin du 18ème siècle jusqu’au début du 20ème. Elle a participé, avec ses recueils, à diverses conférences nationales et internationales, comme le dernier ISCHE34 à Genève, et a enseigné aussi la Communication Adaptée à l’Université Lusófona de Humanidades e Tecnologias.
Maria Romeiras prépare, à présent, ses recherches pour un post doctorat, dans les bibliothèques Braille de l’Occident moderne aussi bien qu’en matériaux pédagogiques tridimensionnels conçus, testés et utilisés dans les écoles pour aveugles ou pour l’apprentissage à domicile d’enfants aveugles dès la fin du 17ème siècle.
Résumé de la communication
Essai sur les techniques discursives universelles de la modernité
les premiers projets d’écoles pour enfants Aveugles (fin du 18ème – 19ème siècle) Cette étude prétend analyser les discours pédagogiques qui ont été créés pour les premières écoles pour enfants aveugles et établir une liaison avec son époque de production, c’est-à-dire la Modernité, avec ses nouvelles ressources de communication internationale et aussi avec ses techniques d’archives, analyse de discours, production de discours scientifique et pédagogique spécialisé. La double possibilité humaniste et sensorialiste, d’un côté, et scientifique et médicale de l’autre, ont contribué à l’enrichissement de ce dialogue extranational.
L’identification de modèles d’identité à l’âge moderne, entre les discours sensorialistes et la prédominance d’une civilisation visuelle croissante provoquent une lecture enrichie des sources, notamment des lettres, des discours institutionnels et des échanges de réflexions entre les pays étudiés : les écoles de Paris, Londres, Rio de Janeiro, Lisbonne et Milan sont les exemples cités. Cette nouvelle cartographie de récits pédagogiques nous ouvre, à mon avis, des chemins d’interprétation enrichis vers la compréhension des mémoires d’une production d’identité et de citoyenneté construites sur une spécificité sensorielle - l’impossibilité d’utilisation du sens de la vision – mais aussi sur ses potentiels d’adaptation individuels et ses mécanismes sociaux d’intégration en plein droit.
Abstract
Essays on universal discursive techniques: the first school projects for Blind students (late 18th – 19th centuries)
Considering the multiple possibilities of approaches on the subject of inclusion of blind citizens in institutional school modern systems, I propose an essay on the discursive pedagogical links, which were produced and grew exponentially with the modern worldwide communication systems. These discursive techniques were born both from the western modern school movement and the humanist, sensorial and scientific values.
The illusory dissonance between sensorialism and modern vision predominance was both provocative and baroque, thus becoming extremely rich and accurate in the modelling of new patterns of identity. We can assume that these pedagogical discourses were deeply highlighted and enriched by case studies and experiments such as the first schools for Blind students, namely Paris, London, Rio de Janeiro, Lisbon and Milan, increasing the social strength of these projects.
Whereas this moving map of discourses adapts to the general assumption that, with adequate means and training, a blind man or woman from the late 18th century onwards, not only had the potential but longed and had the need to be (re)conditioned into the modern social grid; whether there were medical reports, architectural memoires, pedagogical or political discourses to assemble this theory; there I propose a reading of this particularly rich essay of mouldable citizenship, outcoming from my archival sources.
Gianluca Rapisarda
PhD student at the University of Catania
Gianluca Rapisarda (Catania 1973) est doctorant en "Sciences humaines" à l'Université de Catane et Président de l'Institut des Jeunes Aveugles de Catane.
Dans sa thèse de doctorat il s'occupe du bienfaiteur des aveugles Tommaso Ardizzone Gioeni (1803 -1894), en analysant les conditions des non-voyants dans le Mezzogiorno d'Italie et dans la Sicile du XIX siècle.
Il a contribué à la naissance de l'Italian Center of Historical Studies about Disability, dirigé par les professeurs Paolo Militello et Emanuele Rapisarda.
Il a financé, comme président de l'Institut des Aveugles de Catane, la publication du texte “Le lettere de Louis Braille (1809-1852) de l'Archive de l'Institut National des Jeunes Aveugles” réalisée par le professeur Emanule Rapisarda et éditée par l'éditeur Bonanno (Roma-Acireale).
Résumé de la communication
L’Institut des Aveugles « Ardizzone Gioeni » : Cent ans d’histoire, cent ans de lumière (1911-2011)
Avant sa mort, le fondateur de l’Institut des Aveugles de Catane, le baron Thomas Ardizzone Gioeni, a donné sa fortune immense à la construction d’un ‘hospice-hôpital’ qui logerait et soignerait les aveugles.
Abrité dans un bâtiment prestigieux de la rue principale de Catane, et inauguré en 1911, l’Institut “Ardizzone Gioeni” était reconnu comme IPAB et avait des buts spécifiques pour les aveugles indigents. L’Institut devait accueillir les aveugles des deux sexes et de tous les âges, leur garantir une éducation morale, physique, littéraire, musicale et industrielle, et organiser les soins de toute personne atteinte de problèmes de vue. Jusqu’en 1974 l’Institut des Aveugles de Catane a accueilli, dans son pensionnat et son école, des élèves aveugles de tous les niveaux scolaires obligatoires qui étaient soignés et enseignés par les sœurs de Ste Anne.
Après l’acte 517 de 1977, qui a établi l’intégration complète des élèves handicapés dans les écoles dites “normales”, l’Institut est devenu le siège de l’Ecole régionale de l’industrie et des métiers pour les aveugles, et offre une formation professionnelle pour des réceptionnistes et physiothérapeutes aveugles.
Récemment, l’Institut a commencé un échange culturel intensif avec des institutions internationales telles que Dorton College au Royaume-Uni, le Musée des Aveugles à Madrid et l’lNJA à Paris. En outre une collaboration scientifique avec l’université de Catane a permis la création d’une série de publications sur l’histoire du handicap. A travers ces publications, l’Institut “Ardizzone Gioeni” veut apporter sa contribution à un domaine de recherches historiques encore peu exploré, tout en aidant les aveugles à mieux comprendre la situation des handicapés dans le passé.
Abstract :
Institute for the Blind "Ardizzone Gioeni": 100 years of history, 100 years of light! (1911-2011) Abstract :
The "Ardizzone Gioeni" Institute for the Blind: 100 years of history, 100 years of light (1911-2011)
Before his death the founder of the Institute for the Blind of Catania, baron Thomas Ardizzone Gioeni donated his immense wealth to the building of a "hospice-hospital" for the housing and care of the blind.
Housed in a prestigious building in the main street of Catania and inaugurated in 1911, the Institute “Ardizzone Gioeni” was recognised as IPAB and had specific aims for the needy blind. The institute was to welcome blind people of both sexes and all ages, guarantee them a moral, physical, literary, musical and industrial education and arrange for the cure all the people with visual problems.
Until 1974, the Institute for the Blind of Catania hosted, through a boarding and day school, blind pupils of all compulsory school levels, who were cared for and educated by the Sisters of St. Anne.
After the Act 517 of 1977, which established the full integration of students with disabilities in so-called “normal schools", the Institute became the headquarters of the Regional School of industry and crafts for the blind, and offers professional courses for the training of blind receptionists and physiotherapists.
In recent years, the Institute has begun an intensive cultural exchange with international institutions such as Dorton College in England, the Museum for the Blind in Madrid and the National Institute for the Blind in Paris.
Moreover, an academic collaboration with the University of Catania has allowed the creation of a series of publications on the history of disability. With these publications, the Institute “Ardizzone Gioeni” wants to contribute to a field of historical research which is still little explored and to help the blind to have a better understanding of the situation of disabled people in the past.
