Proust et la musique
Avant-propos
Malgré son caractère central dans À la recherche du temps perdu, la place de la musique dans l’œuvre de Proust n’avait encore jamais fait l’objet d’un grand colloque. Or, après les travaux pionniers des années 1960-1980, on assiste depuis une décennie à un véritable renouveau critique. L’univers musical de la Belle Époque est beaucoup mieux connu, qu’il s’agisse du rôle des salons et des mécènes, des grandes figures de compositeurs, des interprètes et des critiques ; Reynaldo Hahn est enfin réévalué, et on mesure mieux l’importance de son rôle aux côtés de Proust. La génétique littéraire a montré comment, prenant ses distances avec les phares de sa jeunesse (Wagner, Saint-Saëns, etc.), le romancier a conféré in extremis en 1913 une esthétique résolument moderniste à l’œuvre de Vinteuil. Les recherches musicographiques les plus récentes ont révélé l’étendue de ses lectures à travers la presse spécialisée, et suggéré combien la Recherche renouvelait le genre du « roman musical ». Réunissant musicologues et spécialistes de l’écrivain, le colloque « Proust et la musique » permettra d’explorer cette « écriture de la musique » dans le salon même de Winnaretta Singer, princesse de Polignac, où le jeune Proust découvrit une partie des œuvres qui ont nourri la Recherche – Rameau, les quatuors de Beethoven, la musique du prince lui-même.
Programme
Mardi 25 octobre 2016
L’écoute et la critique
Ouverture du colloque par Laurent Creton, Vice-président du Conseil scientifique de la Sorbonne-Nouvelle et Henri Scepi, directeur du CRP 19
Introduction par Cécile Leblanc, Françoise Leriche et Nathalie Mauriac Dyer
Présidence : Timothée Picard
- Proust auditeur de musique dans les salons parisiens par Myriam Chimènes (CNRS-IReMus)
- Les Ballets russes et la presse par Francine Goujon (ITEM)
- Lorsque le vent souffle de Balbec à Blankenberge : le "cas Proust" à la "Revue musicale" (1920-1923) par Michel Duchesneau (Montréal)
Discussion
Mercredi 26 octobre 2016
Musiciens et interprètes
Présidence : Myriam Chimènes
- Pour Sainte-Beuve : Hahn, Proust, et la critique musicale par Vincent Giroud (Besançon)
- "Une mémoire chère et vénérée" : Marcel Proust et le prince Edmond de Polignac par Sylvia Kahan (CUNY, New York)
- Des musiciens invisibles aux musiciens intérieurs, le paradoxe des interprètes dans la "Recherche" par Cécile Leblanc (Sorbonne-Nouvelle)
Discussion
Présidence : Michel Duchesneau
- Après « Pelléas et Mélisande » (Debussy) : la stratégie proustienne, du mélomane au romancierpar Sylvie Douche (Paris-Sorbonne)
- Proust et l'opéra français du XIXe siècle : le salon des refusés par Jean-Christophe Branger (Metz)
- Le chant de la parole et la parole chantée par Anne Penesco (Lyon 2)
- "Les plaisirs oubliés de Paris" : Proust au café-concert par Nathalie Mauriac Dyer (CNRS-ITEM)
Discussion
17h - Clôture de la seconde journée
Jeudi 27 octobre 2016
La musique dans la Recherche
Présidence : Pierre-Louis Rey
- La "Walkyrie" de 1893 à l’Opéra par Mathias Auclair (BnF-Opéra)
- Comment raconter une sonate ? par Jean-Yves Tadié (Paris-Sorbonne)
- À l’écoute de la « petite phrase » de Vinteuil par Arthur Morisseau (Tours)
- Réflexions sur la structure musicale de l'amour et le rôle de la musique comme générateur du désir amoureux par Uta Felten (Leipzig)
- De l’Agenda 1906 aux épreuves d’ "Un amour de Swann" : variations sur le mythe d’Eurydice par Françoise Leriche (Grenoble)
Présidence : Jean-Yves Tadié
- Les figures proustiennes de musiciens à la lumière du "Künstlerbildungsroman" européeen par Philippe Chardin (Tours)
- Beethoven chez Proust: symptôme et remède du snobisme musical par Marie Gaboriaud (Paris-Sorbonne)
- L’esthétique beethovénienne de Proust romancier par Luc Fraisse (Strasbourg)
- Ruskin et la musique: un goût "déplorable" par Jérôme Bastianelli
- Les descriptions musicales chez Proust par Stéphane Chaudier (Lille)
Discussion
Résumés
Ouverture du colloque par Laurent Creton et Henri Scepi
Introduction du colloque par Cécile Leblanc, Françoise Leriche et Nathalie Mauriac Dyer
Proust auditeur de musique dans les salons parisiens par Myriam Chimènes
Si Proust vit les balbutiements de l’enregistrement sonore, les salles de concert et l’Opéra restent à son époque les principaux lieux où écouter et réécouter de la musique et donc apprendre à la connaître. En marge de ces manifestations publiques, les salons continuent à offrir un cadre à des auditions musicales et en même temps un moyen non négligeable de se familiariser avec le répertoire et de découvrir compositeurs, œuvres ou interprètes. Ce sont par excellence des lieux de sociabilité dont la fonction, essentielle pour Proust et pour son roman, est bien connue. Pourtant, une fois recensés les salons dans lesquels il a entendu de la musique, il apparaît comme complémentaire de savoir, sources à l’appui, quelles œuvres Proust a véritablement écoutées, quels compositeurs il a découverts et quels interprètes il a pu approcher. On est ainsi fondé à penser que, derrière leur façade mondaine, les salons ont pu contribuer à sa culture musicale et éventuellement à forger ses goûts.
