Maurice Paléologue

Membre du conseil d’administration 1928 – 1944 †

Né à Paris, le 13 janvier 1859.

Descendant de la lignée d’empereurs de Byzance et Constantinople, Maurice Paléologue entra au ministère des Affaires étrangères en 1880. Après avoir été secrétaire d’ambassade successivement à Tanger, à Pékin et à Rome, il fit un passage par le cabinet du ministre avant d’être nommé ministre plénipotentiaire en 1901 puis se vit confier entre 1907 et 1912 la légation de Sofia.

En janvier 1914, il fut nommé ambassadeur à Saint-Pétersbourg. À ce poste, il devait jouer un rôle de premier plan dans les négociations liées au premier conflit mondial. Remplacé après la chute du régime tsariste, il occupa encore, avant de se retirer des affaires publiques, les fonctions de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères dans le cabinet Millerand.

Ce diplomate de haut rang, aux talents de négociateur reconnus, possédait un réel don d’écrivain. Collaborateur à la Revue des deux mondes, Maurice Paléologue est également l’auteur de romans et d’essais sur l’art et la littérature : La Russie des Tsars pendant la Grande Guerre, Alexandra Feodorovna, impératrice de Russie, Cavour, un grand réaliste, Vauvenargues, Dante, essai sur son caractère et son génie, Le Cilice, Entretiens avec l’impératrice Eugénie, L’Art chinois.

Maurice Paléologue fut élu à l’Académie française le 7 juin 1928.

Mort le 18 novembre 1944.

Joseph Bédier

Président de la Fondation Singer-Polignac de 1932 à 1938

Membre du conseil d’administration 1928 – 1938 †

« D’ascendance bretonne, Joseph Bédier hérita de ses ancêtres des cheveux blonds, des yeux très bleus, et un sens de l’honneur extrêmement développé. Son trisaïeul, chirurgien du roi, débarqua un jour avec son régiment dans la lointaine petite île Bourbon; il s’y fixa. Peuplée de familles originaires, pour la plupart, de Bretagne, l’île se couvrit très vite de riches cultures; la canne à sucre y fut introduite par un Bédier.

C’est au cours d’un voyage de ses parents en France que Joseph Bédier naquit à Paris en 1864; mais il fut élevé à la Réunion et fréquenta le lycée de Saint-Denis. Il alla poursuivre ses études à Paris, entra à l’École normale supérieure dans la section des lettres et y retrouva son frère Édouard, inscrit à la section des sciences. Celui-ci voulut vivre dans leur île tant aimée; il mourut comme proviseur du lycée de Saint-Denis.

Joseph revint à Paris après un bref séjour à Bourbon ; il suivit les cours de Gaston Paris au Collège de France et resta son élève préféré.

Tout d’abord lecteur à l’université allemande de Halle, ensuite professeur à Fribourg en Suisse, Bédier est nommé maître de conférences à Caen à l’âge de vingt-six ans: sa thèse de doctorat sur les Fabliaux révèle une puissante originalité.

À vingt-neuf ans, il revient à l’école de la rue d’Ulm en qualité de maître de conférences. Il entreprend une tâche passionnante: la reconstitution du roman de Tristan et Iseult à l’aide de fragments divers traduits au XIIIe siècle en différentes langues. Bédier en fait un amalgame qui est une magnifique réussite: « C’est un poème français du milieu du XIIe siècle, mais composé à la fin du XIXe, en belle et simple prose » par un homme qui « aime modeler ses phrases, écouter leur rythme et leur musique ». L’ouvrage paraît en 1900; les éditions de ce chef-d’œuvre se succèdent encore aujourd’hui. Le Collège de France accueille Bédier en 1903 pour succéder à Gaston Paris dans la chaire de langue et littérature françaises du Moyen Âge. Faire des cours sur des sujets de son choix lui donne la précieuse liberté qui lui manquait à l’École normale. Il aborde le problème de l’origine des chansons de geste des XIe et XIIe siècles.

Il acquiert vite la conviction du rôle décisif des abbayes qui jalonnaient les routes des pèlerinages, dans la naissance de ces poèmes composés à la gloire de héros ou de saints locaux, morts depuis des siècles, mais dont les moines conservaient les reliques et connaissaient les merveilleuses aventures: « Les trouvères puisaient auprès des moines le thème des poèmes qu’ils composaient pour enchanter les pèlerins. »

En 1913, paraissent les Légendes épiques où Bédier démontre que ces épopées appartiennent bien à la France et qu’elles ne sont nullement animées par le souffle des forêts germaniques. «La Chanson de Roland, qui exalte la fidélité et l’honneur, est à nous. Nous vous remercions, Monsieur, d’avoir démontré ce que nous sentions », dira Louis Barthou en recevant Joseph Bédier à l’Académie française en 1920.

