L'actualité d'Eckhart et de Nicolas de Cues
Pour fêter la publication de L’Encyclopédie des mystiques rhénans d’Eckhart à Nicolas de Cues, nous souhaitions avoir un temps-fort qui permette de marquer ce tournant qui intervient dans les études eckhartiennes et cuséennes de par le monde. Ainsi des spécialistes du monde entier : Etats Unis, Angleterre, Allemagne, Italie, Suisse, France… ont pu se réunir à Paris et préciser comment cette Encyclopédie faisait à la fois le bilan des études existantes et ouvrait de nouvelles perspectives de recherche sur Eckhart et Nicolas de Cues.
Programme
Jeudi 8 décembre
Présidence : Jacques Walter
- L’Encyclopédie des mystiques rhénans d’Eckhart à Nicolas de Cues. L’apogée de la théologie mystique de l’Eglise d’Occident dans l’édition française par Nicolas-Jean Sèd, directeur général des Éditions du Cerf
- Une entreprise éditoriale originale et franco-allemande, traduite en italien : L’Encyclopédie des mystiques rhénans d’Eckhart à Nicolas de Cues et leur influence, et l’iconographie correspondante par :
- Dirk Passmann, directeur des Éditions Aschendorff, Münster
- Sante Bagnoli, directeur de l’Editoriale Jaca Book
- Jacques Walter, codirecteur de la MSH Lorraine
- L’apport de l’Encyclopédie en Allemagne par :
- Wolfgang Port, maire de Bernkastel-Kues et Président de la Cusanus-Gesellschaft
- La réception d’Eckhart et les nouvelles perspectives de recherche par Marie-Anne Vannier, université Paul Verlaine-Metz, MSH Lorraine, directrice de l’équipe de recherche sur les mystiques rhénans
- Les étapes de la réception de Nicolas de Cues par Klaus Reinhardt, ancien directeur de l’Institut für Cusanus Forschung, université de Trèves
- Les nouvelles perspectives de recherche sur Nicolas de Cues par Walter Andreas Euler, directeur de l’Institut für Cusanus Forschung, université de Trèves
Après-midi
Présidence : Francis Rapp
- L’apport de l’Encyclopédie aux études eckhartiennes et cuséennes par Bernard Mc Ginn, université de Chicago
- Nicolas de Cues, un penseur de la modernité par Harald Schwaetzer, université d’Alanus
- La numérisation des manuscrits des mystiques rhénans par la Fondation Singer-Polignac par Albert Poirot, conservateur général de la BNU de Strasbourg
- Jean Tauler et la légende du Meisterbuch : portrait d’un Lebemeister par Rémy Vallejo, ERMR, Strasbourg
- Présentation des manuscrits de la Bibliothèque des Dominicains par Rémy Casin, conservateur de la Bibliothèque de la ville de Colmar
CONFERENCE DE PRESSE ET COCKTAIL
A partir de 17h30 aux Éditions du Cerf
29 boulevard de la Tour Maubourg, 75340 Paris 07
Vendredi 9 décembre
Présidence : Mgr Jean-Marie Stock
- Une pensée novatrice qui répond au passage du Moyen Âge aux temps modernes par Francis Rapp, membre de l’Institut, professeur émérite à l’université de Strasbourg
- Eckhart et la post-modernité par Yves Meessen, université Paul Verlaine-Metz MSH Lorraine ERMR
- L’apport de l’iconographie des mystiques rhénans par Jeffrey Hamburger, université de Harvard
- L’apport des nouvelles thèses sur
- Eckhart : Maxime Mauriege, ERMR, Thomas Institut, Université de Cologne Isabelle Raviolo, ERMR, Paris, Jean Reaidy, ERMR, Université de Kaslik, Liban
- Henri Suso : Monique Gruber, ERMR, Roanne
- Nicolas de Cues : Jean-Claude Lagarrigue, ERMR
- L’apport de l’œuvre latine d’Eckhart par Jean Devriendt, ERMR, Strasbourg
Après-midi
Présidence : Nicolas-Jean Sèd
- Les atouts d’une Encyclopédie pour l’étude d’Eckhart aujourd’hui par :
- Dietmar Mieth, président de la Meister Eckhart-Gesellschaft, université de Tübingen
- Jonathan Sutton, Eckhart Society, Oxford
- Hans Urs von Balthasar, les mystiques rhénans et le renouveau de la théologie par Jean Ehret, université Sacred Heart, Luxembourg
Présentations : (texte & vidéo)
Introduction et présentation du colloque
Nicolas-Jean Sèd
Jacques Walter
Marie-Anne Vannier
Une entreprise éditoriale originale et franco-allemande, traduite en italien : L’Encyclopédie des mystiques rhénans d’Eckhart à Nicolas de Cues et leur influence, et l’iconographie correspondante
Dirk Passmann
Sante Bagnoli
L’apport de l’Encyclopédie en Allemagne
Wolfgang Port
L’apport de l’Encyclopédie aux études eckhartiennes et cuséennes
Harald Schwaetzer
La réception d’Eckhart et les nouvelles perspectives de recherche
Marie-Anne Vannier
Les étapes de la réception de Nicolas de Cues
Klaus Reinhardt
Les nouvelles perspectives de recherche sur Nicolas de Cues
Walter Andreas Euler
L’apport de l’Encyclopédie aux études eckhartiennes et cuséennes
Bernard Mc Ginn
Nicolas de Cues, un penseur de la modernité
Harald Schwaetzer
L’apport de l’œuvre latine d’Eckhart
Jean Devriendt
Présentation des manuscrits de la Bibliothèque des Dominicains
Rémy Casin
Introduction et présentaion par Mgr Jean-Marie Stock
Une pensée novatrice qui répond au passage du Moyen Âge aux temps modernes
Francis Rapp
Eckhart et la post-modernité
Yves Meessen
L’apport des nouvelles thèses sur Eckhart
Maxime Mauriege
L’apport de l’iconographie des mystiques rhénans
Jeffrey Hamburger
