La forêt européenne : entre passé et futur

Avant-propos

Les débats qui relevaient des forestiers sont sortis de ce cercle étroit : nombre de citoyens ont leur avis quant à la gestion, même s’ils ne vivent pas près d’un massif, même s’ils n’y entrent quasi jamais. Les sujets qui fâchent ? Les coupes rases. La futaie régulière. L’enrésinement. L’introduction des essences exotiques. L’appauvrissement des écosystèmes. Souvent, les citadins ignorent les contraintes du terrain et le besoin des essences ; ils désirent seulement que « leur » paysage forestier n’évolue plus. De leur point de vue, la forêt qui protégeait les hommes en deviendrait victime. Demain, quelles seront ses étendues ? ses essences ? ses usages ?

Exemple des interrogations actuelles : l’aire du sapin et du hêtre régresse, essences qui ont beaucoup compté dans la production ligneuse et les mentalités anciennes. D’autres prendront la relève, mieux adaptées aux printemps précoces et aux chaleurs durables. Comment développer le Cèdre de l’Atlas ou le Sapin de Grèce s’ils ne sont pas intégrés aux circuits économiques, faute de pépinières, d’investisseurs et de débouchés dans la première et la seconde transformation, sans oublier l’acceptabilité sociale d’essences sans histoires ni légendes ? Aujourd’hui, il y a urgence. Comment accélérer les procédures quand l’ampleur et le rythme des changements climatiques demeurent inconnus ?

C’est une première pour les forestiers. La Forêt est un tout, de la formation d’un massif à l’emploi de ses ressources. A nous de parier sur notre capacité à imiter la nature en l’améliorant… Sacré enjeu !

Partenaires

Comité d’organisation

  • André Corvol-Dessert
  • Sylvie Alexandre
  • Charles Dereix
  • Georges-Henri Florentin
  • Maître Marc Gizard
  • Andreas Kleinschmit von Lengefeld
  • Jean-Luc Peyron

Programme

Lundi 6 mai 2024

Introduction du colloque par Andrée CORVOL-DESSERT

Thème 1 – HERITAGES

Présidence : Jean-Luc Peyron

Les rapports sont anciens entre l’Homme et la Forêt. Ils demeurent en mémoire, nourrissant aspirations et contestations. Pourtant, les usages d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’autrefois, lesquels ont façonné les massifs boisés : ceux-ci en portent encore la marque. Rares sont donc les peuplements forestiers vierges de toute exploitation : incontestablement, la sylve européenne est très anthropisée. C’est même une de ses spécificités, conséquence du déplacement des peuples, de l’organisation des terroirs et de la définition des marges : certains massifs doivent leur maintien à la fixation d’une frontière. Ainsi, loin d’être immuables, les massifs boisés ont évolué avec les sociétés de chaque pays. En quoi les liens tissés entre l’Homme et la Forêt diffèrent-ils d’une zone à l’autre ? 

  • Margarida TOME : Europe du sud = Une forêt marquée par des siècles d’agro-pastoralisme
  • Bruno LAFON : Europe de l’ouest = Une forêt plantée après des siècles d’agro-pastoralisme

 Table ronde animée par Nathalie JAUPART-CHOURROUTMalgré un héritage disparate, observe-t-on des demandes semblables ? Si oui, comment les expliquer ?

Thème 2 – TRANSFORMATIONS

Présidence : Andrée CORVOL-DESSERT

Depuis plus d’un siècle, les relations Homme-Forêt sont confrontées à divers changements, politiques, économiques, territoriaux, générationnels, etc.

Deux facteurs dominent : 

a/ L’urbanisation galopante fait que les massifs, naguère fréquentés par les ayants droit aux usages, le sont maintenant sans titre juridique ni visée sylvo-agropastorale. Ces nouveaux usagers sont particulièrement nombreux en fin de semaine. Les motivations ? Les trajets Lieu de résidence-Lieu d’activité. Les pratiques sportives et ludiques. Le besoin de se détendre, de se ressourcer. La conséquence ? En moins de 50 ans, maintes forêts ont vu leur gestion conditionnée par les milieux urbains : elles font donc partie des zones vertes qui ceinturent les villes et contribuent au bien-être des habitants.

b/ La colonisation forestière comporte deux faces : l’une, dirigée ; l’autre, spontanée. Cette dernière, dominante, résulte de la conquête des espaces désertés : la terre ne rapportait plus assez ; les taillis ne ne rapportait plus rien. Le reboisement administratif, qu’imposait la protection civile, fit grandement progresser les techniques de plantation. Leur réussite a incité les États, qui avaient sacrifié la forêt, à les utiliser : pour maintenir les paysages ; pour modifier l’image des « pays noirs ».

 


Mardi 7 mai 2024

Thème 3 – VALORISATIONS

Présidence : Sylvie Alexandre

Il fut un temps où dans les bois, tout était bon, les fruits forestiers comme les plantes médicinales, l’écorce des arbres comme les champignons qui y poussaient, les feuilles mortes comme les rejets traînants qui servaient à lier les gerbes.

Il fut un temps aussi où tous ces produits étaient classés sinon au chapitre des déchets, du moins à celui des ressources non valorisables : ne comptait que ce qui payait, c’est-à-dire la grume. 

Le travail, tronçonnage ou charbonnage, allégeait les charges à transporter. Pourtant, il quitta la forêt car la mécanisation des procédés, complexes et dangereux, supposait des entreprises spécialisées et un périmètre sécurisé.

Autre donnée : l’usage de containers. Le bois devint un produit comme les autres, circulant sur terre et sur mer. Dans ces conditions, comment concilier emplois locaux et marchés mondiaux ?

Les récoltes ligneuses

 Les services forestiers 

Table ronde animée par Nicole VALKYSER-BERGMANN et Benoît LEGUET : quelles solutions permettraient d’accompagner les transformations, tout en rémunérant mieux productions forestières et services environnementaux ?

Thème 4 – ARBITRAGES

Présidence : Charles Dereix

La science-fiction présente deux images opposées de la forêt. D’un côté, une image paradisiaque : l’entente entre hommes, bêtes et plantes et l’absence d’exploitation sylvicole. De l’autre, une image cauchemardesque : le désert remplace la forêt dont il reste des troncs sans feuilles ni branches.

Assistons-nous à une rupture entre les Gestionnaires, qui estiment les charges excessives par rapport à la rentabilité d’une forêt, et les Politiques, enclins à suivre ce qu’ils croient être l’opinion des citoyens ? Pourtant, les jugements sont souvent erronés : par ignorance ou par manipulation, cela reste à voir…

La forêt de tous les dangers

La forêt de tous les bonheurs

Conclusions : scénarios et décisions 

 

Biographies

Andrée CORVOL-DESSERT 

Prof. Dr., Directrice de recherche au CNRS, professeure honoraire à la Sorbonne, membre de l’AAF, présidente d’honneur du Groupe d’histoire des forêts françaises


Andreas KLEINSCHMIT von LENGEFELD

Dr., PDG de Homo Silvestris Europae (Paris), ancien directeur scientifique de l’Institut technologique FCBA, ancien directeur de la plateforme technologique européenne forêt-bois-papier


Heinrich SPIECKER

Prof. Dr., Institut Albert-Ludwigs, Université de Freiburg


Margarida TOMÉ

Prof. Dr., Centre d’études forestières, Institut supérieur d’agronomie, Université de Lisbonne


Bruno LAFON

Président de l’Union des Sylviculteurs du Sud de l’Europe (USSE)


Nathalie JAUPART-CHOURROUT

Ancienne rédactrice en chef de La Forêt privée, revue forestière européenne


Cecil KONIJNENDIJK

Prof. Dr., Institut Nature Based Solutions, Barcelone (Espagne) & Zeist (Pays-Bas)


Jean ROSSET

Inspecteur cantonal des forêts, ancien Président de la Société forestière suisse (Confédération helvétique)


Francis MAUGARD 

Adjoint au chef du service Développement littoral et Risques naturels (ONF Landes Nord-Aquitaine)


Jean-Daniel BONTEMPS

Dr, Laboratoire d’inventaire forestier (LIF), IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) & École nationale des sciences géographiques (ENSG)


Patrick OLLIVIER

Ancien président de RBM (Revalorisation Bois-Matière) ; ancien gérant de POE-Conseil (aux industries du bois et de l’énergie) ; membre de l’AAF


Georges-Henri FLORENTIN

Président de France-Bois 2024 ; secrétaire de la section Forêts et Filière-Bois de l’AAF ; ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts ; ancien directeur général de l’Institut technologique FCBA


Emmanuel GROUTEL

Dr., Institut d’administration des entreprises (IAE) de Caen ; expert en bois ; rédacteur du chapitre bois du rapport annuel Cyclope


Davide PETTENELLA

Prof. Dr., Université de Padoue (Italie)


Jean-Luc PEYRON

Dr., ancien directeur du Groupement d’intérêt public (GIP) ECOFOR (sur les écosystèmes forestiers) ; membre de l’AAF ; ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts 


Nicole VALKYSER-BERGMANN

Directrice de l’agence de presse spécialisée NVB-Com, membre de l’AAF


Benoit LEGUET

Directeur général de I4CE (Institut de l’économie pour le climat)


Guy LANDMANN

Ancien directeur adjoint du GIP ECOFOR


Pierre MACÉ

Directeur de la Défense des forêts contre l’incendie (DFCI-Aquitaine) ; directeur du GIP ATGERI (Aménagement du territoire et gestion des risques)


Hervé JACTEL

Directeur de recherche, INRAE Bordeaux-Pierroton (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement)


