Musique et Relations internationales

Publié dans Saison 2012-2013

Introduction

Colloque organisé par la revue Relations internationales

 

Le thème de la musique dans l’histoire des relations internationales a été très peu exploré jusqu’à une date récente. En France, il a fallu attendre le développement de l’histoire culturelle engagée autour de Pascal Ory, de Christophe Charle, de Jean-Yves Mollier, de Jean-François Sirinelli ou de Robert Frank1 pour que le mouvement soit amorcé alors que la littérature et le théâtre étaient déjà pleinement au centre de l’étude des rapports internationaux depuis les années 1960, notamment avec les spécialistes de littérature comparée et de remarquables travaux sur l’Allemagne et sur la Russie2. Seuls les musicologues se penchaient alors sur cette dimension musicale. On rappellera ici la contribution synthétique de Danièle Pistone au colloque lancé par Jean-Baptiste Duroselle qui eut lieu en 1988 à la Fondation Singer-Polignac3, ou encore les travaux de Michèle Alten sur le lien entre idéologie et musique4.

Les explications de ce manque sont multiples : la sectorisation des disciplines qui empêchait le croisement et la fécondation des savoirs, l’idée plus ou moins juste que la musique est souvent considérée comme universelle (et donc peu marquée par les antagonismes)5, le fait que la musique (surtout instrumentale) n’est pas censée être porteuse d’un discours explicite, etc. Or l’histoire globale, l’histoire connectée, l’histoire mondialisée, en changeant les paradigmes et les échelles, ont favorisé l’éclatement de l’histoire culturelle et la diversification de ses champs en privilégiant l’étude des transferts et des influences réciproques et en s’éloignant de l’idée de cultures dominantes. Avec des ouvrages de référence comme Les relations culturelles internationales au XXe siècle. De la diplomatie culturelle à l’acculturation6 ou encore Théâtres en capitales, naissance de la société du spectacle à Paris, Berlin, Londres et Vienne, 1860-1914 de Christophe Charle7, l’histoire culturelle a changé de nature, même si la part de la musique dans le rapport à l’international reste très réduite (avec les contributions d’Anaïs Fléchet et d’Yvan Gastaut dans le premier volume cité).

C’est seulement depuis quelques années que, dans l’avalanche des productions en histoire culturelle, des travaux nouveaux, des thèses, des colloques se développent en France et à l’étranger sur la question. Didier Francfort a publié en 2004 chez Hachette son Chant des nations : musiques et cultures en Europe : 1870-1914. Tout récemment, un collectif de l’EHESS vient de faire paraître un ouvrage consacré à la musique dans la Première Guerre mondiale8. Et Robert Frank lui-même, dans la synthèse qu’il a dirigée Pour l’histoire des relations internationales9, consacre quelques pages à la circulation internationale des musiques. Une telle situation justifiait qu’on aborde de plus près la question.

Ne pouvant aborder dans un colloque d’une journée et demie l’ensemble des problèmes que pose la question de la musique dans les relations internationales, nous avons retenu trois thèmes : circulation des musiciens et des œuvres musicales, politiques publiques (étatiques ou non), et enfin rapports de la musique avec la guerre et la paix. Par ailleurs, nous avons limité notre champ d’investigation aux XIXe et XXe siècles.

En ce qui concerne le premier thème, la circulation des musiciens et de leurs œuvres est une évidence depuis l’Europe médiévale. Elle n’a pas cessé depuis. Mais cette situation peut être favorisée ou entravée : favorisée par la mode, par l’appétence des élites, par la fascination pour l’exotisme ou la nouveauté, par les changements techniques (les supports électroniques au 20ème siècle), par la volonté d’exercer une influence par la culture ; entravée aussi par les conflits ouverts, par la plus ou moins grande imperméabilité des cultures locales, par une censure idéologique et par la contrainte d’État qui pèse sur les libertés individuelles.

La circulation est donc aussi liée aux politiques culturelles des États ou des grandes structures internationales. Comment ces organismes instrumentalisent-ils la musique et tentent-ils d’influencer l’Autre par la diffusion de « leur » musique  ? Quelle image veulent-ils projeter à travers la musique ? C’est la question centrale du second thème abordé. On sait à quel point les « identités nationales » sont liées à leurs productions culturelles.

Le troisième thème est centré sur la guerre et la paix. Que la musique accompagne l’activité militaire ou guerrière est une réalité de très longue date. Que la musique soit un élément de séduction, d’encouragement, de réduction des réactions individuelles est aussi un phénomène bien connu. Mais comment fonctionne la musique en temps de paix et en temps de guerre ? Chante-t-on la paix comme on chante la guerre, ou la victoire sur l’ennemi ? Et les pratiques changent-elles avec le temps ? Nous avons tenu ici à aborder les deux Guerres mondiales et la Guerre froide.

Ce colloque n’a d’autre ambition que de poser quelques jalons sur le sujet en posant un certain nombre de questions à l’histoire des deuxsiècles passés à travers quelques exemples, divers tant géographiquement que chronologiquement et thématiquement.

 

Anaïs Fléchet (Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines/Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines) et Antoine Marès (Institut Pierre Renouvin/UMR IRICE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

 

1 Et beaucoup d’autres qui ont pris le relais derrière eux.

2 Voir aussi les numéros de la revue Relations internationales : n° 14 de l’été 1978, n° 24 et 25 de l’hiver 1980 et du printemps 1981, les n° 115 e 116 sur les transferts culturels…

3 Le Paris des étrangers, Imprimerie nationale, 1989.

4 Musiciens français dans la guerre froide (1945-1956). L’indépendance artistique face au politique, Paris, L’Harmattan, 2000.