Choisi par ses pairs, Bédier administra le Collège de France à partir de 1929. Messager illustre de la France, il succéda à Raymond Poincaré à la présidence de l’Alliance française en 1934. Le gouvernement de la République l’éleva à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur en 1937.

Il mourut le 29 août 1938 au Grand-Serre, dans le Dauphiné, où il a été inhumé. Joseph Bédier présida à la naissance de la fondation Singer-Polignac. Une des premières manifestations scientifiques organisées sous les auspices de cette fondation fut un colloque international sur les hormones sexuelles qui se tint au Collège de France en juin 1937. Au nombre des participants, j’ai écouté avec émotion le grand lettré nous accueillir et nous rappeler très simplement l’étymologie du mot « hormone ». Il nous conduisit ensuite à l’hôtel de l’avenue Henri-Martin et nous présenta à la princesse qui sut favoriser si noblement, en France, le développement des arts, des lettres et des sciences. »

 

Robert Courrier, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences

 

 

Raymond Poincaré

Président de la Fondation Singer-Polignac de 1928 à 1932

Membre du conseil d’administration 1928 – 1934†

« Il est tout à l’honneur du Conseil d’administration de la fondation Singer-Polignac que son premier président, dans l’ordre chronologique, ait été l’un des Français les plus considérables de l’époque, l’un des plus grands hommes d’État de la IIIe République.

Lorsqu’il fut appelé à ces fonctions, en 1928, Raymond Poincaré, âgé de soixante-huit ans, approchait du terme d’une carrière retentissante et bienfaisante, qui devait prendre fin quatre années plus tard. Ministre dès la trentaine, grand avocat, il avait connu tous les succès, y compris les honneurs académiques et même – consécration suprême à ses yeux! – ceux du bâtonnat de Paris.

Investi à trois reprises de la présidence du Conseil, il avait donné toute sa mesure, à la fois comme chef de formations d’union nationale, groupant tous les Français de bonne volonté, et comme inspirateur, en même temps que prestigieux artisan d’une politique française d’ordre intérieur, de sagesse financière, de fermeté prudente mais résolue en matière de relations internationales.

Président de la République durant la Première Guerre mondiale, il avait grandement contribué à instaurer l’« union sacrée » dont il fut l’authentique parrain et, par la suite, à entretenir dans le pays, même et surtout aux heures les plus sombres, la volonté de « tenir » et la foi en la victoire. En appelant au pouvoir, fin 1917, un Clemenceau qui ne le ménageait guère, il avait fait preuve d’une abnégation personnelle dont il fut amplement récompensé lorsque, après la victoire, à Strasbourg, le Tigre – pour un moment réconcilié – tomba dans ses bras.

Ce Lorrain de bonne souche bénéficiait d’une popularité véritable auprès du «Français moyen» qui, rendant hommage à son patriotisme intransigeant ainsi qu’à son civisme sans tache, aimait à retrouver en lui le bon sens traditionnel.

Sollicité par Maurice Paléologue, son ami de toujours, il avait accepté, malgré sa santé déjà chancelante, d’apporter à la Fondation naissante l’immense autorité de son nom.

Il apparaissait déjà tel que nous le représente l’Histoire: homme de devoir et de labeur, épris d’ordre et de légalité, méthodique au point de paraître méticuleux, s’acquittant des tâches qu’il avait assumées avec une admirable conscience, défendant avec la même ardeur – et la même efficacité – la prérogative de l’État et les principes démocratiques.

Il fut un grand serviteur de son pays et, en même temps, des «valeurs » intellectuelles et morales sur lesquelles repose la civilisation occidentale – valeurs dont la fondation Singer-Polignac, qui garde à son premier président un souvenir respectueux, a mission de s’inspirer et qu’elle s’attache à faire prévaloir. »

Maurice Reclus, membre de l’Institut

Hélène Carrère d’Encausse

secrétaire perpétuel de l’Académie française

Membre du Conseil d’administration de la Fondation de 2007 à 2023 †

Née à Paris dans une famille que l’esprit cosmopolite et la révolution russe ont de longue date dispersée à travers l’Europe. Compte parmi ses ancêtres de grands serviteurs de l’Empire, des contestataires du même Empire, le président de l’Académie des sciences sous Catherine II et trois régicides. Cette hérédité la prédisposait naturellement à l’étude de l’histoire et de la science politique qu’elle a enseignées à la Sorbonne avant de transférer sa chaire professorale – l’esprit nomade de la famille aidant – à l’Institut d’études politiques de Paris.