Brian R. Miller, Ph.D
Docteur en histoire de l'université d'Iowa
Management and Program Analyst
U. S. Department of Education in Washington D.C
Abstract
Residential Schools for the Blind and the Limits of Resistance”
This presentation will explore the history of residential schools for the blind in the United States as locations of resistance by the blind against sighted authority, and the reactionary forces that limited the scope of resistance and organizing on the part of the blind students and alumni. During the 19th and early 20th centuries, schools for the blind provided spaces and powerful fictive connections that allowed the blind to form nascent independence and self-advocacy movements, often in the face of institutional repression of these efforts, and broad social resistance to the acceptance of the blind as possessing legitimate rights to voice their own interests. Blind graduates from the first generation of residential schools for the blind in New England set out in the 1850 and 60s to establish a number of schools in the territories and states to the west and south, creating unique opportunities for blind adults to demonstrate their skills as educators. However, as these schools attracted more students and larger budgets, legislators and sighted educators quickly moved to push out this second generation of blind school administrators. Similarly, in the 1890s when blind teachers and school alumni sought to come together to advocate for themselves, their organizations were subsumed by professional associations dominated by the sighted. This pattern of insurgent blind activism followed by reactionary responses by sighted power brokers continued through the 20th century, and shaped the landscape of the blind civil rights movement in profound ways.
Résumé de la communication
'Les Pensionnats pour aveugles et les limites de la résistance'
Cette intervention a pour but d'explorer l'histoire des pensionnats pour aveugles aux Etats-Unis en tant que milieux de résistance des aveugles face à l'autorité des voyants, ainsi que les forces réactionnaires qui ont limité les possibilités de résistance et d'organisation des élèves et anciens élèves.
Aux XIXe et XXe siècles, les pensionnats pour aveugles ont fourni des endroits où de puissantes connections ont permis aux aveugles de commencer à créer des mouvements en faveur de leur propre autonomie, souvent face, à la fois à la répression institutionnelle de tels efforts, et à une résistance sociale généralisée à l'idée que les aveugles aient le droit de revendiquer leurs propres droits.
Les premiers diplômés aveugles issus de la première génération de ces pensionnats pour aveugles de Nouvelle Angleterre ont entrepris, dans les années 1850 et 1860, d'établir plusieurs pensionnats dans les territoires du sud et de l'ouest, ce qui a donné une occasion unique à des adultes aveugles de démontrer leurs capacités en tant qu' éducateurs. Pourtant, une fois que ces écoles eurent commencé à attirer davantage d'élèves et de plus grands budgets, des législateurs et des éducateurs voyants ont vite essayé de repousser cette deuxième génération d'administrateurs aveugles.
De même, dans les années 1890, quand des professeurs et anciens élèves aveugles ont voulu travailler ensemble pour revendiquer leurs droits en tant qu'aveugles, leurs établissements ont été incorporés dans des organisations professionnelles plus grandes, dominées par des voyants. Ce modèle d'activisme aveugle suivi d'une réponse réactionnaire des voyants qui détiennent le pouvoir a continué tout au long du XXe siècle et a influencé de manière profonde le mouvement des aveugles pour les droits civils.
Biographical details
Brian Miller currently works for the U. S. Department of Education in Washington D.C., in the Rehabilitation Services Administration (RSA). This federal agency is primarily responsible for overseeing the implementation of the Rehabilitation Act of 1973, and for funding vocational rehabilitation programs around the United States that serve over one million individuals with disabilities every year. Brian Miller is originally from California, where he received his bachelor's and master's in political science from San Diego State University. He also received a master's in social studies education from the University of Iowa, where he will complete his doctorate in history in the academic year of 2012/13. Brian Miller's focus areas within history are disability, Latin America, and social movements. His dissertation examines the strategies employed by blind activists to take control of a school for the blind in the 1960s in the American Midwest, and the example this effort affords of the blind civil rights movement's successes and failures at a critical time in the struggle waged for equality for persons who are blind. Brian Miller is currently working on publishing his dissertation in book form, and has an article awaiting publication in the Annals of Iowa history. He has also consulted on several disability history documentaries, and is very active in the disability movement locally and nationally.
Małgorzata Czerwińska
Maître de Conférences en Pédagogie spéciale et Bibliologie,
Université de Zielona Góra, Pologne
Małgorzata Czerwińska – née en 1961; docteur en sciences humaines /1997/; spécialiste en bibliologie, pédagogie spéciale /typhlopédagogie/, journaliste; maître de conférences à l’Université de Zielona Góra /à la Faculté de Pédagogie, Sociologie et Sciences de la Santé et la Faculté des Sciences Humaines/. Intérêts scientifiques: fonctionnement psycho-social des aveugles, histoire et sociologie des aveugles, participation à la culture des personnes handicapées, bibliothéconomie et lecture spéciale.
Auteur de 76 publications scientifiques /livres, articles et chapitres de livres, articles encyclopédiques/, 250 articles publicitaires sur les problèmes du handicap.
Depuis 1985 – membre de l’Association Polonaise des Aveugles; membre du Conseil de la Fondation des Aveugles et Malvoyants Polonais “Trakt” à Varsovie; présidente du Conseil Scientifique de la Bibliothèque de C.K. Norwid à Zielona Góra; tutrice du Conseil des Etudiants Handicapés à l’Université de Zielona Góra.
Résumé de la communication
Ecriture et livres Braille en Pologne – histoire et fonctions de la réadaptation
La problématique du « Braille polonais »,embrassant les questions : de l’écriture pour les aveugles dans le système Braille, des éditions en Braille (leur production et le système de distribution), de la bibliothéconomie et de la lecture des non-voyants, des processus d’enseignement de l’écriture en points aux enfants et adultes - ne possède pas de littérature riche et exhaustive en Pologne ( surtout les élaborations historiques) – ni dans les sciences bibliologiques, ni dans les sciences typhlologiques.
Cette communication présente des réflexions concernant la période de l’entre-deux-guerres jusqu’à 1939.
On présentera les modifications polonaises du système Braille, des aspects choisis de l’édition, de la bibliothéconomie et de l’enseignement dans les centres les plus importants de la période d’entre-deux-guerres : Varsovie, Lvov, Bydgoszcz et Vilnius.
Particulièrement on prendra en considération l’activité de la Société pour la Protection des Aveugles à Laski et de sa fondatrice, Mère Elisabeth Rose Czacka, dans le domaine du développement du système Braille, de la production d’édition et de la lecture des livres en Braille, c’est-à-dire le domaine de renforcement du rôle de l’écriture en points dans le pocessus de réadaptation des aveugles.
La présentation se terminera par les postulats de recherches internationales.
Abstract :
Writing and Braille Books in Poland: a history of the functions of rehabilitation
The problem of ‘Polish Braille’ including issues around writing for the blind using the Braille system, publications in Braille (their production and distribution), librarianship and how the blind read, the means by which raised writing is taught to children and adults, does not have a rich and exhaustive literature devoted to it in Poland, especially not to its historical dimension, neither in the social sciences nor in the typhlological sciences. This paper presents my reflections on the situation in the inter-war period up to 1939.
I will present the Polish modifications to the Braille system and selected aspects of publishing, librarianship and teaching in the most important centres of inter-war Poland: Warsaw, Lvov, Bydgoszcz et Vilnius. In particular I will focus on the activities of the Society for the Protection of the Blind in Laski, especially of its founder, Mother Elisabeth Rose Czacka and her work in the development of Braille, the production of editions and the reading of books in Braille, that is, the reinforcing of the role of raised writing in the rehabilitation of the blind.
The presentation will end with a survey of international research.
Monika Baár
Rosalind Franklin Fellow and Senior Lecturer at the University of Groningen.