5 Idée infirmée par la Querelle des Bouffons, par le débat autour du wagnérisme, par les résistances sociales à l’introduction de certaines musiques, par les adoptions musicales différenciées selon les milieux etc.

6 Sous la direction d’Anne Dulphy, Robert Frank, Marie-Anne Matard-Bonucci et Pascal Ory, Bruxelles, Peter Lang, 2010.

7 Éditions Albin Michel, 2008. Voir aussi les travaux de Philipp Ther à Vienne (In der Mitte der Gesellschaft. Operntheater in Zentraleuropa 1815–1914, Wien und München, Oldenbourg, 2006).

8 La Grande guerre des musiciens, Stéphane Audoin-Rouzeau, Esteban Buch, Myriam Chimènes et Georgie Durosoir éds., Lyon, Symétrie, 2009.

9 PUF, 2012, p. 441-444.

Comité scientifique
  • Anaïs Fléchet  (université de Versailles, Saint Quentin en Yvelines),
  • Didier Francfort (université de Lorraine)
  • Robert Frank (université Paris I Panthéon-Sorbonne)
  • Antoine Marès (université Paris I Panthéon-Sorbonne, revue Relations internationales)
  • Danièle Pistone (université Paris-Sorbonne)
  • François Vallotton (université de Lausanne)
Avec le soutien des institutions suivantes

             
 

Programme

Vendredi 31 mai

9 h 15 - Accueil et inscriptions des participants

9 h 30 - Ouverture du colloque par Georges-Henri SOUTOU, membre de l’Institut, professeur émérite à l’université Paris-Sorbonne

introduction par Antoine MARÈS , université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 

La circulation des musiciens et des œuvres musicales

Présidence : Didier FRANCFORT

 

 

Discussion

 

11 h – Pause

 

Discussion

 

13 h - Buffet - déjeuner

 

 

La musique comme enjeu des politiques culturelles

Présidence  : François VALLOTTON


 

 


 Discussion


16 h - Pause

 

 

 Discussion

 

18h - fin de la première journée

 

Samedi 1er juin


9 h 15 - Accueil et inscriptions des participants

9 h 30 - ouverture de la seconde séance



La musique, la guerre et la paix
Présidence  : Danièle PISTONE


 


Discussion

11 h - Pause
 


Discussion

 

 

13h30 - Fin du colloque

Présentation : (texte & vidéo)

Ouverture du colloque par Georges-Henri SOUTOU

Introduction par Antoine MARÈS

 


La circulation des opéras en Europe au XIXe siècle

par Christophe CHARLE

 


Le (petit) monde de Weimar et d'ailleurs, le réseau européen des élèves de Liszt

par Bruno MOYSAN

 


Musique et musiciens étrangers à Paris sous la Troisième République

par Myriam CHIMÈNES

 


Scènes brillantes et cellules obscures : musiciens finlandais à Paris

par Helena TYRVÄINEN

 


>Olivier Messiaen aux USA : enjeux musicaux et politiques (1960-1980)

par Yves BALMER

 


Music, International Organizations and League of Nations

par Christiane SIBILLE

 


Le théâtre municipal de Strasbourg 1918-1944

par Sandrine NIKOLIC-FUSS

 


La musique comme ambassadrice ? L'Association française d'action artistique (AFAA, 1922-2006) : bilans et enjeux

par Danièle PISTONE

 


Le Conseil international de la Musique et la politique musicale de l’Unesco

par Anaïs FLÉCHET

 


Les relations musicales entre la Chine et l’Europe depuis les années 1980 : un délicat équilibre entre marché et dirigisme

par Gilles DEMONET

 


Musiques militaires et relations internationales de 1850 à 1914  : le cas français

par Patrick PERONNET

 


Musiciens du rang dans la guerre  : trois témoignages

par Sophie-Anne LETERRIER

 


«  Formons un chœur aux innombrables voix...  » : hymnes et chants pour la paix soumis à la Société des Nations

par Carl BOUCHARD

 


Tournées musicales et diplomatie pendant la Guerre froide

par Didier FRANCFORT

 


Daniel Barenboim et l'Orchestre de Paris dans l'Argentine de Videla

par Esteban BUCH

 


Musique, ingérence et déploiement de la raison humanitaire à la fin de la Guerre froide

par Luis VELASCO PUFLEAU

 


Conclusions par Robert FRANK

Biographies

Georges-Henri Soutou

Membre de l'Académie des Sciences morales et politiques et Professeur émérite à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris-IV).Il préside l'Association des Internationalistes et l'Institut de Stratégie et des Conflits – Commission française d'Histoire militaire.Il travaille sur les Relations internationales au XXème siècle, en particulier sur la Première guerre mondiale, les rapports franco-allemands et les relations Est-Ouest après 1945. Il a publié notamment L'Or et le Sang. Les buts de guerre économiques de la Première guerre mondiale, Fayard, 1989; L'Alliance incertaine. Les rapports politico-stratégiques franco-allemands, 1954-1996, Fayard, 1996; La Guerre de Cinquante Ans. Les relations Est-Ouest 1943-1990, Paris, Fayard, 2001 ; L’Europe de 1815 à nos jours, PUF, 2007

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Antoine Marès

Professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Centre d’histoire de l’Europe centrale contemporaine) et directeur de l’Institut Pierre Renouvin. Il dirige le master «Histoire des mondes étrangers et des relations internationales» ainsi que la revue d’histoire Relations internationales. Choix de publications récentes: Histoire des Tchèques et des Slovaques (Paris, Perrin-Tempus, 2005); sous sa direction: Culture et politique étrangère des démocraties populaires, (Paris, IES, 2007); La Tchécoslovaquie, sismographe de l’Europe (Paris, IES, 2009); en codirection: Les Intellectuels de l’Est exilés en France (Paris, IES, 2011).

