Lire le cerveau, lire la psyché

Posted in Saison 2019-2020

Introduction

L’homme est un animal réfléchi mais aussi réflexif. Déchiffrer l'humanité en soi ou en l'autre, telle est la quête à laquelle s'attachent penseurs de tous ordres depuis l'Antiquité. Par l'observation de leurs semblables ou l'exploration de leur propre intériorité, les hommes relèvent la gageure de lire – au sens de décoder, mais aussi comprendre et interpréter – ce qui en eux constitue le propre de la nature humaine, souvent localisé dans la psyché. C'est dans ce creuset que se sont fondées les sciences de l'homme.

Entre concurrences et convergences, chacune de ces sciences a forgé sa propre grille de lecture, elle-même soumise à révision au gré des modes et des époques. L’articulation entre cerveau et psyché, activité neurologique et activité psychique, est au cœur des questionnements soulevés par ces tentatives d’appréhension de l’esprit humain. Si les motivations pour lire le cerveau ou la psyché, qu’ils soient normaux ou pathologiques, doivent être soumises à un examen critique, il faut également interroger la conceptualisation de la psyché comme code et resituer ainsi codage et décodage dans leur univers de production.

Cette journée « Lire le cerveau, lire la psyché » propose de faire dialoguer des spécialistes issus de discipline variées (anthropologie, psychiatrie, neurosciences, philosophie, lettres) autour des grilles de lecture de la psyché. Seront explorés : leur mode de constitution, leurs usages passés ou contemporains dans les différentes arènes sociales, leur critique, leur retentissement sur les représentations individuelles et collectives. Ces réflexions n’iront pas sans interroger le statut ontologique et épistémologique du concept de psyché. 

Comité scientifique
  • Jean-Pierre Olié, Membre de l’Académie nationale de médecine 
  • Henri Lôo, Membre de l’Académie nationale de médecine
  • Raphaël Gaillard, professeur de psychiatrie Université Paris Descartes, chef de pôle Hôpital Sainte Anne
  • Astrid Chevance, agrégée d’histoire, psychiatre, doctorante en épidémiologie Université Paris Descartes 
  • Anaëlle Touboul, agrégée de Lettres Modernes, Université Paris III
  • André Gassiot, médecin honoraire des hôpitaux psychiatriques

Programme

Introduction par Raphaël Gaillard

Propos inauguraux par Astrid Chevance et Anaëlle Touboul

Modératrices : Astrid Chevance et Anaëlle Touboul


Modérateurs : Jean-Pierre Olié et Alain Schaffner

Conclusion : Jean-Pierre Olié

Vidéos des communications

Propos inauguraux par Astrid Chevance et Anaëlle Touboul

[haut]


Lire les crânes : la phrénologie, une science disparue de la psyché  par Florence Weber

[haut]


Fantastique "psychique" et fantastique "clinique" : le tournant fin-de-siècle  par Bertrand Marquer

[haut]


De l’esprit au cerveau, permanence de la question du dualisme par Thierry Ripoll

[haut]


Le cerveau du crime : usage judiciaire contemporain de l’argumentaire neuroscientifique par Raphaël Gaillard

[haut]


Physiognomonie : proto-histoire de l’interprétation du visage psychique par Nadeije Laneyrie-Dagen

[haut]


Usage de l’imagerie cérébrale dans les pratiques cliniques psychiatriques contemporaines par Cédric Lemogne

[haut]


Métaphore ou geste médical ? La difficile promesse de “lire” le cerveau hier et aujourd’hui par Alewandre Wenger

[haut]


Ecriture cérébrale et lecture mentale : en relisant Dennett par Denis Forest

[haut]


Conclusion par Jean-Pierre Olié

[haut]


Biographies

Astrid Chevance

Ancienne élève de l'Ecole Normale Supérieure de Paris, agrégée d'Histoire, Astrid Chevance est psychiatre et doctorante en épidémiologie clinique au Centre de Recherche en épidémiologie et Statistiques (CRESS UMR1153 Hôtel Dieu). Ses travaux porte sur l'évaluation des thérapeutiques de la dépression et la participation des patients à la recherche en épidémiologie clinique.

[haut]


Anaëlle Touboul

Agrégée de Lettres modernes, Anaëlle Touboul a soutenu en 2016 sa thèse de doctorat intitulée Histoires de fous. Approche de la folie dans le roman français du xxe siècle, lauréate du Prix Louis Forest en lettres de la Chancellerie des Universités de Paris, à paraître aux Éditions Honoré Champion. Elle s'intéresse tout particulièrement aux humanités médicales et a consacré plusieurs articles aux échanges entre littérature et sciences de la psyché au xxe siècle, ainsi qu’à la représentation du trouble mental chez divers auteurs des xxe et xxie siècles (André Baillon, Alexandre Vialatte, Albert Cohen, Emmanuel Carrère, Gwenaëlle Aubry, Delphine de Vigan).

[haut]


Florence Weber

N.C

[haut]


Bertrand Marquer

Bertrand Marquer est maître de conférences H.D.R. en littérature française à l’Université de Strasbourg, membre junior de l’Institut Universitaire de France. Ses recherches portent sur les rapports entre discours littéraire et discours médical au XIXe siècle, et sur l’impact de ce croisement dans l’histoire des représentations. Il a publié Les Romans de la Salpêtrière (Droz, 2008), Naissance du fantastique clinique (Hermann, 2014), et dirigé, au sein du projet HC19, l’anthologie collective Savants et écrivains : portraits croisés dans la France du XIXe siècle, (APU, 2014). Dernier ouvrage paru : L’Autre siècle de Messer Gaster ? Physiologies de l’estomac dans la littérature du XIXe siècle (Hermann, 2017).