Monika Baár est Rosalind Franklin Fellow et maître du conférences à l’Université de Groningue (Pays-Bas). Elle a étudié l’histoire, la littérature et la linguistique à l’Université Loránd Eötvös de Budapest, à la Central European University, à Budapest, et à l’Université de Londres. Elle a obtenu son doctorat en histoire moderne à l’Université d’Oxford en 2002. Ses recherches postdoctorales portent sur l’histoire du nationalisme et sur l’histoire de l’historiographie; sa publication la plus récente est le livre Historians and Nationalism : East-Central Europe in the Nineteenth Century (Oxford University Press, 2010, livre de poche 2013). Ses recherches actuelles portent sur l’histoire des chiens guides pour aveugles, sur l’histoire de la vision, l’histoire du handicap et l’histoire du lien entre hommes et animaux. Actuellement elle écrit un livre sur l’histoire de chiens guides pour aveugles de 1916 à nos jours.
Abstract :
Guide dogs for the blind: a transnational history/h4>
The aim of the proposed presentation is to give an account of the history of the guide dogs for the blind (in the USA known as seeing-eye dogs) and also to reflect on their status in contemporary society. It assesses the origins, development and internationalization of the guide dogs for the blind movement since the time of the First Wold War, when, in response to the mobility requirements of blinded soldiers, the first guide dogs schools were opened in Germany and later in other parts of Europe and throughout the world. However, rather than focusing on the guide dogs in a narrow perspective, the research uses their ‘story’ as a highly unusual vantage point, through which new insights can be gained into disciplines that are rarely studied together: the history of the animal-man bond, disability studies, history of philanthropy, history of science as well as the history of cultural and societal attitudes to animals and to blind people.
Résumé de la communication
Les chiens guides pour non-voyants: une histoire transnationale
L’objectif de cette présentation est de faire le récit de l’histoire des chiens guides pour aveugles(appelés aux Etats-Unis, chiens voyants d’un oeil) et d’analyser leur statut dans nos sociétés contemporaines. Cette présentation aborde les origines, le développement et l’internationalisation des chiens guides dans le mouvement pour les aveugles depuis la première guerre mondiale lorsque, en réponse au problème posé par besoins de mobilité des soldats rendus aveugles, les premières écoles de chiens guides furent ouvertes en France et en Allemagne, puis dans le reste de l’Europe et du monde. Cependant, plutôt que se limiter aux chiens guides dans une approche étroite, cette recherche se basera sur leur « histoire » de manière à fournir un angle inédit susceptible d’offrir de nouvelles perspectives pour des disciplines rarement étudiées ensemble comme: l’histoire du lien entre hommes et animaux, les études portant sur les handicaps, l’histoire de la philanthropie, l’histoire des sciences, sans oublier l’histoire des attitudes culturelles et sociétales envers les animaux, d’une part et envers les aveugles, d’autre part.
Rebecca Scales
Assistant Professor of History, Rochester Institute of Technology
Rebecca Scales est Assistant Professor of History au Rochester Institute of Technology (Rochester, NY). Elle a étudié l’histoire et le français à Hollins College et à l’Université de Georgia et a complété ses études doctorales en histoire à Rutgers University.
Elle vient de terminer un ouvrage intitulé Learning to Listen: Radio and the Politics of Sound in Interwar France et a publié ses recherches dans les revues French Historical Studies et Comparative Studies in Society and History. Elle s’intéresse depuis quelques années à l’histoire du handicap et commence de nouvelles recherches sur les liens entre le handicap, les technologies modernes, et les représentations de la différence corporelle dans la société française durant la première moitié du vingtième siècle.
Résumé de la communication
‘La Radio aux Aveugles:’ la cécité et la politique de la radio dans la France de l’entre-deux-guerres”
Cette communication examine comment les métaphores de la cécité et du handicap utilisées par le public français ont transformé les tâches sociales et politiques attribuées à la radiodiffusion pendant les années de l’entre-deux-guerres. Les journalistes et les théoriciens de la radio ont souvent classé comme «aveugle» ce nouveau moyen d’expression qui était exclusivement sonore. En écoutant la radio, disaient-ils, les auditeurs voyants se trouvaient eux-mêmes complètement «aveugles». Pour les mêmes raisons, les médecins et les hommes politiques français se sont appuyés sur la radio comme un puissant outil pour réintégrer les aveugles dans le corps politique, le son radiophonique fonctionnant comme une «prothèse» pour remplacer les yeux endommagés. Cette idée de la radio a également guidé la mission de «La Radio aux Aveugles,» une société bénévole qui distribuait des radios aux aveugles civils et aux aveugles de guerre. Une comparaison du discours de «La Radio aux Aveugles» avec les activités des amateurs de radio aveugles expose des idées diamétralement opposées sur l’écoute de la radio comme pratique de la citoyenneté. Si les amateurs aveugles trouvaient dans la radio un moyen d’accéder à un monde plus grand et de participer au corps politique, ils voulaient employer la radio selon leurs propres besoins et intérêts.
Abstract :
La Radio aux Aveugles : Blindness, Listening, and the Politics of Radio in Interwar France.
This paper examines how metaphors of blindness and disability transformed early French radio culture to determine the political and social tasks the French public assigned to the emerging broadcast medium. During the 1920s, radio theorists and journalists described broadcasting as a “blind” medium because it relied solely on sound to convey meaning, rendering sighted audiences completely “blind.” Yet physicians, social reformers, and politicians viewed radio as a critical tool for incorporating blind people more fully into the body politic. They argued that radio sound functioned as a prosthetic technology by providing a “sonic vision” to replace damaged eyes. This conception of radio undergirded the mission of the national charity “La Radio aux Aveugles” to distribute free wireless receivers to blind civilians and veterans of the First World War. Examining the charities’ fundraising campaigns alongside the activities of blind radio amateurs reveals startlingly different perceptions about the potential uses of radio as a proxy form of citizenship and exposes the competing meanings that blind and sighted people attached to radio listening. If many blind people embraced radio providing them with access to a wider world, they sought to employ radio on their own terms and determine for themselves the meanings attached to their radio listening habits.
Catherine J. Kudlick
Professor of History, and Director, Paul K. Longmore Institute on Disability, San Francisco State University. Dr. Kudlick earned her PhD at University of California, Berkeley in 1988, then taught at University of California, Davis for 22 years. She was a founding member of the Disability History Association (DHA) where she served as President from 2006-2009. Among her numerous books and articles are: Reflections: the Life and Writings of a Young Blind Woman in Post-Revolutionary France (with Dr. Zina Weygand, NYU Press, 2001) and “Disability History: Why We Need Another ‘Other’ published in the American Historical Review (2003). She has received prestigious grants and fellowships, from the American Council of Learned Societies (2011), for her project “Disability and the Hidden History of Smallpox in France, 1700-1900.”
Georgina Kleege
Joined the English department at the University of California, Berkeley in 2003 where in addition to teaching creative writing classes she teaches courses on representations of disability in literature, and disability memoir. Her collection of personal essays, Sight Unseen (1999) is a classic in the field of disability studies. Essays include an autobiographical account of Kleege’s own blindness, and cultural critique of depictions of blindness in literature, film, and language. Many of these essays are required reading for students in disability studies, as well as visual culture, education, public health, psychology, philosophy and ophthalmology . Blind Rage: Letters to Helen Keller (2006) transcends the boundaries between fiction and nonfiction to re-imagine the life and legacy of this celebrated disability icon. Kleege’s current work is concerned with blindness and visual art: how blindness is represented in art, how blindness affects the lives of visual artists, how museums can make visual art accessible to people who are blind and visually impaired. She has lectured and served as consultant to art institutions around the world including the Metropolitan Museum of Art in New York and the Tate Modern in London.