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Didier Francfort

Professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Lorraine et directeur de l'Institut d'Histoire Culturelle Bronislaw Geremek du Château des Lumières à Lunéville. Après avoir consacré ses recherches à l'histoire de la sociabilité sous la direction de Maurice Agulhon, il s'est orienté vers l'histoire culturelle comparée de l'Europe, en particulier vers l'étude des constructions identitaires musicales. Depuis la parution du Chant des Nations (Paris, Hachette, 2004), il s'intéresse à la circulation des musiques populaires au XXe siècle.

Résumé de communication

Cette communication se propose de rapprocher les voyages triomphaux de musiciens, compositeurs ou virtuoses célèbres dans le domaine de la musique «savante», qui ont pu jouer un rôle diplomatique à l'époque de la Guerre froide, jusqu'au retour des exilés avec par exemple l'accueil réservé à Rafael Kubelik par le président Havel après plus de quarante ans d'absence de Prague. Les manœuvres habiles des gouvernements ne sauraient être la seule explication d'un voyage répondant aussi souvent à des formes de «mal du pays» ou de dépassement des frontières arbitraires.

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Christophe Charle

Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (CNRS/ENS) et membre de l’Institut universitaire de France. Il est l’auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont, en dernier lieu, Théâtres en capitales, naissance de la société du spectacle à Paris, Berlin, Londres et Vienne, 1860-1914 (Paris, Albin Michel, 2008), Discordance des temps, une brève histoire de la modernité (Paris, Armand Colin, 2011), Homo historicus, réflexions sur l'histoire, les historiens et les sciences sociales (Paris, Armand Colin, 2013).

Résumé de communication

L'étude du programme des principaux opéras des capitales européennes montre à la fois une rapide circulation d'un certain nombre d'opéras à l'échelle européenne, mais aussi une sélection croissante des œuvres appelées à une telle carrière. Si de nouvelles nations parviennent à percer au delà de leur cercle initial, la domination des scènes européennes par le groupe des mêmes pays dominants et, à l'intérieur, d'un nombre réduit d'auteurs et d'œuvres phares traduit bien l'existence à la fois d'un espace culturel européen et sa domination par un cercle de puissances exportatrices qui ne correspond d'ailleurs pas complètement à l'idée générale qu'on se fait des grandes nations dans d'autres domaines qu'ils soient politiques, économiques ou culturels.

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Bruno Moysan

Professeur agrégé de musique, docteur en musicologie, membre du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines et président de l’Association française Franz Liszt. Il enseigne actuellement la musique au lycée Marceau de Chartres, les relations entre musique et politique à Sciences-Po Paris et les liens entre journalisme et musique à l’Université Paris 8. Il a aussi enseigné au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Son ouvrage Liszt (Gisserot, 1999) a reçu en 2000 le prix de l'Association des professeurs et maîtres de conférences de Sciences-Po. Coauteur de Culture et religion : Europe, XIXe siècle (Atlande, 2002), ses recherches portent essentiellement sur la musique romantique et les relations entre musique, politique et lien social dans les sociétés démocratiques modernes, l'Europe et le libéralisme. Il est l'auteur de nombreux articles de musicologie dans des revues spécialisées en France, à l'étranger et a participé à l’ensemble des colloques consacrés au bicentenaire de Liszt en Europe. Issu de sa thèse de doctorat sur les fantaisies de Liszt sur des thèmes d’opéras, son ouvrage Liszt, virtuose subversif (Symétrie, 2009) a reçu une mention spéciale du Prix des Muses.

Résumé de communication

Liszt est une figure européenne, de sa fantastique tournée virtuose de plusieurs années entre 1839 et 1847 jusqu'à sa vie dite « trifurquée » entre Rome, Weimar et Budapest à partir de 1869. Cette dimension européenne connut également sa part de déchirement et de souffrance notamment à partie de 1870. Son gendre Émile Ollivier, l'homme de l'Empire libéral, est celui qui déclare la guerre à la Prusse alors que, parallèlement, ses deux gendres successifs, les deux maris de Cosima, Hans von Bülow et Wagner, sont allemands et, au moins pour le dernier, ne cachent pas des relations très ambivalentes avec la France pour ne pas dire fortement anti-françaises. Enfin, le grand pédagogue qu'il fut toute sa vie voit venir des élèves de toute l'Europe et même des États-Unis. Dans certains cas, comme celui d'Agnès Street-Klindworth, il est même assez difficile de démêler ce qui relève de l'amitié amoureuse, de la pédagogie et de... l'espionnage. Comment se négocient dans cette vie de roman les relations entre la musique et la géopolitique romantique d'une Europe qui voit les nations s'éveiller ?