[haut]


Thierry Ripoll

Thierry Ripoll est Professeur de Psychologie Cognitive à l’Université d’Aix-Marseille et membre de l’UMR 7290 (Laboratoire de Psychologie Cognitive). Il est actuellement directeur du centre de formation des psychologues de l’Éducation Nationale et a été doyen de la faculté de Psychologie et Sciences de l’éducation de 2008 à 2012. Ses recherches se situent au croisement de la psychologie, des neurosciences, de l’intelligence artificielle et de la philosophie. Elles ont porté notamment sur le raisonnement par analogie, la mémoire, l’attention et la perception visuelles, les représentations philosophiques intuitives. Depuis quelques années, il travaille sur les représentations  philosophiques spontanées du rapport esprit-cerveau. Il a récemment publié un ouvrage sur ce thème « De l’esprit au cerveau ».

[haut]


Raphaël Gaillard

Professeur de psychiatrie à l’Université Paris Descartes, chef de pôle à l’hôpital Sainte Anne

Normalien et médecin, Raphaël Gaillard est professeur de psychiatrie à l’Université Paris Descartes et chef de pôle à l’hôpital Sainte Anne, pôle qui reçoit plus de 12 000 patients par an et comprend 5 services. Il préside le CNU de psychiatrie ainsi que le Congrès de l’Encéphale, congrès qui réunit chaque année 4000 psychiatres au Palais des Congrès. Après une thèse de sciences sur les bases cérébrales de la conscience et un post-doctorat à l’université de Cambridge, il anime à l’Inserm et à l’Institut Pasteur des recherches combinant imagerie cérébrale et psychopharmacologie visant à mieux caractériser les propriétés des psychotropes. Ses travaux ont été publiés dans des revues scientifiques internationales (notamment les Proceedings of the National Academy of Sciences et la principale revue de psychiatrie, Molecular Psychiatry). Avec Lucie Berkovitch et Stanislas Dehaene, il a récemment publié un modèle de la schizophrénie considérée comme liée à une perturbation de l’accès à la conscience (Trends in Cognitive Sciences, 2017). Expert auprès de la Cour d’Appel de Paris et coordonnateur du Diplôme Inter - Universitaire de psychiatrie légale, il anime une réflexion associant psychiatres, juristes et neuroscientifiques sur l’usage croissant des neurosciences en criminologie et en expertise. 

[haut]


Jean-Pierre Olié

N.C

[haut]


Alain Schaffner

N.C

[haut]


Nadeije Laneyrie-Dagen

Nadeije Laneyrie-Dagen est Professeure d’histoire de l’art à l’Ecole Normale Supérieure. Spécialiste de la Renaissance, elle a publié des monographies (Rubens, chez Hazan)  et des ouvrages thématiques (L’Enfant dans la peinture, en collaboration, Citadelles et Mazenod) ou de vulgarisation ( Lire la peinture, Larousse ; Histoire de l’art pour tous, Hazan). De façon trans-chronologique, c’est-à-dire en examinant le long terme, elle s’intéresse aux modalités et aux fins de la représentation du corps par les artistes (L’invention du corps, Flammarion). Elle a dirigé pour la France un groupe de recherche international sur la physiognomonie, et plus récemment un programme de recherche sur la vieillesse des artistes : les actes du colloque Aging and Arts (Paris et Venise, automne 2018) seront publiés au CNRS en 2020. 

[haut]


Cédric Lemogne

N.C

[haut]


Alexandre Wenger

Alexandre Wenger a été chercheur rattaché à l’Institut d’histoire de la médecine de Genève, à l’École Normale Supérieure de Paris, et à l’Institut für Geschichte der Medizin der Robert-Bosch Stiftung de Stuttgart). Il a soutenu en 2005 une thèse de doctorat ès lettres en littérature française, portant sur les effets pathogènes attribués à la lecture par les médecins du 18e siècle.

En 2011, il a été nommé professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, en charge de la création et de la direction du programme interdisciplinaire Médecine et société. Il a mis en place le premier prix d’écriture en Suisse pour les étudiants en médecine.

Aujourd’hui professeur à l’Université de Genève en charge des Medical Humanities, il est aussi membre du Conseil d’Ethique Clinique des Hôpitaux Universitaires de Genève et directeur du Centre Interfacultaire de Bioéthique et Sciences Humaines en Médecine.

De 2015 à 2018 il a piloté le projet La Figure du poète médecin (20e-21e s.) financé par le FNS (Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique). Il coordonne le projet CineMed qui fédère différentes initiatives à la croisée de la médecine et du cinéma. Il co-dirige aujourd’hui un projet de recherche FNS portant sur l’histoire de la syphilis.

[haut]


Denis Forest

Denis Forest, né en 1963, ancien élève de l'ENS, Paris, est Professeur de philosophie et d’histoire des sciences à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, après avoir occupé des fonctions équivalentes à l’Université Lyon 3 Jean Moulin et à l’Université Paris Nanterre. Il est également membre statutaire de l’IHPST (Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques). Ses travaux portent essentiellement sur les sciences de l’esprit et les neurosciences. Il a notamment publié Histoire des aphasies (Puf, 2005), le collectif L’innéité aujourd‘hui (Matériologiques, 2012), et  Neuroscepticisme (Ithaque, 2014), dont le second volume, Neuropromesses, est à paraître en 2020. 

[haut]