L’apport des nouvelles thèses sur Eckhart
Isabelle Raviolo
L’apport des nouvelles thèses sur Eckhart
Jean Reaidy
L’apport des nouvelles thèses sur Henri Suso
Monique Gruber
L’apport des nouvelles thèses sur Nicolas de Cues
Jean-Claude Lagarrigue
Les atouts d’une Encyclopédie pour l’étude d’Eckhart aujourd’hui
Dietmar Mieth
Les atouts d’une Encyclopédie pour l’étude d’Eckhart aujourd’hui
Jonathan Sutton
Hans Urs von Balthasar, les mystiques rhénans et le renouveau de la théologie
Jean Ehret
Conclusion
Yves Pouliquen
Biographies
Nicolas Jean Sèd
Entré chez les dominicains en 1975, prêtre en 1980
Entrée aux Éditions du Cerf en 1981, Directeur littéraire depuis 1982
Administrateur des Publications de la vie Catholique 1996 à 2003
Président du Directoire et Directeur éditorial des Éditions du Cerf de 1995 à 2005
Membre du Directoire, Directeur général et éditorial depuis 2005
Chevalier de la Légion d’honneur
Crux pro ecclesia et Pontifice
Ordre de Saint-Serge de Radonège – Patriarcat de Moscou
Dirk Passmann
Directeur des Éditions Aschendorff Münster
Sante Bagnoli
Directeur des Éditions Jaca Book (Milan)
Co-éditeur des 4 volumes : « L’Apogée de la théologie mystique de l’Église d’occident » : L’Iconographie des mystiques rhénans, l’Encyclopédie des mystiques rhénans d’Eckhart à Nicolas de Cues et leur réception, et les 2 anthologies : Les Mystiques rhénans, Nicolas de Cues
Jacques Walter
Jacques Walter est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lorraine (Metz, France), directeur du Centre de recherche sur les médiations (Équipe d’accueil 3476) et directeur-adjoint de la Maison des sciences de l’Homme Lorraine (Unité de service et de recherche 3261, CNRS).
Il est spécialiste de la médiatisation des conflits et des médiations mémorielles. Parmi ses derniers ouvrages : La Shoah à l’épreuve de l’image (Presses universitaires de France, 2005) ; en codirection avec Béatrice Fleury, Les médias et le conflit israélo-palestinien. Feux et contre-feux de la critique (Metz, Celted Éd., 2008), Qualifier des lieux de détention et de massacre (4 tomes, Presses universitaires de Nancy, 2008-2011), Memorias de la piedra. Ensayos en Torno a Lugares de Represión y Masacre (Buenos Aires, Ejercitar la Memoria Ed., 2011).
Wolfgang Port
Maire de Bernkastel-Cues
Président de la Cusanus-Gesellschaf
Marie-Anne Vannier
Professeur à l’Université Paul Verlaine – Metz
Double formation en philosophie et en théologie
Professeur en théologie à l’Université Paul Verlaine -Metz, 2003. 1990-2003 : maître de conférences à l’Université de Strasbourg
Directrice de l’Équipe de recherche sur les mystiques rhénans
Nombreuses publications sur saint Augustin, Jean Cassien et Eckhart, dont :
- Les mystiques rhénans (dir.), Paris, Cerf, coll. « Dictionnaires », 1996.
- Mémorial Jean Tauler (dir.), Paris, Cerf, coll. « Épiphanie », 2001.
- Noël chez les mystiques rhénans, Paris, Arfuyen, 2005.
- La Naissance de Dieu dans l’âme chez Eckhart et Nicolas de Cues (dir.), Paris, Cerf, coll. « Patrimoines – Christianisme », 2006.
- Eckhart à Strasbourg, Strasbourg, 2006.
- La Prédication et l’Église chez Eckhart et Nicolas de Cues (dir.), Paris, Cerf, coll. « Patrimoines – Christianisme », 2008.
- De la Résurrection à la naissance de Dieu dans l’âme chez Eckhart, Paris, Cerf, coll. « Épiphanie », 2008.
- La Trinité chez Eckhart et Nicolas de Cues (dir.), Paris, Cerf, coll. « Patrimoines – Christianisme », 2009.
- Anthologie des mystiques rhénans, Paris, Cerf, coll. « Dictionnaires », 2010.
- Saint Augustin ou la conversion en acte, Paris, Entrelacs, 2011.
- La Création et l’anthropologie chez Eckhart et Nicolas de Cues (dir.), Paris, Cerf, coll. « Patrimoines », 2011.
Résumé de la communication
L’un des apports de L’Encyclopédie des mystiques rhénans est d’avoir donné un panorama de la réception de leur œuvre jusqu’aujourd’hui : de Jean de la Croix et de Luther à Jacques Derrida ou Jacques Lacan, en passant par Angelus Silesius, Hegel, John Cage, Robert Musil…
De plus, en présentant de manière synthétique tant l’œuvre que les thèmes développés par les mystiques rhénans et Nicolas de Cues, l’Encyclopédie ouvre des perspectives de recherche jamais proposées jusqu’ici.
Nous partirons de son apport pour réfléchir sur les orientations actuelles des recherches eckhartiennes, taulériennes et cuséennes, sans oublier le rapport texte-image chez Henri Suso.
Klaus Reinhardt
A obtenu les degrés du doctorat et de l’habilitation en théologie à l’université de Fribourg-en-Brisgau.
De 1969 à 2003 il était professeur pour la théologie dogmatique et l’histoire du dogme à la Faculté théologique de Trèves, et de 1993 à 2006 directeur de l’Institut für Cusanus-Forschung à Trèves. Il s’occupait de l’histoire de l’exégèse biblique, en continuant le Repertorium Biblicum Medii Aevi de son maître F. Stegmüller, en outre de l’histoire de la philosophie et théologie en Espagne, et, non en dernier lieu, de l’œuvre de Nicolas de Cues (a édité, avec W. Euler, Nicolai de Cusa Opera omnia XIX, 1 : Sermones CCIV-CCXVI, 1996).