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Myriam Chimènes

Musicologue, directrice de recherche au CNRS (Institut de recherche sur le patrimoine musical en France), spécialisée en histoire sociale de la musique. Centrées sur l’histoire de la musique en France entre 1870 et 1970, ses recherches gravitent essentiellement autour de deux thèmes majeurs: le fonctionnement de la vie musicale (politiques publiques, mécénat, musique et société) et Claude Debussy. Elle a notamment publié Mécènes et musiciens. Du salon au concert à Paris sous la IIIe République (Fayard, 2004). Francis Poulenc, Music, Art and Literature (Ashgate Publishing, 1999); dirigé La Vie musicale sous Vichy (Complexe/IHTP-CNRS, 2001); et édité Jeux, Édition critique des œuvres complètes de Claude Debussy (Costallat-Durand, 1988); Francis Poulenc, Correspondance 1910-1963 (Fayard, 1994); Marguerite de Saint-Marceaux, Journal 1894-1927 (Fayard, 2007); Henry Barraud, Un compositeur aux commandes de la Radio: essai autobiographique (Fayard/BnF, 2010).

Résumé de communication

« La capitale de la France était en même temps la capitale du monde culturel. Cette ville magnifique était la Mecque des créateurs, l'atelier et la résidence d'une galaxie d'artistes et d'hommes de lettres ». Ainsi s’exprime Pablo Casals, qui s’installe à Paris en 1900 car on l’a assuré que « le centre actuel de la musique est Paris ». Casals n'est pas le seul à élire domicile dans la capitale, pour des séjours plus ou moins longs : Ricardo Viñes, Georges Enesco, Manuel de Falla, Igor Stravinsky, Serge Prokofiev, entre autres, vécurent ou séjournèrent à Paris entre 1870 et 1940, sans compter des vedettes lyriques comme Lina Cavalieri, venues se produire à l'Opéra, alors la scène au monde qui fonde la carrière internationale d'un musicien. Paris attire, car c’est un lieu d’enseignement, de diffusion, d’échanges entre créateurs, de circulation des œuvres et de promotion des interprètes étrangers.

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Helena Tyrväinen

Musicologue et chercheuse à l’Université de Helsinki (Finlande). Ses domaines de spécialité sont le compositeur finlandais Uuno Klami (1900–1961), les relations musicales franco-finlandaises et franco-nordiques, ainsi que les questions de transfert culturel. Elle a publié de nombreux articles scientifiques en finnois, français et anglais sur ces sujets. De 1994 à 1998, elle a participé au programme de recherche France in Nordic Music 1900-1939. Elle a édité deux anthologies musicologiques et organisé des colloques internationaux à Helsinki, Saint Petersburg et Paris (« La France dans la musique nordique – Relations musicales franco-nordiques 1900-1939 », 1999). Elle a étudié le piano à l’Académie Sibelius de Helsinki et réalisé des études en musicologie à l’Université de Helsinki et à l’École Pratique des Hautes Études (avec François Lesure). Avant de devenir musicologue, elle a fondé et dirigé l’École de musique du Centre de Helsinki (Keski-Helsingin musiikkiopisto), où elle a également été professeur de piano.

 

Résumé de communication

Au cours des dernières décennies du XIXe siècle, la musique finlandaise, intégrée depuis longtemps à la scène européenne, subit l’influence grandissante de l’art musical de la Troisième République française, défiant des liens plus anciens avec la culture allemande. Sensibles au poids international de la France et soucieuses d’affirmer leur indépendance, les élites du Grand-duché autonome, alors attaché à l’Empire russe, organisèrent de grandes manifestations à Paris – en 1889, 1900 et 1920 – et se servirent de la musique comme moyen de propagande nationale. À côté de ces initiatives publiques qui insistaient sur l’originalité et l’authenticité de la culture nationale finlandaise, des acteurs privés tachèrent de s’intégrer à la vie musicale française et de s’y faire valoir.

Cette communication vise à analyser les modalités de pensée, à la fois nationales et cosmopolites, qui orientèrent les activités professionnelles des musiciens finlandais en France. Nous retracerons les itinéraires de deux chanteuses soprano sur la scène musicale française : Aïno Ackté (1876–1944), engagée par l’Opéra, et Ida Ekman née Morduch (1875–1942), d’origine juive, soliste  des Concerts-Colonne. Nous analyserons également la position d’Uuno Klami (1900-1961), le compositeur finlandais le plus reconnu de l’entre-deux-guerres. Si le passage par la France joua un rôle clef dans la carrière de ces artistes, les goûts et les mécanismes idéologiques révèlent également la forte croissance du nationalisme français dans les premières décennies du XXe siècle.

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Yves Balmer

Maître de conférences à l’École normale supérieure de Lyon (2009-), professeur d’analyse musicale au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (2008-), et rédacteur en chef de la Revue de musicologie (2013-). Il dirige le Département des arts de l’ENS de Lyon (2012-) et siège au Conseil national des Universités (2011-). Pianiste de formation (médaille d’or du Conservatoire de Lille, 1999), auteur d’une thèse sur Olivier Messiaen soutenue à l’Université de Lille en 2008, agrégé de l’Université (2003), titulaire de deux certificats d’aptitude (Culture musicale : 2005 ; Directeur des conservatoires de musique, théâtre et danse : 2007) et lauréat de six prix du Conservatoire de Paris où il a été l’assistant de la classe d’analyse de Michaël Lévinas, il a réalisé l’inventaire du fonds de programme de concerts Loriod-Messiaen, comme chercheur-associé au département de la musique de la Bibliothèque nationale de France entre 2004 et 2006. Il prépare, avec Christopher Murray et Thomas Lacôte, un ouvrage de synthèse sur les techniques compositionnelles d’Olivier Messiaen, à paraître chez Symétrie, récompensé par la bourse spéciale d’écriture des Muses 2011 et un séjour d’écriture à la Fondation des treilles. La Société française de musicologie publiera en 2013 son commentaire analytique des brouillons des Visions de l’Amen, associé aux fac-simile des deux manuscrits d’esquisses de cette œuvre. Avec Emmanuel Reibel, il vient d’achever la rédaction d’une monographie sur la compositrice Michèle Reverdy, à paraître chez Vrin en octobre 2013.