Professeur invité dans de nombreuses universités étrangères, en Amérique du Nord et au Japon surtout, elle est docteur honoris causa de l’université de Montréal et de l’université de Louvain. Président de Radio Sorbonne-Radio France de 1984 à 1987, membre de la Commission des sages pour la réforme du Code de la nationalité en 1986-1987. Durant l’année 1992, occupa le poste de conseiller auprès de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, participant ainsi à l’élaboration d’une politique d’assistance à la démocratisation des anciens États communistes. Élue au Parlement européen en juin 1994, elle est vice-président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense ; vice-président de la commission des Archives diplomatiques françaises ; elle a présidé la Commission des Sciences de l’homme au Centre national du livre de 1993 à 1996. Nommée en 1998 membre du Conseil national pour un nouveau développement des sciences humaines et sociales. En 2004, présidente du conseil scientifique de l’Observatoire statistique de l’immigration et de l’intégration.

Elle a reçu le prix Aujourd’hui pour L’Empire éclaté en 1978, le prix Louise Weiss en 1987; le prix Comenius en 1992 pour l’ensemble de son œuvre et le prix des Ambassadeurs en 1997, pour Nicolas II. Elle est membre associé de l’Académie royale de Belgique, membre étranger de l’Académie des Sciences de Russie et de l’Académie de Georgie.
Élue à l’Académie française, le 13 décembre 1990, au fauteuil de Jean Mistler (14e fauteuil).
Élue secrétaire perpétuel de l’Académie française le 21 octobre 1999.

Alain Carpentier

Membre de l’Académie des sciences, Professeur émérite à l’université Pierre et Marie Curie, professeur à Mount Sinai Medical School, New-York

Membre du Conseil d’administration de la Fondation de 2001 à 2022

Alain Carpentier, né à Toulouse (France) le 11 août 1933, commence sa médecine à Nancy, puis est interne dans le service du Professeur Charles DUBOST, titulaire de la chaire de chirurgie cardio-vasculaire et membre de l’Institut. Il entreprend des études de biochimie et de biologie fondamentale jusqu’au doctorat-ès-sciences et, dès 1969, parvient à implanter les premières « bioprothèses valvulaires » fabriquées en laboratoire. Ces valves biologiques d’origine animale sont traitées chimiquement pour éviter le rejet immunologique… Entre les années 1970 et 1980, il met au point une dizaine de techniques différentes de chirurgie plastique et reconstructive des valves cardiaques.

Travaux : invention et première implantation chez l´homme des bioprothèses valvulaires (1968), Invention et développement de la chirurgie plastique et reconstructrice des valves cardiaques, Créateur de nouvelles techniques chirurgicales pour le traitement de malformations cardiaques complexes. Invention et développement d’une technique de renforcement de la contraction du cœur par un muscle squelettique électrostimulé : cardiomyoplastie (1985), travaux actuels sur la transplantation d’organes et le cœur artificiel.


Œuvres : le Mal universitaire (couronné par l’Académie française, 1988), Honneur aux Maîtres (en coll., 1991), la Transplantation d’organes (1992); livres scientifiques sur la chirurgie du cœur.


Décoration : Officier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite, Grand croix de l’ordre de Léopold (Belgique), Commandeur de l’ordre du Cèdre (Liban), Commandeur du Mérite de l’ordre souverain de Malte.

André Miquel

ancien administrateur et professeur honoraire du Collège de France

Vice-président de la Fondation de 2012 à 2020, président par intérim en 2020 et membre de 1984 à 2022 († 2022)

André Miquel est né le 26 septembre 1929 à Mèze. Après l’Ecole normale supérieure et l`agrégation de grammaire, il se perfectionne en arabe à Damas. Chargé de missions culturelles à l`étranger, il passera par les Affaires étrangères à Paris, puis enseignera à l`Ecole pratique des hautes études et à l`Université de Paris. Professeur (chaire de Langue et Littérature arabes classiques) au Collège de France, il en deviendra administrateur. Il a écrit de nombreux ouvrages, entre autres L`islam et la civilisation, D`Arabie et d`islam, La littérature arabe.

Principaux ouvrages :