Giuseppe SCARASCIA-MUGNOZZA

Prof. Dr., Université de Tuscia ; directeur de Biocities Facility, Institut européen de la forêt, Rome (Italie)


Sylvain DUCROUX

Directeur territorial-adjoint ONF Seine-Nord


Sylvie ALEXANDRE

Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts ; spécialiste de l’action publique sur les forêts ; membre de l’AAF ; ancienne déléguée interministérielle à la forêt


Pierre-Olivier DRÈGE

Président de coopérative forestière, ancien président de European Landowners Organisation (ELO)


Charles DEREIX

Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts ; Membre de l’Académie d’agriculture de France ; Président de l’association Forêt méditerranéenne ; ancien directeur de la Fédération nationale des communes forestières de France


Marc GIZARD

Dr en droit de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, avocat, Professeur de droit et fiscalité forestière, Membre de l’Académie d’agriculture de France


 Christophe Orazio

Directeur de l’Institut Européen de la forêt cultivée (IEFC)

Non

Ce qu’on entend au XIXe siècle

Xe Congrès de la Société des Études romantique et dix-neuviémistes

Avant-propos

Si les études consacrées à l’histoire des sens au XIXe siècle se sont particulièrement portées sur le domaine de la vue, elles ont plus rarement envisagé le terrain de l’ouïe et l’évolution de la perception du sonore qui caractérise l’époque. De nombreux facteurs transforment pourtant ce qu’historiens et anthropologues ont pu appeler le « paysage sonore » : révolutions industrielles et progrès technologiques jouent non seulement sur la production du son, mais aussi sur la capacité à l’appréhender.

Une étude du monde sonore s’inscrit, bien sûr, dans celle de la vie quotidienne, des bruits et des sons entendus dans les villes et les campagnes au XIXe siècle : les contextes sont aussi divers que celui du travail, du religieux, du militaire ou encore du voyage. Le sonore est aussi un matériau artistique, celui de la musique et du théâtre : qu’en est-il de leur production et de leur écoute ? La « parole politique » et plus généralement publique soulève des interrogations semblables. Enfin la question du son croise celle des mutations de la littérature au XIXe siècle, ère du triomphe de l’imprimé : le passage de la « littérature discours » à la « littérature texte » invite à réfléchir à la place du son dans le texte.

Comité d’organisation

  • Cécile Reynaud (École Pratique des Hautes Études, PSL)
  • Hélène Parent (Université de Lorraine)
  • Marie-Ange Fougère (Université de Bourgogne)
  • Béatrice Didier (École Normale Supérieure, PSL)

Programme

Mardi 30 janvier 2024

Session 1 : Donner de la voix

présidence : Hélène Parent

  • Eric Bordas : Voix expressives : timbres, accents, prononciations 
  • Corinne François-Denève : « Galatée parle ! » la voix des comédiennes dans les romans de l’actrice de la fin du XIXe siècle
  • Violaine François : L’écrivain et son auditeur. Ce qu’on entend des paroles d’écrivains au XIXe siècle

Session 2 : Le spectacle des sons

Présidence : Jean-Claude Yon

  • Marie Goupil-Lucas-Fontaine : ‘‘La honte de la mélodie et la parodie du chant’’. Retour sur la construction de la voix ‘‘réaliste’’ (1880-1940) 
  • Agnès Curel : Voix foraines : portraits sonores 
  • Laurène Haslé : Tonnerre d’applaudissements, bruits de coulisses et silence solennel de répétitions : ce qu’on entend dans un théâtre du XIXe siècle
  • Sylvie Douche : Le son des mélodrames dans la France théâtrale du XIXe siècle

Session 3 : Son du corps

Présidence : Marie-Ange Fougère

  • Jean-François Richer : Corpophonie de la souffrance : sonocritique du corps humain dans « La Comédie humaine » d’Honoré de Balzac 
  • Sophie Panziera : Bruit, berceuse ou silence ? Sommeil et sensibilités sonores au XIXe siècle

Session 4 : Univers sonores

Présidence : José-Luis Diaz

  • Michela Landi : ‘‘Pauvres reproches !’’ Le son de la cloche dans la poésie du XIXe siècle, entre sacrifice et réparation
  • Aimée Boutin : Stridences modernes : irruption du sifflet de locomotive dans la poésie post-baudelairienne 
  • Jean-Claude Caron : L’oreille de Vincent. Paysage sonore et culture musicale dans la correspondance de Van Gogh
  • Etienne Poirier : L’histoire continuée : faire entendre l’avenir dans « Les Rougon-Macquart » 

 


Mercredi 31 janvier 2023

Session 5 : Oreille musicale 

Présidence : Cécile Reynaud

  • Alban Ramaut : Comment transcrire et recréer ce que le siècle donne à entendre ? Réflexions sur l’œuvre d’Hector Berlioz à partir de son article « De l’Imitation musicale », Revue et gazette musicale de Paris des 1er et 8 janvier 1837.
  • Anastasia Syreishchikova-Horn : Les paysages sonores de la Russie au XIXe siècle et leur influence sur la création musicale
  • Sarah Hassid : Entre bruits des villes et sons de la nature : les paysages sonores de Jean-Georges Kastner dans ses livres-partitions « Les Voix de Paris et La Harpe d’Éole »
  • Guillaume Avocat : Entre le bruit de l’extérieur et la musique de l’intérieur. Les célébrations napoléoniennes autour de Notre-Dame de Paris (1802-1814)
  • Clotilde Verwaerde : Un écho des tumultes révolutionnaires : la musique dans les romans de Regnault-Warin

Session 6 : L’ouïe

Présidence : Béatrice Didier

  • Anna Opiela-Mrozik : Entre assourdissement et surdité : les défaillances (musicales) de l’ouïe au XIXe siècle et leurs représentations littéraires
  • Isabelle Cavé : L’oreille au XIXe siècle, d’un point de vue hygiéniste

Session 7 : Sons du politique

Présidence : Jean-Claude Caron

  • Christophe Tropeau : Quand la musique coutumière rencontre la musique associative dans les campagnes
  • Adrien Quièvre : Musiques grévistes : le cas des chants d’ouvriers mineurs dans les grèves du XIXe siècle
  • Karl Zimmer : Les bruits de la révolte populaire. Entendre l’émeute au XIXe siècle

 Session 8 : Bruit du danger

Présidence : Aimée Boutin

18h30 Clôture du colloque

Biographies et résumés

Guillaume Avocat 

Guillaume Avocat est docteur en musicologie et ingénieur de recherches au CESR. Il a consacré sa thèse aux pratiques musicales à Notre-Dame de Paris au début du XIXe siècle (à paraître chez Classiques Garnier). Ses travaux portent essentiellement sur Pierre Desvignes (1764-1827), ainsi que sur les liens entre musique et liturgie, la musique et la représentation du pouvoir et les débats autour de la musique religieuse en France aux XVIIe et XIXe siècles.

« Entre le bruit de l’extérieur et la musique de l’intérieur. Les célébrations napoléoniennes autour de Notre-Dame de Paris (1802-1814) »

Résumé : L’expérience des fêtes publiques repose sur l’articulation systématique du dehors et du dedans par le biais de stimulations sensorielles. À l’occasion des fêtes du Premier Empire, le bruit des feux d’artifices, des cloches, des coups de canons et des parades militaires dans les rues de Paris fait écho à la musique exécutée en sa cathédrale. Le bruit de l’extérieur et la musique de l’intérieur, avec d’autres sortes de stimuli visuels et gustatifs, participent alors de l’expression de la réjouissance publique. Au cours de cette communication, nous verrons comment la musique composée en ces occasions répond aux manifestations de l’extérieur. Plus que de simplement dresser un panorama sonore des fêtes napoléoniennes, nous chercherons surtout à identifier les interactions fondamentales entre création musicale et expérience festive autour de Notre-Dame de Paris.


Éric Bordas

Éric Bordas est professeur de stylistique à l’École Normale Supérieure de Lyon. Parmi ses publications récentes, Langages n° 228 (Paris, décembre 2022) : La Notion d’expressivité.

« Voix expressives : timbres, accents, prononciations »

Résumé : C’est au début du xixe siècle qu’apparaît en français le substantif expressivité sous la plume de commentateurs d’opéras pour décrire l’art d’un interprète à faire entendre l’émotion dans son chant. Le mot va beaucoup circuler, mais sa scénographie d’origine ne sera jamais bien loin, expliquant certaines métaphores. La voix humaine serait le premier niveau, le plus immédiatement perceptible, de manifestation de cette individuation sensible, singulière et personnelle, qui double, volontairement ou non, la signification littérale du discours pour tous d’un sens particulier, plus intime, plus sincère. Si le chant lyrique repose assurément sur cette capacité physique à exprimer des sentiments au-delà de mots négligeables, la voix parlée, en registre privé mais plus encore en manifestation publique (hommes célèbres, orateurs politiques), est, elle aussi, écoutée en tant que telle, dans sa concrétude phonique accentuelle, dans le phrasé de la prosodie qu’elle réalise, pour sa capacité à identifier la personnalité authentique du locuteur, du corps à l’âme.


Aimée Boutin

Aimée Boutin est professeure à Florida State University à Tallahassee, en Floride. Dans le cadre de ses recherches sur les études urbaines et les « sound studies » au xixe siècle, elle s’est penchée sur les rapports entre la flânerie et les cinq sens dans “The Flâneur and the Senses” (revue Dix-Neuf, 2012), et a publié le livre City of Noise : Sound and Nineteenth-Century Paris (University of Illinois Press, 2015) sur les bruits urbains. Auteure de Maternal Echoes : The Poetry of Marceline Desbordes-Valmore and Alphonse de Lamartine (University of Delaware Press, 2001). Elle a également contribué aux recherches sur les femmes poètes du XIXe siècle, notamment Marceline Desbordes-Valmore, Louisa Siefert et Amable Tastu. 