"La Walkyrie" de 1893 à l’Opéra par Mathias Auclair
Wagnérien de la première heure, Marcel Proust assiste aux premières représentations de La Walkyrie à l'Opéra de Paris, en 1893. Elles marquent la "Mélancolique villégiature de Mme de Breyves" publiée dans La Revue blanche la même année. Notre communication revient sur ce spectacle qui constitue, avec la première de Lohengrin deux ans plus tôt, la véritable entrée du répertoire wagnérien à l'Opéra.
Les Ballets russes et la presse par Francine Goujon
Par l’intermédiaire de Reynaldo Hahn notamment, Proust fut très proche du milieu le plus sensible à l’apport artistique et culturel des Ballets russes. On se propose d’examiner les points de convergence et de divergence entre le traitement de l’événement par la presse de l’époque et l’image que Proust en donne dans À la recherche du temps perdu. Cette dimension dialogique couvre les différents aspects de la rénovation du goût induite par les Ballets russes mais aussi leur impact sur les hiérarchies mondaines, que Proust compare, de façon apparemment iconoclaste, à celui de l’affaire Dreyfus.
Lorsque le vent souffle de Balbec à Blankenberge : le « cas Proust » à la "Revue musicale" (1920-1923) par Michel Duchesneau
Cette communication s’intéressera à une relation singulière, celle de Marcel Proust et de La Revue musicale fondée par Henry Prunières en 1920. Relation singulière, car on pourrait considérer qu’il n’y en a pratiquement pas eu. En découvrant la critique musicale de Prunières dans la NRF en avril 1920, Proust est dubitatif quant aux compétences du musicologue qui s’aventure à discuter l’œuvre de Debussy. En retour, alors que Proust est proche de Jacques Rivières, le directeur de la NRF qui, avec Gaston Gallimard, soutient la création de La Revue musicale de Prunières, l’œuvre de l’écrivain n’a pratiquement aucun écho dans la nouvelle revue musicale. C’est en janvier 1923, suite au décès de l’écrivain que paraît le premier article consacré à Proust et la musique dans la revue. L’article est signé par André Coeuroy, le rédacteur en chef de la revue. C’est certainement une initiative de sa part. En 1928, Boris de Schloezer publie un deuxième texte à propos de la «la réalité musicale» où il développe une réflexion sur les analogies entre musique et langage et l’immanence du sens en musique en lien avec l’œuvre de Proust. Le traitement du «cas Proust» dans La Revue musicale, plutôt léger, laisse sourdre un décalage esthétique entre l’univers proustien et celui de Prunières qui contrôle le contenu de la revue jusqu’au début des années 1930. Ce décalage appartient à la fois à l’évolution du milieu de la musicologie dont les frontières avec la critique musicale sont poreuses et à l’évolution même de la presse musicale et du milieu musico-intellectuel au lendemain de la Première Guerre mondiale. Nous explorerons ce décalage esthétique à travers les traces que la correspondance des protagonistes a laissées, les critiques musicales qui ont suscité les commentaires de Proust et les articles publiés dans La Revue musicale.
Duo avec un « dieu déguisé » : Reynaldo Hahn par Philippe Blay
Reynaldo Hahn (1874-1947) est certainement le compositeur le plus éclectique de sa génération. Auteur d’une œuvre considérable et variée, où dominent le théâtre lyrique sous toutes ses formes et le genre de la mélodie, il est également un artiste aux multiples facettes, tout autant littérateur, critique et conférencier, que chanteur spécialiste de l’art vocal, chef d’orchestre et directeur musical. Au-delà d’une relation amoureuse et d’une amitié durable, Marcel Proust va trouver dans ce musicien qui se veut classique face à l’éloquence de la modernité, et dont la conception de la musique diffère de la sienne, une forte personnalité capable de lui faire entendre l’univers musical avec l’oreille d’un autre.
Pour Sainte-Beuve : Hahn, Proust, et la critique musicale par Vincent Giroud
Reynaldo Hahn, compositeur et critique musical, et Proust, romancier passionnément épris de musique, ont entretenu, outre une intense relation affective, une relation esthétique et intellectuelle capitale où se sont affrontées non seulement deux sensibilités musicales différentes, mais aussi deux conceptions différentes et parfois même opposées de la critique et de l’écriture. La présente communication se propose d’explorer ce dialogue en interrogeant notamment la dette de Hahn vis-à-vis de Sainte-Beuve, qu’il admirait profondément.
« Une mémoire chère et vénérée » : Marcel Proust et le prince Edmond de Polignac par Sylvia Kahan
Des musiciens invisibles aux musiciens intérieurs, le paradoxe des interprètes dans "La Recherche" par Cécile Leblanc
La question de l’interprète est fondamentale dans une critique musicale. Proust s’y est montré sensible, en allant jusqu’à préciser que certaines œuvres sources de la sonate de Vinteuil, l’étaient dans une interprétation précise, celle d’Enesco ou de Thibaud. Cependant la Recherche conserve très peu d’allusions à des virtuoses de la musique autres que caricaturales tandis que les cahiers de brouillons et la correspondance nous montrent bien autre chose : un écrivain attentif aux interprétations et notant soigneusement telle ou telle attitude caractéristique d’un chanteur, tel ou tel trait du jeu d’un virtuose. Peut-on expliquer cette volonté de disqualifier les interprètes musiciens (car ce n’est pas vrai des comédiens) par une influence de la presse musicale, rarement tendre avec les exécutants, ou plus encore par l’importance fondamentale des pratiques d’écoute en aveugle de Proust qui privilégie les « musiciens invisibles » au moment où il écrit son roman pour créer des musiciens « intérieurs » ?
