Ce qu’on entend au XIXe siècle

Posted in Saison 2023-2024

Honoré Daumier (1808-1879) Musique Pyrotechnique, Charivarique et Diabolique, 1838, lithographie colorée, Bibliothèque municipale de Lyon

Xe Congrès de la Société des Études romantique et dix-neuviémistes

Live
Replay sur singer-polignac.tv

Avant-propos

Si les études consacrées à l’histoire des sens au XIXe siècle se sont particulièrement portées sur le domaine de la vue, elles ont plus rarement envisagé le terrain de l’ouïe et l’évolution de la perception du sonore qui caractérise l’époque. De nombreux facteurs transforment pourtant ce qu’historiens et anthropologues ont pu appeler le « paysage sonore » : révolutions industrielles et progrès technologiques jouent non seulement sur la production du son, mais aussi sur la capacité à l’appréhender.

Une étude du monde sonore s’inscrit, bien sûr, dans celle de la vie quotidienne, des bruits et des sons entendus dans les villes et les campagnes au XIXe siècle : les contextes sont aussi divers que celui du travail, du religieux, du militaire ou encore du voyage. Le sonore est aussi un matériau artistique, celui de la musique et du théâtre : qu’en est-il de leur production et de leur écoute ? La « parole politique » et plus généralement publique soulève des interrogations semblables. Enfin la question du son croise celle des mutations de la littérature au XIXe siècle, ère du triomphe de l’imprimé : le passage de la « littérature discours » à la « littérature texte » invite à réfléchir à la place du son dans le texte.

Partenaire
Comité d'organisation
  • Cécile Reynaud (École Pratique des Hautes Études, PSL)
  • Hélène Parent (Université de Lorraine)
  • Marie-Ange Fougère (Université de Bourgogne)
  • Béatrice Didier (École Normale Supérieure, PSL)

Programme

Mardi 30 janvier 2024

Ouverture du Congrès par Jean-Claude Yon, Cécile Reynaud, Hélène Parent et Marie-Ange Fougère 

Session 1 : Donner de la voix

présidence : Hélène Parent

  • Eric Bordas : Voix expressives : timbres, accents, prononciations 
  • Corinne François-Denève : "Galatée parle !" la voix des comédiennes dans les romans de l’actrice de la fin du XIXe siècle
  • Violaine François : L’écrivain et son auditeur. Ce qu’on entend des paroles d’écrivains au XIXe siècle

Session 2 : Le spectacle des sons

Présidence : Jean-Claude Yon

  • Marie Goupil-Lucas-Fontaine : ‘‘La honte de la mélodie et la parodie du chant’’. Retour sur la construction de la voix ‘‘réaliste’’ (1880-1940) 
  • Agnès Curel : Voix foraines : portraits sonores 
  • Laurène Haslé : Tonnerre d’applaudissements, bruits de coulisses et silence solennel de répétitions : ce qu’on entend dans un théâtre du XIXe siècle
  • Sylvie Douche : Le son des mélodrames dans la France théâtrale du XIXe siècle

Session 3 : Son du corps

Présidence : Marie-Ange Fougère

  • Jean-François Richer : Corpophonie de la souffrance : sonocritique du corps humain dans "La Comédie humaine" d’Honoré de Balzac 
  • Sophie Panziera : Bruit, berceuse ou silence ? Sommeil et sensibilités sonores au XIXe siècle

 

Session 4 : Univers sonores

Présidence : José-Luis Diaz

  • Michela Landi : ‘‘Pauvres reproches !’’ Le son de la cloche dans la poésie du XIXe siècle, entre sacrifice et réparation
  • Aimée Boutin : Stridences modernes : irruption du sifflet de locomotive dans la poésie post-baudelairienne 
  • Jean-Claude Caron : L’oreille de Vincent. Paysage sonore et culture musicale dans la correspondance de Van Gogh
  • Etienne Poirier : L’histoire continuée : faire entendre l’avenir dans "Les Rougon-Macquart" 

 

 



Mercredi 31 janvier 2023

Session 5 : Oreille musicale 

Présidence : Cécile Reynaud

  • Alban Ramaut : Comment transcrire et recréer ce que le siècle donne à entendre ? Réflexions sur l’œuvre d’Hector Berlioz à partir de son article « De l’Imitation musicale », Revue et gazette musicale de Paris des 1er et 8 janvier 1837.
  • Anastasia Syreishchikova-Horn : Les paysages sonores de la Russie au XIXe siècle et leur influence sur la création musicale
  • Sarah Hassid : Entre bruits des villes et sons de la nature : les paysages sonores de Jean-Georges Kastner dans ses livres-partitions "Les Voix de Paris et La Harpe d’Éole"
  • Guillaume Avocat : Entre le bruit de l’extérieur et la musique de l’intérieur. Les célébrations napoléoniennes autour de Notre-Dame de Paris (1802-1814)
  • Clotilde Verwaerde : Un écho des tumultes révolutionnaires : la musique dans les romans de Regnault-Warin

Session 6 : L’ouïe

Présidence : Béatrice Didier

  • Anna Opiela-Mrozik : Entre assourdissement et surdité : les défaillances (musicales) de l’ouïe au XIXe siècle et leurs représentations littéraires
  • Isabelle Cavé : L'oreille au XIXe siècle, d'un point de vue hygiéniste