« Stridences modernes : irruption du sifflet de locomotive dans la poésie post-baudelairienne »

Résumé : Comment les poètes ont-ils réagi à la stridence moderne ? Cette communication se penchera sur l’attention nouvelle portée à la qualité des sons industriels aigus et dissonants, notamment à la stridence du sifflet de train, dans une sélection de poèmes post-baudelairiens où les références aux sifflets rompent avec le lyrisme traditionnel. Cette approche permet d’aborder différemment certaines questions conçues en relation avec la théorie du « choc » de Walter Benjamin ; si le sifflet peut en effet figurer le choc traumatique, son bruit peut également donner à entendre les transformations des pratiques d’écoute à l’ère industrielle. En outre il s’agira de montrer comment la rêverie poétique peut témoigner d’une acuité sensorielle moderne. 


Jacques Bury

Professeur agrégé d’histoire et docteur des Universités, Jacques Bury a soutenu en 2021 une thèse en histoire contemporaine consacrée à la lutte contre l’incendie dans les villes françaises du xixe siècle, sous la codirection de Jean-Noël Luc et Pierre Karila-Cohen. Il a publié plusieurs articles, dont « Paris brûle-t-il ? L’incendie urbain, une peur au prisme des pratiques policières (France, xixe siècle) » (dans Philippe Chassaigne, Adèle Delaporte et Caroline Le Mao, Peurs urbaines. xviexxie siècles, La Crèche, La Geste / Presses Universitaires de Nouvelle Aquitaine, 2022, p. 93-104). Il enseigne actuellement au lycée Frédéric et Irène Joliot-Curie de Romilly-sur- Seine.

« Au feu ! Le danger d’incendie, un objet sonore identifié dans la France du XIXe siècle »

Résumé : Appartenant à la gamme des « peurs urbaines », le danger d’incendie est un objet sonore bien identifié par les habitants et les acteurs de l’ordre urbain, ne serait-ce que par les sons qu’il engendre une fois déclaré. Cette exacerbation de l’ouïe se retrouve dans les cris d’alarme et d’effroi, autant que dans l’usage séculaire du tocsin. Le théâtre de l’incendie provoque en lui-même un véritable « concert », souvent dissonant. Si l’appel à l’aide spontané comme la rumeur de rue s’avèrent fréquents et, souvent, décisifs, dans la mobilisation des forces vives pour lutter contre le fléau, au cœur de l’affrontement les bruits multiples colorent la scène d’incendie, la rendant parfois inaudible. Mais, en amont, c’est précisément le danger d’incendie en tant que tel qui participe d’une évolution des sons du danger et de la mise en alerte, avec le perfectionnement des systèmes d’avertissement et les dispositifs sonores d’alerte, qui participent pleinement à l’évolution du « paysage sonore » de la ville française du xixe siècle.


Jean-Claude Caron 

Jean-Claude Caron est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Clermont Auvergne et membre honoraire de l’IUF. Spécialisé dans l’histoire de la jeunesse à l’époque romantique (Générations romantiques. Les étudiants de Paris de 1814 à 1851, A. Colin, 1991) et des violences socio-politiques au XIXe siècle, il a récemment publié Van Gogh en toutes lettres. Un homme dans son siècle (Champ Vallon, 2022).

« L’oreille de Vincent. Paysage sonore et culture musicale dans la correspondance de Van Gogh »

Résumé : Homme de pinceau et de couleurs, Van Gogh est aussi un homme de lettres dont la correspondance foisonnante permet de saisir l’exacerbation des sens. Parmi ceux-ci, l’ouïe occupe une place importante : car qu’il lise, peigne ou écrive, Vincent n’est pas que regard aigu, il est également oreille aux aguets. Ses lettres témoignent de sa forte réceptivité aux voix, comme lorsqu’il assiste à la représentation d’une pastourale en Provence. Cette réceptivité au chant renvoie à sa culture musicale et au lien synesthésique qu’il établit entre peinture et musique. S’il est difficile de cerner la culture musicale de Van Gogh, on note qu’il évoque des musiciens aussi divers que Beethoven, Gounod, Berlioz ou Wagner. L’objectif de cette communication est donc de donner à entendre ce qui constitue à la fois le paysage sonore – réel ou imaginaire – de Van Gogh et de mettre en évidence la place qu’occupent le chant et la musique dans sa vie.


Isabelle Cavé 

Isabelle Cavé est diplômée docteur en sciences humaines (sociologie et histoire) de l’EHESS de Paris en 2013. Spécialiste des archives du milieu industriel ou artisanal, de la condition de vie ouvrière et du patronat, elle porte la connaissance de la pensée hygiéniste née au xviiie siècle avec une sensibilité de compréhension médicale. Elle a publié aux éditions L’Harmattan, collection « Médecine à travers les siècles » de Paris, et fait plusieurs communications à la Société française d’histoire de la médecine. Elle est en outre engagée sur le terrain (AP-HP de Paris)

« L’oreille au XIXe siècle, d’un point de vue hygiéniste »

Résumé : La révolution industrielle du xixe siècle a bouleversé la société française sur tous les plans. Bruits et rythmes pressés scandent à présent les cavernités les plus obscures de la physiologie humaine. À l’aide de l’archivistique plurielle, nous essaierons de découvrir quelles sont ces nouvelles sources de bruit et comment les individus vont devoir s’y soumettre ou, au contraire, pouvoir s’en abstraire. Nous regarderons de plus près les sources hygiénistes et médicales qui fondent le socle d’une santé publique émergente dans la seconde moitié du xixe siècle. L’oreille est un organe biologique de veille obligatoire au travail, tout autant qu’il se déploie en gênes, maladies et sources de plaisirs à foison.


Chloé Chatrian

Chloé Chatrian est doctorante au Centre d’Histoire du xixe siècle (Université Paris I-Panthéon-Sorbonne). Elle consacre sa thèse de doctorat aux enfants combattants dans les armées françaises au xixe siècle sous la direction du professeur Anne-Emmanuelle Demartini.

« Le bruit de la bataille au xixe siècle »

Résumé : Cette communication a pour objectif de contribuer à une meilleure connaissance de l’environnement sonore de la bataille au xixe siècle : au-delà de la détonation et de la chanson militaire, c’est bien à un paysage auditif singulier que les combattants sont confrontés. Celui-ci, vécu pendant l’affrontement, est aussi mis en discours a posteriori et fait l’objet d’une réappropriation particulière par les combattants qui cherchent à saisir et à rendre compte de leur expérience personnelle du feu. Après avoir reconstitué l’univers sonore de la bataille, nous présenterons la façon dont les combattants ont utilisé les bruits entendus pour exprimer la façon dont ils l’ont personnellement vécue, tantôt pour évoquer la confusion sensorielle propre au combat, tantôt pour dire ce qu’ils ont vécu d’indicible, en particulier la mort.


Agnès Curel

Agnès Curel est maîtresse de conférences en Littérature et théâtre à l’Université Jean Moulin (Lyon 3, UR MARGE). Ses recherches sont à la croisée des études littéraires et théâtrales, de l’histoire culturelle et des sound studies. Une version remaniée de sa thèse de doctorat sur les bonimenteurs au xixe siècle et sur l’imaginaire forain va paraître aux Presses Universitaires de Lyon. 

« Voix foraines : portraits sonores »

Résumé : Si la fête foraine est le lieu d’une grande cacophonie – dont on s’amusera à rappeler la richesse au cours de cette communication – l’objet de cette étude sera au contraire de chercher à isoler certaines voix, à les « désanonymiser » pour en faire entendre la pluralité. Cocherie, Clam, Rossignol-Rollin (qui, disait-on, avait été avocat avant de s’engager sur dans une baraque de lutteurs), Madame Constance, etc., autant de noms et de voix que je m’emploierai à exhumer pour faire entendre, au-delà du vacarme forain – qui relève d’une construction sociale –, leur singularité. L’éloquence foraine, la place des voix féminines et les effets de choralité seront autant de pistes d’analyse pour mieux saisir cette partition foraine.


Sylvie Douche

Pianiste, agrégée, diplômée du CNSMDP et Professeure en Musicologie à Sorbonne Université, Sylvie Douche publie essentiellement sur la musique française des XIXe-XXe siècle. Auteur (ou coordinatrice) d’une dizaine d’ouvrages et de nombreux articles, ses recherches concernent plus particulièrement les relations entre la musique et les autres arts (notamment musique/texte ou musique/théâtre) :

Musiques de scène sous la IIIe République, Lyon, éditions Microsillon, 2018

Barthes et la musique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2018, en collaboration avec C. Coste.