  • Jusqu’à seize ans, une jeunesse en Languedoc, Pézenas, éd. Domens, 2003.
  • «Les mille et une villes d’un empire », « Les règles d’une exquise urbanité» et « Le plus grand marché du monde » (avec M. Valin), dans Les Cahiers de Science et Vie, no 71, oct. 2002, pp. 16, 20-21, 36-37 et 60-64.
  • «Langues et langage : le cas de Muqaddasî », dans Mélanges David Cohen,Paris, Maisonneuve et Larose, 2003, pp. 497-501.
  • Le livre de Kalila et Dimna (version arabe des fables de Bidpaï), traduction annotée, Paris (Klincksieck), 1957, réédition (avec nouvelle préface),Paris, 1980.
  • Ah’san at-taqâsîm fi ma’rifat al-aqâlîm (La meilleure répartition pour la connaissance des provinces), ‘al-Muqaddasi, traduction partielle, avec introduction, notes et index, d’un ouvrage géographique arabe du IVe/Xe siècle, Damas (Institut français d’études arabes), 1963 (thèse complémentaire pour le doctorat ès Lettres).
  • La géographie humaine du monde musulman jusqu’au milieu du XIe siècle, I : Géographie et géographie humain dans la littérature arabe, des origines à 1050, Paris (EPHE, VIe section), La Haye (Mouton), 1967 ; 2e éd. avec supplément, 1973 (thèse principale pour le doctorat ès Lettres), Traduction arabe, Damas (Wizârat ath-thaqâfa wa l-irchâd al-qawmi), 1983.
  • L’Islam et sa civilisation (VIIe-XXe siècle), Paris (Armand Colin, coll.  » Destins du monde « ), 1968. Ouvrage couronné par l’Académie française. Traductions : allemande, Der Islam, von Mohamed bis Nasser, Munich (Kindler), 1970 ; portugaise, 0 Islame e a sua civilizaçao, Lisbonne-Rio de Janeiro (Cosmos), 1971 ; italienne, Islam, sotria di una civiltà, Milan (SEI), 1973 ; arabe, Al-Islâm wa h’ad’âratuhu, Sayda-Beyrouth (al-Maktaba al-açriyya), 1983.
  • La littérature arabe, Paris, (PUF, coll. « Que sais-je ? « ), 1969 ; 2e éd. 1976 ; 3e éd. 1981 ; Trad : arabe, Tunis, 1978.
  • La géographie humaine du monde musulman jusqu’au milieu du XIe siècle,II : La représentation de la terre et de l’étranger, Paris (EPHE, VIe section), La Haye (Mouton), 1975.
  • Un conte des Mille et une Nuits : Gharîb et Ajîb, traduction et perspectives d’analyse, traduction inédite, suivie d’une étude en quatre chapitres(l’espace, le temps l’événement, le discours), Paris (Flammarion), 1977.
  • Le golfe et le fleuve (choix de poèmes de Badr as-Sayyâb), Paris (Sindbad), 1977.
  • La géographie humaine du monde musulman jusqu’au milieu du XIe siècle,III : Le milieu naturel, Paris (EHESS), La Haye (Mouton), 1980.
  • Sept contes des Mille et une nuits, Paris (Sindbad), 1981.
  • Usâma Ibn Munqidh. Des enseignements de la vie (Kitâb al-I’tibâr). Souvenirs d’un gentilhomme syrien du temps des croisades, traduction, introduction et notes, Paris (Imprimerie Nationale), 1983.
  • L’homme et le monde, volume préface à l’édition et traduction de six écrivains arabes. Paris (Éditions de La Méditerranée), 1983.
  • L’amour poème, anthologie des poèmes de Majnûn, Paris (Sindbad), 1984.
  • Majnûn et Laylâ, l’amour fou (en collaboration avec P. Kemp), Paris, (Sindbad), 1984.
  • La géographie humaine du monde musulman jusqu’au milieu du XIe siècle, IV : les travaux et les jours, 387 p., Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1988.
  • Les Dames de Bagdad, traduction d’un conte des Mille et une nuits, avec commentaires de Cl. Bremond, A. Chraïbi, A. Larue et M. Sironval, Paris, Desjonquères, 1990.
  • Mille et un contes de la nuit (avec J. Bencheikh et Cl. Bremond), Paris, Gallimard, 1991.
  • Les Mille et une nuits, choix de contes traduits (avec J. Bencheikh), 2 vol., Paris, Gallimard, collection Folio, 1991.
  • Les Arabes, l’Islam et le monde (avec A.Bouhdiba, D. Chevallier et A. Guellouz), Paris, Flammarion, 1991.
  • Du désert d’Arabie aux jardins d’Espagne (chefs d’oeuvre de la poésie arabe classique traduits et commentés), Paris, Sindbad, 1992.
  • L’Événement, traduction de la sourate LVI du Coran (al-Wâqi’a), Paris, O. Jacob, 1992.
  • D’Arabie et d’Islam (avec J. Bencheikh), Paris, O. Jacob, 1992.