Après « Pelléas et Mélisande » (Debussy) : la stratégie proustienne, du mélomane au romancier par Sylvie Douche
Tandis que Proust édifie son Grand Œuvre (À la Recherche du temps perdu), il s’abonne au Théâtrophone et découvre le répertoire lyrique. Peu à peu, l’homme de lettres s’écarte des opinions véhiculées par son proche entourage et s’enhardit à « penser la musique » par lui-même. Nous envisagerons ce que Proust a pu percevoir de Debussy et nous tenterons de tisser des liens entre les deux processus créateurs. En effet, la révélation de Pelléas et Mélisande du compositeur français marque le point de départ d’une démarche qui s’ancre dans une certaine expérience musicale où le théâtre intérieur prend le pas sur la scène et l’amène à construire – en marge, mais de façon corollaire – son propre univers romanesque.
Proust et l'opéra français du XIXe siècle : le salon des refusés par Jean-Christophe Branger
L’admiration de Proust pour Wagner a été abondamment commentée. Mais elle a souvent masqué les jugements que l’écrivain réserve aux compositeurs dramatiques français de la même époque, d’autant que, dans une lettre à Cocteau de 1919, ce dernier pouvait écrire : « A propos de Saint-Saëns je dois dire que jamais un musicien ne m’a jamais autant emmerdé (Gounod dans Faust encore plus). » Pourtant, ces deux compositeurs comptaient parmi ses musiciens favoris alors qu’il était encore adolescent ou jeune écrivain. De même, les références à l’opéra français du XIXe siècle sont multiples et continues dans ses écrits, depuis Méhul jusqu’à Halévy ou Massenet.
La présente communication se propose ainsi d’étudier la présence de l’opéra français du XIXe siècle dans les écrits de Proust, car, sans compter que l’évolution de ses goûts dans ce domaine n’est pas aussi linéaire, celle-ci témoigne en définitive d’un entendement singulier du théâtre lyrique.
Le chant de la parole et la parole chantée par Anne Penesco
Proust s’intéresse à toutes les manifestations vocales d’un répertoire éclectique où voisinent œuvres savantes –profanes et religieuses- et musiques populaires, grands chanteurs, artistes de music-hall et humbles marchands des rues. Il prête une oreille tout aussi attentive à la voix parlée, nous donnant à entendre ses personnages dont les caractéristiques vocales reflètent la personnalité : harmonieux ou dissonant selon les êtres et les situations, chaque timbre possède sa singularité et suscite des notations précises. Voix d’Albertine, de Swann, de tant d’autres encore, « voix d’or » de la Berma, voix de la mère du narrateur, auxquelles nous ajouterons celle de Proust lui-même. Voix de Bergotte indissociable du style de l’écrivain, musicalité de la langue, sonorités des mots et des noms lus silencieusement ou prononcés à voix haute. Évoquant tour à tour la déclamation de Pelléas, la mélodie grégorienne, les cris de Paris, les intonations de Sarah Bernhardt, de Mounet-Sully et de la diseuse Yvette Guilbert, l’auteur de la Recherche développe une esthétique de la vocalité jouant subtilement sur le rapport entre le son et le sens, brouillant les frontières entre le chant de la parole et la parole chantée.
"Les plaisirs oubliés de Paris" : Proust au café-concert par Nathalie Mauriac Dyer
Au café-concert qu’il a beaucoup fréquenté même avant sa rencontre avec Reynaldo Hahn, seul le talent de l'interprète peut faire passer selon Proust « les paroles stupides et la musique banale » : « admirables chanteurs et diseurs », Yvette Guilbert, Paulus, Fragson et peut-être surtout Mayol auront exercé sur lui une fascination particulière. Mais ce sont bien les chansons qui, répétées, imitées, transposées, hantent leurs auditeurs. On présentera quelques-unes des traces parfois inattendues, drôles ou touchantes, que le café-concert a laissées dans l’œuvre de Proust, en puisant des illustrations dans la merveilleuse Phonobase créée par Henri Chamoux qui restitue l’atmosphère sonore de la Belle Époque populaire.
À l’écoute de la « petite phrase » de Vinteuil par Arthur Morisseau
La « petite phrase » de Vinteuil, présente dans la Sonate et dans le Septuor, demeure l'un des plus grands mystères proustiens : « lointaine, gracieuse, protégée par le long déferlement du rideau transparent, incessant et sonore » (Du côté de chez Swann, Gallimard, page 260), elle se dérobe à l'oreille avertie qui tente de la reconnaître chez Camille Saint-Saëns, César Franck ou encore Ernest Chausson. En réalité, véritable appel à la création, elle se retrouve sous la plume de compositeurs d'horizons variés, qui se décident à interpréter le texte de Proust, par une transmutation des arts. Il s'agit alors de la distinguer, « dansante, pastorale, intercalée, épisodique » (DS, page 215) parmi quelques recréations musicales, et de s'interroger sur l'interpénétration des langages littéraires et musicaux.
Comment raconter une sonate ? par Jean-Yves Tadié
La sonate de Vinteuil, être fictif, est un véritable personnage du roman. Comment s'intègre-t-elle dans la fiction? Comment est-elle mise en perspective, entendue par des personnages différents, dans des versions différentes? Qu'en connaît-on vraiment? Cette sonate n'est pas l'œuvre d'un compositeur, ni d'un critique musical, c'est celle d'un romancier.