– Amphitryon de Maurice Emmanuel, musique de scène d’après Plaute, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, 2012

Correspondances inédites à des musiciens français, 1914-1918, Paris, L’Harmattan, coll. « Mémoires du XXe siècle », 2012

– Charles Koechlin, compositeur et humaniste, Paris, Vrin, 2010, en collaboration avec P. Cathé et M. Duchesneau

Le mélodrame français Belle Époque. Résurgences, métamorphoses et enjeux. Le cas de l’adaptation musicale, Antipode, Éditions du Puis de Roulle, 2016

– « Pelléas et Mélisande » cent ans après. Études et documents, Lyon, Éditions Symétrie, 2012, en collaboration avec J-C Branger et D. Herlin

L’Enseignement de Maurice Emmanuel. Musique, histoire, éducation, Sampzon, Delatour France, 2020, en collaboration avec C. Corbier

– Étudier, enseigner & composer à la Schola Cantorum (1896-1960), Sampzon, Aedam Musicae, 2022, en collaboration avec C. Segond-Genovesi


Corinne François-Denève

Corinne François-Denève est Professeure en littérature générale et comparée à l’Université de Haute-Alsace. Elle travaille sur les liens entre littérature et théâtre (figure de l’actrice) et le « matrimoine » du XIXe siècle, singulièrement scandinave. Elle a à ce titre traduit Anne Charlotte Leffler, Alfhild Agrell, Victoria Benedictsson, Frida Stéenhoff et Bjørnstjerne Bjørnson. Une partie de son travail est également dédiée aux études actorales – Vivien Leigh, Greta Garbo, Jacqueline Maillan, Sophie Daumier… Elle est par ailleurs dramaturge, critique, et directrice de la Compagnie Benoit Lepecq et de la Compagnie Freya et ses chattes. 

« Galatée parle ! La voix des comédiennes dans les romans de l’actrice de la fin du xixe siècle »

Résumé : La fin du xixe siècle voit l’apparition de ce que nous avons pu appeler le « roman de l’actrice », indice de la faveur médiatique dont jouit alors la comédienne. Corps « plastique » et adulé, l’actrice se prête à des représentations diverses. Mais qu’en est-il de l’évocation de sa voix ? Nombre d’ouvrages semblent se moquer de ces jolies femmes sans coffre ou souffle. L’anecdote, comme souvent dans le roman de théâtre, prend plaisir à raconter les accidents qui couvrent les voix des actrices. Simple « ventriloque » d’un texte qu’elle me maîtrise pas, la comédienne semble destinée à ne pas ouvrir trop grand sa bouche. La critique féministe a toutefois voulu voir dans ces romans la possibilité pour les comédiennes d’affirmer leur « voix », ou de « verbaliser », justement, un devenir-artiste – parfois en dehors de la scène. Muettes, fluettes, tonitruantes, ces comédiennes « romanesques » sont aussi à (ré)entendre. 


Violaine François

Violaine François a soutenu en juillet 2023 sa thèse intitulée « Paroles d’écrivains au xixe siècle. Des pratiques de circonstance à la performance ». Ses travaux visent à analyser les pratiques de l’oralité littéraire au xixe siècle et s’inscrivent dans le vaste mouvement de reconsidération des sociabilités et des formes médiatiques dans les études littéraires. Les notions de sociabilités littéraires, d’oralité, de culture médiatique et d’art du spectacle sont au cœur de sa réflexion. Violaine François est par ailleurs PRAG à l’Université Paris-Est Créteil. 

« L’écrivain et son auditeur. Ce qu’on entend des paroles d’écrivains au XIXe siècle »

Résumé : Loin d’être des phénomènes marginaux et anecdotiques, les lectures à voix haute, récitations, improvisations, discours et conférences sont autant de pratiques littéraires qui rythment le quotidien de l’homme de lettres au xixe siècle. L’auditeur colporte ces paroles entendues et contribue à les enregistrer et à les fixer dans les imaginaires médiatiques. À partir d’une séance de lecture théâtrale de Delphine de Girardin dans son salon, nous souhaitons faire entendre les voix du xixe siècle en mettant en évidence la relation entre l’écrivain en performance et son auditeur. La voix de l’auditeur, qui cherche à se tailler sa part dans la rumeur médiatique, est-elle nécessairement en sourdine ? La mise en évidence, à partir de cet exemple, des enjeux à la fois poétiques, sociologiques et médiatiques de ce drôle de couple a pour objectif de revaloriser le poids des paroles dites dans le système littéraire du xixe siècle. 


Marie Goupil-Lucas-Fontaine

Agrégée d’histoire et docteure de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Marie Goupil-Lucas-Fontaine a consacré sa thèse à l’histoire de la chanson « réaliste » entre 1850 et 1990. Elle est actuellement enseignante-chercheuse contractuelle à l’université du Mans, membre du laboratoire TEMOS. Elle est également chercheuse associée au Centre d’Histoire du xixe siècle, ainsi qu’à l’Institut National de l’Audiovisuel (INA), où elle poursuit ses travaux sur la patrimonialisation de la mémoire chansonnière au xixe et au xxe siècles.

« La honte de la mélodie et la parodie du chant. Retour sur la construction de la voix ‘‘réaliste’’ » (1880-1940) »

Résumé : Le propos de cette communication est de comprendre comment se sont fixé les codes d’identification et de définition des voix « réalistes » au cours de la période 1880-1940, qui voit éclore et triompher le genre réaliste sur scène, au café-concert puis au music-hall, indépendamment de la teneur des textes chantés. Y seront examinés la manière dont les voix masculines furent peu à peu écartées de l’interprétation de ce répertoire ainsi que le rôle les supports sonores dans la fixation de ces codes, à mesure que leur technologie se perfectionna.


Laurène Haslé

Laurène Haslé est docteure en histoire des spectacles du xixe siècle. En 2020, elle soutient une thèse sur « La Direction d’Adolphe Lemoine-Montigny au Théâtre du Gymnase de 1844 à 1880 ». Ses recherches portent sur le métier de directeur de théâtre et sur l’histoire de la mise en scène. Ses principales publications sont : « Les Mariages parisiens ou l’histoire du Théâtre du Gymnase dans une lettre de 1861 » dans Documents d’histoire parisienne dirigée par Guy-Michel Leproux, n° 23, 2021, p. 87-96 ; « Le cabinet du directeur de théâtre : la formation de l’auteur dramatique. L’exemple d’Adolphe Lemoine-Montigny » dans La Revue d’histoire littéraire de France dirigée par Alain Génétiot, 120e année, n° 3, 2020, p. 663-673. 

« Tonnerre d’applaudissements, bruits de coulisses et silence solennel de répétitions : ce qu’on entend dans un théâtre du xixe siècle »

Résumé : Tout au long du xixe siècle, le théâtre fut l’un des divertissements majeurs des Français et notamment des Parisiens – ils s’y rendaient très régulièrement pour y découvrir les nombreuses nouveautés, revoir les classiques dramatiques, mais aussi pour retrouver leurs comédiennes et comédiens favoris. Mais qu’entendaient-ils – ou non – au sein de ces lieux de spectacle ? En nous concentrant sur un théâtre précis, nous en découvrirons les nombreux aspects auditifs, qu’ils soient accessibles à toutes les spectatrices ou spectateurs (la voix des artistes en scène, la musique, le bruitage, les applaudissements, le brouhaha d’un entracte, etc.) ou, au contraire, tout à fait confidentiels (la répétition d’une pièce tant attendue, les échanges entre les auteurs dramatiques, les « bruits de coulisses », etc.). 


Sarah Hassid

Maître de conférences à l’université Paris 1, Sarah Hassid est diplômée de l’École du Louvre et du CNSMDP en musicologie. Elle est l’auteur d’une thèse sur l’imaginaire musical et la peinture en France entre 1791 et 1863, d’un ouvrage sur le salon littéraire, artistique et musical de Berthe de Rayssac, ainsi que de plusieurs articles sur les liens entre les arts visuels et la musique. Elle mène depuis 2020 un projet de recherche sur George Kastner, à partir de la reconstitution du fonds Kastner-Boursault. 

« Entre bruits des villes et sons de la nature : les paysages sonores de Jean-Georges Kastner dans ses livres-partitions Les Voix de Paris et La Harpe d’Éole »

Résumé : Parmi les « livres-partitions » publiés par Jean-Georges Kastner dans les années 1850, La Harpe d’Éole et Les Voix de Paris proposent deux paysages sonores opposés qui invitent respectivement à une exploration des sonorités mystérieuses de la nature et à une immersion dans les rues de Paris. Ces deux ouvrages se composent chacun d’un essai historique érudit et d’une partition musicale originale de l’auteur que nous analyserons à l’aune de l’élargissement qui s’opère en France durant la période, dans le sillage de Reicha, de Kastner et de Berlioz, de la notion même de « musique ». Véritables supports à la fois sémiotiques, didactiques et créatifs d’un imaginaire musical revivifié, ils proposent une vitrine contrastée de ce que l’on peut entendre, voire écouter au xixe siècle, mais également de ce que l’on pourrait ne plus entendre – des métiers des villes aux sonorités dites « cosmiques » de la nature – au siècle de la vitesse et de l’industrialisation.


Michela Landi

Michela Landi enseigne la littérature française à Florence. Dans le domaine des relations musico-littéraires elle a publié quelques volumes dont trois sont consacrés à l’imaginaire des instruments de musique dans la poésie du xixe siècle (L’arco e la lira, avec un essai d’Yves Bonnefoy, 2006 ; Per un’organologia poetica, 2008 ; Il castello della Speranza, 2011). 

« Pauvres reproches ! Le son de la cloche dans la poésie du XIXe siècle, entre sacrifice et réparation »

Résumé : Alors que le siècle postrévolutionnaire est en passe d’abolir les signes religieux de la vie sociale, ces signes réapparaissent en poésie avec une insistance inédite. Notamment, la cloche se fait l’expression non plus d’un appel euphorique au rassemblement des fidèles, voire d’un rappel dysphorique, où priment des traits sonores secondaires transmis par ses harmoniques discordants. Ces signes remémoratifs, s’ils sont douloureux, ne sont pas moins, dans certains cas, salvifiques. Notre communication se penche sur l’analyse des variantes et des invariants représentatifs de la cloche de Lamartine à Mallarmé, en passant par Hugo, Baudelaire, Laforgue.