Session 7 : Sons du politique

Présidence : Jean-Claude Caron

  • Christophe Tropeau : Quand la musique coutumière rencontre la musique associative dans les campagnes
  • Adrien Quièvre : Musiques grévistes : le cas des chants d’ouvriers mineurs dans les grèves du XIXe siècle
  • Karl Zimmer : Les bruits de la révolte populaire. Entendre l’émeute au XIXe siècle


 Session 8 : Bruit du danger

Présidence : Aimée Boutin

 

18h30 Clôture du colloque

Biographies et résumés

AVOCAT photo

Guillaume Avocat 

Guillaume Avocat est docteur en musicologie et ingénieur de recherches au CESR. Il a consacré sa thèse aux pratiques musicales à Notre-Dame de Paris au début du XIXe siècle (à paraître chez Classiques Garnier). Ses travaux portent essentiellement sur Pierre Desvignes (1764-1827), ainsi que sur les liens entre musique et liturgie, la musique et la représentation du pouvoir et les débats autour de la musique religieuse en France aux XVIIe et XIXe siècles.

« Entre le bruit de l’extérieur et la musique de l’intérieur. Les célébrations napoléoniennes autour de Notre-Dame de Paris (1802-1814) »

Résumé : L’expérience des fêtes publiques repose sur l’articulation systématique du dehors et du dedans par le biais de stimulations sensorielles. À l’occasion des fêtes du Premier Empire, le bruit des feux d’artifices, des cloches, des coups de canons et des parades militaires dans les rues de Paris fait écho à la musique exécutée en sa cathédrale. Le bruit de l’extérieur et la musique de l’intérieur, avec d’autres sortes de stimuli visuels et gustatifs, participent alors de l’expression de la réjouissance publique. Au cours de cette communication, nous verrons comment la musique composée en ces occasions répond aux manifestations de l’extérieur. Plus que de simplement dresser un panorama sonore des fêtes napoléoniennes, nous chercherons surtout à identifier les interactions fondamentales entre création musicale et expérience festive autour de Notre-Dame de Paris.

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Éric Bordas

Éric Bordas est professeur de stylistique à l’École Normale Supérieure de Lyon. Parmi ses publications récentes, Langages n° 228 (Paris, décembre 2022) : La Notion d’expressivité.

« Voix expressives : timbres, accents, prononciations »

Résumé : C’est au début du xixe siècle qu’apparaît en français le substantif expressivité sous la plume de commentateurs d’opéras pour décrire l’art d’un interprète à faire entendre l’émotion dans son chant. Le mot va beaucoup circuler, mais sa scénographie d’origine ne sera jamais bien loin, expliquant certaines métaphores. La voix humaine serait le premier niveau, le plus immédiatement perceptible, de manifestation de cette individuation sensible, singulière et personnelle, qui double, volontairement ou non, la signification littérale du discours pour tous d’un sens particulier, plus intime, plus sincère. Si le chant lyrique repose assurément sur cette capacité physique à exprimer des sentiments au-delà de mots négligeables, la voix parlée, en registre privé mais plus encore en manifestation publique (hommes célèbres, orateurs politiques), est, elle aussi, écoutée en tant que telle, dans sa concrétude phonique accentuelle, dans le phrasé de la prosodie qu’elle réalise, pour sa capacité à identifier la personnalité authentique du locuteur, du corps à l’âme.

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Aimée Boutin

Aimée Boutin est professeure à Florida State University à Tallahassee, en Floride. Dans le cadre de ses recherches sur les études urbaines et les « sound studies » au xixe siècle, elle s’est penchée sur les rapports entre la flânerie et les cinq sens dans “The Flâneur and the Senses” (revue Dix-Neuf, 2012), et a publié le livre City of Noise : Sound and Nineteenth-Century Paris (University of Illinois Press, 2015) sur les bruits urbains. Auteure de Maternal Echoes : The Poetry of Marceline Desbordes-Valmore and Alphonse de Lamartine (University of Delaware Press, 2001). Elle a également contribué aux recherches sur les femmes poètes du XIXe siècle, notamment Marceline Desbordes-Valmore, Louisa Siefert et Amable Tastu. 

« Stridences modernes : irruption du sifflet de locomotive dans la poésie post-baudelairienne »

Résumé : Comment les poètes ont-ils réagi à la stridence moderne ? Cette communication se penchera sur l'attention nouvelle portée à la qualité des sons industriels aigus et dissonants, notamment à la stridence du sifflet de train, dans une sélection de poèmes post-baudelairiens où les références aux sifflets rompent avec le lyrisme traditionnel. Cette approche permet d'aborder différemment certaines questions conçues en relation avec la théorie du « choc » de Walter Benjamin ; si le sifflet peut en effet figurer le choc traumatique, son bruit peut également donner à entendre les transformations des pratiques d'écoute à l’ère industrielle. En outre il s’agira de montrer comment la rêverie poétique peut témoigner d’une acuité sensorielle moderne. 

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Jacques Bury

Professeur agrégé d'histoire et docteur des Universités, Jacques Bury a soutenu en 2021 une thèse en histoire contemporaine consacrée à la lutte contre l'incendie dans les villes françaises du xixe siècle, sous la codirection de Jean-Noël Luc et Pierre Karila-Cohen. Il a publié plusieurs articles, dont « Paris brûle-t-il ? L’incendie urbain, une peur au prisme des pratiques policières (France, xixe siècle) » (dans Philippe Chassaigne, Adèle Delaporte et Caroline Le Mao, Peurs urbaines. xvie-xxie siècles, La Crèche, La Geste / Presses Universitaires de Nouvelle Aquitaine, 2022, p. 93-104). Il enseigne actuellement au lycée Frédéric et Irène Joliot-Curie de Romilly-sur- Seine.