Résumé de la communication
La variété des intérêts de Nicolas de Cues (d’une part ses activités pratiques : la vie ecclésiastique et diplomatique, la pastorale, la prédication, l’aide sociale ; d’autre part ses intérêts théoriques : métaphysique, mystique, ecclésiologie, théorie politique, dialogue des religions, mathématiques, science) en fait un personnage singulier. Il ne faisait pas partie d’une école et ne fondait pas d’école. Il assimilait beaucoup de sources différentes, de la même manière son œuvre fut assimilée en différentes directions. C’est pourquoi il est difficile de tracer l’histoire de sa réception. En laissant de côté ses activités pratiques comme évêque, diplomate, fondateur d’un hospice pour les pauvres… et en se concentrant sur les effets de son œuvre littéraire, on peut distinguer quatre étapes, dominée chacune par un aspect particulière de son œuvre.
Première étape : La formation d’un corpus cuséen dans les premières éditions imprimées, XVe-XVIe siècle). Éditions de Strasbourg (1488) : Milan (Corte Maggiore, 1502), Paris 1514, Basel 1565. La plus importante est celle de Paris 1514 par Jacques Lefèvre d’Étaples. Idée prédominante : le Cusain comme mystique.
Deuxième étape : La réception du Cusain, en partie anonyme, dans la cosmologie du temps moderne (XVIIe-XIXe siècle). Ce n’est plus la mystique du Cusain sinon la cosmologie (substitution du géocentrisme par une vision du monde héliocentrique, ou mieux dit, infini) qui provoquait l’intérêt des philosophes et scientifiques : Giordano Bruno, Leibniz, Schelling, Hegel.
Troisième étape : Renouveau des études cuséennes aux XIXe et XXe siècles. L’initiative de la Faculté de théologie catholique de Tübingen (1831) (aspect ecclésiologique et œcuménique). Travaux mathématiques. La philosophie du néo-kantianisme de Marburg (Hermann Cohen, Ernst Cassirer). Tous ces efforts débouchaient sur le plan d’une édition critique de tous les écrits de Nicolas de Cues : Nicolai de Cusa Opera omnia iussu et auctoritate Academiae Litterarum Heidelbergensis ad codicum fidem edita. Vol. I-XX. Leipzig-Hambourg, Felix Meiner, 1932-2005.
Quatrième étape : Extension mondiale des idées de Nicolas de Cues. Traduction des écrits cuséens dans beaucoup de langues ; fondation des centres d’études en beaucoup de pays. Tous les thèmes de l’œuvre cuséenne sont abordés.
Walter Andreas Euler
Docteur habilité en théologie
Professeur de théologie fondamentale et de théologie œcuménique à la Faculté Théologique de Trèves
Directeur de l’Institut Cusanus de Trèves ainsi que président du conseil scientifique de la Cusanus Gesellschaft
Unitas et pax. Religionsvergleich bei Raimundus Lullus und Nikolaus von Kues, Wurtzbourg – Altenberge, 2e éd., 1995. « Pia philosophia » et « docta religio ». Theologie und Religion bei Marsilio Ficino und Giovanni Pico della Mirandola, Munich, 1998. Éditions de textes de Raymond Lulle (Raimundi Lulli Opera latina, tome XXIII – Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis, tome 115) et de Nicolas de Cues (collaboration aux Sermones, tome IV – Nicolai de Cusa Opera omnia, tome XIX).
Co-éditeur de la série : Nicolas de Cues, Predigten in deutscher Übersetzung.
Co-éditeur de la série de livres de la Société Cusanus.
De nombreux articles et essais dans le domaine de la théologie fondamentale et sur Nicolas de Cues (voir la bibliographie toujours actuelle sur le site internet de la Faculté Théologique de Trèves).
Résumé de la communication
La situation internationale de la recherche sur le Cusain
Au cours du vingtième siècle, la recherche sur le Cusain a connu un essor mondial important. Le point de départ de ce développement se situe en 1920, quand Edmond Vansteen¬berghe publie à Paris sa grande biographie cuséenne : Le Cardinal Nicolas de Cues (1401-1464) : L’action – La pensée. En 1927, c’est l’œuvre de Ernst Cassirer : Individuum und Kosmos in der Philosophie der Renaissance qui fait époque et qui décrit le Cusain comme celui qui fait passer du Moyen Âge aux Temps Modernes. La même année, est fondée la « commission Cusanus » de l’Académie de Heidelberg qui réalisera l’édition critique des œuvres de Nicolas de Cues. Il suffit de jeter un regard sur les lexiques et encyclopédies correspondants pour s’apercevoir que Nicolas de Cues était souvent très peu connu et parfois même considéré comme un personnage assez obscur.
Vraisemblablement, personne n’aurait eu l’idée de le nommer par exemple à côté d’Anselme de Cantorbéry, de Thomas d’Aquin, de René Descartes ou d’Emmanuel Kant. Eh bien, quel changement ! La semence semée à Paris et à Heidelberg est tombée sur la bonne terre et a germé naturellement. Aujourd’hui, il y a des centres consacrés au Cusain non seulement en Allemagne, au Japon et aux États-Unis, mais également aux Pays-Bas, en Italie, en Argentine et en Russie. En France aussi, on peut constater un grand intérêt depuis quelques années. Or, la recherche sur Nicolas de Cues s’est élargie si considérablement qu’elle est arrivée à un point critique. Elle change avec une vitesse impressionnante. Il y a vingt ans encore, tous les chercheurs se connaissaient et se rencontraient régulièrement. À présent, les congrès et colloques sont beaucoup plus nombreux, de sorte que ce n’est qu’une partie de la communauté scientifique qui peut participer à chacune de ces rencontres. Par conséquent, les différents groupes de chercheurs ont tendance à vivre dans des « univers parallèles », n’ayant plus aucun contact avec les autres. Face à cette situation, un retour à l’essentiel de la recherche sur Nicolas de Cues est indispensable.
En m’inspirant de Werner Beierwaltes, je considère la pensée cuséenne comme un thesaurus intellectualis, comme un « trésor intellectuel », dont on est loin d’avoir saisi l’importance. Certes, le fait travailler sur un grand penseur du passé tel que Nicolas de Cues ne nous aidera guère à surmonter plus facilement les défis complexes de la post-modernité ; puisque ses réflexions sont celles d’une autre époque, il est assez rare, qu’elles soient directement transférables au monde d’aujourd’hui. En revanche, elles élargissent notre horizon intellectuel et ouvrent le champ visuel de notre œil intérieur.