Anna Opiela-Mrozik

Anna Opiela-Mrozik, maîtresse de conférences à l’Institut d’Études romanes de l’Université de Varsovie. Ses recherches portent sur les relations entre la littérature et les autres arts, avec une place particulière accordée à la musique et à la musicalité. Autrice de l’étude La Musique dans la pensée et dans l’œuvre de Stendhal et de Nerval (Honoré Champion, 2015) et de plusieurs articles portant sur le comparatisme interdisciplinaire, le romantisme et le symbolisme français.

« Entre assourdissement et surdité : les défaillances (musicales) de l’ouïe au XIXe siècle et leurs représentations littéraires »

Résumé : L’objectif de notre communication, qui portera sur des textes littéraires, critiques et (pseudo)scientifiques, est de réfléchir sur les déficiences auditives dont serait responsable l’écoute de la musique, ainsi que sur la surdité, son appréhension et ses représentations littéraires. L’assourdissement des auditeurs par les musiciens peut venir de leur surdité sélective qui débouche sur des exécutions cacophoniques ou interprétations erronées de l’indication forte. Faisant appel aux méthodes fondées sur l’oralité, le traitement de la surdité relève d’une incompréhension frôlant la violence, ce dont témoignent les personnages littéraires de sourds.


Sophie Panziera

Sophie Panziera est docteure en histoire de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheuse associée au Centre d’Histoire du xixe siècle (UR 3550). Sa thèse, effectuée sous la direction de Dominique Kalifa puis Laurence Guignard et soutenue en janvier 2023 porte sur les normes et les imaginaires du sommeil au xixe siècle (années 1770-1914).

« Bruit, berceuse ou silence ? Sommeil et sensibilités sonores au XIXe siècle »

Résumé : La communication propose d’interroger la nature du silence liée à la revendication d’un « droit au sommeil » qui émerge au cours du xixe siècle. Il s’agira de se demander si la diminution des seuils de tolérance au bruit nocturne induit une proscription de tous les sons de la même manière ou pour le dire autrement, si l’univers sonore du sommeil se doit d’être totalement silencieux. Si toute une gamme de bruit empêche de dormir ou perturbe le sommeil et nécessite une demande de silence, on trouve dans le même temps la promotion de certaines sonorités, réputées favoriser l’endormissement et vantées par la littérature médicale et les manuels d’instructions aux jeunes-filles et aux jeunes mères. Plus qu’une insonorisation de l’univers sonore du sommeil, on assiste ainsi au xixe siècle à une recherche, une classification et une hiérarchisation des ambiances sonores – anciennes ou nouvelles – du sommeil.


Étienne Poirier

Étienne Poirier est doctorant en littérature française à l’Université McGill (Montréal, Canada) et pensionnaire étranger à l’École normale supérieure – PSL pour l’année 2023-2024. Il s’intéresse aux liens entre histoire et temporalité au sein du roman réaliste-naturaliste du xixe siècle, particulièrement chez Émile Zola. Ses deux premiers articles, portant sur Les Soirées de Médan et La Fortune des Rougon respectivement, devraient être publiés en 2024.

« L’histoire continuée : Faire entendre l’avenir dans Les Rougon-Macquart »

Résumé : Je propose d’étudier l’irruption de sons lointains dans les scènes finales des romans du cycle des Rougon-Macquart. En m’appuyant sur un échantillon de ces dénouements, je chercherai d’abord à démontrer que ces bruits renvoient systématiquement à la crise sociale qui demeure irrésolue à l’issue des œuvres, puis j’évaluerai dans quelle mesure ils provoquent un déplacement du moment de la résolution du conflit à l’extérieur du cadre du récit. En cela, les sons confirment l’impossibilité de tirer des conclusions durables à l’issue des romans. De cette manière, il me sera possible de montrer sous quelles conditions les sons peuvent être considérés comme partie intégrante de la structure narrative des dénouements à l’étude.


Adrien Quièvre

Adrien Quièvre est docteur en histoire et ATER à l’Université de Lille. Ses recherches, situées au croisement de l’histoire sociale et de la musicologie, portent sur les pratiques sonores et musicales en situation de contestation (grève, révolte, manifestation) et, plus largement, sur les rapports entre corps et pouvoirs. 

« Musiques grévistes : le cas des chants d’ouvriers mineurs dans les grèves du XIXe siècle »

Résumé : La musique et le chant semblent avoir joué un rôle important durant les grèves des ouvriers mineurs du Nord de la France au xixe siècle. Des archives policières et journalistiques mentionnent en effet les nombreux hymnes, les chants et les bruits qui ponctuent les défilés des groupes de grévistes dans les villages ou lorsque ces derniers marchent plusieurs kilomètres par jour afin de relier les puits de mine et faire cesser le travail. Cette communication propose d’étudier ces pratiques musicales et ces chants en interrogeant tout particulièrement leur dimension corporelle ainsi que leur rapport à l’espace. Qu’est-ce que chanter et jouer de la musique dans les circonstances de la grève et au sein des territoires miniers, immenses et accidentés ? Que permettent la musique et le chant que la voix parlée ou criée ne suffirait pas à exprimer ? La récurrence de ces pratiques fait-elle de la musique un instrument privilégié de la lutte des grévistes ? 


Alban Ramaut

Ancien élève du CNSMD Paris, Alban Ramaut est professeur émérite de l’Université Jean Monnet (Saint-Étienne). Membre titulaire de l’IHRIM (UMR 5317). Sa recherche concerne le domaine musical romantique et plus particulièrement la personnalité créatrice d’Hector Berlioz. Il a consacré de nombreux articles à ce compositeur et avec Emmanuel Reibel a été récemment dans le cadre du cent-cinquantenaire de la mort d’Hector Berlioz célébré notamment au Festival Berlioz de la Côte-Saint-André, l’éditeur du collectif, Hector Berlioz 1869-2019. 150 ans de passions, Aedam Musicae 2019. 

« Comment transcrire et recréer ce que le siècle donne à entendre ? Réflexions sur l’œuvre d’Hector Berlioz à partir de son article ‘De l’Imitation musicale’, Revue et gazette musicale de Paris des 1er et 8 janvier 1837. »

Résumé : Hector Berlioz s’est intéressé toute sa vie aux environnements sonores qu’il a pu connaître, de la cloche de Saint-Pierre de Rome au bruissement de la nuit du duo nocturne de Béatrice et Bénédict, du saltarello de Benvenuto Cellini au Dies irae de la Symphonie fantastique, des pulsations du cœur de la « scène d’amour » de Roméo et Juliette à l’harmonie du ciel de « l’apothéose de Margueritte ». Ces premiers éléments fondent son art et nourrissent sa conscience de créateur. Le don de recomposer l’ordre des choses données, pour en révéler la charge expressive place la création chez Berlioz sous le signe complexe et paradoxal de « l’imitation ». Dans le double article pour la Revue et gazette musicale de Paris paru les 1er et 8 janvier 1837 et intitulé « De l’Imitation musicale », le compositeur s’efforce de définir un art qui évite les facilités comme les abus d’un sens littéral, soucieux de mesurer les dimensions du sonore à l’aune d’une puissance persuasive d’idéalisation. 


Jean-François Richer

Diplômé des universités de Montréal et de Paris 8, Jean-François Richer est professeur agrégé de langue et de littérature françaises à l’Université de Calgary (Canada). Ses travaux portent sur l’œuvre de Balzac à qui il a consacré deux monographies et plusieurs articles publiés au Canada, en France, en Angleterre et en Allemagne. Il est également le président de l’Association canadienne des études francophones du xixe siècle (ACEF-XIX). 

« Corpophonie de la souffrance : sonocritique du corps humain dans La Comédie humaine d’Honoré de Balzac »

Résumé : Dans toute La Comédie humaine d’Honoré de Balzac résonne une longue phonographie du corps humain – une incessante corpophonie –, dont le répertoire thématique dominant est celui de la souffrance et de la défaillance. Le corps sain ne dit rien. Il est. À l’inverse, le corps bruit lorsqu’il souffre, lorsqu’il cède, casse ou saigne, lorsque le récit, aidé par son arme la plus impitoyable, le temps, le travaille en laissant sur lui les traces de son passage. Le corps de l’être balzacien fait donc partout, et à chaque instant, entendre les douleurs du drame qui le traverse. Nous voudrions montrer que trois pôles de résonance organisent sa dynamique sonore : la poitrine, le pied et la main. Écoutons.


Anastasiia Syreishchikova-Horn

Ancienne élève de l’Académie russe de musique Gnessine, Anastasiia Syreishchikova-Horn est docteure en musicologie et actuellement A.T.E.R à l’Université de Lorraine. Elle a soutenu une thèse en cotutelle franco-russe sur les voyages d’Hector Berlioz en Russie. Chercheure associée à l’IReMus et au SAPRAT, elle est auteure de travaux en langue russe et française sur Hector Berlioz, l’histoire de la musique russe et française, les transferts culturels, l’opéra, etc. Elle a contribué à différents ouvrages collectifs, notamment Berlioz, Flaubert et l’Orient (Le Passage, 2022), Histoire de l’opéra français (Fayard, 2020), et Hector Berlioz 1869-2019 : 150 ans de passions (Aedam Musicae, 2019). 