Résumé de communication

Les États-Unis d’Amérique constituent, durant sa vie, le premier lieu de diffusion de l’œuvre d’Olivier Messiaen en dehors de la France. On montrera que ce constat, ainsi que, plus généralement, la diffusion internationale de son œuvre est le fruit d’une entente réciproque entre le compositeur et l’Association Française d’Action Artistique : l’analyse des archives de l’AFAA met en lumière, outre les stratégies politiques de la France déjà bien identifiées par ailleurs, la manière dont les programmes des tournées ont été pensés pour atteindre un maximum d’efficacité – tant pour l’intérêt du compositeur que pour celui des représentants diplomatiques.

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François Vallotton

Professeur ordinaire d'histoire contemporaine à l'Université de Lausanne où il enseigne plus spécialement l'histoire des médias. Auteur de nombreuses contributions dans le domaine de l'histoire culturelle et intellectuelle, il a notamment consacré sa thèse à l'histoire de l'édition suisse francophone. Il a aussi développé de nombreux projets d'enseignement et de recherche portant sur l'histoire de la radio et de la télévision dans une perspective suisse mais également transnationale. Cofondateur du Centre interdisciplinaire des Sciences historiques de la culture à l'Université de Lausanne, il a collaboré au projet «Histoire de la SSR» dont le troisième et dernier volume est paru en mars 2012.

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Christiane Sibille

Elle a réalisé une maîtrise en histoire et musicologie à l’Université de Heidelberg sur la musico-éthnologie germanophone dans la Lorraine des années 1930. Rédactrice du site-web Universität Basel – seit 1460 untergwegs de l’Université de Bâle entre 2007 et 2010, elle a été collaboratrice scientifique pour le projet Networking the International System / Asia and Europe in a Global Context de l’Université de Heidelberg entre 2008 et 2011. Depuis 2009, elle coordonne la base de données LONSEA – League of Nations Search Engine. Assistante en histoire moderne et contemporaine à l’Université de Bâle et collaboratrice scientifique dans le domaine des Digital Humanities entre 2010 et 2012, elle est actuellement collaboratrice scientifique aux Documents Diplomatiques Suisses et responsable de la coordination de la 12ème Conférence Internationale des Éditeurs de Documents Diplomatiques (Genève, 2013).

Résumé de communication

During the interwar period, the League of Nations installed a network of international bodies. Aiming at peace keeping, technical cooperation, economy and health, the League gave special attention to cultural relations, for political reasons. While Japanese delegates played an important role for intellectual cooperation at the Geneva secretariat, the French government financed an Institute for Intellectual Cooperation in Paris, addressing the leading role of French culture worldwide. Within this transcultural institutional framework, various projects discussed the role of culture for peaceful mutual understanding as the noblest aim of the League. Topics reached from ideological universalism (e.g. «un nouvel humanism») to pragmatic demands on intellectual property rights. Within these multilayered claims non-textual expressions of culture called the attention of the participating states, organizations and experts. Compared to fine arts, music was a problem child. Repeatedly featured on the agenda of the Subcommittee of Arts and Letters, the League’s results remained modest and unspectacular in this field. The failure, however, gives some indication of the contemporaneous predominance of eurocentric cultural concepts and the interplay of state actors and interest groups in ephemeral and often legally not clearly defined spaces.

Presenting ambivalent tensions between music as an expression of culture available to nationalist propaganda and the adjustments needed for its global use, the presentation elaborates on three case studies: The first will focus on attempts to re-establish a uniform concert pitch for orchestras, an issue that was submitted by external stakeholders. The second explains the interest in ”Musique et Chanson Populaires” as a form of national cultural diplomacy. A third presents the reasons why an international inventory of national music collections became a topic of political relevance. Furthermore, this paper addresses the methodological challenges and additional insights gained by merging musicological and historical research, highlighting first and foremost the impact and consequences of fast changing media formats.

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Sandrine Nikolic-Fuss

Doctorante en histoire à l’Université de Bâle. Ses travaux portent sur la vie musicale à Strasbourg pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a notamment publié : « Le programme musical et le public du théâtre de Strasbourg à l’ombre de la croix gammée », dans F. Taliano-des-Garets (dir.), Villes et culture sous l’occupation expériences françaises et perspectives comparées (Paris, Armand Colin, 2012) et « La vie musicale strasbourgeoise à l’ombre de la croix gammée », dans C. Maillard, C. Maurer et A. Starck-Adler (dir.), L’Espace Rhénan, pôle de savoirs/Rheinischer Raum, Wissensraum. Actes du colloque international organisé par le GIS Mondes germaniques, les 12-13-14 juin 2008 (Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2013).

Résumé de communication

La position géographique de la ville de Strasbourg sur les bords du Rhin lui confère tout au long de son histoire un statut spécial. Le contrôle de ce territoire oppose à plusieurs reprises l’Allemagne et la France et la ville change à quatre fois de nationalité entre 1870 et 1944. Chaque changement de gouvernement s’accompagne d’une nouvelle politique culturelle. Au théâtre municipal, la période de l’entre-deux guerres se caractérise par un face à face des représentations « françaises » et « allemandes ». Les spectateurs se distinguent par leur francophilie ou leur germanophilie. La Seconde Guerre mondiale, parallèlement aux atrocités perpétuées, se définit tout particulièrement en Alsace par sa politique anti-française et par une germanisation poussée à outrance. Comment ces changements radicaux de gouvernement et de politique nationale se définissent-ils au niveau culturel ? Nous présenterons une analyse comparative à travers le programme musical du théâtre comme vecteur de la politique culturelle et le comportement des spectateurs comme sa résultante.