« Au feu ! Le danger d’incendie, un objet sonore identifié dans la France du XIXe siècle »

Résumé : Appartenant à la gamme des « peurs urbaines », le danger d’incendie est un objet sonore bien identifié par les habitants et les acteurs de l’ordre urbain, ne serait-ce que par les sons qu’il engendre une fois déclaré. Cette exacerbation de l’ouïe se retrouve dans les cris d’alarme et d’effroi, autant que dans l’usage séculaire du tocsin. Le théâtre de l’incendie provoque en lui-même un véritable « concert », souvent dissonant. Si l’appel à l’aide spontané comme la rumeur de rue s’avèrent fréquents et, souvent, décisifs, dans la mobilisation des forces vives pour lutter contre le fléau, au cœur de l’affrontement les bruits multiples colorent la scène d’incendie, la rendant parfois inaudible. Mais, en amont, c’est précisément le danger d’incendie en tant que tel qui participe d’une évolution des sons du danger et de la mise en alerte, avec le perfectionnement des systèmes d’avertissement et les dispositifs sonores d’alerte, qui participent pleinement à l’évolution du « paysage sonore » de la ville française du xixe siècle.

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Jean-Claude Caron 

Jean-Claude Caron est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Clermont Auvergne et membre honoraire de l’IUF. Spécialisé dans l’histoire de la jeunesse à l’époque romantique (Générations romantiques. Les étudiants de Paris de 1814 à 1851, A. Colin, 1991) et des violences socio-politiques au XIXe siècle, il a récemment publié Van Gogh en toutes lettres. Un homme dans son siècle (Champ Vallon, 2022).

« L’oreille de Vincent. Paysage sonore et culture musicale dans la correspondance de Van Gogh »

Résumé : Homme de pinceau et de couleurs, Van Gogh est aussi un homme de lettres dont la correspondance foisonnante permet de saisir l’exacerbation des sens. Parmi ceux-ci, l’ouïe occupe une place importante : car qu’il lise, peigne ou écrive, Vincent n’est pas que regard aigu, il est également oreille aux aguets. Ses lettres témoignent de sa forte réceptivité aux voix, comme lorsqu’il assiste à la représentation d’une pastourale en Provence. Cette réceptivité au chant renvoie à sa culture musicale et au lien synesthésique qu’il établit entre peinture et musique. S’il est difficile de cerner la culture musicale de Van Gogh, on note qu’il évoque des musiciens aussi divers que Beethoven, Gounod, Berlioz ou Wagner. L’objectif de cette communication est donc de donner à entendre ce qui constitue à la fois le paysage sonore – réel ou imaginaire – de Van Gogh et de mettre en évidence la place qu’occupent le chant et la musique dans sa vie.

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Isabelle Cavé 

Isabelle Cavé est diplômée docteur en sciences humaines (sociologie et histoire) de l'EHESS de Paris en 2013. Spécialiste des archives du milieu industriel ou artisanal, de la condition de vie ouvrière et du patronat, elle porte la connaissance de la pensée hygiéniste née au xviiie siècle avec une sensibilité de compréhension médicale. Elle a publié aux éditions L'Harmattan, collection « Médecine à travers les siècles » de Paris, et fait plusieurs communications à la Société française d'histoire de la médecine. Elle est en outre engagée sur le terrain (AP-HP de Paris)

« L'oreille au XIXe siècle, d'un point de vue hygiéniste »

Résumé : La révolution industrielle du xixe siècle a bouleversé la société française sur tous les plans. Bruits et rythmes pressés scandent à présent les cavernités les plus obscures de la physiologie humaine. À l’aide de l'archivistique plurielle, nous essaierons de découvrir quelles sont ces nouvelles sources de bruit et comment les individus vont devoir s'y soumettre ou, au contraire, pouvoir s'en abstraire. Nous regarderons de plus près les sources hygiénistes et médicales qui fondent le socle d'une santé publique émergente dans la seconde moitié du xixe siècle. L'oreille est un organe biologique de veille obligatoire au travail, tout autant qu'il se déploie en gênes, maladies et sources de plaisirs à foison.

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Chloé Chatrian

Chloé Chatrian est doctorante au Centre d’Histoire du xixe siècle (Université Paris I-Panthéon-Sorbonne). Elle consacre sa thèse de doctorat aux enfants combattants dans les armées françaises au xixe siècle sous la direction du professeur Anne-Emmanuelle Demartini.

« Le bruit de la bataille au xixe siècle »

Résumé : Cette communication a pour objectif de contribuer à une meilleure connaissance de l’environnement sonore de la bataille au xixe siècle : au-delà de la détonation et de la chanson militaire, c’est bien à un paysage auditif singulier que les combattants sont confrontés. Celui-ci, vécu pendant l’affrontement, est aussi mis en discours a posteriori et fait l’objet d’une réappropriation particulière par les combattants qui cherchent à saisir et à rendre compte de leur expérience personnelle du feu. Après avoir reconstitué l’univers sonore de la bataille, nous présenterons la façon dont les combattants ont utilisé les bruits entendus pour exprimer la façon dont ils l’ont personnellement vécue, tantôt pour évoquer la confusion sensorielle propre au combat, tantôt pour dire ce qu’ils ont vécu d’indicible, en particulier la mort.