Bernard McGinn
Bernard McGinn is the Naomi Shenstone Donnelley Professor emeritus at the Divinity School of the University of Chicago, where he taught from 1969 to 2003. Prof. McGinn received an S.T.L. degree from the Pontifical Gregorian University in Rome in 1962 and a Ph.D. degree in History of Ideas from Brandeis University in 1970. Most of his writing has been on patristic and medieval historical theology, especially the areas of apocalyptic thought and spirituality and mysticism. He has written extensively on Joachim of Fiore and Meister Eckhart (e.g., The Mystical Thought of Meister Eckhart [2001]). His current long-range project is a seven-volume history of Christian mysticism under the general title The Presence of God. Four volumes have already appeared (1991, 1994, 1998, 2007). The fifth volume, Varieties of Vernacular Mysticism 1350-1550, is to be published in 2012. Prof. McGinn is also the Editor-in-Chief of Paulist Press’s Series, The Classics of Western Spirituality (124 vols. to date)
Résumé de la communication
The publication of the first major research work devoted to Meister Eckhart and Nicholas of Cusa marks a new stage in the history of research on these German thinkers of the late Middle Ages, and, indeed, for the general significance of fourteenth- and fifteenth-century thought in the history of Western philosophy and theology. It is not possible to project what forms of comparative study will emerge from this project, but as an example of some of the possibilities, this essay will illustrate how writing the entry on nihil in Eckhart and Cusanus for the Encyclopédie has given me new insight into this important aspect of apophatic thought. I will expand on what I wrote for the Encyclopédie, comparing how both these thinkers, each in his own way, achieved new ways of thinking about the transcendental “no-thingness” of God and human nature that remain challenging today.
Harald Schwaetzer
Since 2009, Harald Schwaetzer holds a chair of philosophy at the Alanus University of Arts and Social Sciences, Alfter. From 2002 to 2008, he was “Cusanus-Dozent” of the Cusanus-Institute, Trier. He co-edited a few issues of the sermons of the “Nicolai de Cusa Opera omnia”. In 2006 he finished his habilitation on the Neo-Kantianism and Late Idealism in Germany.
In 2007, he was fellow in residence of the Royal Flemish Academy, participating in the cluster “Theories of Vision and Techniques of Visualization in the First Half of the 15th Century”. He is one of the directors of the “Kueser Akademie für Europäische Geistesgeschichte”.
He is member of the editorial board of “Philo-sophie interdisziplinär” (Roderer), “Texte und Studien zur europäischen Geistes¬geschichte” (Aschendorff), and of the journal “Coincidentia. Zeitschrift für europäische Geistesgeschichte” (Aschendorff).
Résumé de la communication
To call Nicholas of Cusa a modern philosopher seems to overuse a phrase. But it is well known that it is not possible to refer precisely Cusa's philosophy neither to the mediaevel nor to the modern times. Therefore, it might be of interest, to change the point of view by rising the question whether and in which sense Cusa's ideas may stimulate contemporary philosophy. The paper will focus on anthropology and epistemology in order to show that Cusa's "modernity" differs from what modernity is understood by modern philosophers. Especially Cusa's approach to a spiritual and intellectual idea of human mind's essence offers crucial points of difference.
Albert Poirot
Conservateur général des bibliothèques
Administrateur de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg depuis 2006, après avoir été Inspecteur général des Bibliothèque (1996-2005), et Directeur de différentes bibliothèques, dont celle de Dijon.
Archiviste-paléographe.
École nationale des Chartes.
Officier dans l’Ordre des Palmes académiques
Chevalier dans l’Ordre national du Mérite
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres
Quelques publications :
- Le Patrimoine, dans Dictionnaire encyclopédique du livre, Editions du Cercle de la librairie, 2011
- La loi relative aux libertés et responsabilités des universités : point de vue de l'ADBU, dans : Bulletin des bibliothèques de France, 2009, n° 6 (Urgences universitaires)
- Les archives dans les bibliothèques : logiques de service ou accidents de parcours ? dans : Bulletin des bibliothèques de France, 2001, n° 2
- La fonction documentaire au sein du Ministère de la Culture et de la Communication : les perspectives ouvertes par l’opération Saint-Honoré-Bons-Enfants, rapport remis à Monsieur le Directeur du Cabinet de la Ministre de la Culture et de la Communication, septembre 2001
- Rapport de synthèse sur la Bibliothèque nationale de France, remis à Madame la Ministre de la Culture et de la Communication, mars 1999
- Le milieu socio-professionnel des avocats au Parlement de Paris à la veille de la Révolution (1760-1790) : Thèse d’École des chartes (1977)
Résumé de la communication
Le programme de numérisation portant sur la Mystique rhénane a été l'un des tout premiers projets de numérisation conduits par la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU). Cette démarche s'inscrit dans la mission de l'établissement de valorisation d'un fonds exceptionnel tant par sa qualité, son exhaustivité que son unicité. Ce projet a permis notamment de faire sortir les richesses des murs qui les conservent - la collection numérisée compte 24 manuscrits remarquables librement accessibles en ligne - et d'encourager une meilleure connaissance et un meilleur partage entre chercheurs.
Rémy Vallejo
Conservateur de Musée.
Dominicain.
Responsable du Rhin mystique.
Organise diverses expositions sur la mystique rhénane.
Auteur de divers articles sur Jean Tauler.
Présentation du Livre des Amis de Dieu ou Les Institutions de Jean Tauler, Paris, Arfuyen, 2011.
Résumé de la communication
De Jean Tauler (1300-1361), frère prêcheur et disciple de Maître Eckhart, la tradition et la critique disposent de trois portraits distincts : un autoportrait sous forme de confession qui jalonne la prédication du dominicain, l’image symbolique de la dalle funéraire réalisée à l’initiative de ses disciples à Strasbourg et enfin la figure légendaire du Meisterbuch, ouvrage qui depuis le XVe siècle est considéré comme l’Hystoria Thauleri. Une confrontation de ces différents portraits permet certes d’appréhender l’œuvre et, ce qui est plus rare, la personnalité du prédicateur strasbourgeois, mais aussi d’approcher la réalité de l’énigmatique Lesemeister qui est à l’origine cet authentique Lebemeister. En effet, d’un portrait à l’autre, où s’opère contre toute attente une mise en abyme de figures johanniques, non seulement néotestamentaires mais aussi médiévales, l’identité posthume et légendaire de Jean Tauler est éminemment corporative.