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Danièle Pistone

Professeur d’histoire de la musique à l’Université Paris-Sorbonne depuis 1981. Responsable de l’Observatoire musical français et de sa maison d’édition, elle consacre ses travaux à la France musicale des XIXe et XXe siècles. Rédactrice en chef de la Revue internationale de musique française de 1980 à 1999, elle dirige depuis 1976, à la Librairie Honoré Champion, la collection «Musique-Musicologie». Elle est correspondante de l’Académie des Beaux-Arts depuis 2004. Principaux travaux : La musique en France de la Révolution à 1900 (1979); L'opéra italien au XIXe siècle, de Rossini à Puccini (1986; trad. en portugais et en italien); La musique, ses institutions et son public dans la France du XXe siècle (1999); Berlioz, hier et aujourd’hui (2003, avec C.Rudent); La musique dans la société. Deux siècles de recherches (2004) ; La musique au temps des arts (2010, co-dir. avec G.Denizeau); Périodiques français relatifs à la musique (2011); Paroles et musiques (2012; co-dir. avec C. Naugrette).

Résumé de communication

En prenant en considération le développement de l’Association française d’action artistique (précédemment Association française d’expansion et d’échanges artistiques jusqu’en 1934, devenue en 2006 Culturesfrance, depuis 2010 Institut français) dans le domaine de la musique, nous examinerons le rôle de cet opérateur d’État dans la diffusion des œuvres françaises, la diversité de ses actions et des moyens dont il dispose, ainsi que le rôle diplomatique qui a pu être le sien, notamment dans le soutien d’entreprises d’intérêt national. À l’appui de cette démonstration, les grandes lignes de l’évolution de l’AFAA seront replacées dans le cadre de la politique étrangère française voire comparées à l’action de quelques agences étrangères, ainsi qu’aux mutations et à la réception de l’art sonore durant cette période.

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Anaïs Fléchet

Maître de conférences en histoire à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, membre du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC), chargée de cours à Sciences-Po Paris et chercheuse associée à l’UMR IRICE. Elle dirige, avec Marie-Françoise Lévy et Robert Frank, le séminaire «Littératures et musiques dans les relations internationales» à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses travaux portent sur les relations culturelles entre la France et le Brésil à l’époque contemporaine, sur la circulation des idées et des pratiques artistiques dans l’espace atlantique et sur le rôle de la musique dans les relations internationales. Elle a notamment publié Villa-Lobos à Paris. Un écho musical du Brésil (Paris, L’Harmattan, 2004) et Si tu vas à Rio... La musique populaire brésilienne en France au XXe siècle (Paris, Armand Colin, 2013) ; et codirigé De la Démocratie raciale au multiculturalisme : Brésil, Amériques, Europe (Bruxelles, Peter Lang, 2010) et Villa-Lobos. Des sources de l’œuvre aux échos contemporains (Paris, Honoré Champion, 2012).

Résumé de communication

« La musique est ce qui unit » : en mars 1950, le Courrier de l’Unesco utilisait cette maxime chinoise pour annoncer la tenue de la première assemblée générale du Conseil International de la Musique à Paris. Créée en 1959, cette organisation non gouvernementale se donnait pour but de promouvoir la diversité musicale du monde, les échanges artistiques et les idéaux de paix de l’Unesco. À travers une série de programmes ambitieux, le CIM entendait soutenir la création contemporaine, aider à la préservation et à la diffusion des musiques « folkloriques » et promouvoir l’éducation musicale à l’échelle internationale. Son action était relayée par des comités nationaux, créés dans différents pays membres, ainsi que par des associations professionnelles. À partir de l’analyse de quelques mesures phares, comme la « Tribune internationale des compositeurs », le «Répertoire international des sources musicales» ou encore la « Journée internationale de la musique », on interrogera les objectifs stratégiques du CIM, les modalités de leur mise en œuvre, ainsi que le système de représentations –largement fondé sur l’idée de la musique comme «langage universel»– qui a orienté la politique musicale de l’Unesco depuis le début des années 1950. On s’intéressera également aux personnalités qui ont porté ce projet, en insistant sur le rôle des compositeurs et des interprètes dans la mise en place d’un réseau musical transnational –à l’image de Arthur Honneger, membre fondateur, ou de Yehudi Menuhin, président du CIM entre 1969 et 1975.

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Gilles Demonet

Maître de conférences, responsable du Master Administration et gestion de la musique à Paris Sorbonne et professeur invité au Conservatoire de musique de Shanghai (Arts Administration Department). Il a été invité par l’Opéra de Canton en décembre 2011 pour concevoir et animer un programme de formation de trois jours consacré à la gestion des salles de spectacles. Il codirige également la série « Activités et institutions musicales » de l’Observatoire musical français. Ses champs de recherche comprennent le droit et l’économie de la musique, l’organisation et la gouvernance des institutions musicales en France et à l’étranger (plus particulièrement dans le domaine des opéras et des orchestres), l’histoire des institutions musicales, les politiques culturelles ainsi que la mise en scène d’opéra. Il a été précédemment directeur administratif et financier de l’Opéra-Comique et directeur du bureau français de l’agence de concerts IMG Artists. Il est cofondateur de l’orchestre Ostinato.