Paolo Militello
Paolo Militello is Professore associato of Modern History at the Departement of Scienze umanistiche of the University of Catania. In the same University he is Coordinator of the PhD Scienze umanistiche e dei beni culturali and Scientific manager of the Master Erasmus Mundus T.E.M.A. – European territories. In 2005 and 2012 he was elected Professeur invité at the Ecole des hautes etudes en sciences sociales in Paris.
At present he is doing a research about practices and representations of city and territory in the Mediterranean during the Modern Age, with particular interest in the formation processes of identities analysed through the study of the iconographics and the cartographics representations. He is responsible, with Emanuele Rapisarda, of the Italian Centre of Historical Studies about Disability.
Publications :
- Books
- Il disegno della storia. Storici e immagini nella Sicilia d’età moderna, Bonanno, Roma-Acireale 2013
- Ritratti di città in Sicilia e a Malta (XVI-XVII secolo), Officina di Studi Medievali, Palermo 2008
- L’isola delle carte. Cartografia della Sicilia in età moderna, Franco Angeli Editore, Milano 2004
- La contea di Modica tra storia e cartografia (XVI-XIX secolo), L’Epos Editore, Palermo 2001
- Edited volumes
- Il Mediterraneo delle città. Atti del convegno internazionale (with E. Iachello), FrancoAngeli, Milano 2011
- L’insediamento nella Sicilia d’età moderna e contemporanea (with E. Iachello), Edipuglia, Bari 2008
- Journal articles (2010-2012)
- Urban identities in “african” Sicily. The city of Scicli in the modern age, in “Revista Movimentos Sociais e Dinamicas Espaciais”, n. 1, 2012, pp. 148-163
- A Rare Map of Sicily. Sicilia by Scipione Basta 1702, in "Journal of the International Map Collectors' Society", n. 125, summer 2011, pp. 41-44
- Il disegno della Storia. Vincenzo Mirabella e le Antiche Siracuse (1612-1613), in "Rivista Storica Italiana", a. 2010, fasc. III, pp. 1121-1145
Résumé de la communication
Un aveugle en Sicile : Vincenzo Tedeschi Paternò Castello (1786-1858)
Vincenzo Tedeschi Paternò Castello (1786-1858) était un des principaux représentants de l’élite culturelle et de la noblesse de Catane, ville très importante du Royaume de Sicile. Aveugle à partir de l’âge de onze ans, il était philosophe kantien et il devint – non sans grandes difficultés – professeur de l’Université de Catane. Il publia plusieurs pamphlets, essais et monographies, entre lesquels nous citons les Elementi di filosofia (Eléments de philosophie, 2 volumes, Catane 1832-1833) et une Memoria sul porto di Catania (Mémoire sur le port de Catane, 1835). Il prit une part active à la vie politique et administrative de Catane pendant la période difficile de la Restauration et du Risorgimento.
A travers l’analyse de la vie et des oeuvres de ce personnage historique (récemment étudié par le chercheur Emanuele Rapisarda) on essayera de reconstruire la condition des non-voyants dans le contexte social, culturel et politique du Mezzogiorno d’Italie (et, en particulier, de la Sicile) pendant le délicat et difficile moment de passage de l’Ancien Régime à l’âge contemporain.
Abstract :
A Blind Man in Sicily: Vincenzo Tedeschi Paternò Castello (1786-1858)
Vincenzo Tedeschi Paternò Castello (1786-1858) was one of the most important representatives of the cultural elite and of the nobility of the significant town of Catania in the Kingdom of Sicily. Blind from the age of 11, he was a Kantian philosopher and he became – not without great difficult – a professor at the university of Catania. He published several pamphlets, essays and monographs, amongst which we might mention Elementi di filosofia (Elements of Philosophy, 2 volumes, Catania 1832-1833) and Memoria sul porto di Catania (Memoir on the Port of Catania 1835). He took an active part in the political and administrative life of Catania during the difficult periods of Unification and Risorgimento.
Through an analysis of the life and works of this historical figure (who has recently been studied by researvher Emanuele Rapisarda) I will attempt to reconstruct the conditions of life of the blind in the social, cultural and political context of southern Italy (in particular Sicily) during the delicate and difficult transition from the Old Regime to the contemporary age.
Emanuele Rapisarda
Doctorant en "Histoire de la culture, de la société et du territoire dans l'âge moderne" à l'Université de Catane et, en co-tutelle italo-française, en « Histoire et Civilisations » à l’Ehess - Paris.
Né à Catane en 1973, Emanuele Rapisarda est Doctorant en "Histoire de la culture, de la société et du territoire dans l'âge moderne" à l'Université de Catane et, en co-tutelle italo-française, en « Histoire et Civilisations » à l’Ehess - Paris.
Dans sa thèse de doctorat il étudie l'aveugle Vincenzo Tedeschi Paternò Castello (1786-1858), en analysant la condition des non-voyants dans le Mezzogiorno d'Italie et en Sicile, aux XVIIIe et XIXe siècles.
Il est responsable, avec Paolo Militello, de l'Italian Center of Historical Studies about Disability.
En 2011 Rapisarda a publié, pour l'éditeur Bonanno (Roma-Acireale) “Le lettere de Louis Braille (1809-1852) de l'Archive de l'Institut National des Jeunes Aveugles”.
Résumé de la communication
Un aveugle en Sicile : Vincenzo Tedeschi Paternò Castello (1786-1858)
Vincenzo Tedeschi Paternò Castello (1786-1858) était un des principaux représentants de l’élite culturelle et de la noblesse de Catane, ville très importante du Royaume de Sicile. Aveugle à partir de l’âge de onze ans, il était philosophe kantien et il devint – non sans grandes difficultés – professeur de l’Université de Catane. Il publia plusieurs pamphlets, essais et monographies, entre lesquels nous citons les Elementi di filosofia (Eléments de philosophie, 2 volumes, Catane 1832-1833) et un Memoria sul porto di Catania (Mémoire sur le port de Catane, 1835). Il prit une part active à la vie politique et administrative de Catane pendant la période difficile de la Restauration et du Risorgimento.
A travers l’analyse de la vie et des oeuvres de ce personnage historique (récemment étudié par le chercheur Emanuele Rapisarda) on essayera de reconstruire la condition des non-voyants dans le contexte social, culturel et politique du Mezzogiorno d’Italie (et, en particulier, de la Sicile) pendant le délicat et difficile moment de passage de l’Ancien Régime à l’âge contemporain.
Kim E. Nielsen
Professor of History, School of Disability Studies, The University of Toledo (Ohio)
Kim Nielsen—Professeur dans le domaine des études sur le handicap Depuis son doctorat en Histoire (PhD) de l’Université d’Iowa en 1996, la recherche de Nielsen se concentre sur les débats historiques de qui a le droit de participer à la vie civile; en utilisant le genre, le handicap, et les notions changeantes de la compétence comme outils d’analyse. A Disability History of the United States (Beacon, Oct 2012), le livre le plus récent de Nielsen, est la première analyse du handicap dans l’histoire des États Unis depuis la période qui a précédé l’arrivée des Européens jusqu’à nos jours. Les autres livres comprennent Beyond the Miracle Worker : The Remarkable Life of Anne Sullivan Macy and Her Extraordinary Freindship with Helen Keller (Beacon, 2009) ; Helen Keller : Selected Writings (NYUP, 2005) ; The Radical Lives of Helen Keller (NYUP, 2004) ; and Un-American Womanhood : Anti-Radicalism, Anti-Feminism, and the First Red Scare (OSUP, 2001). En 2010 l’ « Organisation of American Historians » (OAH) a honoré Nielsen en la nommant Distinguished Lecturer (conférencière distinguée). D’autres distinctions comprennent le « A. Elizabeth Taylor Prize of the Southern Association of Women Historians » 2007 pour le meilleur article dans la domaine de l’histoire des femmes américaines du sud pour son article « The Southern Ties of Helen Keller, » publié dans le Journal of Southern History ; une Founders Award for Excellence in Teaching, une « NEH Summer Fellowship », une OAH 2005 de conférencière au Japon, et une Fulbright Scholars Award pour l’Université d’Islande. Actuellement, Nielsen est présidente du comité de l’OAH sur le Handicap et l’Histoire du Handicap, et était présidente fondatrice de Disability History Association (l’Association d’Histoire du Handicap).