Réflexions sur la structure musicale de l'amour et le rôle de la musique comme générateur du désir amoureux par Uta Felten
« L'amour », remarque le narrateur dans La Recherche est comme une « chanson, gravée en nous tout entière » donc, conclut-il, « nous n'avons pas besoin qu'une femme nous en dise le début (...) pour en trouver la suite ». Bien avant les très connus théorèmes de Roland Barthes développés dans son anthologie Fragments d'un discours amoureux et bien avant le film d'Alain Resnais On connaît la chanson, Proust souligne donc ici la structure musicale du discours amoureux et l'analogie entre l'amant et un chanteur d'opéra. Notre contribution cherche à analyser les multiples relations et interdépendances entre la musique et le discours amoureux parmi lesquelles se manifestent des figures clés comme la jalousie, le désir et le soupçon. Même si la petite phrase de la Sonate de Vinteuil figure comme leitmotiv original et exclusif de l'amour de Swann et d'Odette, le discours amoureux n'est qu'une répétition et variation d'une chanson bien connue « gravée en nous toute entière », dont on n’a pas besoin de connaître le début pour en trouver la suite. Le discours amoureux proustien bascule donc entre l'originalité et la répétition. C'est seulement grâce à la fonction médiatrice de la musique que l'amour peut atteindre une aura fugitive de l'originalité. La musique ainsi que le médium de la peinture ont donc la fonction d'un filtre de la perception grâce auquel l'amant transforme l'objet de son désir en poupée intérieure acoustique désirable.
De l’Agenda 1906 aux épreuves d’ « Un amour de Swann » : variations sur le mythe d’Eurydice par Françoise Leriche
Les figures proustiennes de musiciens à la lumière du "Künstlerbildungsroman" européeen par Philippe Chardin
La biographie du grand musicien fictif de la Recherche, Vinteuil, s’inscrit dans la tradition de ce martyrologue particulièrement attaché, dans le roman et dans la nouvelle de l’artiste ainsi que dans les biographies romancées, à la figure du musicien : souffrance, solitude, mépris social et même spectre de la folie. Par opposition à une œuvre comme Jean-Christophe de Romain Rolland, que Proust déclarait ne pas aimer, ces épisodes biographiques sont appréhendés à distance, de manière perspectiviste, a posteriori, à travers leurs causes (inconduite de la fille de Vinteuil) et à travers leurs effets (audition de sa musique elle-même, censée être la résultante et la sublimation de sa souffrance). On remarquera l’opposition radicale chez Proust des stéréotypes liés au compositeur et à l’interprète : l’un est un génie modeste et caché, cas limite d’un artiste dont l’œuvre ne sera découverte qu’après sa mort ; l’autre, le violoniste Morel, apparaît au contraire particulièrement assoiffé de « visibilité » et de triomphes mondains. L’un, séducteur frénétique des deux sexes, est dans la seconde partie de la Recherche la plaque tournante de Sodome et de Gomorrhe. L’autre, veuf et chaste, fait au contraire figure, dans « Combray », de principale victime de la perversité sexuelle. On reconnaît néanmoins dans les deux cas ce lien étroit entre musique et sexualité qui a chez Proust une filiation à la fois schopenhauerienne et tolstoïenne.
Beethoven chez Proust: symptôme et remède du snobisme musical par Marie Gaboriaud
L’esthétique beethovénienne de Proust romancier par Luc Fraisse
D’après ce qu’il a pu apprendre, souvent de façon aléatoire, sur Beethoven et sur les circonstances de la composition de ses œuvres, Proust a souvent projeté sa situation de créateur dans ces circonstances : le contact avec le monde mis à distance par la surdité, les derniers quatuors composés près de la mort. En reconstituant notamment la documentation diversifiée de Proust, on peut apercevoir une esthétique (non déterminante, mais relativement unitaire et constante) beethovénienne qui court à travers le cycle romanesque.
Ruskin et la musique: un goût "déplorable" par Jérôme Bastianelli
Si l’influence de Ruskin sur Proust dans le domaine des Beaux-Arts et de l’architecture n’est plus à démontrer, on peut s’interroger sur ce qu’il en fut en ce qui concerne la musique. Durant ses études à Oxford, le théoricien britannique avait appris le chant, le piano, et même la composition. Il évoque assez peu la musique dans ses différents textes, mais lorsqu’il le fait, c’est pour vénérer les mélodies les plus simples et admettre qu’il s’ennuyait en écoutant Beethoven et Wagner. En analysant les raisons qui expliquent les prédilections ruskiniennes, on tentera de comprendre si Proust, qui avait des goûts tout à fait différents, pouvait avoir connaissance de cet antagonisme. Pensait-il à Ruskin lorsque, dans Sodome et Gomorrhe, il écrit au sujet d’Albertine : « On ne pouvait que s’étonner de la sûreté de goût qu’elle avait déjà en architecture, au lieu du déplorable qu’elle gardait en musique » ?
Les descriptions musicales chez Proust par Stéphane Chaudier
Qu’y a-t-il de musical dans les descriptions musicales de Proust ?
Pour qui n’est pas connaisseur, la musique, c’est un peu de l’hébreu. Ou du chinois. On veut bien que ce soit beau, profond, mais on ne sait pas très bien pourquoi et on s’en fiche un peu. Dans ce portrait de l’âne non musicien (pour reprendre et transformer le titre d’un bel essai de Gérard Farasse sur Ponge), personne, au grand jamais, ne consentira à reconnaître Proust. C’est pourtant bien le parti-pris du lecteur stylisticien des descriptions musicales de Proust. Est-on sûr qu’on y parle de musique ? La musique n’est-elle pas le prétexte (ou si l’on veut le conducteur) d’une exploration poétique qui doit somme toute très peu à la musique, puisque la description « parle » y compris à ceux et celles qui ne connaissent pas la musique…
Si comprendre la musique, c’est savoir décrire ce qui passe par la tête d’un auditeur merveilleusement sensible aux pouvoirs du langage et pour qui la musique fut toujours une résistance à surmonter, alors Proust comprend la musique. Cette phénoménologie littéraire non pas de la musique mais de l’audition sensible fonde la description dite musicale de Proust. La description littéraire de ces auditions montre à quel point, pour un grand écrivain, la musique est soluble dans les mots, au rebours de ce qu’enseignent quelques esthétiques complaisamment transcendantales.
Une musique démocratiquement réduite à ce qu’on sent et à ce qu’on fait de ce qu’on sent, telle serait peut-être, pour Proust, la formule paradoxale de ces descriptions non musicales du plaisir musical.