« Les paysages sonores de la Russie au xixe siècle et leur influence sur la création musicale »

Résumé : La Russie du XIXe siècle offre un environnement sonore singulier, différent de celui de l’Europe. La particularité de la vie sociale, marquée par une grande distance entre l’aristocratie et le peuple, les rites et la culture musicale populaire, la forte présence de l’église orthodoxe, les foires et les fêtes païennes, le climat rigoureux et les vastes paysages, crée un contexte sonore spécifique. La plupart des compositeurs du XIXe siècle s’inspirent largement des sons et bruits entendus à la campagne. De nombreuses œuvres intègrent des références musicales à cet univers sonore (cloches, chants de l’église orthodoxe, chants populaires, instruments traditionnels, langage populaire). Dans cette perspective, nous souhaitons proposer une étude portant sur la représentation des paysages sonores de la Russie au xixe siècle. 


Marie-Agathe Tilliette

Marie-Agathe Tilliette est Maîtresse de conférences en Littérature générale et comparée à l’Université du Littoral Côte d’Opale, au sein de l’UR 4030 HLLI – Unité de Recherche sur l’Histoire, les Langues, les Littératures et l’Interculturel. Sa thèse, soutenue à l’Université Paris Nanterre, est en cours de publication aux éditions Classiques Garnier, sous le titre Figures de marginaux dans le roman historique européen (1814-1836).

« Les bruits des prisons : silence et fracas »

Résumé : L’espace de la prison est caractérisé par des bruits spécifiques, souvent répétitifs et révélateurs de différentes formes de coercition (grincements de portes, cliquetis de chaînes, cloche du réveil ou du coucher, etc.). Ils constituent pour les détenus, qui apprennent à en épier les moindres variations, un monde sonore familier et sont un motif récurrent des témoignages de prison. En examinant ces notations sonores au sein de romans qui confèrent une place importante à l’espace carcéral, Le Dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo, Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac, Les Mystères de Paris d’Eugène Sue et La Fille Élisa d’Edmond de Goncourt, l’on verra que l’univers sonore carcéral est toujours une mise à l’épreuve de la norme, en particulier dans le passage radical du silence au tumulte.


Christophe Tropeau

Christophe Tropeau est membre associé du laboratoire Temps-Monde-Sociétés (Temos), CNRS-UMR 9016. Sa thèse, soutenue en 2020 à l’université Bretagne Sud, sous la direction de François Ploux et est parue sous le titre Le plaisir du lien. La sociabilité associative rurale en Mayenne, des années 1830 aux années 1930 (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2023).

« Quand la musique coutumière rencontre la musique associative dans les campagnes »

Résumé : Jusqu’au milieu du xixe siècle, la musique coutumière, celle qui accompagne les rondes et les danses collectives lors des veillées et des fêtes de village, prédomine dans les campagnes françaises. Mais, à partir des années 1870-1880, de nouvelles pratiques, un nouveau répertoire, mais aussi une nouvelle écoute sont créés par les associations musicales qui se multiplient dans le monde rural. La musique associative apparaît alors comme un complément à la musique coutumière, pour laquelle elle est source de renouvellement.


Clotilde Verwaerde 

Clotilde Verwaerde est maître de conférences au département de musique de l’Université Paris 8 et membre du laboratoire Musidanse. Ses recherches se concentrent sur la théorie harmonique et la pratique de l’accompagnement dans la musique de chambre entre 1700 et 1850, ainsi que sur la romance française autour de 1800. Elle étudie particulièrement l’interprétation historiquement informée des romances et la place de ces dernières dans la littérature entre 1780 et 1830.

« Un écho des tumultes révolutionnaires : la musique dans les romans de Regnault-Warin »

Résumé : Contemporain de François-René de Chateaubriand, Jean-Joseph Regnault-Warin nourrit ses écrits de son expérience des troubles des années 1790. Plusieurs de ses romans présentent un récit ancré dans cette période et revêtent un caractère politique, souvent associé à l’univers carcéral, tels les trois ouvrages centrés sur la détention de Louis xvi et de sa famille : Le Cimetière de la Madeleine (1800), Les Prisonniers du Temple (1800) et l’Ange des Prisons (1817). L’œuvre romanesque de Regnault-Warin constitue un véritable jalon dans les premières décennies du xixe siècle. Elle s’inscrit dans la lignée de l’héritage littéraire des Lumières et plus particulièrement du genre du roman en romances dont l’auteur reprend les codes par le rôle conféré à la musique dans l’intrigue et la narration, et l’inclusion de romances inédites mises en musique par un certain d’Ennery. 


Karl Zimmer

Karl Zimmer enseigne à Le Mans Université. Il prépare une thèse d’histoire contemporaine sous la direction d’Hervé Guillemain et de Mathilde Larrère, au sein du laboratoire TEMOS (Temps, Mondes, Sociétés) – UMR CNRS 9016. Ses recherches portent principalement sur l’histoire des révoltes populaires et des gauches radicales dans la première partie du xixe siècle (https://cv.hal.science/karl-zimmer).

« Les bruits de la révolte populaire. Entendre l’émeute au XIXe siècle »

Résumé : En septembre 1839, trois jours durant a lieu une émeute frumentaire au Mans (Sarthe). Gendarmes et commissaires signalent depuis plusieurs semaines déjà des « bruits alarmants ». Ils s’inquiètent des rumeurs au long cours et des commentaires chuchotés au cabaret. Le bouche à oreille est à la source de l’émotion populaire. Quand advient le tumulte, les révolté.e.s déploient une partition contestatrice. L’univers sonore produit par la foule ne serait-il pas une porte d’entrée originale pour saisir un mouvement populaire ? Que nous apprend le tambour employé pour battre la générale ? Quels sont les cris révélés par les témoins ? Quels sons les sources passent-elles sous silence ? De l’autre côté des barricades, les autorités produisent également une myriade de bruits en écho à un maintien de l’ordre polyphonique. Parlementer et menacer pour apaiser, avertir de l’imminence des sommations légales à l’aide d’un trompette ou encore réprimer au son du boute-selle, sont autant de stratégies entendues.

Non

Honoré Daumier (1808-1879) Musique Pyrotechnique, Charivarique et Diabolique, 1838, lithographie colorée, Bibliothèque municipale de Lyon

L’uniatisme chez les Slaves : cultures religieuses, affirmations politiques et constructions territoriales en Europe centrale et orientale (XVIe-XXIe siècles)

Colloque sous le haut patronage et en hommage à Madame Hélène Carrère d’Encausse

Avant-propos

L’histoire des catholiques de rite grec, ou « uniates », reflète les tensions qui se trouvent aux origines de l’actuelle guerre russo-ukrainienne. Ce colloque international a pour objectif de mieux faire comprendre l’histoire d’une minorité méconnue en France, voire en Europe occidentale. Cette perspective paraît d’autant plus pertinente que l’impact de l’uniatisme sur la redéfinition récurrente des frontières à la fois politiques et culturelles, remodelant un immense espace situé à la croisée des anciens empires russe, ottoman et autrichien, pèse de tout son poids sur les reconfigurations géopolitiques en cours, affectant l’Europe orientale. 

A partir du pontificat de Grégoire XIII (1572-1585), un regain d’intérêt pour les chrétiens orientaux donna lieu à un modèle unioniste post-tridentin acceptant dans l’obédience pontificale différentes Églises orthodoxes locales, sises sous l’autorité de monarchies catholiques en Europe orientale et au nord de la Péninsule balkanique. La constitution de ce réseau uniate posa le problème de la redéfinition des appartenances communautaires à l’intérieur d’un ensemble culturel commun, issu de l’ancienne Slavia orthodoxa.

Malgré les persécutions systématiques subies au fil des siècles, les uniates marquèrent les identités impériales, communautaires et régionales, affermissant les rapports entre les appartenances confessionnelles et les revendications nationales. La politisation de ces Églises catholiques de rite oriental, avec leur cheminement ecclésiologique, restent une des raisons majeures de leur destin mouvementé ou du moins complexe jusqu’à nos jours. Après la restauration du patriarcat de Moscou en 1943, les Églises gréco-catholiques de l’Europe du Centre-Est durent affronter une offensive transfrontalière destinée à établir un front panorthodoxe voulu par Staline après 1945. Les accents qui marquèrent cette diplomatie ecclésiastique, largement pénétrée par la rhétorique politique déployée par le pouvoir soviétique sur la scène internationale, se retrouvent aujourd’hui chez Vladimir Poutine et le patriarche Cyril aux côtés des références à la politique impériale du XIXe siècle, largement répressive.

 

Organisateurs

  • Kerstin S. Jobst (Institut d’histoire de l’Europe de l’Est, Université de Vienne),
  • Francine-Dominique Liechtenhan (Centre Roland Mousnier, CNRS, Sorbonne Université),
  • Laurent Tatarenko (Centre de civilisation française et d’études francophones, Université de Varsovie /Institut d’histoire moderne et contemporaine, CNRS).

Coordination scientifique : Xavier Labat Saint Vincent (IRCOM, Sorbonne Université)

Avec le concours du Centre Roland Mousnier (UMR 8596, CNRS, Sorbonne Université), de l’Institut de recherche sur les civilisations de l’Occident moderne (IRCOM, Sorbonne Université), du Centre de civilisation française et d’études francophones (CCFEF), Université de Varsovie, de l’Institut d’histoire de l’Europe de l’Est, Université de Vienne, ainsi que des Instituts français de Pologne et d’Ukraine.


Programme

Lundi 23 octobre 2023

9h45 Accueil et inscription des participants

10h15 Ouverture du colloque par Francine-Dominique Liechtenhan

10h30 Introduction du colloque par Laurent Tatarenko

SESSION 1

Les chrétiens slaves orientaux face à l’éclatement confessionnel (deuxième moitié du XVIe – milieu du XVIIe siècle) 

10h45 Laurent Tatarenko (Centre de civilisation française et d’études francophones de l’Université de Varsovie) : Les projets unionistes des clergés slaves orientaux des XVIe-XVIIe siècles : une cartographie des appartenances religieuses par-delà les confessions.