Résumé de la communication
Hélène Keller et l’histoire des aveugles
Helen Keller est une personnalité importante de l’histoire de la cécité. Même plus de 50 ans après sa mort, Helen Keller reste une des personnes les plus célèbres du monde avec un handicap connu et un symbole vivant de la cécité. La reconnaissance mondiale qu’elle a reçue pour ses nombreuses réalisations a élargi le champ des possibles pour les personnes aveugles tout en leur traçant un chemin difficile à suivre. Keller s’intéressait à l’histoire de la cécité, surtout à celle de Louis Braille et de l’éducation française des aveugles. Elle a aussi essayé de transformer l’avenir des aveugles à travers le monde, et en France, en prenant en considération la guerre, l’impérialisme, les inégalités de sexe et l’accès limité aux soins de santé. Dans cette présentation Nielsen examinera ces questions dans le contexte de l’histoire générale de la cécité.
Abstract :
Helen Keller and the History of Blindness
Helen Keller matters in the history of blindness. Even over fifty years after her death, Helen Keller remains one of the world’s most famous people with an acknowledged disability and a vivid symbol of blindness. The world-wide recognition she received for her many accomplishments, expanded opportunities for blind people while also establishing a difficult path to follow. Keller cared about the history of blindness, particularly that of Louis Braille and the French education of blind people. She also sought to transform the futures of blind people across the globe, in France, taking war, imperialism, gender inequalities, and limited medical care into consideration. In this presentation Nielsen will examine these issues in the context of the overall history of blindness.
Felicia Kornbluh
Director, Women’s and Gender Studies Program, Associate Professor of History, University of Vermont
Résumé de la communication
L’histoire non-dite de l’égalité américaine: Jacobus tenBroek, la politique des aveugles et les droits légaux (1945-1954)
Je vais parler de la vie et de l’œuvre du Docteur Jacobus tenBroek, fondateur et président pendant longtemps de la National Federation of the Blind aux Etats-Unis. TenBroek était un avocat de renommée nationale et un spécialiste de la législation constitutionnelle, dont les contributions scientifiques embrassaient les droits civils des Afro-américains, l’internement des Japonais et Américo-japonais pendant la deuxième guerre mondiale, le droit de voyager, le droit à l’aide sociale ainsi que les premières contributions scientifiques à la législation sur le handicap.
Mon intervention va se concentrer sur les contributions scientifiques de tenBroek qui ont servi de base aux arguments présentés par les avocats Afro-américains à la Cour Suprême des Etats-Unis en 1953, quand ils ont revendiqué la fin de la ségrégation légale en fonction de la race. Ses interventions ont eu pour fondement sa propre expérience de la discrimination et de l’activisme quand il était membre du California Council of the Blind puis de la National Federation of the Blind. Je vais me concentrer surtout sur ce que tenBroek a écrit sur l’histoire et le droit du quatorzième amendement de la Constitution des Etats-Unis, en particulier la clause ‘protection égale’ qui a été à la base de toutes les grandes campagnes pour l’égalité qui ont eu lieu à la Cour Suprême depuis les années 1950.
Abstract :
The Untold History of American Equality : Jacobus tenBroek, Blind People’s Politics, and Legal Rights, 1945-1954
I will speak on the life and work of Dr. Jacobus tenBroek, founder and long-time president of the National Federation of the Blind in the United States. TenBroek was an advocate of national renown and a scholar of constitutional law whose academic contributions spanned the issues of African American civil rights, Japanese and Japanese American internment during World War Two, the right to travel, and social welfare rights – as well as including the earliest legal scholarship on disability.
My remarks will focus upon tenBroek’s role in producing scholarship that undergirded the argument African American advocates made before the United States Supreme Court in 1953, when they appealed for an end to legally mandated segregation on the basis of race. This scholarship built upon his own experiences of discrimination and activism as a member first of the California Council of the Blind and then of the National Federation of the Blind. I will focus on tenBroek’s writing about the history and jurisprudence of the Fourteenth Amendment to the U.S. Constitution – particularly the “equal protection” clause, which has been the basis of all of the great equality campaigns in the federal courts since the 1950s.
Jean-Christophe Coffin
Maître de conférences en histoire de la médecine et éthique médicale à la faculté de médecine de l'université Paris Descartes et chercheur associé au centre d'histoire des sciences et des techniques A. Koyré (UMR 8560).
Ses travaux portent sur l'histoire de la psychiatrie aux XIXe et XXe siècles. Il a publié notamment La Transmission de la folie, 2003 et a coordonné la publication Conceptions de la folie et pratiques de la psychiatrie autour d'Henri EY, 2008. Il est le président de la Société Européenne de Recherche sur le Handicap et participe à la revue Alter. Revue européenne de recherche sur le handicap
Bruno Liesen
Issu d’une lignée de relieurs bruxellois, Bruno Liesen est historien professionnel, éditeur scientifique et auteur. Il travaille à mi-temps comme chercheur au Centre de recherche sur les aspects culturels de la vision fondé par la Ligue Braille, organisation belge vouée aux personnes aveugles et malvoyantes. Il a été secrétaire de rédaction de la revue VOIR [barré], organe du Centre de recherche. Actuellement, il est chargé plus particulièrement de promouvoir la vulgarisation des sciences, de la recherche et de l’innovation liées au handicap visuel. Par ailleurs, il exerce un double mandat de collaborateur scientifique et d’assistant chargé d'exercices à l'Université libre de Bruxelles (ULB), où il est chargé de valoriser les fonds patrimoniaux de la Réserve précieuse des bibliothèques de l’ULB. Il prépare en outre une thèse de doctorat sur l'histoire de l'imprimerie à Bruxelles dans l'entre-deux-guerres. Il collabore aussi à temps partiel avec un libraire-expert en livres anciens, Eric Speeckaert.
Publications récentes
- « Le signe du toucher: histoire des écritures pour personnes aveugles », dans L'Émoi de l'histoire, t. 34, 2012, p. 147-175.
- « Le Musée-Bibliothèque Michel de Ghelderode à l’ULB », dans La Passion Ghelderode, 1962-2012, Bruxelles, Association internationale Michel de Ghelderode ; Le Cri, 2012, p. 70-74.
- « Henri La Fontaine et la bibliographie: Au service de la coopération intellectuelle », dans Henri La Fontaine, Prix Nobel de la Paix en 1913: Un Belge épris de justice, Bruxelles, Racine ; Mundaneum, 2012, p. 104-121.
- Comme éditeur scientifique : Repères culturels de la cécité. I. Parcours historique et littéraire. II. Parcours thématique (= VOIR [barré], nos 36-37 et 38-39), Bruxelles, Ligue Braille, 2010-2011, 2 vol. (comme auteur : Avant-propos et notices Histoire du braille ; Images de la cécité ; Musées et dépôts d’archives relatifs à la cécité).