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Agnès Curel

Agnès Curel est maîtresse de conférences en Littérature et théâtre à l'Université Jean Moulin (Lyon 3, UR MARGE). Ses recherches sont à la croisée des études littéraires et théâtrales, de l’histoire culturelle et des sound studies. Une version remaniée de sa thèse de doctorat sur les bonimenteurs au xixe siècle et sur l’imaginaire forain va paraître aux Presses Universitaires de Lyon. 

« Voix foraines : portraits sonores »

Résumé : Si la fête foraine est le lieu d’une grande cacophonie – dont on s’amusera à rappeler la richesse au cours de cette communication – l’objet de cette étude sera au contraire de chercher à isoler certaines voix, à les « désanonymiser » pour en faire entendre la pluralité. Cocherie, Clam, Rossignol-Rollin (qui, disait-on, avait été avocat avant de s’engager sur dans une baraque de lutteurs), Madame Constance, etc., autant de noms et de voix que je m’emploierai à exhumer pour faire entendre, au-delà du vacarme forain – qui relève d’une construction sociale –, leur singularité. L’éloquence foraine, la place des voix féminines et les effets de choralité seront autant de pistes d’analyse pour mieux saisir cette partition foraine.

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Sylvie Douche

Pianiste, agrégée, diplômée du CNSMDP et Professeure en Musicologie à Sorbonne Université, Sylvie Douche publie essentiellement sur la musique française des XIXe-XXe siècle. Auteur (ou coordinatrice) d’une dizaine d’ouvrages et de nombreux articles, ses recherches concernent plus particulièrement les relations entre la musique et les autres arts (notamment musique/texte ou musique/théâtre) :

- Musiques de scène sous la IIIe République, Lyon, éditions Microsillon, 2018

- Barthes et la musique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2018, en collaboration avec C. Coste.

- Amphitryon de Maurice Emmanuel, musique de scène d’après Plaute, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, 2012

- Correspondances inédites à des musiciens français, 1914-1918, Paris, L’Harmattan, coll. « Mémoires du XXe siècle », 2012

- Charles Koechlin, compositeur et humaniste, Paris, Vrin, 2010, en collaboration avec P. Cathé et M. Duchesneau

- Le mélodrame français Belle Époque. Résurgences, métamorphoses et enjeux. Le cas de l’adaptation musicale, Antipode, Éditions du Puis de Roulle, 2016

- « Pelléas et Mélisande » cent ans après. Études et documents, Lyon, Éditions Symétrie, 2012, en collaboration avec J-C Branger et D. Herlin

- L’Enseignement de Maurice Emmanuel. Musique, histoire, éducation, Sampzon, Delatour France, 2020, en collaboration avec C. Corbier

- Étudier, enseigner & composer à la Schola Cantorum (1896-1960), Sampzon, Aedam Musicae, 2022, en collaboration avec C. Segond-Genovesi

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Corinne François-Denève

Corinne François-Denève est Professeure en littérature générale et comparée à l’Université de Haute-Alsace. Elle travaille sur les liens entre littérature et théâtre (figure de l’actrice) et le « matrimoine » du XIXe siècle, singulièrement scandinave. Elle a à ce titre traduit Anne Charlotte Leffler, Alfhild Agrell, Victoria Benedictsson, Frida Stéenhoff et Bjørnstjerne Bjørnson. Une partie de son travail est également dédiée aux études actorales - Vivien Leigh, Greta Garbo, Jacqueline Maillan, Sophie Daumier… Elle est par ailleurs dramaturge, critique, et directrice de la Compagnie Benoit Lepecq et de la Compagnie Freya et ses chattes. 

« Galatée parle ! La voix des comédiennes dans les romans de l’actrice de la fin du xixe siècle »

Résumé : La fin du xixe siècle voit l’apparition de ce que nous avons pu appeler le « roman de l’actrice », indice de la faveur médiatique dont jouit alors la comédienne. Corps « plastique » et adulé, l’actrice se prête à des représentations diverses. Mais qu’en est-il de l’évocation de sa voix ? Nombre d’ouvrages semblent se moquer de ces jolies femmes sans coffre ou souffle. L’anecdote, comme souvent dans le roman de théâtre, prend plaisir à raconter les accidents qui couvrent les voix des actrices. Simple « ventriloque » d’un texte qu’elle me maîtrise pas, la comédienne semble destinée à ne pas ouvrir trop grand sa bouche. La critique féministe a toutefois voulu voir dans ces romans la possibilité pour les comédiennes d’affirmer leur « voix », ou de « verbaliser », justement, un devenir-artiste – parfois en dehors de la scène. Muettes, fluettes, tonitruantes, ces comédiennes « romanesques » sont aussi à (ré)entendre. 

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Violaine François

Violaine François a soutenu en juillet 2023 sa thèse intitulée « Paroles d’écrivains au xixe siècle. Des pratiques de circonstance à la performance ». Ses travaux visent à analyser les pratiques de l’oralité littéraire au xixe siècle et s’inscrivent dans le vaste mouvement de reconsidération des sociabilités et des formes médiatiques dans les études littéraires. Les notions de sociabilités littéraires, d’oralité, de culture médiatique et d’art du spectacle sont au cœur de sa réflexion. Violaine François est par ailleurs PRAG à l’Université Paris-Est Créteil. 