11h15-11h30 Pause

11h30 Alicja Nowak (Université jagellonne de Cracovie) : The formation of the Ruthenian clergy in the context of the Union polemics at the turn of the 16th and 17th centuries.

12h Vera Tchentsova (EPHE-PSL) : Gedeon Swiatopołk-Czetwertyński (ci. 1634-1690) : ambitions ecclésiastiques et frontières confessionnelles dans la métropole de Kiev du XVIIe siècle.

12h30 Discussion

13h-14h Déjeuner

SESSION 2

Réformes disciplinaires et consolidation administrative (milieu du XVIIe siècle – milieu du XVIIIe siècle)

Présidence : Laurent Tatarenko

14h Wioletta Zielecka Mikołajczyk, (université Copernic de Torun) : Tradition and change. The functioning of the Uniate episcopal curia in the Kyiv Metropolis during the 18th century.

14h30 Melchior Jakubowski (Académie polonaise des sciences) : Reconstructing Uniate identity. Spatial and architectural changes in Basilian monasteries in the 18th century

15h-15h30 Pause

15h30 Benjamin Landais(Université d’Avignon) : Les projets avortés d’Union avec les orthodoxes dans le Banat habsbourgeois du XVIIIe siècle

16h Francine-Dominique Liechtenhan (Centre Roland Mousnier, UMR 8596) : Créer une hiérarchie orthodoxe en Pologne : la Congrégation de Pinsk et ses suites.

16h30 Discussion

17h Fin de la première journée


Mardi 24 octobre 2023

10h Accueil café

SESSION 3

Le catholicisme oriental dans les projets des empires (fin du XVIIIe – début du XXe siècle)

Présidence : Bernard Heyberger

10h45 Jarred N. Warren (Ludwig Maximilian University of Munich) : Panslavism, Polish Nationalism, and the Uniate Catholic Church, 1846-1856

11h30 Giuseppe M. Croce (AAV) : La perception romaine des Églises uniates en Roumanie et en Galicie (XIXe-XXe siècles) à travers les écrits de C. Korolevskij, N. Franco, V. Vannutelli.

12h Agnieszka Pufelska (Nord-Ostinstitut Lüneburg) : Shared loyalties: The Uniate Church and the Polish National Movement.

12h30 Discussion

13h-14h Déjeuner

SESSION 4

Re-constructions étatiques et polarisation politique (XXe – XXIe siècles)

Présidence : Laura Pettinaroli

14h Oleksander Zajcev (Université catholique de Lviv) : Greek Catholic Church and Ukrainian nationalism during the interwar period

14h30 Anne Hultsch (Institut d’Etudes slaves, Université de Vienne) : Unionism as a Response to Uniatism? On the Influence of Unionism on Russian Emigration in Czechoslovakia (in the 1920s/1930s)

15h Iryna Dmytrychyn (INALCO) : L’Eglise gréco-catholique au temps du Holodomor

15h30-15h45 Pause

15h45 Natalia Shlikhta (National University of Kyiv-Mohyla Academy) : Individual Dimension of ‘Reunification’: How Fr. Datsyshyn (1914-1993) ‘Became an Orthodox’ but ‘Remained a Greek Catholic’

16h15 Kerstin S. Jobst (Université de Vienne) : The Afterlife of a Greek-Catholic Saint. The Veneration of Jozafat Kuncevych in Vienna in the 20th Century

16h45 Discussion

17h15 Conclusion par Marie-Elizabeth Ducreux

17h30 Clôture du colloque


Biographies

Giuseppe M. Croce

Diplôme de l’École archivistique et paléographique du Vatican, docteur ès lettres de l’Université de Rome « La Sapienza » et docteur en histoire ecclésiastique de l’Université Pontificale Grégorienne, Mgr Giuseppe M. Croce est ancien conservateur aux Archives vaticanes. Il a entre autres enseigné à la Sorbonne (Paris IV). Il s’est spécialisé sur la Rome pontificale au XIXe siècle, le monachisme et les relations du catholicisme avec le monde orthodoxe. Parmi ses nombreuses publications, il faut nommer La Badia greca di Grottaferrata e la rivista « Roma e l’Oriente ». Cattolicesimo e ortodossia fra unionismo ed ecumenismo (1799-1923), Cité du Vatican, Libreria Editrice Vaticana, 1990 et l’édition des manuscrits de Cyrille Korolevskij Kniga Bytija moego (Le livre de ma vie). Mémoires autobiographiques et documents, 1878-1959, Cité du Vatican, Collectanea Archivi Vaticani 45, 2007. Cet ouvrage en cinq volumes a eu un prix de l’Institut. Mgr Croce est Chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur.


Anne Hultsch

Anne Hultsch is a university assistant for Russian literary studies at the Institute for Slavic Studies at the University of Vienna; currently university professor for West Slavic literary and cultural studies there. Her research interests include Russian post-revolutionary exile, (avant-garde) book design, experimental poetry and poetics, poetry translations and the cultural history of vodka. Publications include: Ein Russe in der Tschechoslowakei. Leben und Werk des Publizisten Valerij S. Vilinskij (1901-1955) (2011); editor of Ivan A. Gončarov. Neue Beiträge zu Werk und Wirkung (2016); together with Lenka Pokorná Korytarová and Tomáš Kubíček, Česká literatura v německých překladech (1989-2020) – Tschechische Literatur in deutscher Übersetzung (1989-2020) (2022).


Melchior Jakubowski

Melchior Jakubowski is a historian and art historian, conducting a research project “Jesuits of the East? Artistic network of the Basilian order in eighteenth-century Poland-Lithuania” at the Institute of History of the Polish Academy of Sciences. His interests include religious and ethnic relations in early modern Eastern Europe, rococo art, historical geography, and landscape history. His PhD (University of Warsaw 2020) was published as Krajobraz religijny i etniczny Suwalszczyzny, Bukowiny i Łatgalii na przełomie XVIII i XIX wieku. Lokalne społeczności a struktury państwowe i wyznaniowe, Kraków 2022. His recent papers are: The spatial dimension of religious practice in the multi-confessional environment of Eastern Europe at the turn of the eighteenth century, “Journal of Historical Geography”, 81, 2023, 32–42; How Many Dissenters Can a Roman Catholic Priest Serve? Examples from Bukovina, Suwałki Region, and Latgale at the Turn of the 18th Century, in: Searching for Compromise? Interreligious Dialogue, Agreements, and Toleration in 16th–18th Century Eastern Europe, ed. K. Bem, M. Ptaszyński, Leiden – Boston 2023, 138–166; When Description means Control. The example of the Russian General Land Survey in eastern Latvia in 1784–1785, “Landscape History”, 43, 2022, 2, 23–43; The Introduction of the Potato in Eastern Europe: State or Peasant Initiative?, “Eighteenth Century Studies”, 54, 2021, 3, 651–665. For more see https://ihpan.edu.pl/en/employess/421-melchior-jakubowski/


Kerstin Susanne Jobst

Kerstin S. Jobst is Professor of Eastern European Studies at the University of Vienna since 2012. Her main research interests are History of East Central and Eastern Europe, the Black Sea region, the Caucasus region, and the Habsburg Monarchy; the history of religion and hagiography; cultures of memory and the politics of history; the comparative study of empire and colonialism; the history of tourism in Eastern Europe; Histories of Disaster/Catastrophe Studies. She is currently directing two international projects: « The Great War and the Anthropocene: Empire and Environment in Eastern Europe (2021-2024). « Conflict Landscapes of the First World War/ Military Landscapes of the Great War. » https://konfliktlandschaften-galizien.univie.ac.at/ with Kerstin von Lingen and Oksana Nagornaja and « Handbook on the History and Culture of the Black Sea Region » (togeher with Ninja Bumann, Stefan Rhodewald and Stefan Troebst). Among her last publications are « Geschichte der Krim », Berlin/Boston 2022 (in English and Ukrainian in 2024); « Geschichte der Ukraine », Ditzingen 2022, 3rd edition and also as a publication of the German Bundeszentrale für politische Bildung (Federal Agency for Civic Education), with Dietlind Hüchtker: Heilig. Transkulturelle Verehrungskulte vom Mittelalter bis in die Gegenwart, Berlin 2017.


Benjamin Landais

Benjamin Landais est maître de conférences à l’Université d’Avignon, membre du CNE (Centre Norbert Elias, UMR 8562). Il est spécialiste de la moitié orientale de la monarchie des Habsbourg, des questions portant sur l’ethnicité à l’époque moderne et d’histoire rurale. Il a édité la correspondance de François Perlas, président du Banat au milieu du XVIIIe siècle (Istros 2020). Ses deux derniers ouvrages paraîtront en 2023 – Nations, privilèges et ethnicité : le Banat habsbourgeois, un laboratoire politique aux confins de l’Europe éclairée (Association Presses Universitaires de Strasbourg) – et en 2024 – collectif avec Annie Antoine, Cartographier le parcellaire rural dans l’Europe d’Ancien Régime (Presses Universitaires de Rennes).