Résumé de communication

Les grandes réformes entreprises en Chine à partir de la fin des années 1970 n’ont pas été sans effets sur la culture et le modèle de politique culturelle et de marché de la musique qui en est issu est à maints égards original. Le développement des relations avec l’étranger, et notamment avec l’Europe, est au cœur des préoccupations des décideurs chinois et les Européens voient pour leur part dans la Chine l’un des marchés majeurs de l’avenir. L’objet de notre communication consiste à tenter de comprendre comment les relations se sont structurées dans le domaine musical pendant cette période, en mettant tout particulièrement l’accent sur la place respective de la volonté politique et des mécanismes de marché, et comment ces relations peuvent dans le futur être développées de manière fructueuse et harmonieuse.

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Patrick Péronnet

Docteur en musicologie à l'Université Paris-Sorbonne, professeur certifié d'histoire et spécialiste des ensembles d’instruments à vent des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Chef d'orchestre, arrangeur, orchestrateur et compositeur, il est également co-fondateur de l'Académie Française pour l'Essor des Ensembles à Vent où il occupe les fonctions de secrétaire. Il a publié de nombreux articles concernant le répertoire et la sociologie des orchestres d'harmonie dans des revues spécialisées (Journal de la CMF, WASBE Journal...). Il est responsable de publication aux Éditions du Petit Page (Pantin), spécialisées dans l'édition ou la réédition de partitions et livres du XIXe siècle, destinés aux instruments à vent.

Résumé de communication

Outils liés au pouvoir politique et instruments ostentatoires de la puissance de l’État, les musiques militaires mènent, dans les années 1850-1914, un véritable combat sur le front diplomatico-musical. Objets facilement repérables dans l’interface qu’elles représentent entre le pouvoir et l’image qu’il donne de lui-même, ces « musiques officielles d’État » sont instrumentalisées à la fois dans les recherches d’alliance ou la démonstration d’inimitiés entre nations. Le phénomène est particulièrement intéressant en Europe dans les années 1850-1914. Le cas français, incarné par la Musique des Guides de la garde impériale sous le Second Empire et la musique de la Garde républicaine entre 1870 et 1914, est d’autant plus intéressant qu’entre diplomatie et affrontements musicaux lors des concours internationaux, tout, dans ces musiques militaires, est sujet à l’exaltation du complexe de supériorité de la nation, dans les heurs et malheurs du temps. La modélisation de l’orchestre militaire et l’influence culturelle de la France, à l’heure de la colonisation et des relations internationales tendues, participent à la volonté d’assurer la prééminence dans la compétition internationale, dans un temps où d’autres vecteurs médiatiques populaires n’en sont qu’à leurs premiers balbutiements (sport, cinématographe, etc.).

Si le nationalisme en musique est un thème largement exploité par les historiens et musicologues depuis la seconde moitié du XXe siècle, rares sont les auteurs à s’être investi sur le médiateur politico-culturel que représente la musique militaire. Les travaux récents de Didier Francfort (Le Chant des Nations, Musiques et cultures en Europe, 1870-1914, Paris, Hachette Littératures, 2004) ont permis de mettre en évidence l’influence des musiques et des chansons sur les opinions publiques dans la période 1870-1914, cependant aucun travail conséquent ne s’est attaché à l’usage des musiques militaires dans les enjeux des relations internationales sur la période 1850-1914. Déconsidérées et oubliées, les musiques militaires n’ont pas bénéficié, jusqu’à présent, d’un intérêt particulier, exclues des champs de l’histoire politique et militaire fort bien documentée et de l’histoire culturelle nouvellement explorée (Les Spectacles sous le Second Empire, ouvrage collectif sous la direction de Jean-Claude Yon, Paris, Armand Collin, 2010). Ces ambassadeurs musicaux du pouvoir officiel, dans la période 1850-1914 ne bénéficient que d’une littérature ancienne souvent issue de compilations. Le retour aux documents d’époque (journaux et témoignages), analysés sous le double regard de l’historien et du musicologue, permet d’illustrer une part des enjeux des relations internationales pour cette période.

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Sophie-Anne Leterrier

Professeur d'histoire contemporaine à l'université d'Artois. Ses travaux portent sur l'histoire culturelle et sociale du XIXe siècle, sur l'historiographie et sur l'histoire des pratiques musicales populaires et des musiques fonctionnelles. Son dernier ouvrage (à paraître en mai 2013 au presses universitaires de Rennes) est consacré au chansonnier Béranger.

Résumé de communication

La place de la musique pendant la guerre est plus souvent examinée à partir de témoignages de responsables d'institutions, de grands compositeurs ou interprètes, qu'à partir des souvenirs d'obscurs musiciens-brancardiers du rang. Mon projet est de rendre compte, à partir des souvenirs de Louis Leleu, Leopold Retailleau et Maurice Surault, des pratiques, des répertoires, des usages de la musique pendant la guerre de 1914.

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Esteban Buch

Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris. Spécialiste des rapports entre musique et politique au XXe siècle, il est l’auteur, notamment, de L’Affaire Bomarzo – Opéra, perversion et dictature (Éditions de l’EHESS, 2011), Le Cas Schönberg – Naissance de l’avant-garde musicale (Gallimard, 2006), La Neuvième de BeethovenUne histoire politique (Gallimard, 1999) et Histoire d’un secret – À propos de la Suite Lyrique d’Alban Berg (Actes Sud, 1994), ainsi que coéditeur des collectifs Du politique en analyse musicale (Vrin, 2013, sous presse), Réévaluer l’art moderne et les avant-gardes (Éditions de l’EHESS, 2010) et La Grande guerre des musiciens (Symétrie, 2009).