« L’écrivain et son auditeur. Ce qu’on entend des paroles d’écrivains au XIXe siècle »

Résumé : Loin d’être des phénomènes marginaux et anecdotiques, les lectures à voix haute, récitations, improvisations, discours et conférences sont autant de pratiques littéraires qui rythment le quotidien de l’homme de lettres au xixe siècle. L’auditeur colporte ces paroles entendues et contribue à les enregistrer et à les fixer dans les imaginaires médiatiques. À partir d’une séance de lecture théâtrale de Delphine de Girardin dans son salon, nous souhaitons faire entendre les voix du xixe siècle en mettant en évidence la relation entre l’écrivain en performance et son auditeur. La voix de l’auditeur, qui cherche à se tailler sa part dans la rumeur médiatique, est-elle nécessairement en sourdine ? La mise en évidence, à partir de cet exemple, des enjeux à la fois poétiques, sociologiques et médiatiques de ce drôle de couple a pour objectif de revaloriser le poids des paroles dites dans le système littéraire du xixe siècle. 

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Marie Goupil-Lucas-Fontaine

Agrégée d’histoire et docteure de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Marie Goupil-Lucas-Fontaine a consacré sa thèse à l’histoire de la chanson « réaliste » entre 1850 et 1990. Elle est actuellement enseignante-chercheuse contractuelle à l’université du Mans, membre du laboratoire TEMOS. Elle est également chercheuse associée au Centre d’Histoire du xixe siècle, ainsi qu’à l’Institut National de l’Audiovisuel (INA), où elle poursuit ses travaux sur la patrimonialisation de la mémoire chansonnière au xixe et au xxe siècles.

« La honte de la mélodie et la parodie du chant. Retour sur la construction de la voix ‘‘réaliste’’ » (1880-1940) »

Résumé : Le propos de cette communication est de comprendre comment se sont fixé les codes d’identification et de définition des voix « réalistes » au cours de la période 1880-1940, qui voit éclore et triompher le genre réaliste sur scène, au café-concert puis au music-hall, indépendamment de la teneur des textes chantés. Y seront examinés la manière dont les voix masculines furent peu à peu écartées de l’interprétation de ce répertoire ainsi que le rôle les supports sonores dans la fixation de ces codes, à mesure que leur technologie se perfectionna.

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Laurène Haslé

Laurène Haslé est docteure en histoire des spectacles du xixe siècle. En 2020, elle soutient une thèse sur « La Direction d’Adolphe Lemoine-Montigny au Théâtre du Gymnase de 1844 à 1880 ». Ses recherches portent sur le métier de directeur de théâtre et sur l’histoire de la mise en scène. Ses principales publications sont : « Les Mariages parisiens ou l’histoire du Théâtre du Gymnase dans une lettre de 1861 » dans Documents d’histoire parisienne dirigée par Guy-Michel Leproux, n° 23, 2021, p. 87-96 ; « Le cabinet du directeur de théâtre : la formation de l’auteur dramatique. L’exemple d’Adolphe Lemoine-Montigny » dans La Revue d’histoire littéraire de France dirigée par Alain Génétiot, 120e année, n° 3, 2020, p. 663-673. 

« Tonnerre d’applaudissements, bruits de coulisses et silence solennel de répétitions : ce qu’on entend dans un théâtre du xixe siècle »

Résumé : Tout au long du xixe siècle, le théâtre fut l’un des divertissements majeurs des Français et notamment des Parisiens – ils s’y rendaient très régulièrement pour y découvrir les nombreuses nouveautés, revoir les classiques dramatiques, mais aussi pour retrouver leurs comédiennes et comédiens favoris. Mais qu’entendaient-ils – ou non  –  au sein de ces lieux de spectacle ? En nous concentrant sur un théâtre précis, nous en découvrirons les nombreux aspects auditifs, qu’ils soient accessibles à toutes les spectatrices ou spectateurs (la voix des artistes en scène, la musique, le bruitage, les applaudissements, le brouhaha d’un entracte, etc.) ou, au contraire, tout à fait confidentiels (la répétition d’une pièce tant attendue, les échanges entre les auteurs dramatiques, les « bruits de coulisses », etc.). 

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Sarah Hassid

Maître de conférences à l’université Paris 1, Sarah Hassid est diplômée de l’École du Louvre et du CNSMDP en musicologie. Elle est l’auteur d’une thèse sur l’imaginaire musical et la peinture en France entre 1791 et 1863, d’un ouvrage sur le salon littéraire, artistique et musical de Berthe de Rayssac, ainsi que de plusieurs articles sur les liens entre les arts visuels et la musique. Elle mène depuis 2020 un projet de recherche sur George Kastner, à partir de la reconstitution du fonds Kastner-Boursault. 

« Entre bruits des villes et sons de la nature : les paysages sonores de Jean-Georges Kastner dans ses livres-partitions Les Voix de Paris et La Harpe d’Éole »

Résumé : Parmi les « livres-partitions » publiés par Jean-Georges Kastner dans les années 1850, La Harpe d’Éole et Les Voix de Paris proposent deux paysages sonores opposés qui invitent respectivement à une exploration des sonorités mystérieuses de la nature et à une immersion dans les rues de Paris. Ces deux ouvrages se composent chacun d’un essai historique érudit et d’une partition musicale originale de l’auteur que nous analyserons à l’aune de l’élargissement qui s’opère en France durant la période, dans le sillage de Reicha, de Kastner et de Berlioz, de la notion même de « musique ». Véritables supports à la fois sémiotiques, didactiques et créatifs d’un imaginaire musical revivifié, ils proposent une vitrine contrastée de ce que l’on peut entendre, voire écouter au xixe siècle, mais également de ce que l’on pourrait ne plus entendre – des métiers des villes aux sonorités dites « cosmiques » de la nature – au siècle de la vitesse et de l’industrialisation. 