Rémy Casin
Études de Lettres classiques à l’Université de Strasbourg
Professeur agrégé de grammaire, carrière d’enseignant dans le second degré entre 1987 et 2004
Conservateur des Bibliothèques depuis 2005, en poste successivement à l’Université de Besançon et, depuis 2010, à la Bibliothèque municipale de Colmar, où il est responsable des collections patrimoniales
Résumé de la communication
Conçue comme un ultime prolongement de l’exposition présentée cet été à la Bibliothèque municipale de Colmar, Unterlinden, jardins clos de l’âme rhénane – Manuscrits enluminés des XIXe et XVe siècles, la communication présentera une rapide description de l’ensemble du fonds des Dominicaines d’Unterlinden, en mentionnant brièvement certaines de ses caractéristiques qui illustrent la spiritualité des moniales du xve siècle. Puis elle mettra en lumière quelques pièces maîtresses, telles que le manuscrit BMC 508 Vitae primarum sororum de subtilia, de Catherine de Gueberschwihr (vers 1330).
Francis Rapp
Médiéviste et historien de l’Alsace, Francis Rapp est d’abord un éminent spécialiste de l’Allemagne médiévale.
Professeur d’histoire du Moyen Âge à l’université Marc-Bloch de Strasbourg jusqu’à se retraite, il a été élu le 26 mars 1993 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, au fauteuil d’Emmanuel Laroche.
On doit à Francis Rapp notamment une Histoire de Strasbourg (en collaboration avec G. Livet ; 1982), Les Origines médié¬vales de l’Allemagne moderne (1989) et, chez Tallandier, Le Saint Empire romain germanique (2000). Il a également dirigé et codirigé les monumentales Histoire de l’Alsace (1977) et Histoire de Strasbourg (1982).
Yves Meessen
Yves Meessen est maître de conférences en théologie à l’Université Paul Verlaine - Metz. Il fait partie de l’Équipe de Recherche sur les Mystiques Rhénans.
Auteur d’articles dans différentes revues de théologie et dans des collectifs de colloques sur Eckhart, il a activement participé à la nouvelle Encyclopédie sur les Mystiques rhénans d’Eckhart à Nicolas de Cues et leur réception. Il vient de publier : L’être et le bien, relecture phénoménologique, paru aux éditions du Cerf, dans la collection « Cogitatio fidei » en 2011.
Résumé de la communication
Si la postmodernité se caractérise par une volonté de rompre avec la représentation ou, selon la formule de Michel Foucault, avec la « représentation de la représentation », maître Eckhart est sans doute un lointain précurseur de notre culture contemporaine. Plus précisément, Martin Heidegger, et Jacques Derrida à sa suite, ont trouvé chez Eckhart un des mots-clefs de la pensée postmoderne : la « déconstruction ». Cependant, le même « mot » désigne-t-il encore la même « chose » ? Pour Eckhart, le terme « déconstruction » (Entbildung) signifie un détachement de toute « image » (Bild). Grâce à ce procédé, s’ouvre un large horizon du sens où est consommée la rupture avec un logocentrisme à la fois manipulateur et étriqué. En cela, Eckhart est annonciateur de la tendance postmoderne. Cependant, la désimagination eckhartienne n’est pas voulue pour elle-même. Sa déconstruction est orientée. Elle est le premier moment d’une dialectique par laquelle l’homme est conformé à l’image de Dieu. Cette « conformation » (Einbildung) ne peut avoir lieu que là où l’homme cesse de cerner sa propre image par lui-même ainsi que l’image de Celui qui est la source abyssale de son être. Par ce procès où se joue l’« intimité » (Innigkeit) de la personne, Eckhart n’ouvrerait-il pas anticipativement un chemin herméneutique pour le sujet postmoderne en mal d’identité ? Là où les images-idoles sont tombées, une étape importante est franchie. Il reste à faire un pas plus audacieux encore. Ce pas est une sorte de saut dans le vide. Telle est la « percée » (Durchbruch) eckhartienne. « L’ère du vide », décrite par Gilles Lipovetsky, pourrait bien être le lieu inattendu d’une présence discrète, qui ne se laisse percevoir dans aucun horizon, mais sans laquelle aucun horizon ne serait possible. Maître Eckhart n’aurait-il pas dit son dernier mot à la postmodernité ?
Jeffrey F. Hamburger
Jeffrey F. Hamburger is the Kuno Francke Professor of German Art & Culture at Harvard University. A Fellow of the Medieval Academy of America and an elected member of both the American Philosophical Society and American Academy of Arts & Sciences, he has published widely on the art of the Middle Ages, above all, medieval manuscript illumination. Special interests include the art of female monasticism and interrelationships between art, mysticism and theology
Résumé de la communication
Le thème de « l’apport de l’iconographie des mystique rhénans » ne peut pas être pris comme allant de soi. En théorie, au moins, la mystique, dans ses formes certes les plus radicales, est définie comme le dépassement de l’expérience et avec elle des images. Cependant, dans la célèbre formule d’Henri Suso, les images peuvent être utilisées pour chasser les images. Au fil des années, beaucoup de liens ont été faits entre les écrits des mystiques rhénans et les œuvres d’art de l’époque, en particulier, ce qu’on appelle les Andachtsbilder (les images de dévotion). Bien que ces œuvres – par exemple : l’apôtre saint Jean et le Christ – prennent l’union mystique comme thème, la plupart de ces liens sont illusoires ou manquent de spécificité. Par conséquent, je me concentrerai sur un autre point : les écrits des trois célèbres mystiques rhénans : Eckhart, Tauler et Suso. Étudier successivement ces trois cas en revient à préciser les possibilités de l’image et de la théorie de l’image à une époque où elles ont connu de profondes transformations.