  • Du golfe aux océans, l’Islam (avec photographies de G. Degeorge), Paris, Hermann Éditeurs des sciences et des arts, 1994.
  • Les Arabes et l’ours, Heidelberg, Universitätsverlag C. Winter, 1994.
  • Les Mille et une Nuits (avec J. Bencheikh), t. III, Paris, Folio Gallimard, 1996.
  • Deux Histoires d’amour, de Majnûn à Tristan, Paris, O. Jacob, 1996.
  • Tristan et Isolde, trad. de R. Wagner, Paris, Folio théâtre Gallimard, 1996.
  • Le repas du soir, Paris, Flammarion, 1996.
  • Le fils interrompu, Paris, Flammarion, 1971 ; Trad. : allemande, Warum musst du gehen ?, Fribourg, Bâle, Vienne, Herder, 3e éd. 1973 ; italienne, Il figlio interotto, Turin, Societa Editrice Internazionale, 4e éd., 1973.
  • Les lavagnes, Paris, Flammarion, 1975.
  • Vive la Suranie, Paris, Flammarion, 1979.
  • Laylâ, ma raison, Paris, Le Seuil, 1984 ; Trad. : allemande, Laylâ, Eine orientalische Liebesgeschichte, Zurich, Cologne, Benziger, 1986 ; néerlandaise, Waanzin ben ik, liefde, Amsterdam, Van Gennep, 1985.
  • Ousama, un prince syrien face aux croisés, Paris, Fayard, 1986 ; Trad. : danoise, Usama, en syrisk prins pa korstogenes tid, Copenhague, Forum, 1988 ; suédoise, Usamah, En syrisk prins istrid med korsfararfa, Stockholm, Atlantis, 1988.
  • L’inaccompli, nouvelles, Paris, Le Seuil, 1989.
  • Au mercure des nuits, poèmes arabes, Paris, Sindbad, 1989.
  • L’Orient d’une vie, Paris, Payot, 1990 ; Trad. : italienne, L’Oriente di une vita, Gênes, Marietti, 1992.
  • Tête à coeur, Paris, Flammarion, 1992.
  • Six à sept saisons pour revivre, Paris, Flammarion, 1994.
  • Tristan et Iseut, d’après Joseph Bédier, Paris, O. Jacob, 1996.
  • La bibliothèque des amants, roman, Paris, Fayard, 1997.
  • De quelques-unes des Mille et une Nuits, Fata Morgana, 2001.
  • La géographie humaine du monde musulman…,t. I et II, réimpr., Paris, éd. EHESS, 2001.
  • Ibn Khafâja l’Andalou (avec H. Hadjadjî), Paris, El-Ouns, 2002.
  • Rémanences, no 17 (extraits de textes, textes inédits, entretiens et témoignages), Bédarieux, 2002.
  • L’Orient au coeur, recueil d’articles en hommage, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001.
  • Pour Ariane (avec Mme J. de Romilly), Paris, Fondation Singer-Polignac, 2001.
  • «Avant-propos », dans l’Art du livre arabe, catalogue d’exposition, Bibliothèque Nationale de France, 2001.
  • «A propos de Arjî », dans Paroles, signes, mythes, Mélanges offerts à Jamel Eddine Bencheikh, Damas, Institut Français, 2001, p. 217-221.
  • Préface à Al-Jahiz, Le cadi et la mouche, trad. Lakhdar Souami, Paris, Institut du Monde Arabe, 2001, p. 43-46.
  • Préface à A. Khoury-Tadié, Une enfance à Gaza (1942-1958), Paris, Maisonneuve et Larose, 2002, p. 7.
  • «Ousâma, prince syrien », dans Les Croisades sous le regard de l’Orient (textes et CD), Le Chant du Monde, 2001, p. 1.
  • «Un programme de géographie humaine dans le monde arabo-musulman du IVe/Xe siècle », dans Hommes et terres d’Islam, Mélanges offerts à Xavier de Planhol, Institut français de Recherche en Iran, 2001, t. I, p. 31-39.
  • Majnûn, le Fou de Laylâ, trad. du Dîwân de Majnûn, Paris, Sindbad/Actes Sud, 2003
  • Le Golfe et le fleuve, anthologie de poèmes de Badr Shâker as-Sayyâb, rééd., Paris, Sindbad/Actes Sud, 2003.
  • Première traduction en français des Mille et une Nuits par Antoine Galland, dans Célébrations nationales, Ministère de la Culture et de la Communication, 2003, p. 148-150.
  • Préface à Saint-Geniès de Liténis, Assoc. Lo Picart, Saint-Jean Fos (Hérault), 2003, p. 3.
  • Publication annotée, avec J. Bencheikh, des Mille et une nuits dans la collection de la Pléiade, 3 tomes. 2005-2006.
  • Le vieil homme et le vent, Pézenas/Paris, Domens, 2007
  • Ousâma : Un prince syrien face aux croisés, Paris, Tallandier, 2007
  • Croire ou rêver, Paris, Bayard, 2010
  • Les entretiens de Bagdad, Paris, Bayard, 2012
  • Le temps se signe à quelques repères : Mémoire, Paris, Odile Jacob, 2016
  • Itinéraire d’un arabisant, Paris, Odile Jacob, 2021
  • Avec la Bible, au fil des jours, Cerf, janvier 2022 