Biographies
Laurent Creton
N.C
Henri Scepi
Directeur du centre de recherche sur les poétiques du 19e siècle, Henri Scepi est professeur de littérature française du 19e siècle à l'Université Paris 3 Sorbonne nouvelle. Spécialiste de poésie moderne, il est l'auteur de plusieurs essais sur Baudelaire, Laforgue, Mallarmé, Lautréamont, Nerval, Rimbaud, Verlaine, entre autres. Il s'intéresse également au roman du 19e siècle sur lequel il a publié cinq ouvrages. Il participe à l'édition des Voyages extraordinaires de Jules Verne dans la Bibliothèque de la Pléiade. Ses centres d'intérêt le portent en outre à l'étude des relations entre littérature et image (Texte/image : nouveaux problèmes, (avec Liliane Louvel) PUR, 2003 ; L'Art pris au mot (en collaboration), Gallimard, 2007).
Cécile Leblanc
Maître de conférences à la Sorbonne-Nouvelle-Paris 3, habilitée à diriger des recherches. Spécialiste des rapports de la musique et de la littérature à la fin du XIXe siècle (Wagnérisme et création, Champion, 2005, participation à l’Encyclopédie Wagner, Actes Sud, 2010, 1913-2013 : le wagnérisme dans tous ses états aux Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2016). Se consacre depuis quelques années à la critique musicale chez Proust et plus généralement à la musique dans La Recherche à travers plusieurs articles publiés récemment (« Proust et la bande à Franck », Proust et le XIXe siècle, sous la direction de Pierre-Edmond Robert, Nathalie Mauriac Dyer et Kazuyoshi Yoshikawa, Presses de la Sorbonne-Nouvelle, 2013, « Saint-Saëns, le diable déguisé de la Recherche », Bulletin Informations proustiennes, automne 2016). Met actuellement la dernière main à la publication d’un Proust écrivain de la musique, prévu fin 2016 chez Brepols dans la collection dirigée par Nathalie Mauriac.
Françoise Leriche
Françoise Leriche, professeur à l’université Grenoble Alpes où elle mène ses recherches au sein de l’équipe Litt&Arts et dirige la collection « La fabrique de l’œuvre » aux ELLUG, est également chercheur associé à l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM, CNRS-ENS) pour ses travaux de génétique proustienne. Ancienne assistante de Philip Kolb pour l’édition de la Correspondance de Proust, elle est l’éditrice scientifique de Lettres (Plon, 2004, rééd. 2013) et pilote le projet de réédition électronique de la correspondance. Ses recherches portent sur l’œuvre à l’état naissant (notamment le Contre Sainte-Beuve), l’exploitation et l’édition (y compris numérique) des archives littéraires, les interactions des œuvres avec leur contexte esthétique et discursif. Dernières publications : De l’hypertexte au manuscrit (avec C. Meynard, ELLUG, 2008) ; Genèse et correspondances (avec A. Pagès, EAC, 2012) ; Cahier 26 (avec A. Wada, H. Yuzawa, N. Mauriac Dyer, Brepols-BnF, 2010), et L'Agenda 1906, édition numérique réalisée avec N. Mauriac Dyer, Pyra Wise et Guillaume Fau chez BnF Éditions-OpenEdition books. Ouvrage en cours : Proust polémiste.
Nathalie Mauriac Dyer
Nathalie Mauriac Dyer, directrice de recherche au CNRS, travaille à l’École normale supérieure au sein de l’ITEM (CNRS-ENS), où elle est responsable de l’équipe Proust et rédactrice du Bulletin d’informations proustiennes (Éditions Rue d’Ulm). Sa recherche porte notamment sur l’histoire et l’édition du texte d’À la recherche du temps perdu (Proust inachevé. Le dossier « Albertine disparue », Champion, 2005) et sur celle de ses avant-textes. Elle pilote l’édition diplomatique et génétique des « Cahiers 1 à 75 de la Bibliothèque nationale de France » dont ont paru les Cahiers 26, 44, 53, 54 et 71 (Brepols-BnF, 2008- ). Ses articles sur l’œuvre de Proust – dont une étude sur ses relations avec le prince de Polignac (in Proust et ses amis, dir. J.-Y. Tadié) et la publication avec Sylvia Kahan de quelques lettres de Proust au prince – se sont intéressés récemment à l’écriture de l’allusion, notamment en relation à la judéité. Derniers ouvrages dirigés ou co-dirigés : Proust aux brouillons (avec K. Yoshikawa, Brepols, 2011), Proust, 1913 (numéro de la revue Genesis, 36, PUPS, 2013), Proust écrivain de la Première Guerre mondiale (avec Ph. Chardin, EUD, 2014). Elle a publié en collaboration une édition numérique de l’Agenda 1906 de Proust acquis en 2013 par la BnF (BnF-OpenEdition books, 2015).
Timothée Picard
Timothée Picard est professeur de littérature générale et comparée à l’Université Rennes 2. Il est spécialiste de l’étude des conceptions et représentations de la musique à travers la littérature, les arts et l’histoire des idées. Ses travaux portent sur les querelles esthétiques du XVIIIe siècle (Christoph Willibald Gluck, Actes Sud, 2007), le wagnérisme européen (Wagner, une question européenne et L’Art total, grandeur et misère d’une utopie, PUR, 2006 ;Dictionnaire Encyclopédique Wagner, Actes Sud - Cité de la Musique, 2010), la critique musicale (Contributions de Boris de Schloezer à la Nouvelle Revue Française et à la Revue Musicale, PUR, 2011), l’imaginaire musical européen (Âge d’or, décadence, régénération : un modèle fondateur pour l’imaginaire musical européen, Classiques Garnier, 2013) et l’imaginaire de l’opéra (Verdi – Wagner, imaginaire de l’opéra et identités nationales, Actes Sud, 2013 ; La Civilisation de l'opéra : sur les traces d'un fantôme, Fayard, 2016.