- Six points de lumière: Enquête autour de Louis Braille, Bruxelles, Memogrames ; Ligue Braille, 2008 (paru simultanément en néerlandais : Zes lichtpuntjes: Een enquête naar Louis Braille, Brussel, Memogrames ; Brailleliga).
Noëlle ROY
Conservatrice du Musée Valentin Haüy, Paris
Depuis 2000, conservatrice du Musée Valentin Haüy, 5 rue Duroc, 75007 Paris. Depuis 2006, responsable également de la Bibliothèque patrimoniale Valentin Haüy. Publie régulièrement des articles sur les collections du musée et de la bibliothèque dans les revues éditées par l’Association Valentin Haüy, essentiellement Le Louis Braille, imprimé en braille, rubrique Objets de mémoire, et Le Valentin Haüy, imprimé en « noir » (écriture des voyants).
En 2008, rédige une biographie de Louis Braille.
En 2009, co-commissaire de l’exposition Louis Braille, 1809-1852, un homme, une œuvre, tenue du 8 au 23 janvier à l’Institut National des jeunes aveugles de Paris, à l’issue du colloque international de l’Unesco organisé du 4 au 8 janvier pour la commémoration du bicentenaire de la naissance de Louis Braille.
En 1991, diplômée de muséologie de l’École du Louvre ; mémoire « Léon Heuzey ou la recherche des origines (1831-1922) », en collaboration avec Muriel Peissik.
En 1974, diplômée de psychologie clinique de l’Institut de Psychologie de l’Université Paris Descartes (Paris V) ; mémoire de psychopathologie « Pratiques médicales traditionnelles en Côte d’Ivoire ».
Résumé de la communication
Les archives, patrimoine encombrant ou promesse d’avenir ?
La Bibliothèque patrimoniale Valentin Haüy appartient à l’Association Valentin Haüy au service des aveugles et des malvoyants. Dès 1886, son fonds est constitué par Maurice de La Sizeranne, enseignant à l’Institution nationale des jeunes aveugles (INJA) de Paris, qui souhaite réunir tout ce qui a été publié ou se publie sur les aveugles dans le monde entier et dans toutes les langues. En cette fin du XIXe siècle, l’usage du braille favorise l’émergence d’une communauté d’aveugles instruits, éduqués à l’INJA. Pour Maurice de La Sizeranne, permettre à tous les aveugles de se construire dans la dignité relève d’un apostolat ; c’est pourquoi, en 1889, il fonde l’Association Valentin Haüy. La Bibliothèque Valentin Haüy, comme le Musée Valentin Haüy, est un outil qui promeut cette identité collective en devenir. Au fil du temps, la thématique s’élargit à la malvoyance. Les collections - imprimés, manuscrits, littérature grise, périodiques, correspondances, coupures de presse, plaques photographiques - couvrent une longue période chronologique, du XVIe siècle jusqu’à nos jours ; vingt-huit langues sont représentées, le français majoritairement, puis l’anglais.
La réunion de ressources aussi variées sur le handicap visuel est une occurrence précieuse, parce qu’exemplaire. Elle s’explique par l’ambition universaliste du fondateur. On s’interrogera sur le sens de ce patrimoine pour l’association qui l’abrite en ce lieu unique et pour ses utilisateurs.
Une partie du fonds est cataloguée sur le logiciel NetBiblio.
Le catalogue n’est pas consultable en ligne. Les lecteurs en situation de handicap visuel ont la possibilité d’utiliser les équipements adaptés de la médiathèque de l’AVH.
Abstract :
Archives: a cumbersome collection or a fabulous future?
The Valentin Haüy Heritage Library belongs to the Valentin Haüy Association. As early as 1886, its basic collection was created by Maurice de La Sizeranne, a teacher at the National Institute for the Young Blind in Paris who wished to bring together everything that had been published or was being published concerning the blind throughout the world and in all languages. As the 19th century drew to a close, the use of braille fostered the emergence of a community of educated blind people who had been taught at the National Institute for the Young Blind. For Maurice de La Sizeranne, to enable the blind to grow and blossom with no shame was like a calling, which is why, in 1889, he founded the Valentin Haüy Association. The Valentin Haüy Heritage Library, like the Valentin Haüy Museum, is a tool promoting this nascent collective identity. As time went by, the central preoccupation embraced visual impairment. The collections, consisting of publications, manuscripts, grey literature, periodicals, correspondence, press cuttings and photographs, cover a long historical period, from the 16th century till today; 28 languages are represented, mainly French, followed by English. This assemblage of such a variety of resources on visual impairment is a precious tool because it is exemplary. And if it is so, it is thanks to its founder’s global ambitions. We shall examine the meaning of this heritage for the association that houses it in these unique surroundings as well as for those who use it.
Part of the collection is catalogued on NetBiblio software. This catalogue is not accessible online but visually impaired readers can make use of the specialized equipment in the AVH library.
Jan-Eric Olsén
Associate Professor at Medical Museion, University of Copenhagen
Jan Eric Olsén is an associate professor at Medical Museion, University of Copenhagen. He has written on the visual culture of science and medicine, both historically and from a contemporary perspective, and published in journals such as Surveillance and Society and Nuncius. Journal of the Material and Visual History of Science. Olsén was co-curator of the exhibition Split + Splice. Fragments from the Age of Biomedicine (Medical Museion, 12.06.2009 – 04.04.2010), which received the Dibner Award for Excellence in Museum Exhibits 2010. His current research concerns the historiography of blindness and its links to museology and sensory regimes.
Résumé de la communication
L’entrelacement des documents d’archives et des objets de musée dans l’histoire de la cécité.
Les documents d’archives et les collections des musées constituent deux types différents de matériaux empiriques qui ne sont pas souvent utilisés ensemble. Cette présentation vise à discuter comment mettre ensemble ces ordres apparemment distincts. D’un côté, l’évidence des archives comme elle apparaît à travers le domaine du langage. D’un autre côté, les objets historiques comme ils apparaissent devant nous dans l’évidence de leur présence palpable.
D’une part, comment les objets physiques peuvent-ils contribuer à notre compréhension historique de la cécité et des régimes sensoriels et, d’autre part, les objets qui se lient à l’archive ont-ils seulement une signification d’un point de vue narratif ? Cette intervention fait partie d’un projet de recherche sur l’histoire et la muséologie de la cécité et de la culture tactile au Medical Museion, Université de Copenhague. Elle utilise des documents d’archives et des objets de musée provenant de l’institut danois des aveugles et malvoyants qui a été établi à Copenhague en 1858. Les sources d’archive comprennent, par exemple, des protocoles, lettres et fiches médicales, alors que les objets de musée comprennent des modèles en 3-D, des appareils d’écriture, des livres en relief et d’autres aides pédagogiques.
Abstract :
Interweaving archival documents and museum objects from the history of blindness
Archival documents and museum collections constitute two different types of empirical material that seldom are used in tandem. The purpose of this presentation is to discuss ways of bringing together these seemingly distinct orders. On the one hand archival evidence as it emerges from within the discursive realm of language. On the other hand historical objects as they appear before us in all their palpable presence. How can physical objects contribute to our historical understanding of blindness and sensory regimes and are objects that intersect with the archive only meaningful from a narrative perspective? The presentation is part of an ongoing research project on the history and museology of blindness and tactile culture, at Medical Museion, University of Copenhagen. It draws on archival documents and museum objects that originate from the Danish Institute for the blind and partially sighted, established in Copenhagen 1858. Archival sources include for instance protocols, letters and medical records. Museum objects range from three-dimensional models and writing devices to raised print books and other pedagogical aids.