Yves Pouliquen

de l’Académie française, président de la Fondation Singer-Polignac de 2006 à 2020 (†)

Yves Pouliquen est né à Mortain, dans la Manche, le 17 février 1931. Après des études secondaires au lycée Littré, à Avranches, il a fait ses études de médecine à Paris. Interne des hôpitaux en 1956, il a, très tôt, été attiré par l’ophtalmologie. Docteur en médecine en 1963, il a successivement été professeur agrégé, ophtalmologiste des hôpitaux en 1966, professeur d’ophtalmologie et chef du service d’ophtalmologie de l’Hôtel-Dieu de Paris de 1980 à 1996, puis consultant dans ce service jusqu’en 1999. Il a en outre été directeur de l’enseignement du certificat d’ophtalmologie de l’Ile-de-France, et coordinateur du diplôme universitaire d’ophtalmologie (1980-1996). C’est à lui que l’on doit la promotion de la recherche en ophtalmologie dans notre pays, grâce, notamment, à la création d’une unité Inserm de recherche en ophtalmologie, qu’il dirigea de 1979 à 1996.

Les travaux d’Yves Pouliquen ont été essentiellement consacrés à la pathologie de la cornée et à l’identification des mécanismes d’altération de sa transparence dans les cicatrices et les dystrophies héréditaires et tout particulièrement au kératocône, caractérisé par une déformation conique de la cornée, qui provoque un astigmatisme si handicapant qu’il nécessite le plus souvent une greffe de cornée. Le grand nombre de greffes qu’Yves Pouliquen a pratiqué lui a permis de décrire, en microscope électronique, les altérations des cornées dystrophiques en comparaison avec la structure de la cornée normale dont il a contribué à définir les règles de sa transparence. Eminent médecin et chercheur, son école a accueilli un très grand nombre d’élèves français et étrangers originaires de l’Europe de l’Est mais aussi japonais, sud-américains, maghrébins et moyen-orientaux qui ont gardé des liens durables avec son école. Il a présidé La Banque française des yeux; et le conseil scientifique de la Fédération des aveugles et handicapés visuels de France. puis l’Organisation pour la prévention de la cécité (OPC), active non seulement en France, mais aussi dans de nombreux pays d’Afrique francophone (lutte contre l’onchocercose, ou cécité des rivières) mais aussi d’Asie du Sud et d’Europe de l’Est.

Ses travaux sur la cornée lui ont valu plusieurs distinctions françaises et étrangères, et tout particulièrement la World Cornea Medal. Il est professeur Honoris causa de l’Université de Conception du Paraguay et de l’Université de Laval au Québec

Sa notoriété internationale a fait qu’on lui a confié l’organisation du XIIIth International Congress of Eye Research tenu à Paris en 1998, et lui a valu l’attribution de l’ISER Award, décerné par la Société internationale pour la recherche sur l’œil.

Médecin, chercheur et grand organisateur de la lutte contre la cécité, Yves Pouliquen est aussi écrivain, auteur d’ouvrages d’intérêt divers consacrés à des sujets concernant la physiopathologie oculaire mais aussi des biographies de grands médecins ( Jacques Daviel, Felix Vicq d’Azyr, Pierre Cabanis) et des essais parus pour la plupart aux éditions Odile Jacob). Ces ouvrages ont été couronnés par de nombreux prix, notamment par le Prix mondial Cino Del Duca, en 1994. L’exceptionnelle qualité de sa carrière médicale, scientifique et littéraire lui ont valu d’être élu à l’Académie française en 2001, au fauteuil de Louis Leprince-Ringuet.

Yves Pouliquen est également membre de l’Académie nationale de médecine (1992), de l’Académie d’ophtalmologie internationale (1990), de l’Académie royale de Belgique (1995) et de l’Académie du Royaume du Maroc (1996).

Grand officier dans l’Ordre de la Légion d’honneur, et Grand officier dans l’Ordre national du Mérite, Yves Pouliquen a été élu à l’unanimité président de la Fondation Singer-Polignac, en 2006, par le conseil de cette fondation, après qu’Édouard Bonnefous, ancien ministre d’Etat et chancelier honoraire de l’Institut de France, ait souhaité, à la veille de son centenaire, quitter les fonctions de président qu’il exerçait, avec le succès que l’on sait, depuis 1984.

Edouard Bonnefous

Ancien ministre d’État, membre de l’Institut, chancelier honoraire de l’Institut de France ( † 2007 )

Président de la Fondation Singer-Polignac 1985-2006

Membre du conseil d’administration 1983 – 2007

Édouard Bonnefous est né le 24 août 1907 et décédé à Paris le 24 février 2007. 

