Arts, sciences et techniques : Jules Verne, une vision du XIXᵉ siècle
Avant-propos
Longtemps considéré comme un auteur inventif et récréatif, dont le premier mérite eût été d’anticiper un XXe siècle scientifique et technologique, Jules Verne apparaît comme un écrivain à succès, un génial vulgarisateur, docile aux idées libérales et républicaines de Jules Hetzel et de Jean Macé. Il est le romancier des synthèses éloquentes et des reformulations mémorables. Si elles ambitionnent d’instruire et de distraire tout en exaltant les vertus moyennes conformes à l’idéal d’éducation bourgeoise, ses fictions s’apparentent à des cartographies modestes, mais néanmoins précieuses et précises ; elles sont le reflet prismatique de la culture, artistique, scientifique et technologique, de son époque.
A sa manière historien et sociologue, Verne s’intéresse moins aux événements saillants et aux doctrines linéaires du progrès qu’aux conditions ordinaires dans lesquelles un siècle s’investit – et se donne à lire en se projetant dans les situations, les objets et les projets qui dessinent comme les lignes de force d’une histoire culturelle et laissent affleurer les linéaments d’une anthropologie sociale.
C’est pourquoi le propos de ce colloque se recentre sur la « vision du XIXe siècle » que le romancier rend sensible et invite à dégager, en prenant appui sur la représentation des arts, des sciences et des technologies – sur les formes diverses qu’elle revêt, les relations de pouvoir et de domination qu’elle engendre et les discours d’autorité ou d’insoumission qu’elle suscite. Mais au-delà de ces aspects, c’est sans doute vers un horizon élargi que se porte le regard puisque s’indique de la sorte la ligne fuyante d’une civilisation qui atteint son apogée et prévoit son propre dépassement. Quelle histoire du temps – et quel rapport au temps – ressortent des récits des « Voyages extraordinaires » ? Ou pour le dire autrement : quelle logique ordinaire et infra-ordinaire court sur l’envers et parfois à rebours de la grande fable humaine et culturelle dont le roman de Verne décline de façon parfois emphatique les exploits et les excès, les pouvoirs et les limites ?
C’est principalement à ces questions, solidaires à la fois d’une histoire des représentation et d’une histoire des mentalités, que le colloque « Arts, sciences et technique : Jules Verne, une vision du XIXe siècle » voudrait répondre.
lundi 26 octobre
14h15 : Ouverture du colloque par Pauline Schnapper, Vice-Présidente de l’Université Sorbonne nouvelle Paris 3 et Eléonore Reverzy, directrice du Centre de recherches sur les Poétiques du XIXe siècle de Paris 3
Session 1 - Verne, écrivain en son temps
- Présentation du colloque Jules Verne dans l’épaisseur du siècle
- par Jean-Luc Steinmetz (Université de Nantes) et Henri Scepi (Université Sorbonne nouvelle)
- Verne et Hetzel : l’amitié du siècle
- par Piero Gondolo della Riva (Vice-Président de la Société Jules Verne, Turin)
15h30 : Discussion
16h-16h15 - Pause
- Jules Verne d’un siècle à l’autre
- Conversation avec Patrick Deville (écrivain, Prix Fémina 2012)
17h : Discussion
17h30 : fin de la journée
mardi 27 octobre
Session 2 - Sciences, arts et discours : de la représentation
Sous la présidence de Jacques Noiray
9h30 : ouverture de la deuxième journée
- Jules Verne à l’âge des Expositions universelles
- par Marie-Hélène Huet (Princeton University)
- Au prisme du spectacle : les représentations des mondes verniens
- par Sylvie Roques (EHESS/CNRS)
10h30 : Discussion
11h-11h15 - Pause
- Irrespect scientifique et discours bouffon
- par Daniel Compère (Université Sorbonne nouvelle)
-
Une fantaisie du docteur Verne : les "Voyages extraordinaires" et la physiologie
- par Christophe Reffait (Université de Picardie)
12h15 : Discussion
13h-14h - Pause déjeuner
Session 3 - Inflexions et ambivalences
Sous la présidence de Daniel Compère
- "Autour de la lune" : ombres et lumières d’une genèse
- par Jacques-Remi Dahan (Reims)
- De l’Albatros à l’Epouvante ou les dangers de la science dans "Robur le Conquérant" et "Maître du Monde"
- par Andrea Masnari (Université d’Angers et Université de Parme)
-
"La Chasse au Météore", une certaine vision de la science
- par Laurence Sudret (Société Jules Verne)
15h30 : Discussion
15h45-16h - Pause
Session 4 - Le monde des objets
Sous la présidence de Jacques-Remi Dahan
-
L’orgue du Capitaine Nemo
- par Jacques Noiray (Sorbonne Université)
-
Jules Verne, Walter Benjamin et le XIXe siècle
- par Jean-Michel Gouvard (Université Bordeaux Montaigne)
17h : Discussion
17h30 : fin de la journée
Mercredi 28 octobre
Session 5 - Espaces-temps verniens
Sous la présidence de Marie-Hélène Huet
9h30 : ouverture de la troisième journée
- Jules Verne et l’idée européenne : les "Voyages extraordinaires" en Europe centrale et balkanique
- par Marie-Françoise Melmoux-Montaubin (Université de Picardie)
-
Jules Verne l’enchanteur et le ‘désenchantement du monde’. Le paradigme de la catastrophe
- par Philippe Mustière (Ecole centrale, Nantes)
10h30 : Discussion
11h-11h15 - Pause
Session 6 - Humour et contretemps
- Jules Verne et le récit de voyage humoristique
- par Daniel Sangsue (Université de Neuchâtel)
-
Coup de pub. Jules Verne et les affaires du siècle
- par Henri Scepi (Université Sorbonne nouvelle)
12h15 : Discussion
13h-14h - Pause déjeuner
Session 7 - Limites et mesures du siècle
Sous la présidence de Daniel Sangsue
- Jules Verne : le "goût" de l’aventure
- par Bertrand Marquer (Université de Strasbourg/IUF)
-
Avertissements environnementaux au 19e siècle : échos d’une parole scientifique dans les "Voyages extraordinaires"
- par Kevin Even (Université Sorbonne nouvelle/CRP19)
15h : Discussion
16h-16h15 - Pause
-
Comment finir
- par Jean-Luc Steinmtez (Université de Nantes)
16h45 : Conclusion du colloque, par Daniel Compère et Henri Scepi (Université Sorbonne nouvelle)