Myriam Chimènes
Musicologue, directrice de recherche au CNRS (IReMus : Institut de recherche en musicologie, CNRS, Université Paris-Sorbonne, Bibliothèque nationale de France, Ministère de la Culture et de la Communication), Myriam Chimènes est spécialisée en histoire sociale de la musique. Centrées sur l’histoire de la musique en France entre 1870 et 1970, ses recherches gravitent essentiellement autour de deux thèmes majeurs : le fonctionnement de la vie musicale (politiques publiques, mécénat, musique et société, musique et politique) et Claude Debussy. Myriam Chimènes est notamment l’auteur de Mécènes et musiciens : du salon au concert à Paris sous la Troisième République (Paris, Fayard, 2004) et l’édition du journal de Marguerite de Saint-Marceaux a été réalisée sous sa direction (Paris, Fayard, 2007).
Mathias Auclair
Mathias Auclair est le directeur du département de la musique de la Bibliothèque nationale de France. Il a été commissaire d'une quinzaine d'expositions à la Bibliothèque-musée de l'Opéra et a codirigé une dizaine de publications et catalogues d'expositions sur la musique, l'opéra ou la danse. Sa prochaine exposition, "Bakst : des Ballets russes à la haute couture" ouvrira au Palais Garnier le 22 novembre 2016. Il est l'auteur, avec Elizabeth Giuliani, d'un ouvrage sur Jean-Philippe Rameau et d'un autre, avec Pierre Provoyeur, sur le plafond de Chagall du Palais Garnier.
Francine Goujon
Francine Goujon, ancienne élève de l’École normale supérieure de jeunes filles, docteur de l’Université de la Sorbonne Paris IV, a été professeur dans l’enseignement secondaire et plus récemment à l’Université du Kyushu, au Japon. Elle a co-édité Du côté de chez Swann pour la « Bibliothèque de la Pléiade » et publié de nombreux articles sur des questions de génétique et d’intertextualité proustienne. Auteur de Brouillons d’écrivains, du manuscrit à l’œuvre (coll. Étonnants classiques, GF-Flammarion, 2004), elle a co-édité les Cahier 54 (2008), Cahier 71 (2009), Cahier 44 (2014) et Cahier 67 (2016) pour la collection Marcel Proust, Cahiers 1 à 75 de la Bibliothèque nationale de France (Brepols/BnF).
Michel Duchesneau
Professeur à la Faculté de musique de l’université de Montréal et titulaire de la chaire en musicologie de l’université de Montréal, Michel Duchesneau est l’auteur du livre L’avant-garde musicale en France et ses sociétés de 1871 à 1939 (Mardaga, 1997), co-éditeur des collectifs Musique et modernité en France (PUM, 2006), Musique, art et religion dans l’entre-deux-guerres (Symétrie, 2009), Charles Koechlin, compositeur et humaniste (VRIN, 2010), Écrits de compositeurs (VRIN 2013), d’articles et de conférences sur la musique française de la première moitié du XXe siècle. Appuyé par des subventions du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et du Fond de recherche québécois - société et culture, il a réalisé deux volumes consacrés aux écrits du compositeur et pédagogue français Charles Koechlin (Vol I Esthétique et langage musical, Vol II Musique et société Mardaga, 2006 et 2009). Rédacteur en chef de la revue Circuit, musiques contemporaines de 2000 à 2006, son intérêt pour l’étude des courants musicaux d’avant-garde l’a mené à publier sur la création musicale québécoise et sa réception. Depuis 2004, il dirige l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM).
Philippe Blay
Philippe Blay est conservateur en chef au département des Métadonnées de la Bibliothèque nationale de France, agrégé et docteur en musicologie, diplômé du Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Ses publications portent sur le théâtre lyrique en France sous la Troisième République et l’œuvre de Reynaldo Hahn sur lequel il prépare une monographie (Fayard). En 2015 a paru sous sa direction un ouvrage collectif sur ce compositeur : Reynaldo Hahn, un éclectique en musique, Actes Sud, Palazzetto Bru Zane.
Vincent Giroud
Vincent Giroud est professeur à l'université de Franche-Comté. Ancien élève de l’École normale supérieure, diplômé d’Oxford, docteur en littérature comparée, il a enseigné à l'université Johns Hopkins, à Vassar College, à Bard College, et à Yale, où il a été longtemps conservateur des livres et manuscrits modernes à la Beinecke Library. Publications récentes : French Opera : A Short History (Yale, 2010), Présence du XVIIIe siècle dans l’opéra français d’Adam à Massenet (PUSE, 2011) et Massenet aujourd’hui (PUSE, 2014), édités avec Jean-Christophe Branger, Graham Greene : un écrivain dans le siècle (PUFC, 2014) et Nicolas Nabokov : A Life in Freedom and Music (OUP, 2015). « Associate editor » de l’Oxford Companion to the Book (2010), contributeur à l'Oxford Handbook of Opera (2014) et à l’Oxford Handbook of Faust in Music (à paraître). Traducteur, critique à nonfiction.fr, il vient d’achever un livre sur Les contes d’Hoffmann, édité conjointement avec Michael Kaye (à paraître chez Scarecrow Press), et prépare une édition annotée de la critique musicale de Reynaldo Hahn.