Dr. Maxime Mauriège
Docteur des Universités de Metz (Théologie) et de Cologne (Philosophie) – Programme « Cotutelle de Thèse » – Intitulé de la thèse : L’auto-intellection de Dieu chez Maître Eckhart
Enseignant-chercheur au Thomas-Institut de l’Université de Cologne (http://www.thomasinstitut.uni koeln.de/11512. html)
Responsable du fond “Meister-Eckhart-Archiv” au Thomas-Institut
Membre de l’Équipe de Recherche sur les Mystiques Rhénans
Projet de recherche actuel : Édition critique du Commentaire des Sentences (reportatio) du Ms. Brügge 491 (jadis attribué à Maître Eckhart par Joseph Koch) – menée en parallèle avec celle de la Lectura Thomasina de Guillelmus Petri de Godino (par le Dr. Alessandro Palazzo, Università Degli Studi di Trento)
Résumé de la communication
L’auto-intellection de Dieu chez Maître Eckhart
La présente étude s’emploie à reconstruire et à analyser la conception eckhartienne de l’auto-intellection de Dieu, afin de mettre en évidence les divers enjeux de cette question, et par suite de mesurer l’importance exacte qu’elle revêt dans l’œuvre et la pensée du Maître rhénan – surtout quant à son effort spéculatif pour accuser la réalité métaphysique de l’Intellect divin et rendre compte de son opérativité. L’ensemble de cette recherche se fonde sur un extrait du Sermon allemand 80, qui expose avec force et concision la richesse de l’intellectualité de Dieu à travers l’étendue de son acte d’auto-intellection, et propose ainsi une vue synoptique d’un traitement systématique de la question.
Isabelle Raviolo
Elle a fait ses études de philosophie et de lettres classiques en classes préparatoires à Lakanal et à Paris IV-Sorbonne. Pendant plusieurs années elle se consacre aussi au théâtre. En 2008, elle soutient sa thèse sur L’incréé chez Eckhart sous la direction de Marie-Anne Vannier, et elle la publie au Cerf en 2011.
Actuellement enseignante dans le secondaire et en classes préparatoires, à Paris, elle poursuit ses travaux sur Maître Eckhart et la mystique rhénane, à Metz, au sein de l’ERMR.
Parallèlement à ses activités, elle a créé et dirige Thauma (revue de philosophie et poésie) et la Dame d’Onze Heures (maison d’édition), et collabore à plusieurs revues. Elle écrit, peint et anime des ateliers pour enfants.
Résumé de la communication
Si Eckhart emploie la notion d’incréé pour exprimer la pureté de l’essence divine, il l’emploie aussi pour l’âme en tant qu’elle est créée à l’image de Dieu. Mais quand il rapporte l’incréé à l’âme, le Maître heurte son lecteur à la difficulté de discerner entre la nature de Dieu et la nature de l’âme tant certains textes semblent n’opérer aucune distinction entre elles. Ainsi il désigne l’étincelle de l’âme comme « un « un » unique indifférencié » (Sermon 22). Mais dire qu’il y a quelque chose en l’âme de si apparenté à Dieu que c’est « incréé » revient-il à dire que l’âme est tout entière incréée ? Eckhart met-il sur le même plan l’incréé de Dieu et l’incréé de l’âme, ce qui induirait un panthéisme ?
Tout l’enjeu de ma thèse a été de montrer que par la notion d’incréé, Eckhart donne une place centrale à la création de l’homme et à la notion d’image : par « l’étincelle » Eckhart entend-il encore « l’image » de Genèse I, 26 ou y voit-il autre chose ?
Par cette métaphore, le Maître entend ce que l’âme a de plus semblable à Dieu : un « quelque chose » d’incréé qui est dans l’âme sans pour autant que l’âme y soit tout entière assimilée quant à sa nature. La ressemblance entre ce « quelque chose » et la nature divine elle-même ne vaut pas comme une identité de nature : l’image n’est pas le modèle même si l’on peut établir un lien de parenté entre eux. Par cette distinction, Eckhart échappe à toute dérive panthéiste. L’étincelle est justement ce qui lui permet de ne pas poser que l’âme est incréée en son essence mais qu’il y a quelque chose d’incréé en elle. Et par ce « quelque chose » (Etwas / aliquid), l’âme est rendue capable de fécondité : elle devient « mère du Verbe » à l’image du Père incréé qui engendre éternellement son Fils en son sein.
Le « quelque chose d’incréé dans l’âme » semble donc traduire une « expérience mystique », celle de la naissance éternelle du Verbe dans l’âme – expérience qui est au cœur de la vie et de l’œuvre de Maître Eckhart. Et cette naissance éternelle s’actualise dans le temps par le mystère de l’Eucharistie où nous sommes unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité, par la grâce de l’Esprit Saint.
Jean Reaidy
Docteur en philosophie (Université Marc Bloch - Strasbourg) et en théologie (Université Paul Verlaine - Metz).
Professeur à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Liban).
Membre de l’Équipe de recherche sur les mystiques rhénans (ERMR).
Auteur d’un ouvrage intitulé Michel Henry, la passion de naître. Méditations phénomé-nologiques sur la naissance, Paris, L’Harmattan, 2009 et d’une thèse intitulée Une relecture phénoménologique contempo¬raine de la mystique eckhartienne de la « naissance de Dieu dans l’âme » par Michel Henry. Ses recherches actuelles visent à approfondir le lien existant entre la phéno¬ménologie de la vie et la théologie mystique
Résumé de la communication
Naissance mystique et divinisation intérieure de l’homme chez Maître Eckhart et Michel Henry
Notre thèse intitulée Une relecture phénoménologique contemporaine de la mystique eckhartienne de la « naissance de Dieu dans l’âme » par Michel Henry vise à repenser phénoménologiquement le sens spirituel de la naissance intérieure conçue par Eckhart comme étant le cœur de toute compréhension radicale du mystère chrétien.
La lecture phénoménologique que propose Michel Henry de la mystique eckhartienne de la naissance fondée sur des intuitions biblique, patristique et mystique manifeste une nouvelle tentative de scruter les profondeurs de la Vie qui s’auto-révèle dans son auto-engendrement, cette Vie qui ne fait que nous engendrer comme elle s’engendre elle-même. Si Michel Henry a trouvé dans la pensée mystique de Maître Eckhart une source d’inspiration singulière, c’est parce qu’elle porte en elle la liberté de son fond qui se manifeste dans la simplicité de sa vérité intérieure.