Membre du Comité de libération de Seine-et-Oise, Député de Seine-et-Oise (2 e circ., 1946-58), Président de la commission des Affaires étrangères de l´Assemblée nationale (1948-52), Délégué de la France aux Nations Unies (1948-51), Ministre du Commerce et de l´Industrie (cabinet Edgar Faure, 1952), Ministre d´Etat (cabinet René Mayer, 1953), Ministre des PTT (cabinet Edgar Faure, 1955-56), Ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme (cabinets Maurice Bourgès-Maunoury, 1957, Félix Gaillard, 1957-58, et Pierre Pflimlin, 1958).

Président d´honneur de la Société d´économie politique, Vice-président du Comité national du livre français à l´étranger, Président du Comité directeur de l´Année politique, Président d´honneur du Comité parlementaire français du commerce et de l´industrie, Président du groupe UDSR de l´Assemblée nationale (1953-55 et 1957), Membre du Conseil supérieur de la recherche scientifique et du progrès technique (1956), Sénateur de Seine-et-Oise (1959-68) puis des Yvelines (octobre 1968, réélu en septembre 1977), Vice-président du groupe sénatorial de la Gauche démocratique, Président de la commission des Finances du Sénat (1972-86), Membre de l’Institut (Académie des sciences morales et politiques) (1958), Chancelier (1978-94), Chancelier honoraire chargé de la commission des fondations (1994) de l´Institut de France, Vice-président (1967), Président (1968) de l´Académie des sciences morales et politiques, Membre étranger de l´Académie royale de Belgique, Membre de l’Académie roumaine, Président (1967) puis Président d’honneur de l´Association professionnelle de la presse républicaine, Président d’honneur de l´Association nationale pour la protection des eaux et de l´Association française pour la défense de l´environnement contre les pollutions et les nuisances (1971), Vice-président du comité français des expositions (1976) (1980), Président puis Président d’honneur (depuis 1992) de l´Agence des espaces verts de l´Ile-de-France, Membre de l´Académie nationale de médecine (depuis 1980), Vice-président délégué (1984-91) puis Président (1991) de l´Institut océanographique, Conseiller régional d´Ile-de-France (1986-92), Membre du conseil d´administration de la Chancellerie des universités de Paris (depuis 1987), Président (1984), Président d’honneur (depuis 2006) de la fondation Singer-Polignac, Président puis Président d’honneur du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), Ancien professeur à l´Institut des hautes études internationales, Vice-président du nouveau cercle de l’Union, Premier vice-président du Cercle interallié.


Œuvres : Collaborateur à l’Année politique (depuis 1944), A travers l´Europe mutilée : devant et derrière le rideau de fer (1950), l´Idée européenne et sa réalisation (1950), l´Europe en face de son destin (1952), l´Encyclopédie d´Amérique latine (1954), le Chemin du panaméricanisme (1955), la Réforme administrative (1958), les Grands travaux (1958), la Terre et la Faim des hommes (1960), les Milliards qui s’envolent (1963), Histoire politique de la III e République (7 vol., 1956-67), l’Homme ou la Nature (1970), Sauver l’humain (1976), A la recherche des milliards perdus (1980), le Monde en danger (1982), Avant l´oubli, tome 1 : 1900-1940 (1985, prix du Cercle de l´union), tome 2 : 1940-1970 (1987, prix des Ambassadeurs 1988), tome 3 : Depuis 1970 (1997), le Monde est-il surpeuplé ? (1988), Réconcilier l’homme et la nature (1990), l’Environnement en péril (2001), la Construction de l’Europe, par l’un de ses initiateurs (2002), Regards sur le monde (2004).

 

Edouard Bonnefous par Etienne Wolff

« Son père ayant représenté Versailles et sa région à la Chambre des députés de 1910 à 1936 et ayant été ministre de Raymond Poincaré et d’Aristide Briand, Édouard Bonnefous a donc connu très tôt les milieux dans lesquels il a exercé ses activités sur trois plans différents.

 

L’homme politique

Entré dans la vie politique dès la fin de la dernière guerre, il est membre du Comité de libération de Seine-et-Oise, puis, brillamment élu député en 1946, il adhère au groupe de l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (U.D.S.R.). Constamment réélu, il représentera au Parlement, pendant plus de quarante ans, la Seine-et-Oise puis les Yvelines. Dès son entrée au Parlement, il devient un des plus jeunes présidents de la Commission des affaires étrangères de la Chambre avant de faire une brillante carrière ministérielle. Il détient successivement les importants portefeuilles du Commerce, de la Réforme administrative, des P.T.T., des Travaux publics, des Transports, de la Marine marchande et de l’Aviation civile. Il sera également ministre d’État. Édouard Bonnefous se distingue dans les postes techniques par son sens du concret et de la novation. Sénateur en 1958, il est chargé, à la commission des Finances, de rapporter successivement les budgets des Affaires culturelles, puis de l’O.R.T.F et de l’Information. En 1972, il est élu président de la très prestigieuse Commission des finances du Sénat. Constamment réélu pendant quinze ans dans cette fonction, il décide de se retirer volontairement de la vie parlementaire en 1986 après cette longue carrière.