Sylvia Kahan
Musicologue et concertiste, Sylvia Kahan est professeur de piano et de musicologie au Graduate Center et au College of Staten Island à la City University of New York. Concertiste, elle s'est produite en Amérique du Nord et en Europe. En 2013 elle a notamment joué le concerto en Fa majeur, K. 459 de Mozart avec le Metro Chamber Orchestra (New York) et s'est produite en récital avec le violoncelliste français, Marc Coppey, également à New York. Sylvia Kahan est l'auteur de Music's Modern Muse : A Life of Winnaretta Singer, Princesse de Polignac (University of Rochester Press, 2006), biographie de Winnaretta Singer qui est paru en français sous le titre Une muse de la musique moderne aux Presses du réel, Dijon. Sylvia Kahan est également l'auteur de In Search of New Scales: Prince Edmond de Polignac, Octatonic Explorer (University of Rochester Press, 2009). Elle a publié de nombreux articles sur le mécénat musical, Debussy, Fauré, Prokofiev, Varèse, l'opéra francais du XXe siècle, Proust et la musique, et Nadia Boulanger.
Sylvie Douche
Après des études de musicologie à la Sorbonne et au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, Sylvie Douche effectua un diplôme de troisième cycle en Histoire de l’art (à Paris I) et en Littérature comparée (à Paris IV). Pianiste, agrégée, Docteur et Maître de conférences habilitée en musicologie à l’Université de Paris-Sorbonne, elle s’intéresse aux liens unissant musique et texte littéraire et publie essentiellement sur la musique française des XIXe-XXe siècles ; outre de nombreux articles, elle a édité un dossier de presse des Barbares de Saint-Saëns (Galland, 2005) et de la correspondance autour de Bruneau, Charpentier ou Massenet et Humperdinck (OMF, 2003-2004 en collaboration avec J-C Branger). Puis, elle a co-dirigé, avec P. Cathé et M. Duchesneau, un ouvrage sur Koechlin (Vrin, 2010) ou encore sur Pelléas et Mélisande de Debussy (Symétrie, 2012) avec D. Herlin et J-C Branger. Par ailleurs, une étude des correspondances musicales de guerre a vu le jour à l’automne 2012 (chez L’Harmattan). Vice-présidente de l’association Maurice Emmanuel, elle a dirigé un ouvrage qui lui est consacré (Bärenreiter, 2007) et édité (PUPS, 2012) l’Amphitryon de ce dernier (musique de scène d’après Plaute) qu’elle a fait jouer dans divers théâtres. Son dernier ouvrage (2016) porte d’ailleurs sur le mélodrame français de la Belle Époque. Ses recherches concernent également le répertoire pianistique de cette époque et les études interprétatives.
Jean-Christophe Branger
Agrégé de musique, Jean-Christophe Branger est professeur de musicologie à l’université de Lorraine. Ses travaux portent essentiellement sur la musique française au tournant des XIXe et XXe siècles avec une attention plus particulière accordée aux œuvres de Massenet, Bruneau et Debussy.
Il est l’auteur de nombreux articles, d’une édition de la correspondance d’Alfred Bruneau à Etienne Destranges (Champion, 2003) et, en collaboration avec Sylvie Douche et Denis Herlin, d’un volume consacré à Pelléas et Mélisande (Symétrie 2012), couronné par le Prix des Muses 2013 du document. Il a récemment fait publier deux ouvrages : Ernest Van Dyck et Jules Massenet : un interprète au service d’un compositeur. Lettres et documents, en collaboration avec Malou Haine (Vrin, 2014) ; Massenet aujourd’hui : héritage et postérité, en collaboration avec Vincent Giroud (Publications universitaires de Saint-Etienne, 2014). Il vient d’achever une édition critique des souvenirs et écrits de Jules Massenet et, en collaboration avec Philippe Blay et Luc Fraisse, un ouvrage consacré à Marcel Proust et Reynaldo Hahn.
Anne Penesco
Parallèlement à sa formation musicale, Anne Penesco fait des études en Lettres classiques, Musicologie, Italien et Roumain à la Sorbonne où elle soutient un Doctorat en Esthétique et Science des Arts et un Doctorat d’État en Musicologie. Également diplômée de l’Université de Rome III et de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales, elle est professeur à l’Université Lumière-Lyon2. Spécialiste de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, ses principaux axes de recherche concernent les rapports entre la littérature et la musique, la troupe tragique de la Comédie-Française, la déclamation parlée et chantée, les esthétiques musicales et diverses problématiques relatives aux instruments à archet, à la virtuosité ainsi qu’à la musique de chambre.
Principales publications :
- LES INSTRUMENTS À ARCHET DANS LES MUSIQUES DU XXe SIECLE, Paris, Champion, 1992.
- GEORGES ENESCO ET L'ÂME ROUMAINE, préface de Yehudi Menuhin, Presses Universitaires de Lyon, 1999.
- MOUNET-SULLY ET LA PARTITION INTÉRIEURE, Presses Universitaires de Lyon, 2000.
- MOUNET-SULLY, "L'HOMME AUX CENT CŒURS D'HOMME, Paris, éditions du Cerf, 2005.
- PAUL MOUNET, « LE TRAGÉDIEN QUI PARLAIT AUX ÉTOILES », Paris, éditions du Cerf, 2009.
- PROUST ET LE VIOLON INTÉRIEUR, Paris, éditions du Cerf, 2011. -
- “Proust et Fauré” in LE CERCLE DE MARCEL PROUST, sous la direction de Jean-Yves Tadié, Paris, Honoré Champion, collection “Recherches proustiennes” dirigée par Annick Bouillaguet, 2015.
Pierre-Louis Rey
Uta Felten
Uta felten est professeur de littérature française et italienne à l’université de Leipzig. ses recherches actuelles portent sur le cinéma moderne des langues romanes et le surréalisme espagnol ainsi que sur Proust et l’intermédialité. elle dirige le séminaire de recherche interdisciplinaire « codages du genre dans les pays de langues et cultures romanes » (cgr) et le centre interdisciplinaire de culture italienne (CICI) à l’université de Leipzig et elle est l’auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma moderne et l’œuvre de Proust Figures du désir. untersuchungen zur amourösen rede im film eric rohmers (2004), Proust und die medien (avec Volker Roloff, 2005), Die korrespondenz der sinne. Wahrnehmungsästhetische und intermediale aspekte im werk von Proust (avec Volker Roloff, 2008), ainsi que Träumer und nomaden. eine einführung in das moderne kino in frankreich und italien (2011). Elle a récemment dirigé un numéro de la Revue d’études proustiennes chez Classiques Garnier, Le « temps retrouvé » de 1914, paru en 2016.