Sont analysés dans ce travail plusieurs axes mystiques et phénoménologiques qui se rapportent à la naissance mystique tels que le « détachement » eckhartien et la libération phénoménologique de l’essence, la connaissance absolue qui est essentiellement une connaissance filiale, la phénoménologie de l’homme intérieur, la naissance dans la Grâce divinisante, la naissance dans l’éternité de Dieu et son « présent vivant », la phénoménologie de la communauté vivante considérée comme le fruit d’une co-naissance pathétique qui ne finit jamais, la révélation esthétique qui trouve son sens ultime dans la naissance mystique ainsi que la filiation considérée comme le lieu de la « divinisation » de l’homme identique à sa naissance constamment intensifiée dans la vie de Dieu.
Monique Gruber
Agrégée d’histoire, thèse de théologie à Metz en 2008 sur Le rapport texte-image chez Henri Suso
Membre de l’Équipe de recherche sur les mystiques rhénans
Elle a rédigé différents articles sur Henri Suso
Résumé de la communication
Henri Suso ou la recherche d’un chemin mystique par le texte et par l’image
Deux des œuvres de Suso ont été illustrées : L’Horloge de la Sagesse, écrite en latin (vers 1339), et La Vie, écrite en moyen-haut allemand, faisant partie d’une édition de dernière main, L’Exemplar (1362-1363).
1 – Les sources essentielles
Pour La Vie : Karl Bihlmeyer, Deutsche Schriften (1907) ; Benoît Lavaud, L’Œuvre mystique du Bienheureux Henri Suso (1946-48) ; Jeanne Ancelet-Hustache, Henri Suso, Œuvres (1977). L’édition critique de L’Horloge de la Sagesse est celle de Peter Künzle (1977).
2 – Composition du travail
J’ai essayé d’élaborer un corpus des œuvres illustrées et j’ai pu établir une banque de données importante (plus de 200 images). Tout ceci aidant à un tracé de chemin mystique « en chassant les images par les images » et débouchant sur la transformation par delà les images et la désimagination.
3 – Résultats et perspectives de recherches possibles
L’utilisation des textes et des images n’est pas toujours sans danger : textes tronqués, confusions, fausses représentations – surtout dans L’Horloge de la Sagesse – paradoxalement pour mieux faire comprendre le message de Suso à un public nouveau (surtout au xve siècle). De plus, il n’existe pas de corpus d’images unifié, ni d’édition critique complète des œuvres de Suso. Enfin j’ai pu m’apercevoir que certaines images se cachaient encore dans des collections privées.
On peut donc imaginer une future et vaste édition critique, englobant textes et images dans l’œuvre de Suso, cela en respectant une stricte méthode de recherche.
Jean-Claude Lagarrigue
Docteur en philosophie
Membre de l’Équipe de recherche sur les mystiques rhénans
Étude de l’influence de Cues sur l’évangélisme français voire sur le protestantisme, en particulier concernant la maximalisation des souffrances du Crucifié, qui sont comparées à celles des damnés.
Auteur d’une nouvelle traduction de la Docte ignorance (Cerf, à paraître), élaborée dans cette perspective.
Auteur également d’un article sur « la triple génération du Verbe dans la lecture cuséenne de l’évangile de Jean » (Positions luthériennes, t. 52, n°3, juil.-sept. 2004) et de quelques rubriques de l’Encyclopédie des mystiques rhénans (Cerf, à paraître)
Résumé de la communication
L’ombre du Cusain plane sur l’évangélisme français du Cercle de Meaux. Certaines thèses cuséennes, comme l’attribution de souffrances « infernales » au Crucifié, réapparaissent en effet au début du XVIe siècle. Longuement discutée par Lefèvre d’Etaples et le chartreux Pierre Marnef de Leyde dans la préface de la 2e édition du Quintuple Psautier (1513, 1e éd. 1509), cette thèse est ensuite reprise et radicalisée par Luther et Calvin. Pour ces derniers, le Christ a certes enduré des souffrances maximales comme celles des damnés dans son corps mais aussi dans son âme, puisqu’il a ajouté aux pires douleurs du corps la souffrance de l’angoisse de l’abandon de Dieu. Calvin s’interrogera dès lors sur l’opportunité de faire descendre encore le Christ aux enfers le samedi saint, si celui-ci l’a en quelque sorte déjà fait sur la Croix le vendredi.
Exonérer les réformateurs d’être des novateurs complets, en rappelant l’influence de Cues, ne vise pas à accuser ce dernier à son tour. Car sa pensée s’enracine, croyons-nous, dans la longue tradition spirituelle qui médite la mort du « Dieu crucifié » (1 Co 2 : 8), de Tertullien (Contre Marcion, II, 16 ; 2, 27) à Eckhart (Sermon all. 29).
Jean Devriendt
Doctorat en Sciences religieuses et théologie, Université Marc Bloch, Strasbourg, novembre 2001 : Le Psaltérion à dix Cordes de l’Abbé Joachim de Flore. Transcription, traduction, annotations, et commentaires
Membre de l’Équipe de recherche sur les mystiques rhénans (ERMR)
En collaboration avec Denis Delattre, Répertoire bibliographique des mystiques Rhénans à Strasbourg : Guide et orientations sur les ouvrages disponibles dans les bibliothèques strasbourgeoises, Strasbourg, Ercal, 1997.
Ont suivi des études sérielles de l’œuvre latine d’Eckhart (voir Maître Eckhart, L’Œuvre des sermons, Erfurt - Paris - Strasbourg – Cologne. Introduction, traduction et annotations, Paris, Cerf, 2010) et ponctuelles de Nicolas de Cues (voir Nicolas de Cues, La Filiation de Dieu, traduit du latin, Paris, Arfuyen, coll. « Les carnets spirituels », 2009) et de divers thèmes liés à cette période.