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Michela Landi

Michela Landi enseigne la littérature française à Florence. Dans le domaine des relations musico-littéraires elle a publié quelques volumes dont trois sont consacrés à l’imaginaire des instruments de musique dans la poésie du xixe siècle (L’arco e la lira, avec un essai d’Yves Bonnefoy, 2006 ; Per un’organologia poetica, 2008 ; Il castello della Speranza, 2011). 

« Pauvres reproches ! Le son de la cloche dans la poésie du XIXe siècle, entre sacrifice et réparation »

Résumé : Alors que le siècle postrévolutionnaire est en passe d’abolir les signes religieux de la vie sociale, ces signes réapparaissent en poésie avec une insistance inédite. Notamment, la cloche se fait l’expression non plus d’un appel euphorique au rassemblement des fidèles, voire d’un rappel dysphorique, où priment des traits sonores secondaires transmis par ses harmoniques discordants. Ces signes remémoratifs, s’ils sont douloureux, ne sont pas moins, dans certains cas, salvifiques.  Notre communication se penche sur l’analyse des variantes et des invariants représentatifs de la cloche de Lamartine à Mallarmé, en passant par Hugo, Baudelaire, Laforgue.

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Anna Opiela-Mrozik

Anna Opiela-Mrozik, maîtresse de conférences à l’Institut d’Études romanes de l’Université de Varsovie. Ses recherches portent sur les relations entre la littérature et les autres arts, avec une place particulière accordée à la musique et à la musicalité. Autrice de l’étude La Musique dans la pensée et dans l’œuvre de Stendhal et de Nerval (Honoré Champion, 2015) et de plusieurs articles portant sur le comparatisme interdisciplinaire, le romantisme et le symbolisme français.

« Entre assourdissement et surdité : les défaillances (musicales) de l’ouïe au XIXe siècle et leurs représentations littéraires »

Résumé : L’objectif de notre communication, qui portera sur des textes littéraires, critiques et (pseudo)scientifiques, est de réfléchir sur les déficiences auditives dont serait responsable l’écoute de la musique, ainsi que sur la surdité, son appréhension et ses représentations littéraires. L’assourdissement des auditeurs par les musiciens peut venir de leur surdité sélective qui débouche sur des exécutions cacophoniques ou interprétations erronées de l’indication forte. Faisant appel aux méthodes fondées sur l’oralité, le traitement de la surdité relève d’une incompréhension frôlant la violence, ce dont témoignent les personnages littéraires de sourds.

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Sophie Panziera

Sophie Panziera est docteure en histoire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheuse associée au Centre d’Histoire du xixe siècle (UR 3550). Sa thèse, effectuée sous la direction de Dominique Kalifa puis Laurence Guignard et soutenue en janvier 2023 porte sur les normes et les imaginaires du sommeil au xixe siècle (années 1770-1914).

« Bruit, berceuse ou silence ? Sommeil et sensibilités sonores au XIXe siècle »

Résumé : La communication propose d’interroger la nature du silence liée à la revendication d’un « droit au sommeil » qui émerge au cours du xixe siècle. Il s’agira de se demander si la diminution des seuils de tolérance au bruit nocturne induit une proscription de tous les sons de la même manière ou pour le dire autrement, si l’univers sonore du sommeil se doit d’être totalement silencieux. Si toute une gamme de bruit empêche de dormir ou perturbe le sommeil et nécessite une demande de silence, on trouve dans le même temps la promotion de certaines sonorités, réputées favoriser l’endormissement et vantées par la littérature médicale et les manuels d’instructions aux jeunes-filles et aux jeunes mères. Plus qu’une insonorisation de l’univers sonore du sommeil, on assiste ainsi au xixe siècle à une recherche, une classification et une hiérarchisation des ambiances sonores – anciennes ou nouvelles – du sommeil.

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Étienne Poirier

Étienne Poirier est doctorant en littérature française à l’Université McGill (Montréal, Canada) et pensionnaire étranger à l’École normale supérieure – PSL pour l’année 2023-2024. Il s’intéresse aux liens entre histoire et temporalité au sein du roman réaliste-naturaliste du xixe siècle, particulièrement chez Émile Zola. Ses deux premiers articles, portant sur Les Soirées de Médan et La Fortune des Rougon respectivement, devraient être publiés en 2024.

« L’histoire continuée : Faire entendre l’avenir dans Les Rougon-Macquart »

Résumé : Je propose d’étudier l’irruption de sons lointains dans les scènes finales des romans du cycle des Rougon-Macquart. En m’appuyant sur un échantillon de ces dénouements, je chercherai d’abord à démontrer que ces bruits renvoient systématiquement à la crise sociale qui demeure irrésolue à l’issue des œuvres, puis j’évaluerai dans quelle mesure ils provoquent un déplacement du moment de la résolution du conflit à l’extérieur du cadre du récit. En cela, les sons confirment l’impossibilité de tirer des conclusions durables à l’issue des romans. De cette manière, il me sera possible de montrer sous quelles conditions les sons peuvent être considérés comme partie intégrante de la structure narrative des dénouements à l’étude.

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Adrien Quièvre

Adrien Quièvre est docteur en histoire et ATER à l’Université de Lille. Ses recherches, situées au croisement de l’histoire sociale et de la musicologie, portent sur les pratiques sonores et musicales en situation de contestation (grève, révolte, manifestation) et, plus largement, sur les rapports entre corps et pouvoirs. 