Résumé de communication

En juillet 1980, l'Orchestre de Paris dirigé par Daniel Barenboim donne une série de concerts au Teatro Colón. Le pays vit alors sous la dictature du général Videla et, depuis la disparition en 1977, de deux religieuses françaises les relations bilatérales se sont dégradées. Déjà avant le départ, un débat oppose au sein même de l'orchestre partisans et détracteurs d'un boycott de ce voyage, où certains voient une forme de légitimation du régime. Une fois sur place, la décision de ne pas frayer avec les officiels lors d'une réception du 14 juillet à l'ambassade de France déclenche un véritable incident diplomatique, tandis que certains musiciens profitent de leur présence à Buenos Aires pour prendre contact avec les Mères de la Place de Mai et d'autres défenseurs des droits de l'homme. Au sein même du régime argentin, l'incident est exploité par l'aile nationaliste la plus extrême, celle des amis de l'amiral Massera, contre le bloc « libéral » que représentent Videla et son ministre de l’Économie, José Alfredo Martinez de Hoz, par ailleurs membre du Mozarteum Argentino qui a organisé la tournée de l'orchestre. Celle-ci se clôt toutefois sur un triomphe artistique, où chacun interprète en fonction de son propre positionnement l'ovation finale qui vient saluer la Cinquième Symphonie de Gustav Mahler, dirigée par un Daniel Barenboim qui, né à Buenos Aires et émigré en Israël, revenait alors pour la première fois dans son pays natal. .

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Carl Bouchard

Professeur agrégé au département d’histoire de l’Université de Montréal, travaille principalement sur l’idée de la paix au XXe siècle et sur le rapport que les citoyens entretiennent avec les relations internationales. Il a notamment publié Le Citoyen et l’ordre mondial. Le rêve d’une paix durable au lendemain de la Grande Guerre (Pedone, 2008).

Résumé de communication

Les hymnes et les chants pour la paix soumis à la Société des Nations dans les deux décennies qui suivent la Grande Guerre visent, comme les projets de drapeaux et d’emblèmes qu’envoient les citoyens, à doter symboliquement l’organisation internationale d’une identité face aux États, qui définirait sa nature et ses fonctions. Mais plus encore, ils témoignent de la façon dont les citoyens ordinaires pensent la paix et se la représentent au lendemain du plus terrible conflit que le monde ait connu. Cette communication, fondée sur l’analyse d’une trentaine de pièces (texte seul ou accompagné d’une partition) envoyées à la SDN, s’intéressera aux arguments mis en avant par les citoyens pour justifier la création d’un hymne pour la paix, sur l’usage de la musique comme outil de réconciliation et sur la tension récurrente entre la prétention universaliste et les tropes culturels, nationaux et religieux que recèlent les œuvres.

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Luis Velasco-Pufleau

Docteur en musique et musicologie (Université Paris-Sorbonne) et post-doctorant au Centre des recherches sur les arts et le langage (CRAL) de l’École des Hautes études en Sciences Sociales. Ses travaux portent sur les rapports entre musique et politique aux XXe et XXIe siècles.

Résumé de communication

La transformation de l’action humanitaire opérée à la fin du XXe siècle marque non seulement la fin du tiers-mondisme et la reconfiguration géopolitique survenue à la fin de la Guerre froide, mais transforme également l’utilisation symbolique de certaines pratiques musicales en démocratie. La musique est désormais mobilisée au cœur des dispositifs de politique symbolique de l’action humanitaire – certaines chansons faisant partie des campagnes de communication des organisations humanitaires à partir de la famine provoquée par la guerre civile éthiopienne en 1983-1984 – au moment où leur action est montrée comme une preuve de la supposée supériorité morale du « monde libre ». Lors de cette communication j’analyserai l’impact des dispositifs musicaux humanitaires dans les processus de construction de figures victimaires, dans la dépolitisation des dimensions sociohistorique et géopolitique des conflits armés contemporains et dans le déploiement d’une raison humanitaire dans les relations internationales à la fin de la Guerre froide.

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Robert Frank

Professeur émérite d’histoire des relations internationales à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ancien directeur de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP, CNRS, 1990-1994), ancien directeur de l’UMR IRICE (Paris 1, Paris IV, CNRS) entre 2002 et 2012, secrétaire général du Comité international des sciences historiques (CISH) depuis 2010. Parmi ses dernières publications : L’Expérience européenne. 50 ans de construction européenne, 1957-2007. Des Historiens en dialogue, actes du colloque international de Rome 2007, avec Gérard Bossuat, Éric Bussière, Wilfried Loth, Antonio Varsori (dir.) (LGDJ-Nomos Verlag, 2010) ; L’Espace public européen, avec Hartmut Kaelble, Marie-Françoise Lévy, Luisa Paserini (dir.) (Bruxelles, PIE-Peter Lang, 2010) ; Les Relations culturelles internationales au XXe siècle. De la diplomatie culturelle à l’acculturation, avec Anne Dulphy, Marie-Anne Matard-Bonucci, Pascal Ory (dir.) (Bruxelles, Peter Lang, 2010) ; Pour l’histoire des relations internationales (dir.) (Paris, PUF, 2012).

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