Francine-Dominique Liechtenhan

Directrice de recherche au CNRS (Centre Roland Mousnier), elle est l’auteure de La Russie entre en Europe ; Elisabeth Ire et la guerre de Succession d’Autriche, CNRS Editions, 1997 (prix Eugène Colas de l’Académie française, ouvrage traduit en russe, Moscou, 2000) Elisabeth de Russie (1709-1762), l’autre impératrice, Fayard, 2007 (prix Auguste Gérard de l’Académie des Sciences morales et politiques, ouvrage traduit en russe, Moscou, 2012), Pierre le Grand, le premier empereur de toutes les Russies (Tallandier, 2015, traduit en russe, Moscou, 2022) et de Catherine la Grande, le courage triomphant (Perrin, 2022). Elle a été élue membre de l’Academia Europaea.


Alicja Zofia Nowak

Habilitated doctor (Humanities), Professor JU, Head of the Department of Polish-Ukrainian Studies Faculty of International and Political Science of Jagiellonian University in Kraków. 

Research interests: cultural phenomena that are part of the so-called church renewal of Eastern Churches in Polish-Lithuanian Commonwealth, history od Kyivan metropolitanate. 

articles, co-editor of „Latopisy Akademii Supraskiej” (2018, 2020, 2021, 2022) and monographs: Rola monasterów w kształtowaniu kultury ukraińskiej w wiekach XI–XX (2014), three volumes of series Studia o kulturze cerkiewnej w dawnej Rzeczypospolitej (2016, 2019, 2022), author of monographs Człowiek wobec wieczności. Ukraińskie i białoruskie prawosławne piśmiennictwo żałobne w XVII w., Kraków 2008; Priesthood in the Teachings for the Clergy. On the History of Religious Reform in the Kievan Metropolitanate throughout the 16th and 17th Centuries, Krakow 2017. More publications: https://ukrainoznawstwo.uj.edu.pl/badania/publikacje/alicja-z-nowak


Natalia Shlikhta

Natalia Shlikhta is Professor of History at the National University of Kyiv-Mohyla Academy. Her major research interests are ecclesiastical history of the twentieth century (particularly, of the Ukrainian Greek Catholic Church and the Russian Orthodox Church) and everyday Soviet history. She is participant of numerous international projects in the field of her interest. Her major publications include and a monograph in Ukrainian Tserkva tykh, khto vyzhyv. Radianska Ukraina, seredyna 1940-kh – pochatok 1970-kh rr. [The Church of those who survived. Soviet Ukraine, mid-1940s – early 1970s] (Kharkiv: Akta, 2011) and a textbook in Ukrainian Istoriia radianskoho suspilstva: Kurs lektsii [History of Soviet society: Lectures] (Kharkiv: Akta, 2015), as well as numerous peer-reviewed articles in Ukrainian, Russian, English, and German magazines.


Vera Tchentsova

Vera Tchentsova est maîtresse de conférences à l’École pratique des hautes études et membre de l’UMR 8167 Orient et Méditerranée – Monde Byzantin. Elle s’intéresse tout particulièrement aux affaires ecclésiastiques gréco-russes et au rôle diplomatique joué par les représentants du clergé grec dans la politique internationale en Europe de l’Est et du Sud-Est. Actuellement, elle collabore à plusieurs projets visant à l’étude de documents manuscrits concernant l’Église orthodoxe aux XVIe-XVIIIe siècles et abordant plusieurs problèmes clés de l’histoire de l’Église moderne.


Laurent Tatarenko

Laurent Tatarenko, ancien membre de l’École française de Rome, est chargé de recherche au CNRS, rattaché à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (UMR 8066). Depuis 2022, il exerce les fonctions de Direction de Centre de civilisation française et d’études francophones à l’Université de Varsovie. Ses recherches s’intéressent aux régulations sociales et aux savoirs institutionnels des communautés chrétiennes orientales dans les États catholiques de l’Europe moderne. Il a publié entre autres Une réforme orientale à l’âge baroque : les Ruthènes de la grande-principauté de Lituanie et Rome au temps de l’Union de Brest (milieu du XVIe – milieu du XVIIe siècle), Rome, EFR, 2021 et codirigé avec David Do Paço et Mathilde Monge (dir.), Des religions dans la ville : les stratégies de coexistence dans l’Europe des XVIe-XVIIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010 ainsi qu’avec Marie-Hélène Blanchet et Frédéric Gabriel (dir.), Autocéphalies : l’exercice de l’indépendance dans les Églises slaves orientales (IXeXXIe siècle), Rome, EFR, 2021.


Agrégé d’histoire, licencié d’arabe. Doctorat en histoire (1993). Habilitation à diriger les recherches (2002). Directeur d‘études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Directeur d’études cumulant à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), section sciences religieuses. Ses thèmes de recherche se concentrent sur les Christianismes orientaux (XVIe –XXIe s.), les Relations christianisme /islam, la Syrie / Liban / Palestine à l’époque ottomane, les Missions chrétiennes en pays d’islam et
l’Erudition orientaliste, domaine arabe, XVIIe – XVIIIe s.


Agnieszka Pufelska

Agnieszka Pufelska (Dr. habil.) a étudié l’allemand, les études culturelles et l’histoire à Plock, Francfort (Oder) et Tel-Aviv. Elle a obtenu son doctorat en 2005 avec une thèse sur l’histoire de l’antisémitisme polonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Au début de l’année 2015, elle a poursuivi ses études avec une thèse sur l’histoire des relations culturelles entre la Pologne et la Prusse au siècle des Lumières. Depuis 2016, elle est assistante de recherche à l’Université de Hambourg à Lunebourg pour la culture et l’histoire des Allemands en Europe du Nord-Est.


Laura Pettinaroli

Les recherches de Laura Pettinaroli portent sur les articulations entre le fait religieux et les questions internationales. Après une thèse sur la construction, par le Saint-Siège, de stratégies politiques et religieuses pour répondre aux évolutions du monde russe entre 1905 et 1939, ses recherches se sont élargies à la diplomatie vaticane dans l’entre-deux-guerres, la gestion par la Curie romaine des questions internationales, les relations entre catholicisme et orthodoxie et les rapports entre communisme et religion. Son habilitation à diriger des recherches comprenait ainsi un mémoire inédit intitulé « Sans Dieu ! Une histoire transnationale de la libre pensée prolétarienne entre Europe et URSS (années 1920-1930) ». Ses recherches actuelles se concentrent sur le pontificat de Pie XII (1939-1958) et s’organisent autour de deux axes principaux: le gouvernement de l’Église catholique (notamment l’institution des audiences pontificales) et les confrontations idéologiques des débuts de la Guerre froide.


Marie-Élizabeth Ducreux

Marie-Élizabeth Ducreux est directrice de recherche émérite au CNRS, membre du Centre de recherches historiques (EHESS). Ses recherches portent sur l’histoire de l’Europe centrale et, plus particulièrement, sur les territoires de la monarchie des Habsbourg à l’époque moderne. Dans ses travaux elle s’est intéressée aux rapports entre les cultures religieuses et les catégories politiques, en étudiant les pratiques dévotionnelles, les cultes des saints ou la place des ecclésiastiques dans les hiérarchies sociales. Au cours de sa carrière scientifique, elle a été co-fondatrice et directrice du Centre français de recherche en sciences sociales de Prague (CEFRES), chercheuse au Centre Marc Bloch de Berlin et experte scientifique pour les différentes institutions académiques en France et dans les pays de l’Europe centrale.


Iryna Dmytrychyn

Historienne et traductrice, Iryna Dmytrychyn est maître de conférences et responsable des Études ukrainiennes à l’Institut national des langues et civilisations orientales. Elle vit en France depuis 1993.


Wioletta Zielecka Mikołajczyk

Wioletta Zielecka Mikołajczyk – post-doctoral degree, is an historian associated with the Nicolaus Copernicus University in Toruń since the beginning of her academic career. Her research interests focus on the history of the Uniate Church in the Polish-Lithuanian Commonwealth in the 16th-18th centuries. Author of books: Prawosławni i unici w Rzeczypospolitej XVI-XVIII wieku wobec życia i śmierci w świetle testamentów and Gdzie Wschód spotkał się z Zachodem. Dzieje i organizacja unickiej diecezji przemysko-samborskiej w latach 1596–1772”.


Oleksandr Zaitsev

Oleksandr Zaitsev is a professor at the Department of History, Ukrainian Catholic University in Lviv. His studies deal mainly with the political history of interwar Western Ukraine and the intellectual history of Ukrainian integral nationalism. He is an author of several books, co-author and editor of the monograph Nationalism and Religion: The Greek Catholic Church and Ukrainian Nationalist Movement in Galicia, 1920s – 1930s (2011). In 2014, he received the Annual Award for the Best Monograph in Ukrainian Studies from the Canadian Institute of Ukrainian Studies, University of Alberta. Professor Zaitsev’s latest book is Ukrainians in the Sejm and Senate of Poland, 1922-1939 (2022).


Jared Warren

Since 2022 Jared Warren has held a postdoctoral position (Wissenschaftlicher Mitarbeiter) at the Department for East and Southeast European History at the Ludwig Maximilian University of Munich. After defending his PhD in 2021 in history from New York University, he was a Max Weber Fellow at the European University Institute in Florence. His current research concentrates on the relationship between nineteenth-century Polish religious, intellectual, and political history with increasing interests in the history of botany in East Central Europe. With Eliza Kącka and Christian Zehnder, he co-edited the cluster of articles, "An Archeology of Modernity: Cyprian Norwid Revisited; (Zeitschrift für slavische Philologie, vol. 78, no. 2 [2022]), and his article "In the Shadows of the Commonwealth : Catholicism, Religious Tolerance, and Nineteenth-Century Polish Independence & quot; is forthcoming in East European Politics and Societies and Cultures. Along with Tomasz Hen-Konarski (the Polish Academy of Sciences), he is the co-organizer of the online lecture series, the Assemani Seminar for Eastern Catholic History.

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