Heather Tilley
British Academy Postdoctoral Fellow in the School of English Literature, Language and Linguistics at Newcastle University
Dr Heather Tilley is a British Academy Postdoctoral Fellow in the School of English Literature, Language and Linguistics at Newcastle University. Before taking up her award, she worked as a curatorial assistant at the National Portrait Gallery, London. Her research focuses on nineteenth-century literary, visual and material cultures, with a particular emphasis on the body and senses. She has published several articles on the literary cultures of blindness in the nineteenth century and is currently completing a monograph entitled Blindness and Writing: Wordsworth to Gissing. Her next research project examines the relationship between tactile culture and gender identity in the Victorian period.
Résumé de la communication
Exposer la cécité au XIXe siècle
Ma communication traite de deux expositions sur la cécité au dix-neuvième siècle, que j’organise cette année : Touching the Book: Embossed Literature for Blind People in the Nineteenth Century à la School of Arts, Birkbeck, University of London (juillet-octobre 2013) et Blind Victorians à la National Portrait Gallery, Londres (novembre 2013- avril 2014)
La première exposition explore l’histoire des livres imprimés en relief pour aveugles, en regroupant les exemples les plus significatifs de la littérature en relief (livres d’école, Bibles, guides spirituels, romans), ainsi que des guides d’écriture et des comptes-rendus textuels et/ou visuels sur la lecture par les malvoyants, tirés de plusieurs collections, dont celles du Royal National Institute for Blind People, du Wellcome Trust, du Medical Museion, Copenhague, et des collections privées. Alors que cette première exposition récupère des récits et des expériences de la cécité au dix-neuvième siècle à travers des objets, la deuxième reconstruit à l’aide de l’art du portrait les histoires et réussites de deux Victoriens britanniques remarquables, qui, actifs respectivement dans le domaine du voyage et dans le domaine de la politique, sont liés par leur expérience commune de la perte de la vue et de la cécité : James Holman (1786-1857) l’un des voyageurs les plus renommés du dix-neuvième siècle, et Henry Fawcett (1833-1884), spécialiste d’économie politique et l’un des hommes politiques libéraux les plus importants du siècle.
Dans cette intervention je parlerai des raisons, de la mise en oeuvre et de la conception des deux expositions, tout en exposant les problèmes d’accessibilité et les programmes d’information associés aux projets. J’évoquerai aussi quelques difficultés liées à l’organisation d’expositions sur la cécité au dix-neuvième siècle, du point de vue des collections.
Abstract :
Displaying Nineteenth Century Blindness
My paper focuses on two displays I am curating on nineteenth century blindness this year: Touching the Book: Embossed Literature for Blind People in the Nineteenth Century at the School of Arts, Birkbeck, University of London (July-October 2013) and Blind Victorians at the National Portrait Gallery, London (November 2013-april 2014)
The first display examines the history of embossed literature for blind people, bringing together important examples of early embossed literature (classbooks, Bibles, spiritual guides, fictional works), writing frames, and textual/visual accounts of visually-impaired people reading from the RNIB, Wellcome, Medical Museion (Copenhagen) and private collections.
Whilst this first exhibition recovers narratives and experiences about nineteenth-century blindness through a set of objects, the second display reconstructs through portraiture the stories and achievements of two remarkable British Victorians active in the worlds of travel and politics and connected by their shared experience of sight loss and blindness: James Holman (1786-1857) one of the early nineteenth century’s most celebrated travellers, and Henry Fawcett (1833-84) a political economist and leading Liberal politician.
In this paper, I will discuss the rationale, development and design for both displays, and speak about accessibility issues and planning outreach activities. I will also reflect on some of the challenges encountered in curating nineteenth century blindness from a collections point of view.
Bart Demuynck
Conservateur des archives Charles-Louis Carton (Spermalie, Bruges).
Collaborateur des archives sociales à Bruges
Conservateur des archives Charles-Louis Carton (Spermalie, Bruges). Collaborateur des archives sociales à Bruges.
Point d’intérêt : la genèse d’un terrain social qui s’occupait des citoyens qui vivent dans la marge (handicap physique/mental, pauvreté, …).
Résumé de la communication
La frontière précaire entre l’élimination, la dispersion et la conservation d’une collection de livres historiques importante, d’outils éducatifs et de correspondance (inter)nationale.
En 2004, quatre bénévoles ont commencé le classement, l’inventaire et le catalogue des archives de l’Institution pour les Sourds et Aveugles de Spermalie à Bruges (Belgique), afin d’en permettre l’accès aux intéressés. Ces archives, sous leur nouveau nom d’archives Charles-Louis Carton’, sont constituées d’environ 2.000 livres concernant l’enseignement des sourds et des aveugles ainsi que des rapports annuels des institutions provenant de par le monde rassemblés par Carton, ce qui lui permit d’accéder à une renommée internationale en la matière. Il collectionna également des outils éducatifs pour sourds et aveugles, ce qui permet d’en démontrer l’évolution. La correspondance (inter)nationale de Carton a également été sauvegardée. Ces 2 dernières années, ces archives sont menacées par un manque d’intérêt de la part de la direction et d’un manque de fonds nécessaires à sa conservation (même si ces archives sont gérées par des bénévoles). En outre les archives manquent d’espace. Le tout est rendu encore plus critique par la nouvelle orientation prise par l’institution qui abandonne en grande partie la formation de sourds et d’aveugles pour celle des jeunes autistes.
Abstract :
The thin line between removal, dispersion and conservation of an important historical collection of books, educational tools and (inter)national correspondence
In 2004, four volunteers started with the classification, the making of inventories and catalogues to open to the public the archives of the Deaf and Blind Institution Spermalie in Bruges (Belgium). These archives, under the new name ‘archives Charles-Louis Carton’, are centered around the library of almost 2,000 books on deaf and blind education and annual reports of institutions world-wide Carton collected, which he used to gain a(n) (inter)national fame in this area. He also collected lots of educational tools of the deaf and blind education in Spermalie and in the international field, which shows the evolutions of these tools . Next to this a collection of (inter)national correspondence from Carton in the archives of Spermalie is safeguarded. The last 2 years these archives are menaced because of the lack of interest of the managing board and the lack in grants to safeguard them (even if they are run by voluntarism). Also there is a lack of space. The changing of the target-group of the institution to pupils with autism makes this situation even more critical.
Jan Seymour-Ford
Research Librarian at Perkins School for the Blind
Jan Seymour-Ford est la bibliothécaire de recherche de Perkins School for the Blind depuis 12 ans. Elle participe à la rédaction de The Educator de l'ICEVI, une revue semestrielle internationale pour les enseignants d’aveugles, et a contribué à la rédaction de Perkins School for the Blind, 2004, par Kimberly French.
Résumé de la communication
Ressources historiques à Perkins School for the Blind
La bibliothèque de recherche de Perkins School for the Blind possède une richesse de matériaux qui éclairent l'histoire de la cécité et des aveugles. Nos matériaux sont importants parce qu'ils montrent l'histoire de ce domaine de l'éducation, ainsi que les attitudes sociales envers les personnes atteintes de cécité aux Etats-Unis, en Europe et d'autres parties du monde.
Dans cette présentation, nous allons discuter de la variété des matériaux à Perkins, pourquoi ils sont importants, et comment les chercheurs peuvent y avoir accès.