« Musiques grévistes : le cas des chants d’ouvriers mineurs dans les grèves du XIXe siècle »

Résumé : La musique et le chant semblent avoir joué un rôle important durant les grèves des ouvriers mineurs du Nord de la France au xixe siècle. Des archives policières et journalistiques mentionnent en effet les nombreux hymnes, les chants et les bruits qui ponctuent les défilés des groupes de grévistes dans les villages ou lorsque ces derniers marchent plusieurs kilomètres par jour afin de relier les puits de mine et faire cesser le travail. Cette communication propose d’étudier ces pratiques musicales et ces chants en interrogeant tout particulièrement leur dimension corporelle ainsi que leur rapport à l’espace. Qu’est-ce que chanter et jouer de la musique dans les circonstances de la grève et au sein des territoires miniers, immenses et accidentés ? Que permettent la musique et le chant que la voix parlée ou criée ne suffirait pas à exprimer ? La récurrence de ces pratiques fait-elle de la musique un instrument privilégié de la lutte des grévistes ? 

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Alban Ramaut

Ancien élève du CNSMD Paris, Alban Ramaut est professeur émérite de l’Université Jean Monnet (Saint-Étienne). Membre titulaire de l’IHRIM (UMR 5317). Sa recherche concerne le domaine musical romantique et plus particulièrement la personnalité créatrice d’Hector Berlioz. Il a consacré de nombreux articles à ce compositeur et avec Emmanuel Reibel a été récemment dans le cadre du cent-cinquantenaire de la mort d’Hector Berlioz célébré notamment au Festival Berlioz de la Côte-Saint-André, l’éditeur du collectif, Hector Berlioz 1869-2019. 150 ans de passions, Aedam Musicae 2019. 

« Comment transcrire et recréer ce que le siècle donne à entendre ? Réflexions sur l’œuvre d’Hector Berlioz à partir de son article ‘De l’Imitation musicale’, Revue et gazette musicale de Paris des 1er et 8 janvier 1837. »

Résumé : Hector Berlioz s’est intéressé toute sa vie aux environnements sonores qu’il a pu connaître, de la cloche de Saint-Pierre de Rome au bruissement de la nuit du duo nocturne de Béatrice et Bénédict, du saltarello de Benvenuto Cellini au Dies irae de la Symphonie fantastique, des pulsations du cœur de la « scène d’amour » de Roméo et Juliette à l’harmonie du ciel de « l’apothéose de Margueritte ». Ces premiers éléments fondent son art et nourrissent sa conscience de créateur. Le don de recomposer l’ordre des choses données, pour en révéler la charge expressive place la création chez Berlioz sous le signe complexe et paradoxal de « l’imitation ».  Dans le double article pour la Revue et gazette musicale de Paris paru les 1er et 8 janvier 1837 et intitulé « De l’Imitation musicale », le compositeur s’efforce de définir un art qui évite les facilités comme les abus d’un sens littéral, soucieux de mesurer les dimensions du sonore à l’aune d’une puissance persuasive d’idéalisation. 

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Jean-François Richer

Diplômé des universités de Montréal et de Paris 8, Jean-François Richer est professeur agrégé de langue et de littérature françaises à l’Université de Calgary (Canada). Ses travaux portent sur l’œuvre de Balzac à qui il a consacré deux monographies et plusieurs articles publiés au Canada, en France, en Angleterre et en Allemagne. Il est également le président de l’Association canadienne des études francophones du xixe siècle (ACEF-XIX). 

« Corpophonie de la souffrance : sonocritique du corps humain dans La Comédie humaine d’Honoré de Balzac »

Résumé : Dans toute La Comédie humaine d’Honoré de Balzac résonne une longue phonographie du corps humain – une incessante corpophonie –, dont le répertoire thématique dominant est celui de la souffrance et de la défaillance. Le corps sain ne dit rien. Il est. À l’inverse, le corps bruit lorsqu’il souffre, lorsqu’il cède, casse ou saigne, lorsque le récit, aidé par son arme la plus impitoyable, le temps, le travaille en laissant sur lui les traces de son passage. Le corps de l’être balzacien fait donc partout, et à chaque instant, entendre les douleurs du drame qui le traverse. Nous voudrions montrer que trois pôles de résonance organisent sa dynamique sonore : la poitrine, le pied et la main. Écoutons.

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Anastasiia Syreishchikova-Horn

Ancienne élève de l’Académie russe de musique Gnessine, Anastasiia Syreishchikova-Horn est docteure en musicologie et actuellement A.T.E.R à l’Université de Lorraine. Elle a soutenu une thèse en cotutelle franco-russe sur les voyages d’Hector Berlioz en Russie. Chercheure associée à l’IReMus et au SAPRAT, elle est auteure de travaux en langue russe et française sur Hector Berlioz, l’histoire de la musique russe et française, les transferts culturels, l’opéra, etc. Elle a contribué à différents ouvrages collectifs, notamment Berlioz, Flaubert et l’Orient (Le Passage, 2022), Histoire de l'opéra français (Fayard, 2020), et Hector Berlioz 1869-2019 : 150 ans de passions (Aedam Musicae, 2019). 

« Les paysages sonores de la Russie au xixe siècle et leur influence sur la création musicale »

Résumé : La Russie du XIXe siècle offre un environnement sonore singulier, différent de celui de l’Europe. La particularité de la vie sociale, marquée par une grande distance entre l'aristocratie et le peuple, les rites et la culture musicale populaire, la forte présence de l'église orthodoxe, les foires et les fêtes païennes, le climat rigoureux et les vastes paysages, crée un contexte sonore spécifique. La plupart des compositeurs du XIXe siècle s'inspirent largement des sons et bruits entendus à la campagne. De nombreuses œuvres intègrent des références musicales à cet univers sonore (cloches, chants de l'église orthodoxe, chants populaires, instruments traditionnels, langage populaire). Dans cette perspective, nous souhaitons proposer une étude portant sur la représentation des paysages sonores de la Russie au xixe siècle. 