Arthur Morisseau
Arthur Morisseau enseigne au collège Marcel Proust à Illiers-Combray. Doctorant à l’université de Tours, il s’intéresse aux rapports entre littérature et musique et rédige une thèse en littérature comparée et musicologie sous la direction de Philippe Chardin et de Vincent Cotro sur le personnage de Vinteuil et a rédigé « L’après-Vinteuil : la partition littéraire proustienne vue par les compositeurs Jorge Arriagada et Hans Werner Henze » dans les Quaderni proustiani en 2015.
Jean-Yves Tadié
Jean-Yves Tadié a enseigné dans neuf universités, en France et à l’étranger (Yaoundé, Alexandrie, Le Caire, Oxford). Il est professeur émérite de littérature française à l’unversité de Paris-Sorbonne et membre correspondant de la British Academy. Il est également éditeur, directeur de la collection Folio classique et de la collection Folio théâtre chez Gallimard.
Ses ouvrages portent sur l’esthétique des genres littéraires (Le Récit poétique, Le Roman d'aventures, La Critique littéraire au XXe siècle, Le Roman au XXe siècle), sur Proust (Proust et le roman, Marcel Proust. Biographie, Proust. La cathédrale du temps, Marcel Proust. La culture et les arts, Gallimard), sur la mémoire (Le Sens de la mémoire, avec Marc Tadié). Dans la Pléiade, il a édité Proust, Nathalie Sarraute, Walter Scott et Malraux (t. IV et VI). Il a consacré un livre à Jules Verne (Regarde de tous tes yeux, regarde, Gallimard, 2005). Dans son recueil De Proust à Dumas (Gallimard 2006), on trouve une section sur l'opéra. Il a également dirigé et préfacé deux inédits de Malraux, Carnet d'URSS 1934 et Carnet du Front populaire, chez Gallimard. Il a dirigé une Littérature française (Folio essais, 2007). Paru chez Gallimard en 2008 dans la collection « L’un et l'autre », Le Songe musical est consacré à Debussy. Jean-Yves Tadié est revenu à Proust en 2012 avec Le Lac inconnu. Entre Proust et Freud (Gallimard, collection « Connaissance de l’Inconscient »), et les Lettres à sa voisine (2013). Il est également à l’origine de la publication par Charles Méla des placards de Du côté de chez Swann conservés à la Fondation Bodmer (Gallimard, 2013 et 2016).
Philippe Chardin
Ancien élève de l’ENS, Philippe Chardin est professeur de littérature comparée à l’université de Tours et co-responsable du séminaire Proust à l'ITEM. Il a notamment publié : Le Roman de la conscience malheureuse, Genève, Droz, 1983 (« Titre courant », 1998) ; L'Amour dans la haine ou la jalousie dans la littérature moderne, Droz, 1990 ; Musil et la littérature européenne, PUF, 1998 ; Proust ou le bonheur du petit personnage qui compare, Honoré Champion, 2006. Parmi les ouvrages qu’il a dirigés ou codirigés : Roman de formation, roman d'éducation dans la littérature française et dans les littératures étrangères, 2007, Originalités proustiennes, 2010, L’écrivain et son critique : une fratrie problématique, 2014, aux éditions Kimé et Proust écrivain de la Première Guerre mondiale (codir. avec Nathalie Mauriac Dyer), 2014 aux EUD. Il est par ailleurs l’auteur de récits, notamment publiés aux éditions Jacqueline Chambon/Actes Sud comme Le Méchant vieux temps, 2008 et d’un « soliloque » autour de la musique, Soliloque pour clarinette seule, Melville/Léo Scheer, 2003.
Marie Gaboriaud
Marie Gaboriaud est agrégée de Lettres Modernes et docteure des Universités de Paris-Sorbonne, Bonn et Florence. Sa thèse, soutenue en 2015 en co-diplomation entre ces trois universités, porte sur la construction du mythe de Beethoven sous la Troisième République. Ses travaux portent plus largement sur les liens entre littérature et arts, l'intermédialité, la littérature et la presse populaires, les mythes, l'histoire des représentations collectives, et les écrits de Romain Rolland.
Luc Fraisse
Luc Fraisse est professeur de littérature française à l’université de Strasbourg et membre senior de l’Institut universitaire de France. Ses derniers travaux consacrés à Proust sont La Petite Musique du style. Proust et ses sources littéraires (2011), L’Éclectisme philosophique de Marcel Proust (2013, prix de la critique de l’Académie française) et une édition de La Prisonnière (2013). Aux Classiques Garnier, il dirige la collection « Bibliothèque proustienne » et la Revue d’études proustiennes.
Jérôme Bastianelli
Haut fonctionnaire, écrivain et critique musical, Jérôme Bastianelli a édité les deux traductions ruskiniennes de Proust (collection Bouquins, Robert Laffont, 2015). Il est également l’auteur de biographies de Federico Mompou, Félix Mendelssohn, Piotr Ilitch Tchaïkovski et Georges Bizet. Il occupe actuellement les fonctions de directeur général délégué du Musée du quai Branly – Jacques Chirac.
Stéphane Chaudier
Stéphane Chaudier est professeur de langue et littérature françaises des XXe et XXIe siècle à l’université de Lille 3. Spécialiste de Proust, il est l’auteur de Proust et le vocabulaire religieux : la cathédrale profane (Paris, Champion, 2004). Il va faire paraître chez Garnier une étude intitulée : Proust ou le démon de la description.