 

L’homme de réflexion

Grand voyageur à travers le monde, l’esprit constamment en éveil, il s’intéresse très tôt à tous les problèmes actuels. Disciple préféré d’André Siegfried depuis ses études à l’École libre des sciences politiques, Édouard Bonnefous s’est intéressé très tôt à la géographie économique (qu’il enseignera durant de longues années à l’Institut des hautes études internationales) et à l’économie, ce qui l’amena à présider la Société d’économie politique. Sous des formes diverses, il n’abandonnera jamais ce champ de réflexion, comme son œuvre en témoigne. S’il a poursuivi les entreprises historiques et politiques inaugurées par son père (une monumentale Histoire de la IIIe République dont il a rédigé les cinq derniers volumes et l’annuaire l’Année politique, dont la tradition remonte au milieu du siècle dernier et qu’il fait reparaître en 1945), il a aussi été un des premiers à intégrer l’environnement comme préoccupation majeure de nos sociétés politiques. Il a dénoncé les dangers d’une démographie galopante. il n’a cessé rappeler dans de très nombreux ouvrages les menaces qui pèsent sur l’homme (la Terre et la Faim des hommes, le Monde est-il surpeuplé?, le Monde en danger, Réconcilier l’homme et la nature, etc.). Jean Rostand préface son ouvrage devenu classique: l’Homme et la nature. Avec ses études sur l’Europe (l’Idée européenne et sa réalisation, l’Europe en face de son destin), il a su associer son expérience d’observateur et d’acteur de l’Europe en construction. Édouard Bonnefous a été également un homme de presse, aussi bien par les titres qu’il a fondés et dirigés que par les innombrables articles qu’il a lui-même écrits. Cet attachement à la presse se reflète dans ses fonctions de président de l’Association professionnelle de la presse républicaine. Ses trois tomes d’Avant l’oubli récemment parus (la France de 1900 à 1940, la France de 1940 à 1970, la France depuis 1970) donnent une idée de l’approche encyclopédique et humaniste qui caractérise leur auteur. L’œuvre d’Édouard Bonnefous a été couronnée par de nombreux prix. Chez lui, les idées doivent être mises constamment au service de l’action. Édouard Bonnefous est un réalisateur, à la fois homme de terrain et de réflexion. Souvent pionnier par ses idées, il a occupé des fonctions dont il pouvait influencer les réalités.

 

L’animateur

Édouard Bonnefous a connu un parcours impressionnant à la tête des grands établissements et fondations français. Il a ainsi présidé le conseil d’administration du Muséum d’histoire naturelle et celui du Conservatoire des arts et métiers. Dans le domaine de l’environnement, il a assumé la présidence de l’Association nationale pour la protection des eaux, de l’Association française pour la défense de l’environnement, de l’Agence des espaces verts d’Île-de-France dont il fut le fondateur et qui a accompli, sous sa direction, de 1972 à 1993, une action remarquable. Il fut longtemps président de l’Institut océanographique avec ses établissements de Paris et de Monaco. Il est membre de l’Académie nationale de médecine. Longtemps benjamin de l’Institut de France – il a été élu en 1958 à l’Académie des sciences morales et politiques -, Édouard Bonnefous a été appelé par ses confrères au poste de chancelier de l’Institut en 1978. En quinze ans, il a profondément transformé le palais du quai Conti, en en faisant un lieu adapté aux missions des cinq académies. Ayant décidé, en 1994, de ne pas demander le renouvellement triennal de ses fonctions, il a reçu de ses confrères unanimes le titre de chancelier honoraire. Il s’occupe désormais plus particulièrement du grand problème des fondations au sein de l’Institut de France. En 1984, sur ma proposition, le conseil de la Fondation, unanime, a demandé à Édouard Bonnefous de me succéder comme président de cette grande institution française de mécénat intellectuel et artistique.

Derrière les trois volets de son activité, Édouard Bonnefous a toujours su préserver une grande unité de pensée et d’action, l’animateur prenant le relais de l’homme politique et de l’écrivain qu’il n’a jamais cessé d’être. »

Étienne Wolff (t), de l’Académie française, de l’Académie des sciences et de l’Académie nationale de médecine, administrateur honoraire du Collège de France

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