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Marie-Agathe Tilliette

Marie-Agathe Tilliette est Maîtresse de conférences en Littérature générale et comparée à l’Université du Littoral Côte d’Opale, au sein de l’UR 4030 HLLI – Unité de Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel. Sa thèse, soutenue à l’Université Paris Nanterre, est en cours de publication aux éditions Classiques Garnier, sous le titre Figures de marginaux dans le roman historique européen (1814-1836).

« Les bruits des prisons : silence et fracas »

Résumé : L’espace de la prison est caractérisé par des bruits spécifiques, souvent répétitifs et révélateurs de différentes formes de coercition (grincements de portes, cliquetis de chaînes, cloche du réveil ou du coucher, etc.). Ils constituent pour les détenus, qui apprennent à en épier les moindres variations, un monde sonore familier et sont un motif récurrent des témoignages de prison. En examinant ces notations sonores au sein de romans qui confèrent une place importante à l’espace carcéral, Le Dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo, Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac, Les Mystères de Paris d’Eugène Sue et La Fille Élisa d’Edmond de Goncourt, l’on verra que l’univers sonore carcéral est toujours une mise à l’épreuve de la norme, en particulier dans le passage radical du silence au tumulte.

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Christophe Tropeau

Christophe Tropeau est membre associé du laboratoire Temps-Monde-Sociétés (Temos), CNRS-UMR 9016. Sa thèse, soutenue en 2020 à l’université Bretagne Sud, sous la direction de François Ploux et est parue sous le titre Le plaisir du lien. La sociabilité associative rurale en Mayenne, des années 1830 aux années 1930 (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2023).

« Quand la musique coutumière rencontre la musique associative dans les campagnes »

Résumé : Jusqu’au milieu du xixe siècle, la musique coutumière, celle qui accompagne les rondes et les danses collectives lors des veillées et des fêtes de village, prédomine dans les campagnes françaises. Mais, à partir des années 1870-1880, de nouvelles pratiques, un nouveau répertoire, mais aussi une nouvelle écoute sont créés par les associations musicales qui se multiplient dans le monde rural. La musique associative apparaît alors comme un complément à la musique coutumière, pour laquelle elle est source de renouvellement.

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Clotilde Verwaerde 

Clotilde Verwaerde est maître de conférences au département de musique de l’Université Paris 8 et membre du laboratoire Musidanse. Ses recherches se concentrent sur la théorie harmonique et la pratique de l’accompagnement dans la musique de chambre entre 1700 et 1850, ainsi que sur la romance française autour de 1800. Elle étudie particulièrement l’interprétation historiquement informée des romances et la place de ces dernières dans la littérature entre 1780 et 1830.

« Un écho des tumultes révolutionnaires : la musique dans les romans de Regnault-Warin »

Résumé : Contemporain de François-René de Chateaubriand, Jean-Joseph Regnault-Warin nourrit ses écrits de son expérience des troubles des années 1790. Plusieurs de ses romans présentent un récit ancré dans cette période et revêtent un caractère politique, souvent associé à l’univers carcéral, tels les trois ouvrages centrés sur la détention de Louis xvi et de sa famille : Le Cimetière de la Madeleine (1800), Les Prisonniers du Temple (1800) et l’Ange des Prisons (1817). L’œuvre romanesque de Regnault-Warin constitue un véritable jalon dans les premières décennies du xixe siècle. Elle s’inscrit dans la lignée de l’héritage littéraire des Lumières et plus particulièrement du genre du roman en romances dont l’auteur reprend les codes par le rôle conféré à la musique dans l’intrigue et la narration, et l’inclusion de romances inédites mises en musique par un certain d’Ennery. 

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Karl Zimmer

Karl Zimmer enseigne à Le Mans Université. Il prépare une thèse d'histoire contemporaine sous la direction d'Hervé Guillemain et de Mathilde Larrère, au sein du laboratoire TEMOS (Temps, Mondes, Sociétés) – UMR CNRS 9016. Ses recherches portent principalement sur l'histoire des révoltes populaires et des gauches radicales dans la première partie du xixe siècle (https://cv.hal.science/karl-zimmer).

« Les bruits de la révolte populaire. Entendre l’émeute au XIXe siècle »

Résumé : En septembre 1839, trois jours durant a lieu une émeute frumentaire au Mans (Sarthe). Gendarmes et commissaires signalent depuis plusieurs semaines déjà des « bruits alarmants ». Ils s’inquiètent des rumeurs au long cours et des commentaires chuchotés au cabaret. Le bouche à oreille est à la source de l’émotion populaire. Quand advient le tumulte, les révolté.e.s déploient une partition contestatrice. L’univers sonore produit par la foule ne serait-il pas une porte d’entrée originale pour saisir un mouvement populaire ? Que nous apprend le tambour employé pour battre la générale ? Quels sont les cris révélés par les témoins ? Quels sons les sources passent-elles sous silence ? De l’autre côté des barricades, les autorités produisent également une myriade de bruits en écho à un maintien de l’ordre polyphonique. Parlementer et menacer pour apaiser, avertir de l’imminence des sommations légales à l’aide d’un trompette ou encore réprimer au son du boute-selle, sont autant de stratégies entendues.

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