Résumé de la communication
Il est assez rare de trouver des études systématiques de l’œuvre latine de Maître Eckhart. Cependant, quantitativement cette œuvre n’est pas négligeable. L’examen de la terminologie latine permet de distinguer des parallèles entre les deux corpus. Le vocabulaire de l’image par exemple, ou celui du détachement s’inscrivent dans une architecture dogmatique qui est donnée dans l’œuvre latine, et que l’œuvre allemande applique à des questions particulières. Un double mouvement se dessine entre les deux corpus, l’un nourrissant l’autre. Il confère une unité à l’ensemble de l’œuvre de celui que Jean Trithème désignera en latin Eckardus natione Teutonicus. Toujours en latin d’autres le nommeront, doctus et sanctus et en allemand Meister : on pourrait aller jusqu’à le présenter comme Meister Eckhart, doctus et sanctus … Il nous importe donc de retrouver cette unité perdue, en cherchant une orientation de ses travaux autre que celle basée sur les langues utilisées et qui donne à l’ensemble des écrits eckhartiens le maximum d’intelligibilité.
Dietmar Mieth
Studium der Theologie, Germanistik und Philosophie in Freiburg, Trier, München und Würzburg. 1974-1981 Professor für Moraltheologie an der Universität Fribourg (Schweiz).
Seit 1981 Professor für Theologische Ethik an der Kath.-Theol. Fakultät der Universität Tübingen. Gastprofessuren in Freiburg (Schweiz), Zürich und Nijmegen.
Seit 1986 Aufbau des interfakultären Zentrums “Ethik in den Wissenschaften” an der Universität Tübingen, 1990-2001 dessen erster Sprecher, 1994-2000
Seit 2008 Präsident der Meister Eckhart Gesellschaft.
Neuere Veröffentlichungen über Eckhart : Meister Eckhart. Mystik und Lebenskunst, Düsseldorf 2004. Kleine Ethikschule, Freiburg i. Br. 2004. Mit Konrad Hilpert (Hg.): Kriterien biomedizinischer Ethik, Freiburg i. Br. 2006. Meister Eckhart. Einheit mit Gott. Durchgesehene Neuauflage. Düsseldorf 2008.
Résumé de la communication
Die Erforschung der religiösen Bewegungen im Mittelalter, die zugleich die historische und die aktuelle Frage nach “Mystik” thematisieren, sind europäisch zusammengewachsen. Dies gilt nicht nur für die Bewegungen entlang des Rheines, sondern auch für das mitteldeutsche und angelsächsische Erkenntnisinteresse. Eine zweisprachige Enzyklopädie kommt dem ebenso entgegen wie eine neue lateinisch-englische Ausgabe Meister Eckharts.
Ein Teil des Studiums Meister Eckharts ist heute interreligiös ausgerichtet. Eckhart ist so etwas wie eine interreligiöse Adresse, ja Integrationsfigur geworden. Dies hängt damit zusammen, dass “Mystik” ein Phänomen ist, das Religionen zu übergreifen lässt. Freilich gibt’s es, wie Robert Zähner festgestellt hat, neben der Harmonie auch viel Dissonanz. Ein weiterer Grund für Eckharts interreligiöses Renommee ist die hohe Abstraktheit seiner Gedanken. Auch seine Bilder machen Abstraktes zwar anschaulich, aber sie erlauben unterschiedliche Aneignungen.
Dies gilt auch für das neureligiöse europäische Interesse an Meister Eckhart. Er scheint vieldeutig und viele seiner Worte sind “geflügelt”, so dass sie in ihrer Isolierung wiederum in unterschiedliche Nester zu fliegen scheinen. Manchmal spielt dabei auch die Zuspitzung seiner Sätze eine Rolle, zusätzlich mit einer forcierten Ketzerromantik, die “freie Geister” zu animieren scheint.
In der Tat predigt auch der historische Eckhart innerhalb von Bewegungen, die mehr religiöse Individualität und Freiheit suchten. Wir verfolgen dieses Thema in der Kollegforschergruppe in Erfurt am Max Weber Kolleg.
Für alle diese Interessen, die sehr unterschiedliche Zugangswege ausdrücken, ist eine Enzyklopädie, wie sie nun vorliegt, ein geeignetes Mittel, sich an Hand der Leitwörter eine größere Gewissheit darüber zu verschaffen, was Eckhart, seine Zeitgenossen und seine Rezipienten so sehr antrieb, dass sie in ihm einen Menschen sahen, “dem Gott nichts verbarg”.
Jean Ehret
Docteur en langue et littérature françaises
Docteur en théologie, Research Fellow et Adjunct Professor Sacred Heart University Luxembourg
Membre associé du Centre de recherches « Écritures » de l’Université Paul Verlaine – Metz
Publications sur Hans Urs von Balthasar
Résumé de la communication
Hans Urs von Balthasar (1905-1988) est l’une des grandes figures théologiques européennes du vingtième siècle. Sa théologie se caractérise par son désir de laisser la figure (Gestalt) de l’auto-révélation de Dieu s’exprimer et imprimer sa propre forme à l’existence comme à la pensée théologique.
Si les mystiques rhénans n’apparaissent guère dans ses premiers écrits, ils sont présents dans de nombreuses pages de sa trilogie (La Gloire et la croix, La Dramatique divine, Théologique). Ainsi Balthasar est, dans les années soixante, certainement parmi les premiers à reconnaître l’importance des mystiques rhénans dans la théologie. Il considère la pensée des mystiques rhénans comme un mouvement précurseur de la pensée idéaliste allemande. Il faudra voir si les jugements balthasariens sont toujours fiables. De plus, il s’agira de se confronter à l’évolution de son attitude face aux mystiques rhénans. S’il sait nuancer ses analyses au début, sa critique se transforme plus tard en refus complet. Comment expliquer cette attitude ?
Étudier de façon critique la réception des mystiques rhénans dans l’œuvre de Balthasar dépasse donc le seul intérêt pour l’œuvre et la réception des uns comme de l’autre ; c’est réfléchir également à la forme originale de toute pensée théologique, c’est articuler les difficultés et la nécessité de s’exprimer dans le langage et dans les catégories de pensée d’une époque et offrir (peut-être) ainsi des repères pour la réception actuelle des mystiques rhénans.