Voici un aperçu des matériaux à Perkins:
- Correspondance, 1830-1906, d'autres plus tardives
- Lettres des et vers les administrateurs de l'école
- Comptes rendus annuels
- Perkins School for the Blind
- Autres écoles américaines
- Les écoles en Europe et en Asie
- Des photos, des années 1880-1980, certaines antérieures
- Images des bâtiments, des campus, de l'enseignement
- Livres, du 18e au 20 siècle, dans de nombreuses langues :
- français, allemand, suédois, espagnol, italien, japonais, néerlandais, langues scandinaves, et d'autres
- Reproductions artistiques, pour la plupart du 19e siècle
- Images des conditions de vie et des attitudes
- Matériels pédagogiques de Perkins, y compris des dispositifs tactiles
- Des livres tactiles, des modèles, des appareils d'écriture
- Journaux des enseignants de Perkins
- Rapports sur les progrès quotidiens des étudiants
- Registres des étudiants de Perkins, 19e siècle
Énumèrent les causes de la déficience visuelle et les origines sociales des étudiants
Abstract :
Historical Resources at Perkins School for the Blind
The Research Library at Perkins School for the Blind has a wealth of materials that illuminate the history of blindness and the blind. Our materials are important because they show the history of this field of education, as well as social attitudes toward people with blindness in the U.S., Europe, and other parts of the world.
In this talk, we will discuss the variety of materials at Perkins, why they are important, and how researchers can get access to them.
Here is an outline of the materials at Perkins:
- Correspondence, 1830s-1906, some later
- Letters to and from the directors of the school
- Annual reports
- Perkins School for the Blind
- Other U.S. Schools
- Schools in Europe and Asia
- Photographs, 1880s-1980s, some earlier
- Images of buildings, campuses, instruction
- Books, 18th- through 20-century, in many languages
- French, German, Swedish, Spanish, Italian, Japanese, Dutch,
- Scandinavian, and other languages
- Art prints, mostly 19th-century
- Portray living conditions and attitudes
- Perkins curricular materials, including tactile devices
- Tactile books, models, writing devices
- Perkins teacher journals
- Reports on daily progress of students
- Perkins student ledgers
- Show causes of visual impairment and social origins of students
Maria Canella
Dipartimento di Studi storici - Università degli Studi di Milano
Responsabile dell’Archivio storico dell’Istituto dei Ciechi di Milano con Enrica Panzeri
Degree in History of Risorgimento with Franco Della Peruta, Ph.D. in History of European Society, adjunct professor of “Fashion History and Documentation”, “Fashion Publishing and Communications” and “Women’s History and Gender Identity” (Università degli Studi di Milano); adjunct professor of “Fashion Design in the Laboratory of Brand Development and Fashion Management” in the Department of Industrial Design (Politecnico di Milano). Graduate archivist at the Archival, Palaeography and Diplomatics School (Archivio di Stato di Milano). Coordinator of the historical archive of the Blind Institute of Milan since 1999.
Her researches regard costume and fashion history, Italian urban history between XIX and XX century, with particular attention to functional aspects (public and residential buildings, cemeteries, prisons, sports and industrial facilities). She also deals with history of assistance and charity in Lombardy, as well as local and prosopographic history. On these issues M.C. has published and edited volumes, essays in magazines and participated to conferences; moreover she realized historical exhibitions promoted by Lombardy Region, Milan Province and Municipality.
Member of the following associations: “Società Storica Lombarda”; “Istituto per la Storia del Risorgimento Italiano”; “S.I.D.E.S. Società Italiana di Demografia Storica”; “Società italiana di studi sul secolo XVIII”; “Sissco Società italiana per lo studio della storia contemporanea”; “SISS Società Italiana Storia dello Sport”.
Member of Scientific Commission of “Fondazione Collegio degli Ingegneri e Architetti di Milano” and “Fondazione Serbelloni”; member of the Governing Council of “Società Storica Lombarda”, “Istituto per la Storia del Risorgimento Italiano (comitato di Milano)” and “Istituto lombardo di storia contemporanea”. Secretary of the following associations: “Comitato nazionale per le celebrazioni del bicentenario della nascita di Carlo Cattaneo (2001-2004)”, “Centro di studi per la storia dell’editoria e del giornalismo”, Interdepartmental Center MIC “Fashion Image Consumption” of Università degli Studi di Milano.
President of the association “Memoria e Progetto” in Milan State Archive for the exploitation and valorisation of historical and artistic heritage. Coordinator for Lombardy of the national project “Italian Fashion Archives in XX century”. Co-director with Emanuela Scarpellini of the editorial series of Interdepartmental Centre MIC “Fashion Image Consumption” of Università degli Studi di Milano; member of the scientific committee of the series “Modern and contemporary society” edited by Franco Angeli.
Abstract :
The Institute for the Blind of Milan
Brief History
The Institute was founded in 1840 by Michael Barozzi at the Charity House of Industry, but already in 1855 thanks to the generosity of Count Sebastiano Mondolfo a modern boarding school was set up in Corso di Porta Nuova. At the death of Barozzi in 1867, Mondolfo took over the management of the Institute, with the intention of facing the recovery of the blind with a systematic and constructive policy, “so that they would have been able to take part, one day, with profit and dignity, in the large, complex world of creative activity”.
In 1873, the leadership was assumed by Francesco Zirotti who terminated the Asylum Mondolfo in Corso di Porta Nuova and left in his will the funds for the construction of a laboratory, built in 1884, for education and starting to the work of the poor blinds in adulthood. The Institute for the Blind began to achieve significant results such as the adoption of the Braille system in 1864 (first in Italy), the participation to the Exhibition of 1881 and the concerts of the Institute orchestra in Turin, London and Paris.
In October 1892, the Institute moved in the current location in via Vivaio, designed by Giuseppe Pirovano. In 1910 the rector, Monsignor Luigi Vitali, inaugurated the new kindergarten. In 1925, Monsignor Pietro Stoppani, inaugurated the Family House for blind adult women. In 1926 the Institute was declared educational institution and placed under the Ministry of Education. In 1939 was founded the professional school for the blind, which was to absorb the laboratories of wicker, carpentry and knitwear. In 1958, two new schools were opened devoted to the processing of carpets and massage. After the Second World War the Institute resumed its work of education and teaching for the blind, weaving strong and profitable relationships with other national and international bodies and remaining at the forefront of design, production and dissemination of teaching techniques, instruments, objects and books.
Historical and artistic heritage
The Institute for the Blind in Milan, located in the historical center of the city, promotes independence, autonomy, cultural and educational opportunities of the visually impaired, through study, training and provision of necessary services for education, personal development and professional management of the daily life of the blind. The Institute is today an open institution, which aims to strengthen and renew existing skills in typhlology, as well as to transfer resources, tools and expertise throughout the national territory.
The current location in via Vivaio, after promoting the gradual recovery of the spaces and the enhancement of the historical and artistic heritage, opened a few years ago a new season full of events, inviting the city to discover the works of art, the historical and music instruments, documents and photographs, became part of the museum through donations from benefactors, which since 1840 have supported the work of education and welfare of the Institute.
The work of valorisation of the museum heritage, which began in the nineties, has allowed a systematic cataloging, an in-depth description of the goods (in the book Luce su luce. La storia, gli uomini, il patrimonio, Silvana Editoriale, Milano 2003) and the construction of a new exhibition. In particular, the cultural heritage section within the site www.istciechimilano.it tells in a clear and comprehensive way the history of the Institute and of its heritage, thanks to a virtual tour of the Institute and thematic essays written by specialists.
The Institute for the Blind is the first of the welfare associations in Milan that opened its headquarters, showing, through guided tours, all the historical and artistic heritage accumulated since its foundation. It is a path that guides visitors through the spaces still used today for the activities of the Institute, where have been located the different sections of the museum, consisting of paintings, statues, musical instruments, books, documents, photographs and didactic tools for the blind.
The complexity of the historical and artistic heritage constitutes the peculiarity of this museum, thanks to which it is possible to understand the history and the multiple functions performed by the milanese network of institutions and welfare associations, which is a unique case in Italy and Europe.